WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Capital humain et croissance économique en RDC de 1970-2021


par Abdallah Botendi
Université de Kinshasa - Licence en économie mathématique  2021
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy
2. Modèles de croissance endogène

Les modèles de croissance exogène n'ont pas pu expliquer l'origine de la croissance économique. Ce faisant, les économistes ont tenté de trouver l'existence d'une croissance auto-entretenue à partir des années 1980, avec l'essoufflement de la croissance dans les pays industrialisés, et le manque de rattrapage des pays en voie de développement.

Ces modèles se fondent sur l'hypothèse que la croissance génère par elle-même le progrès technique. Ainsi, il n'y a plus de fatalité de rendements décroissants : la croissance engendre un progrès technique qui permet que les rendements demeurent constants. En générant du progrès technique, la croissance n'a donc plus de limite et constitue un processus qui s'auto-entretient.

Les modèles de référence dans la théorie de croissance endogène sont :

· le modèle de ROMER (1986) et REBELO (1991) : capital privé, moteur de la croissance ;

· le modèle de LUCAS (1988) : capital humain, moteur de la croissance ;

· le modèle de BARRO (1990) : capital public, moteur de la croissance ;

· le modèle de ROMER (1990) : capital technologique, moteur de la croissance.

La croissance engendre du progrès technique par trois mécanismes :

v le learning by doing : plus on produit, plus on apprend à produire de manière efficace. En produisant, on acquiert en particulier de l'expérience, qui accroît la productivité.

v la croissance favorise l'accumulation du capital humain, c'est-à-dire les compétences possédées par la main d'oeuvre et donc dépend de sa productivité. En effet, plus la croissance est forte, plus il est possible d'accroître le niveau d'instruction de la main d'oeuvre, en investissant dans le système éducatif. D'une manière générale, la hausse du niveau d'éducation de la population par des moyens publics et/ou privés est bénéfique.

v La croissance permet de financer des infrastructures qui la stimulent. La création de réseaux de communication efficaces favorise l'activité productive.

3. Modèle de croissance chez les classiques

Les théories classiques de la croissance sont plutôt pessimistes. Ricardo, Malthus ou encore Mill estiment qu'à long terme l'économie va atteindre un état stationnaire : la croissance va ralentir, pour finalement atteindre zéro. A cet état stationnaire, la production n'augmente plus.

a) Ricardo et les rendements décroissants

David Ricardo (1772-1823) considérait, comme les autres économistes classiques, que l'investissement était essentiel à la croissance économique. Annotations Les capitalistes utilisent leur épargne pour investir. La croissance dépend donc de la répartition des revenus : plus les capitalistes reçoivent une part importante du profit, plus ils investiront, plus la croissance sera importante. Or, selon Ricardo, la répartition des revenus risque d'être de moins en moins favorable à l'investissement en raison des rendements décroissants de la terre. Les classiques raisonnaient en termes de classes sociales. Selon Ricardo, le revenu national est partagé entre trois classes sociales : les propriétaires (qui reçoivent la rente pour l'exploitation de la terre), les travailleurs (qui reçoivent un salaire) et les capitalistes (qui reçoivent le profit et qui utilisent ce dernier pour investir). La rente que reçoit un propriétaire est déterminée par la différence entre le rendement de sa terre et le rendement de la terre la moins fertile. Par conséquent, le propriétaire de la terre la plus fertile reçoit la plus forte rente, tandis que le propriétaire de la terre la moins fertile ne reçoit aucune rente. Avec l'augmentation de la population, il faut exploiter de plus en plus de terres, mais les nouvelles terres mises en culture sont de moins en moins fertiles. C'est la loi des rendements décroissants : le rendement d'une terre est plus faible que le rendement des terres qui ont précédemment été mises en culture. D'une part, les propriétaires obtiennent des rentes de plus en plus importantes. D'autre part, le prix du blé augmente car le coût de production augmente. Comme le prix des produits agricoles augmente, les travailleurs exigent des salaires de plus en plus élevés pour pouvoir se les procurer. Puisque les capitalistes reçoivent le revenu qui n'a été distribué ni aux rentiers, ni aux travailleurs, alors ils voient peu à peu leurs profits diminuer. Puisqu'ils disposent de moins d'argent, les capitalistes investissent de en moins mois, donc la production augmente de moins en moins. Lorsque l'investissement atteint zéro, la production n'augmente plus et stagne : l'économie atteint un état stationnaire. Le déclin de la croissance est inéluctable. Mais il est possible de retarder l'instant où l'économie se retrouve à l'état stationnaire en ouvrant les frontières et en important du blé. Comme la quantité de blé disponible dans l'économie anglaise augmente, il devient moins urgent de mettre de nouvelles terres en culture. Par conséquent, la hausse des prix agricoles et des salaires ralentit, ce qui permet de ralentir le déclin de l'investissement. Ricardo doit alors justifier le libre-échange, ce qui l'amènera à formuler la théorie des avantages comparatifs (cf. théories du commerce international).

