Capital humain et croissance économique en RDC de 1970-2021par Abdallah Botendi Université de Kinshasa - Licence en économie mathématique 2021 |
CHAPITRE 1 : REVUE DE LA LITTERATURE THEORIQUE ET EMPIRIQUECe chapitre a pour objectif de présenter le cadre théorique et empirique de cette étude sur le capital humain et la croissance économique. Il se compose de deux sections principales : la première expose les définitions etles notions clés relative au capital humain et à la croissance économique, ainsi que les principales théories qui les relient ; la deuxième section propose une revue critique de la littérature empirique sur l'effet du capital humain sur la croissance économique, en mettant en évidence les points de convergence et de divergences entre les différentes études. Section 1 : Revue théoriqueCette section présente quelques notions sur les concepts clés utilisés dans l'étude dans le souci d'enlever l'ambiguïté que pourrait avoir le lecteur de ce travail. Ainsi, de prime abord, il est explicité le capital humain dont l'indicateur capté reste l' « Indice de capital humain ». Ensuite, en dernier lieu il est analysé la « croissance économique », et enfin les principales théories qui les relient. a) Définition du capital humain Le capital humain est l'ensemble des connaissances, aptitudes, expériences, talents, et qualités accumulées par une personne, une équipe, une organisation, ou un groupe d'organisations, et qui déterminent en partie leur capacité à travailler ou à produire pour eux-mêmes ou pour les autres. b) Définitions du capital humain selon quelques auteurs Selon Becker (1964), le capital humain désigne les capacités intellectuelles et professionnelles d'un individu qui lui assurent des revenus monétaires futurs. Stiglitz& Walsh, (2007) Définit le capital humain comme « l'ensemble des compétences et de l'expérience accumulées qui ont pour effet de rendre les salariés plus productifs ». Selon la définition de l'OCDE(2001), le capital humain recouvre « l'ensemble des connaissances, qualifications, compétences et caractéristiques individuelles qui facilitent la création du bien-être personnel, social et économique. » Tandis que la Banque mondiale (1998)définit le capital humain comme « l'ensemble des connaissances, compétences et données d'expérience que possèdent les individus et les rendent économiquement productifs. » c) Les composantes du capital humain Selon la théorie du capital humain, il existe trois composantes principales qui forment le capital humain d'un individu : les compétences, les expériences et les savoirs. Ces composantes influencent la capacité de l'individu à travailler et à produire de la valeur. Les principales composantes du capital humain sont : v Les compétences : il s'agit de l'ensemble des aptitudes et des capacités d'un individu à réaliser une tâche ou une activité. Les compétences peuvent être acquises par l'éducation, la formation, l'expérience ou l'auto-apprentissage. v Les expériences : il s'agit de l'ensemble des situations vécues par un individu qui lui ont permis de développer ses compétences, ses connaissances et son savoir-faire. Les expériences peuvent être professionnelles, personnelles, culturelles ou sociales. v Les savoirs : il s'agit de l'ensemble des connaissances théoriques ou pratiques d'un individu sur un domaine ou un sujet. Les savoirs peuvent être scientifiques, techniques, artistiques, linguistiques ou généraux. d) Les sources de l'accumulation du capital humain Les sources de l'accumulation du capital humain sont les facteurs qui contribuent à améliorer les compétences, les connaissances, la santé et la productivité des individus et des sociétés. Selon le site Investopedia, les sources de l'accumulation du capital humain comprennent l'éducation, la formation, l'expérience professionnelle, la santé et le bien-être, ainsi que l'innovation et la créativité. Le capital humain est considéré comme un élément clé du développement économique et social. Les sources de l'accumulation du capital humain sont les suivantes: v L'éducation: elle permet d'acquérir des connaissances et des compétences formelles et informelles qui augmentent la capacité des individus à produire et à innover. Selon l'OCDE, l'éducation est le principal déterminant du capital humain et de la croissance économique. v La formation: elle permet