Dynamiques socioculturelles dans la construction de l'intégration régionale en Afrique Centrale CEMACpar Yvan Nathanaël NOUBISSI Université Yaoundé 2 Soa - Master 2 en science politique 2019 |
CHAPITRE1 : LES CONFIGURATIONS POLITICO-ETHIQUES ET JURIDICO-POLITIQUES DE LA DEVALORISATION DES DYNAMIQUES SOCIOCULTURELLES DANS L'INTEGRATION REGIONALE DE L'ESPACE CEMAC.Par là nous voulons dire que L'intégrationsous-régionale à partie des dynamiques socioculturelles de l'espace CEMAC est confrontée des obstaclesconfigurationels qui sont d'une part politico ethniques ,renvoyant aux réalités éthiques prévalant et entravant l'intégration dans cet espace(section1), qui renvoient au poids des autorités politiques aux niveaux national, institutionnel ou même communautaire dans la dévalorisation de ce processus de régionalisation (dynamique du haut), il sera également question de mettre en évidence à l'échelle locale le poids de l'ethnie et ses ramifications dans cette dévalorisation (dynamique du bas). D'autre part il s'agira de mettre en évidence des obstacles juridico politiques entendu comme l'ensemble des normes ou dispositifs normatifs qui freinent le processus d'intégration régionale (section2) SECTION I: LES CONFIGURATIONS POLITICO ETHIQUES DEVALORISANTES DES DYNAMIQUES SOCIOCULTURELLE DANS LA CONSTRUCTION DE L'INTEGRATION REGIONALE DE L'ESPACE CEMAC.L'Afrique centrale considéré auparavant comme un tout c'est-à-dire un bloc, généralement connu sous l'appellation Afrique équatoriale française(AEF) s'est disloqué après les indépendances ou chaque Etats avait désormais la responsabilité de s'administrer. En effet les territoires qui appartenaient au même espace se sont vu du jour au lendemain divisé. Cette division n'a point pris en compte les paramètres anthropologiques et même ethnologiques c'est-à-dire le lien que les peuples partageaient entre eux. Cette situation est quelque peu la raison qui explique la difficile intégration de l'espace cemac. En effet, les frontières constituent une entrave au processus d'intégration (paragraphe1) mais également le comportement irrédentiste de certaines populations (paragraphe2) PARAGRAPHE 1 : LES FRONTIERES COMME BARRIERES ET SOURCES DE CONFLITS FONCIERS ENTRE LES PEUPLESAu début du 20ème siècle, la plupart des frontières de l'Afrique sont établies, annonçant la configuration des Etats à venir. Ces frontières tracées au gré des puissances coloniales ont fait fi des réalités ethniques, linguistiques, religieuses et politiques des peuples africains79(*). Ce qui explique qu'aujourd'hui L'intérêt porté aux frontières nous enseigne que ces structures spatiales forment une réalité complexe. Envisagée en tant que structure linéaire, la frontière correspond à une limite de souveraineté nationale, généralement représentée de façon symbolique sur la carte par une ligne continue formant l'enveloppe externe de l'Etat. En tant que réalité zonale, la frontière désigne un espace plus ou moins large entre deux territoires étatiques contigus, fortement soumis aux effets-frontière ; la nature de ces effets dépend du type de relations qu'entretiennent les deux Etats situés de part et d'autre de la ligne séparatrice ( Ratti, 1996). A la réalité les pays de l'espace cemac pour s'intégrer sont confrontés aux séquelles qu'a laissées l'imposition des frontières. En effet les frontières empêchent non seulement la mobilité des peuples (A) mais aussi est sujet de conflit foncier pour les populations(B) A- LA FRONTIERE COMME BARRIERE ENTRE LES PEUPLES DE L'ESPACE CEMACLors du partage de l'Afrique, à la conférence de Berlin les colonisateurs n'ont qu'exceptionnellement tenu compte des ensembles ethniques pour former des territoires appelés plus tard à devenir des Etats indépendants80(*). En effet le peuple fang présent au Gabon plus précisément au le nord dans la province du woleuntem. Il est également présent en guinée équatoriale avec une population à 80% fang81(*). Au Cameroun il est présent dans le grand sud. Ces barrières jouent le rôle d'entrave dans la mesure où elles séparent les familles et les terres de ce peuple autrefois unis. Par séparation des terres et des familles nous voulons dire que les frontières ont favorisé la division des familles qui auparavant se rendaient visite sans devoir présenter un quelconque papier ou pièce d'identité. Elles empêchent de ce fait les peuples par exemple le peuple fang présent dans les trois espaces82(*) de se fréquenter sans quiétude. En effet les peuples fangs présents dans les trois espaces se voient quelque peu limités dans leurs échanges. C'est ainsi que lors de notre entretien avec le maire de la localité de kyéossi, celui-ci nous rapportait ce ci « la difficulté majeur qu'on les populations autochtones ou si vous voulez les fang ntumu est la frontière quand ceux-ci doivent rejoindre les leurs de part et d'autre »83(*) cette etat de chose est l'une des raisons qui constituent l'un des blocages aux dynamiques socioculturelles dans le processus d'intégration de l'espace frontalier Cameroun, Gabon et Guinée Equatoriale. Dans la mesure où ces groupes appartiennent à des mêmes familles par ce que ayant des ancêtres communs et de ce fait sont très souvent appelés à se rassembler pour des évènements malheureux comme heureux. C'est ce que le chef traditionnel lors de nos échanges essayait de nous faire comprendre lorsqu'elle disait « nous sommes tous de la même famille parce que quand il y a une cérémonie bonne ou mauvaise on doit assister. Les mariages comme les deuils ont doit se rassembler »84(*). Ainsi faire face aux frontières toutes les fois devient pour les fang une pénitence. On peut donc comprendre que dans le processus d'intégration régionale par le canal socioculturel, les frontières jouent un rôle d'entrave dans la mesure celle réduisent les flux de part et d'autre des frontières. Le fait que ses frontières ait été imposé a de ce fait favorisé certaines situations tel que les conflits fonciers entre familles de part et d'autre des frontières. * 79LadjiKaramokoOuattra, « Les frontières en afrique : héritage du passé colonial, enjeu actuel »,in tinkingAfrica, ndr n°11, juillet 2014, p. 02 * 80 Dominique Bangoura, « frontières et espaces frontaliers en Afriquecentrale »in enjeux n°06, mars 2001, P.03 * 81Messe Mbegachristian-Yann « les régions transfrontalières : un exemple d'intégration sociospatiale de la population en Afrique centrale ? »in éthique publique, n°17, 2005, pp. 04-19 * 82 Moise tsala, « les peuples frontières et les dynamiques d'intégration régionale en Afrique centrale : cas des fang de la zone frontalière Cameroun- GABON- guinée équatoriale », université de yaoundé2 Soa, mémoire, 2016 * 83 Entretien avec le maire de kyéossiMr.BikoroEneme le 15/10/2018 * 84 Entretien avec le chef traditionnel 3° de kyéossi Mme Ada le 17/10/2018 |
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