b) Malthus et la loi de la population

L'économiste classique Thomas Robert Malthus (1766-1834) se montre très pessimiste en ce qui concerne la soutenabilité de la croissance à long terme. Comme Ricardo, il considère que la croissance économique tend à ralentir et que l'économie converge vers un état stationnaire. Malthus explique cet état stationnaire à travers la « loi de la population ». Selon celle-ci, la population (et donc ses besoins nutritifs) augmente selon une suite géométrique (1, 2, 4, 8, 16, 32, etc.), alors que les ressources de substance (notamment alimentaires) progressent selon une suite arithmétique (1, 2, 3, 4, 5, 6, etc.). Puisque les ressources tendent à être insuffisantes pour nourrir la population, il y a une tendance à la surpopulation. Malthus préconise la « contrainte morale » (chasteté avant le mariage et mariage tardif) pour limiter le nombre de naissances. On parle notamment de « politiques malthusiennes » aujourd'hui pour qualifier les politiques visant à réduire le nombre de naissances, comme celles qui furent adoptées en Chine il y a quelques décennies (la politique de l'« enfant unique »).

4. Modèle de croissance chez les keynésiens

Pour les keynésiens, la demande joue un rôle dans la croissance économique. Dans la Théorie générale, Keynes (1936) ne s'est focalisé que sur le court terme ; il n'a pas construit une théorie de la croissance économique à long terme. Roy Forbes Harrod (1939) et EvseyDomar (1947), deux économistes inspirés par les théories keynésiennes, ont chacun de leur côté contribué à construire une telle théorie. Ils arrivent tous d'eux aux mêmes conclusions. Leur première conclusion est que la croissance est déséquilibrée. L'investissement est à la fois une composante de l'offre et une composante de la demande. D'une part, en investissant, les entreprises augmentent leurs capacités de production (l'offre tend à augmenter). D'autre part, si une entreprise investit, c'est qu'elle achète par définition des machines ou autres moyens de production à d'autres entreprises (la demande tend à augmenter). Si l'augmentation de l'offre correspond à l'augmentation de la demande, alors la croissance sera équilibrée, mais rien n'assure que ce sera effectivement le cas. Selon Harrod et Domar, la croissance risque d'être déséquilibrée, instable. Deux situations sont alors possibles. Si l'offre est supérieure à la demande, alors l'économie se retrouve en surproduction, elle s'éloigne du plein emploi et elle risque de connaître une déflation. Inversement, Si la demande est supérieure à l'offre, l'économie subit alors des tensions inflationnistes. Leur deuxième conclusion est que les déséquilibres sont cumulatifs. Si la demande est supérieure à l'offre (cas inflationniste), les entreprises vont chercher à accroître leurs capacités de production pour répondre à l'excès de demande. Or, en investissant, elles créent une demande supplémentaire. Il est alors probable que l'excès de demande s'intensifie au lieu de se réduire. Inversement, si l'offre est supérieure à la demande (cas de surproduction), les entreprises risquent de réduire leurs dépenses d'investissement, donc de réduire plus amplement la demande. Dans tous les cas, un simple déséquilibre risque de s'amplifier au cours du temps : la croissance est « sur le fil du rasoir » selon Harrod. Keynes avait démontré que l'Etat doit intervenir à court terme pour sortir l'économie du sous-emploi. Harrod et Domar montrent que les autorités publiques ont un rôle à jouer dans la croissance à long terme en veillant à ce qu'elle soit équilibrée. En assouplissant et resserrant ses politiques conjoncturelles, l'Etat va ajuster la demande globale de manière à ce qu'elle s'équilibre avec l'offre globale.

1.3. Relation entre capital humain et croissance économique

Le capital humain désigne les compétences, les connaissances et les aptitudes des individus. La croissance économique désigne l'augmentation du niveau de production et de revenu d'un pays. La relation entre ces deux concepts est étudiée par différents courants économiques : les économistes classiques, les pionniers du capital humain, les théoriciens de la croissance endogène et les auteurs qui se focalisent sur des contextes spécifiques.