de développer ou de renforcer des compétences spécifiques liées à un métier ou à une activité. La formation peut être initiale ou continue, et elle favorise l'adaptation aux changements technologiques et organisationnels. v L'expérience professionnelle: elle permet d'accumuler du savoir-faire pratique et tacite qui améliore la performance et la productivité des travailleurs. L'expérience professionnelle peut aussi faciliter l'apprentissage par l'observation et l'imitation. v La santé et le bien-être: ils influencent la capacité des individus à participer au marché du travail et à utiliser efficacement leurs compétences. Une bonne santé physique et mentale augmente la motivation, la satisfaction et la créativité des travailleurs. v L'innovation et la créativité: elles sont le résultat de l'utilisation combinée des connaissances, des compétences et de l'expérience pour créer de nouveaux produits, services ou procédés. L'innovation et la créativité stimulent la croissance économique. e) Les mesures de capital humain Nous pouvons nous référer à l'indice de capital humain (ICH) développé par la Banque mondiale (2018). Cet indice vise à mesurer la qualité et la quantité du capital humain que possède un enfant né aujourd'hui s'il bénéficie d'une éducation complète et d'une bonne santé tout au long de sa vie. Il permet également de comparer les pays entre eux et d'évaluer l'impact du capital humain sur la croissance économique. L'ICH agrège les mesures des différentes dimensions du capital humain : la santé (survie des enfants, retard de croissance, l'espérance de vie à l'âge adulte) de même que la quantité et la qualité de la scolarisation (années de scolarité escomptées et acquis scolaires). Il exprime le pourcentage du revenu potentiel qu'un enfant né aujourd'hui peut espérer atteindre à l'âge de 18 ans par rapport à un enfant qui bénéficierait d'une éducation complète et d'une santé maximale. Plus l'indice est proche de 100%, plus le capital humain est élevé et plus la croissance économique est favorisée. ICH=0.85P× (1-M) ×L×Q×A? Où : v P est la probabilité de survie des enfants jusqu'à l'âge de cinq ans v M est le taux de retard de croissance des enfants de moins de cinq ans v L est l'espérance de vie à l'âge adulte v Q est le taux d'achèvement du cycle primaire v A est le score moyen des élèves aux tests internationaux d'évaluation des acquis scolaires Le dénominateur 0.85 correspond au revenu potentiel maximal qu'un enfant peut atteindre à l'âge de 18 ans s'il bénéficie d'une éducation complète et d'une santé optimale. Il s'agit d'un facteur de normalisation qui permet de comparer les pays entre eux. f) La théorie du capital humain et ses limites Le concept de capital humain est formulé pour la première fois en 1961 par l'économiste Schultz puis spécifié par Becker (1964). Selon Schultz (1961), le savoir, l'expérience, les talents ou encore l'aptitude des individus à résister aux maladies constituent un capital dans la mesure où les investissements qu'ils réalisent engendrent un retour sur investissement mesurable. En 1964, Becker à travers la théorie du capital humain précise le concept. Il élargit le champ de l'analyse économique aux comportements sociaux. Cette théorie naît à la suite de la prise de conscience que la seule augmentation du capital physique ne suffit pas à expliquer la croissance de la nation. Ainsi, de nouvelles variables sont introduites comme le changement technologique ou le capital humain. Becker (2002) compare alors le capital humain au capital financier et physique en considérant les trois comme des formes de capitaux dans la mesure où ils représentent des actifs qui génèrent des revenus et autres outputs. Pour Becker (1964), le capital humain comprend de nombreux éléments tels que le niveau d'études, la formation professionnelle, la santé, etc. Il s'acquiert par l'éducation, se préserve et se développe par la formation continue, la médecine ou encore la prévention et engendre un retour sur investissement visible à travers l'augmentation de la productivité. En effet, les économistes ont associé de nombreux éléments au capital humain, la plupart s'accordent sur le fait qu'il comprenne les compétences, les expériences et les connaissances. Chaque individu possède un stock de capital humain qui peut s'accumuler ou s'user (Becker, 1964). Ce stock