Dynamiques socioculturelles dans la construction de l'intégration régionale en Afrique Centrale CEMACpar Yvan Nathanaël NOUBISSI Université Yaoundé 2 Soa - Master 2 en science politique 2019 |
SECTION 2 : LES FORMATIONS ECONOMICO-POLITIQUES DE REVALORISATION DES DYNAMIQUES SOCIOCULTURELLES DANS LE PROCESSUS D'INTEGRATION SOUS REGIONALEPar là nous voulons dire que dans le processus d'intégration sous régionale les dynamique socioculturelles jouent un rôle considérable sur le plan économico-politique ce ci à travers l'impact du marché transfrontalier de kyé-ossi dans le sens où celui-ci favorise un brassage entre les populations des trois espaces paragraphe1). Mais également à travers les échanges commerciaux (paragraphe 2). PARAGRAPHE1 : LE MARCHE TRANSFRONTALIER DE KYE-OSSI COMME LIEU DE BRASSAGE ENTRE LES PEUPLES.Le marché de kyé-ossi est l'un des plus grand marché frontalier de la vallée du ntem suivi de celui d'Abamgminko'o et de méyobiboulou. Sa position stratégique parce que situé au carrefour des trois frontières lui confère un rôle de choix dans le processus d'intégration sous régionale en générale et celui des trois espaces en particulier. Outre ces différents apports il permet un brassage culturel (A) et contribue de ce fait à la diffusion des gouts et habitudes alimentaire (B). A- LE BRASSAGE CULTUREL A TRAVERS LE MARCHE DE KYE-OSSI. Le marché de kyé-ossi est reconnu pour son rôle considérable dans l'approvisionnement de la sous-région. En effet à partir de celui-ci les pays de la sous-région sont alimentés en denrées alimentaire. Ainsi, outre cet aspect ce marché permet tout d'abord un brassage culturel parce que étant le carrefour de rencontre. Il est ouvert tous les jours c'est-à-dire de lundi à dimanche mais les jours les affluent sont le mercredi et le samedi. Il est le lieu de ravitaillement principal du Gabon et de la Guinée équatoriale. En effet les populations du nord du Gabon dans la province du Woleuntem plus précisément ceux de meyo-kyé et celles d'ébebiyin du côté de la Guinée équatoriale qui pour la plus part sont des fang viennent se ravitailler au marché de kyé-ossi. Pendant ces transactions les fang ntoumou venue des pays voisins communient et échangent avec ceux de la localité. Les commerçants sont d'une part les autochtones à savoir les peuples fang et de l'autre les allogènes constitués des bamouns, des bamilékés dans une moindre mesure les nordistes. Pendant les jours de marchés ces échanges qui se font le plus souvent par le canal de la langue locale (nkob fang) permet une fluidité entre les acheteurs et les commerçants locaux. Cette situation permet un véritable brassage culturel dans le sens ou les comportements et habitudes sont conjugués dans l'optique d'une acceptation mutuelle. Ainsi les acheteurs venue de ces pays voisins se sentent plus proche de leur frère et cette situation amène ceux-ci à leur accorder certaines faveurs ou services comme par exemple la réduction sur certains produits. Pendant les transactions il y a une véritable acceptation des étrangers. Cela dit pendant les jours de marché les allogènes se débrouillent à parler fang comme par exemple pour appeler les clients, du moins pour attirer leur attention ils disent « fonbowè » pour dire regarde ici. On peut donc apprécier le fait que le marché central de kyé-ossi favorise à travers la vente des produits et des échanges commerciaux un véritable brassage dans le sens ou se ne sont pas seulement les fang pris individuellement qui se font la recette mais on souligne également une présence imposante des populations allogènes qui au travers de la culture locale réussissent véritablement à se fondre dans le jeu. Ainsi le marché grâce à ses multiples composantes culturelles permet un brassage et par conséquent favorise l'intégration des trois espaces frontaliers. En dehors de cet aspect il permet également la diffusion des gouts alimentaires. B- LE MARCHE DE KYE-OSSI LIEU DE DIFFUSION DES GOUTS ALIMENTAIRES Le Cameroun est perçu en général comme le grenier de l'Afrique centrale dans le sens où celui-ci pourvoit aux besoins alimentaires des pays voisins. Ainsi le marché de kyé-ossi réputé pour son poids considérable dans la dynamique des échanges entre, le Gabon et la Guinée équatoriale n'échappe pas à ce statut de grenier pour ces pays voisins. Cette situation est allé jusqu'à créer une « dépendance » Gabonaise et équato guinéenne vis-à-vis du Cameroun. Ainsi ne cultivant pas pour la plus part les aliments comme le plantain, igname, tomate, les équato guinéens et gabonais viennent s'en procurer sur le marché de kyé-ossi tous les jours de la semaine. On peut donc apprécier en