Les économistes classiques comme Smith (1776), Ricardo (1817) ou Malthus (1920), qui ont considéré que la qualité de la main d'oeuvre joue un rôle important dans la compétitivité et la croissance à long terme. Selon eux, le capital humain se manifeste par le niveau de qualification, de santé et de mortalité des travailleurs, qui influencent leur productivité et leur épargne. Ils ont également souligné les effets positifs de l'éducation sur la diffusion des connaissances, la division du travail et l'innovation.

Les pionniers du concept de capital humain comme Schultz (1961), et Becker (1964), qui ont considéré que le capital humain est comme le capital physique et qu'on peut investir dans ce secteur par le biais de l'éducation, la santé et la formation afin d'augmenter la production et contribuer à la croissance économique. Selon eux, le capital humain est une forme de capital immatériel qui génère un rendement positif pour les individus et pour la société. Ils ont développé des modèles microéconomiques pour analyser les choix d'investissement en capital humain des agents, en tenant compte des coûts et des bénéfices attendus.

Les théoriciens de la croissance endogène comme Romer (1986 ; 1990), Lucas (1988), Grossman et Helpman (1990), Mankiw et al (1992), Barro (2001), Aghion et Howit (1998) ou Pissarides (1997), qui ont développé des modèles plus élaborés pour analyser l'impact du capital humain sur la croissance à long terme, en mettant en évidence le rôle du progrès technique, de l'innovation, du transfert technologique et de la participation de la main-d'oeuvre.

Selon eux, le capital humain est un facteur clé de la croissance endogène, car il permet d'accroitre le stock de connaissances disponibles dans l'économie, d'améliorer l'efficacité de l'allocation des ressources et d'accélérer la convergence entre les pays.

Les auteurs qui se sont intéressés à l'impact du capital humain sur la croissance économique dans des contextes spécifiques, comme Fogel (2004) ou Bergheim (2005) pour les pays développés, ou Diagne et Diene (2019) pour les pays de l'UEMOA. Selon eux, le capital humain a des effets différenciés selon le niveau de développement, le secteur d'activité, le genre ou l'âge des individus. Ils ont utilisés des méthodes empiriques pour mesurer l'impact du capital humain sur la croissance économique à partir de données statistiques ou d'indices synthétiques.

Parmi les modèles théoriques existants, on peut distinguer deux types de modèles selon qu'ils considèrent le capital humain comme homogène ou hétérogène. Les modèles de capital humain homogène supposent que tous les individus ont le même niveau de capital humain, qui dépend uniquement du nombre d'années d'éducation. Ces modèles sont plus simples à analyser, mais ils ne tiennent pas compte de la diversité des compétences, des qualités et des domaines de formation des individus. Par exemple, le modèle de Mankiw et al (1992) considère que le capital humain est proportionnel au niveau d'éducation moyen de la population active.

Les modèles de capital humain hétérogène supposent que les individus ont des niveaux de capital humain différents, qui dépendent non seulement du nombre d'années d'éducation, mais aussi de la qualité de l'éducation, du type de formation, de l'expérience professionnelle, de la santé ou des capacités cognitives. Ces modèles sont plus réalistes, mais ils sont plus complexes à analyser et à mesurer. Par exemple, le modèle de Pissarides (1997) considère que le capital humain est composé de deux types : le capital humain général, qui est transférable entre les emplois, et le capital humain spécifique, qui est lié à un emploi particulier.

En somme, on peut dire que le capital humain est un concept qui a connu une évolution théorique importante au cours du temps, et qui a permis d'expliquer l'impact des compétences et des connaissances sur la croissance économique. Toutefois, il existe encore des débats et des limites sur la définition, la mesure et l'évaluation du capital humain, ainsi que sur les politiques publiques à mettre en oeuvre pour favoriser son développement.Afin d'approfondir cette analyse, nous allons nous intéresser à la littérature empirique qui a testé empiriquement l'impact du capital humain sur la croissance économique. Nous allons présenter les principales études qui ont utilisé différentes méthodes et données pour répondre à cette question. Nous allons ensuite formuler nos propres questions de recherche et hypothèses que nous allons vérifier à partir d'un échantillon de pays africains, dont la RDC.

précédent sommaire suivant






La Quadrature du Net

Ligue des droits de l'homme