de connaissances, compétences, santé ou encore de valeurs est inséparable de l'individu (Becker, 1964). Il se distingue néanmoins d'autres formes de capitaux de l'entreprise, car il est inaliénable, il ne peut être vendu (Savall et Zardet, 2010) et il n'est pas « appropriable ». L'entreprise ne peut en effet pas l'acquérir et ne dispose pas de droits de propriété bien qu'elle ait pu investir dessus (Becker, 1964). Ainsi, la singularité du capital humain résulte du fait que les individus ne peuvent être séparés de leurs connaissances, compétences, santé ou valeurs alors qu'ils peuvent l'être de leurs actifs financiers et physiques (Becker, 2008). À travers cette théorie, la question centrale est liée à la façon dont les individus font des choix en matière d'investissement dans leur capital humain en comparant les avantages et les coûts. Ainsi, en est-il de la formation et de l'éducation que l'individu réalise de manière rationnelle afin d'obtenir un retour sur investissement. Selon Becker (1964), deux moyens permettent d'acquérir de nouvelles connaissances : la formation dans l'emploi et la formation initiale réalisée durant la scolarité. La formation proposée dans l'entreprise permet d'augmenter le stock de capital humain et par conséquent la productivité et peut être générale ou spécifique. La première a pour objectif d'améliorer la productivité de l'individu, quel que soit l'emploi occupé tandis que la seconde vise l'adaptation à un poste particulier. Becker (1964) considère que dans le cas d'une formation générale, l'entreprise ne doit pas a priori supporter de coûts puisqu'ils le sont par les individus. Ce type de formation développe des connaissances transférables qui peuvent conduire l'organisation à un risque de perte d'investissement puisqu'elles peuvent être utilisées dans d'autres contextes professionnels. Le capital humain s'est donc enraciné dans les sciences économiques avec la question suivante : « Comment le capital humain contribue-t-il à la richesse des nations ? ». Pour évaluer le retour sur investissement de l'éducation, les économistes ont dans un premier temps essayé de mesurer le coût de la formation. Les différences d'investissements en capital humain expliquent alors les écarts de productivité entre les individus. Les agents sont rationnels et les marchés du travail et de la formation purement concurrentiels. Les individus adoptent des comportements optimaux afin d'obtenir un retour sur investissement (Becker, 1964). Ainsi, selon cette théorie les moins diplômés ont plus de difficultés à intégrer le marché du travail, considérés de fait comme dotés d'une plus faible capacité productive, et ont aussi une plus forte substituabilité de leur capital (Becker, 1964). Les individus vont donc en investissant dans les études et la formation augmenter leur capital humain c'est-à-dire leurs aptitudes et leurs connaissances. Ils pourront alors occuper des emplois à des salaires plus élevés, et réduire les risques de chômage (Becker, 1964). Toutefois, cette théorie présente aussi des limites, notamment : v Elle néglige les aspects sociaux, culturels et politiques qui influencent le développement du capital humain, tels que les inégalités, et les discriminations ; v Elle suppose que le capital humain est homogène et interchangeable, sans tenir compte des spécificités, ou des externalités positives ou négatives entre les différents types de compétences ; v Elle ignore les effets pervers ou indésirables que peut avoir l'accumulation du capital humain, tels que la surqualification, le chômage, la précarité ou l'obsolescence des compétences. a) Définitions de la croissance économiqueIl existe des nombreuses définitions sur la croissance économique, mais les définitions que nousavons trouvées intéressantes et qui ont retenu notre attention sont celles de Robert Solow (1956), et François Perroux (1961). Selon Robert Solow (1956), la croissance économique désigne l'augmentation du revenu par tête qui résulte de l'augmentation du capital physique et du capital humain par tête et du progrès technique. Et pour François Perroux (1961), la croissance économique correspond à l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d'un indicateur de dimension, pour une nation, le produit global net en termes réels. |
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