Section II - Un renforcement des mesures de paix
La paix est un bien précieux qui nécessite la
collaboration et la coordination de tous les acteurs internationaux pour
être maintenue et renforcée. Dans un monde où les conflits
armés, les violences et les tensions persistent, il est essentiel de
prendre des mesures pour promouvoir la paix et prévenir les conflits.
Dans ce contexte, le renforcement des mesures de paix est plus important que
jamais. Les Nations Unies ont un rôle à jouer dans la promotion de
la paix et de la sécurité internationales, en particulier en
utilisant leur autorité morale et leur influence pour encourager les
États à adopter des politiques et des pratiques pacifiques.
Dans ce chapitre, nous allons examiner les mesures de paix
existantes et les possibilités de les renforcer. Nous allons
également analyser les défis et les obstacles qui doivent
être surmontés pour atteindre cet objectif, ainsi que les
stratégies pour y parvenir. Enfin, nous allons réfléchir
aux moyens de renforcer la coopération internationale et de promouvoir
une culture de la paix à l'échelle globale. Ainsi pour une bonne
structuration il conviendra de relever d'une part le renforcement des mesures
pacifiques (paragraphe 1) et d'autre part le renforcement des mesures
coercitives (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Les mesure pacifiques
Le renforcement des mesures pacifiques s'observes dans le
redéveloppement de la diplomatie préventive (A) et la promotion
du règlement pacifique des conflits (B)
A : la promotion de la
diplomatie préventive
La diplomatie préventive a pour objet d'éviter
que des différends ne surgissent entre les parties, d'empêcher
où qu'un différend existant ne se transforme en conflit ouvert
et, si un conflit se déclenche, de faire en sorte qu'il s'étende
le moins possible285. Elle a véritablement constitué
le credo de Boutros Boutros-Ghali lorsqu'il était encore
Secrétaire général de l'Organisation286. Pour
ce dernier, « la diplomatie préventive a pour objet
d'éviter que des différends ne surgissent
285 Philippe Moreau DEFARGES, « La diplomatie
préventive », Revue de la Défense Nationale,
Janvier 1997, p. 39.
286 Cf. Boutros Boutros-Ghali (entretien), «
L'ONU et la nouvelle diplomatie de la paix ». Le Trimestre du
Monde, n° 18, 1992/11, pp. 9.
entre les parties, d'empêcher qu'un différend
existant ne se transforme en conflit ouvert et, si un conflit éclate, de
faire en sorte qu'il s'étende le moins possible »287.
En fait, le véritable objectif que doit se fixer la diplomatie
préventive reste de « régler les conflits avant que la
violence n'éclate »288, à la
différence du rétablissement et du maintien de la paix qui ont eu
« pour objet de mettre fin aux conflits et de préserver la paix
une fois qu'elle a été instaurée
»289.
Employée avec un certain succès au sein
d'organisations régionales290, la diplomatie
préventive devait permettre de régler la majeure partie des
nouveaux conflits secouant la société internationale avec,
à la fois, des chances de réussite importantes et l'avantage de
réaliser de substantielles économies en hommes et en moyens
matériels et financiers par rapport à la technique traditionnelle
des interventions a posteriori291. Pour Boutros Boutros-Ghali, en
effet
« ces nouveaux conflits, dont le règlement est
souvent long, difficile et complexe, ne sont pas des conflits
imprévisibles, bien au contraire. La plupart d'entre eux couvent
longtemps avant d'exploser. Ces tensions latentes sont connues de tous.
Pourtant, force est de reconnaître que la communauté
internationale ne se mobilise que très rarement pour les contenir
lorsqu'il serait encore temps de le faire »292. Anticiper
sur l'apparition d'un différend représente, bien entendu,
l'idéal mais la diplomatie préventive trouve aussi et surtout son
application au tout début d'une crise tant que celle-ci n'a pas
dépassé un stade critique293.
Aujourd'hui face à la pluralité des conflits qui
fragilisent la communauté internationale, la diplomatie
préventive est la voie royale pour les prévenir. Tous les
conflits qui se sont déclenchés ont laissé au
préalable des traces qui pourraient permettre de les présager ou
de faire
287 Boutros Boutros-Ghali, Agenda pour la
paix, Report of the Secretary-General pursuant to the statement adopted by
the Summit Meeting of the Security Council, 1992, p. 11, para. 20.
288 Ibid., para. 21.
289 Ibid.
290 Notamment au sein de la CSCE, puis de l'OSCE. Le
26 Mai 1994, par exemple, s'est tenue à Paris une conférence
visant à instaurer un mécanisme de diplomatie préventive
entre les parties à cette future organisation régionale. Celui-ci
repose sur la mise en place de tables régionales de négociation
et l'obligation faite, à tout Etat qui souhaite régler une
contestation de minorités ou de frontières, d'inscrire celle-ci
dans un cadre régional et de permettre ainsi l'intervention de ses
partenaires.
291 En faveur d'un développement de la
diplomatie préventive, voir AYISSI (ANATOLE), Le défi de la
sécurité régionale en Afrique après la guerre
froide : vers la diplomatie préventive et la sécurité
collective, (Unidir/94/27) Institut des Nations Unies pour la recherche sur le
désarmement, Genève, 1994.
292 Boutros Boutros-Ghali, "L'ONU et les nouveaux
conflits internationaux". Relations Internationales et
Stratégiques, n° 20, Hiver 1995, p. 16.
293 BERTRAND (Maurice), « Vers une
stratégie de prévention des conflits ? », Politique
Étrangère, 1/97, p. 111.
une prévision sur leur probable éclatement. Nous
pouvons prendre le cas du Conflit Russo- Ukrainien. Depuis l'annexion de la
Crimée par la Russie en 2014, les tensions ne se sont pas
apaisées malgré la signature du protocole de Minsk294
de 2014. Plusieurs étaient ces accusations allant d'un camp à un
autre295 et laissaient entrevoir que l'idée d'un probable
effritement entre ces eux pays avant les évènements du 24
février 2022.
Ainsi, les États doivent allier aujourd'hui, d'une part
la volonté dans la mesure où l'intervention ne nécessite
guère de moyens de renseignement spécifiques, ce qui manque
souvent c'est la volonté politique de s'en occuper296. Et
comme l'avait souligné Boutros Boutros-Ghali, le combat se situait
essentiellement dans ce cadre et demeure toujours aussi pertinent : pour que la
diplomatie préventive se développe, il faut que les
mentalités évoluent, celles des États susceptibles de
faire l'objet de crises internes ou internationales comme celles des grandes
puissances297. Il faudrait notamment, ainsi que le préconise
Alvaro De Soto, que l'Organisation soit perçue par la majorité
des États d'avantage comme une instance de médiation, que comme
un tribunal plus ou moins partial et, surtout que les grandes puissances,
membres permanents ou non du Conseil de sécurité, reconnaissent
la nécessité de prévenir tous les affrontements
potentiels, qu'ils menacent ou non leurs intérêts
immédiats298. Ce n'est qu'à
294 Le protocole de Minsk (ou Minsk I) est un
accord signé le 5 septembre 2014 par les représentants de
l'Ukraine, de la Russie, des autoproclamées république populaire
de Donetsk et république populaire de Lougansk et de l'Organisation pour
la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) dont
l'objectif est de mettre fin à la guerre du Donbass, qui a
éclaté en avril 2014 en Ukraine orientale, après que la
guerre russo-ukrainienne a elle-même éclaté en
février 2014. Il est signé après de longues
négociations à Minsk, capitale de la Biélorussie.
295 La Russie accusait l'Ukraine de manipuler
l'opinion internationale pour ne pas reconnaitre l'indépendances de
Donetsk et de Lougansk et aussi de manifester un intérêt de
rejoindre L'OTAN ce qu'il jugeait contraire à l'esprit du traité
de Belovej de 1991 et d'une part l'Ukraine déplorait la présence
des forces Russes sur son territoire ce qui était une violation de sa
souveraineté et d'inciter les territoires prorusses de l'Ukraine
à des idées séparatiste 296 Cf. ANNAN (Kofi),
à propos de la situation au Kosovo : « Le Kosovo est effectivement
sur la table depuis des années. Ce qui manque, c'est la volonté
politique d'agir. S'il n'y a pas la volonté d'agir des gouvernements et
des peuples, aucun système d'alerte ou d'information ne peut aider
». Kofi Annan, entretien accordé à Libération du 18
mars 1998.
297 Cf. Virginie Raisson : « Comme toute
décision internationale, une politique visant à empêcher
les guerres ne peut tenir son efficacité que de la volonté des
États de la mettre en oeuvre, ensemble ou séparément, et
d'utiliser à cette fin "tous les moyens nécessaires" dont ils
disposent déjà ». RAISSON (Virginie), « Le défi
de la prévention des conflits », Le Monde Diplomatique,
n° 527, Février 1998, p. 3.
298 Cf. Alvaro De Soto, "Le Secrétaire
général", in Aspects du système des Nations unies dans
le cadre d'un nouvel ordre mondial, Pedone, Paris, 1992, p. 75.
ce prix que « l'action préventive
»299 pourra véritablement s'imposer et se substituer
à la pratique de la sous-traitance. À condition, toutefois que
cette volonté politique s'accompagne d'autre part à des moyens
concrets nécessaires à son accomplissement.et un minimum de moyen
matériel pour sa mise en oeuvre.
B : La promotion du
règlement pacifique des différends
« Il faut que ceux qui ont des griefs les uns contre
les autres commencent à trouver leurs voisins, leurs amis, aussi bien
ceux qui sont au courant des actes sur lesquels porte la contestation, qu'ils
aillent vers les Tribunaux dans le cas seulement où d'aventure on n'aura
pas reçu de ces gens-là une décision qui règle
convenablement leur différend »300.
De cette pensée de Platon, découle la position
importante du règlement pacifique des conflits dans la quête de la
paix.
Le principe est consacré par le chapitre IV et de
manière plus explicite par les articles 33301et
34302de la charte des nations unies. C'est un procédé
qui a fait ces preuves par le passé et on en retient les bons offices de
l'ex-URSS dans le conflit entre la Turquie et la Bulgarie (ayant abouti au
Traité de non-agression de 1941), celui des États Unis entre
l'Inde et le cachemire, des États Unis et de la Grande Bretagne entre la
France et la Thaïlande (1946), des États Unis et de la Grande
Bretagne entre l'Italie et l'Éthiopie (1951), de la Suisse entre la
France et l'Algérie (entre 1960 et 1962). L'offre de médiation
collective de la France, l'Allemagne, la Grande Bretagne et l'ex-URSS dans le
conflit entre l'Italie et la Turquie en 1972 a abouti à la signature
d'un Traité de paix en, celle de l'Algérie entre l'Iran et les
États
299 CHAUVANCY (François), « Le Rapport
1996 du Secrétaire général de l'ONU », Revue de
la Défense Nationale, Décembre 1996, p. 149. Selon
François Chauvancy « le terme employé désormais n'est
plus celui de diplomatie préventive mais celui de {'action
préventive. En effet, la prévention des conflits ne se limite pas
à une simple action diplomatique ; elle fait appel non seulement
à des déploiements de forces, à l'organisation du
désarmement, à des actions humanitaires, mais aussi à la
good governance, aux droits de l'homme et au développement ».
300 Platon, Les lois, VI 767.
301 « 1. Les parties à tout
différend dont la prolongation est susceptible de menacer le maintien de
la paix et de la sécurité internationales doivent en rechercher
la solution, avant tout, par voie de négociation, d'enquête, de
médiation, de conciliation, d'arbitrage, de règlement judiciaire,
de recours aux organismes ou accords régionaux, ou par d'autres moyens
pacifiques de leur choix. 2. Le Conseil de sécurité, s'il le juge
nécessaire, invite les parties à régler leur
différend par de tels moyens ».
302 « Le Conseil de sécurité peut
enquêter sur tout différend ou toute situation qui pourrait
entraîner un désaccord entre nations ou engendrer un
différend, afin de déterminer si la prolongation de ce
différend ou de cette situation semble devoir menacer le maintien de la
paix et de la sécurité internationales ».
Unis en 1979 a donné naissance à la signature
des accords d'Alger en 1981, celle du Secrétaire général
des Nations unies dans l'affaire Rainbow Warrior en 1986, opposant la France
à la Nouvelle Zélande a entrainé une paix entre les deux
Etats etc.
Aujourd'hui, on doit promouvoir et redonner une portée
obligatoire au règlement pacifique des conflits. Et ces actions doivent
émaner des efforts conjugués des acteurs régionaux et
internationaux. Nous pouvons prendre l'exemple de l'espace régional
Ouest- Africain qui depuis des années dont la
médiation303 s'est révélé comme le mode
privilégié pour résoudre les différends entre les
États. Á titre d'exemple nous pouvons prendre la crise Ivoiro-
malienne récente de 2022 ou le président de la République
Togolaise son excellence Faure Gnassingbé a joué un grand
rôle de médiateur entre les deux nations pour apaiser les tensions
et éviter l'affrontement. Par ailleurs la réussite de cette
médiation s'est soldée par la libération de ces 49 soldats
ivoiriens détenus au Mali pour atteinte à la sureté d'un
État souverain.
Il est essentiel de renforcer et de rénover le
règlement pacifique des conflits pour garantir la paix et la
stabilité à l'échelle mondiale. Pour ce faire, il faut
prendre en compte : le renforcement des institutions internationales telles que
les Nations Unies, la Cour internationale de justice et l'Organisation mondiale
du commerce qui jouent un rôle crucial dans la promotion de la paix et de
la stabilité en fournissant un cadre pour que les pays résolvent
pacifiquement leurs différends. Il est donc important de renforcer ces
institutions en augmentant leur financement, en élargissant leur
membreships et en améliorant leur efficacité. Promouvoir le
dialogue et la diplomatie en encourageant la communication ouverte et
honnête entre les pays pour prévenir les malentendus et les
communications erronées qui pourraient conduire au conflit.
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