observant chaque matin les camions venu du Gabon faire leur entrer dans la ville dès 6 heures du matin pour les chargements. Pareil pour les équato guinéens qui pour la plus part sont frillant de tomates et autres condiments bien commercialisés sur le marché de kyé-ossi sur le marché de kyé-ossi en témoigne ce propos « quand un équato entre au marché il se dirige d'abord le plus souvent vers les comptoirs des tomates et condiments parce qu'ils n'ont pas ça là- bas chez eux parce qu'ils utilisent plus les boites de conserve »223(*) ainsi ,cette situation d'approvisionnement crée non seulement une dépendance mais permet également une diffusion des gouts alimentaires La diffusion des gouts alimentaires à travers le fait que les équato guinéens très particulièrement ont inséré dans leur repas le bâton de manioc qui est vient du Cameroun. Ils en sont arrivé au point de partir dans les villages de la localité et à l'intérieur du pays quand le besoin se présente pour en trouver et dans certain cas acheter les champs de manioc aux agriculteurs pour la confection de ce produit. Cette réalité est allé jusqu'à favoriser l'augmentation des prix du bâton de manioc qui est passé de 50fr cfa à100fr cfa et dans certains cas à 150fr cfa dans la localité de kyé-ossi. En témoigne ce propos « le bâton est devenu chaire parce que les équato guinéens achètent à des prix élevés tout ce que les mamans du village apportent au marché. Ils vont jusque dans les champs de manioc des grands-mères pour que celle-ci leur fassent directement le bâton de manioc »224(*)on peut dire que ce complément est devenu indispensable pour les foyers équato guinéens ce qui est mis e évidence à travers le tableau ci-dessous : Tableau 2: Exportations de bâton de manioc dans la sous-région (tonnes)
Source : compilation des données AGRI-STAT, numéros 10 à 15. * Passage de l'année budgétaire à l'année civile. n.d. non disponible Le tableau ci-dessus présente l'évolution des exportations de bâton de manioc en direction du Gabon et de la Guinée Equatoriale, principaux clients du Cameroun pour ce produit dans la sous-région. En dépit des chiffres manquants pour l'exercice 2010/2011, on constate une tendance nette à la hausse des quantités exportées. Ces données sont, selon toute vraisemblance, inférieures aux chiffres réels, compte tenu de l'importance des quantités exportées vers la Guinée Equatoriale à partir des marchés de Menguikom, d'Ebengon, d'Olamze et de MeyoBiboulou qui ne font pas l'objet d'enregistrements225(*). A côté du bâton de manioc se greffe le plantain qui est un complément très prisé au Gabon. En effet les gabonais en raffolent et se bousculent pour en avoir sur le marché de kyé-ossi et même à l'intérieur du pays quand le besoin est consistant. Ainsi cette situation est tel que les gabonais vont même dans les champs pour négocier avec les producteurs avec les producteurs avant même que ceux ne produisent. Cela témoigne à suffisance de cet état de dépendance et diffusion alimentaire en témoigne le tableau ci-dessous. Tableau 3 : Exportations de plantain entre 2010 et 2015 (tonnes)
Source : compilation des données AGRI-STAT, numéros 10 à 15. * Passage de l'année budgétaire à l'année civile. nd : non disponible L'examen de ces tableaux de sources différentes montre des légères différences entre les données des exercices 2010/2011 et 2011/2012. Elles sont dues au fait que dans le premier les exportations par Abang-Minko'o sont largement sous-estimées pour l'exercice 2011/2012 et dans le second elles sont indisponibles pour l'exercice 2011/2012.La non disponibilité des exportations par l'une des portes de sortie lors de l'agrégation des données entache significativement les résultats obtenus. Il convient également de relever les autres limites de ces données qui sont la non exhaustivité de l'enregistrement aux portes de sortie, l'estimation visuelle des quantités lorsqu'elles sont enregistrées et la non prise en compte des quantités exportées par les autres voies de sortie (Menguikom, Olamze, MeyoBiboulou, Ebengon). Les quantités ici présentées sont donc largement inférieures aux quantités réelles226(*). * 223 Entretien avec Buldah commerçante au marché central de kyé-ossi le 16/10/2018 (45 minutes) * 224 Entretien avec Buldah commerçante au marché central de kyé-ossi le 16/10/2018 (45 minutes) * 225Ayiwoue E., Azeufouet A., Medjou S., Parrot L., Temple L, Etude des flux transfrontaliers de produits agricoles QUANTIFICATION DES FLUX TRANSFRONTALIERS et horticoles sur les frontières sud du Cameroun, Yaoundé, CIRAD-SCAC, Rapport ?nal, 85 p. * 226Opcit p.34 |
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