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Dynamiques socioculturelles dans la construction de l'intégration régionale en Afrique Centrale CEMAC


par Yvan Nathanaël NOUBISSI
Université Yaoundé 2 Soa - Master 2 en science politique 2019
  

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B- LA DELIMITATION DES FRONTIERES COMME VECTRICE DE CONFLITS FONCIERS ENTRE LE PEUPLES FANG DE KYE-OSSI ET SES VOISINS.

Le fait que le partage du continent n'ait pas reposé sur des paramètres ethniques, sociologiques et même anthropologique a conduit à de perpétuel conflit. En effet le Cameroun et le Nigéria se sont opposés sur la gestion de bakassi, le Gabon et la Guinée Equatoriale sur la gestion des ilots de mbanié, conga et cocotiers85(*). Ces conflits ont également une dimension beaucoup plus réduite lorsqu'elles opposent des familles vivant de part et d'autre des frontières. En effet lors de nos enquêtes de terrains, nous nous sommes rendu compte de l'existence de certain conflit entre les populations autochtones de kyé- ossi et celle d'ebebiyin(1) et un autre opposant certaines familles de kyéossi et de meyo-kyé(2).

1- Conflit foncier entre population autochtone de kyé-ossi et celle d'ebebiyin comme facteur dévalorisant de la dynamique socioculturelle d'intégration.

La différence entre les populations de kyé-ossi et celle de meyo-kyé n'est pas très étanche dans la mesure où à une certaine constituaient un tout. Pour dire qu'à la base les espaces de par leur homogénéité culturelle, associée à leur proximité géographique sont le plus souvent amenés à se frotter. Comme nous le témoigne ce propos du chef recueilli pendant nos entretiens de kyé-ossi celle-ci affirma ce ci «  le plus souvent notre chefferie est sollicité pour des problèmes de terres. Il y en a des cas ou se sont nos populations entre elles et parfois nos populations ceux des villages des pays voisins comme ebebiyin et meyokyé. Il arrive dans la plus part des cas qu'en faisant les champs en brousse, ceux-ci traversent les limites établies »86(*). Cela dit, le tracé des frontières l'une des causes majeurs qui explique cette situation, en ce sens que ces deux localités étaient auparavant considéré comme un tout. Ainsi toujours pendant notre échange avec le chef lui demandant un peu plus de détails sur la question de ces conflits fonciers, elle s'attardé sur un cas atypique. En effet le village d'Esaben qui est situé à la sortie de la localité et qui mène au Gabon c'est-à-dire à meyo-kyé qui est le premier village que l'on rencontre lorsqu'on entre au gabon passant par kyé-ossi, était parcouru par une famille fang du nom de « OgandagaEssomba ». Avec le tracé des frontières ceux-ci ont de rester sur leur espace respectif sans pour autant prendre en compte la nouvelle : « les populations ou même les individus parlent en terme de famille mais à notre niveau nous parlons en terme d'Eta. Il n'est plus question d'ethnie fang mais de population gabonaise et population camerounaise87(*) ». Les petits fils de cette familles aujourd'hui de différente nationalité ne partagent pas le tracé légué par les colons et constamment se livrent à des conflits qui le plus souvent nécessite l'intervention du chef traditionnel en témoigne ce propos : « je rappelle que j'ai 26 ans de chefferie et lorsqu'on m'établissait j'ai été conduit en brousse pour me montrer les limites des terres. Raison pour laquelle malgré les frontières je gère ce type de problèmes. N'oubliez pas que nous sommes à la base une même famille parce que pour la petite histoire meyo-kyé et Esaben formaient un seul village » Ainsi, cela joue un rôle perturbateur dans les relations que ceux-ci entretiennent et par ricochet, cela nuit gravement au processus d'intégration dans cet espace. Cette situation est également similaire avec les voisins du côté de meyokyé.

2- Conflit foncier entre population autochtone de kyé-ossi et celle meyokyé comme facteur dévalorisant de la dynamique socioculturelle d'intégration.

Meyokyé est le premier village après la frontière Cameroun- Gabon. En allant au gabon c'est le premier village après la frontière. Les familles présentent sur cet espace ont tendance à se jouer des frontières. Ainsi lorsqu'ils font leur champs le plus souvent, ils dépassent les limites instaurées parce que prétextant que ces terres appartiennent à leur ancêtre. La récurrence de ces conflits concourent de ce fait à dévaloriser les dynamiques socioculturelles dans la mesure cela empiète sur l'intégration par le lien anthropologique qui est en principe cette homogénéité sur le plan culturel. Ainsi Lors de nos entretiens avec le chef traditionnel de la localité de kyé-ossi, celle-ci nous rapporta ce ci «  les problèmes de terres avec les populations de meyokyé sont très fréquent parce qu'ils revendiquent certaines terres qui ne leur reviennent pas »88(*). En effet les populations ces populations ont du mal à prendre en compte le tracé qui a été initié après la conférence de Berlin. Tracé qu'ils trouvent arbitraire. On peut donc voir que ces populations sont-elles mêmes responsables de la désintégration à partir de la dynamique socioculturelle de cet espace dans la mesure où le dénominateur commun qui est l'appartenance à une même ethnie devient plutôt un catalyseur de division.

Ainsi, on peut donc dire que dans la configuration politico ethnique de dévalorisation des dynamiques socioculturelles, les frontières jouent un double rôle, elles sont non seulement des barrières entre familles mais également vectrices de conflits entre familles. Apres explicitation de cet état de chose, il est important de souligner que la frontière ne saurait être seul responsable de cette dévalorisation dans la mesure où les populations en ont une part de responsabilité.

* 85 Lucien Ewangue, «  comment la Guinée équatoriale défend ses frontières », in Enjeux n°28, juillet-septembre 2006, p.20

* 86 Entretient avec Mme Ada chef traditionnel de kyé-ossi le 17/10/2018

* 87 Propos obtenu lors d'un entretien avec le maire de kyé-ossi le

* 88 Propos obtenu lors d'un entretien avec le maire de kyé-ossi

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery