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Le droit international est-il en crise


par Gbedokoun Eusebe SOSSOU
Université Amadou Hampaté Ba de Dakar - Master 2 en Droit public option Relation internationale et Management Public 2023
  

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Paragraphes 2 : Des propositions novatrices

Les propositions novatrices de réforme du conseil de sécurité s'articulent autour de deux aspects anciens notamment l'élargissement du Conseil de Sécurité (A) et la question du droit de veto (B).

A : L'élargissement du Conseil de Sécurité

Il faut reconnaître, avec Jean Daniel, que « on n 'a pas idée [...] du degré de convoitise que suscite ce siège à un Conseil dont les dispositions sont pourtant loin d'être toujours respectées par les peuples et les nations »277. Si l'intérêt est aussi vif de la part de tous les États concernés c'est que l'admission ou l'exclusion du Conseil de sécurité consacrera, en fait le rang et l'influence relative de chaque pays à l'aube du XXIe siècle.

Actuellement, le Conseil de sécurité compte 15 membres, dont 5 membres permanents (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni et Russie) et 10 membres non permanents élus pour deux ans. Cependant, cette composition n'est pas représentative de la réalité géopolitique actuelle, où de nombreux pays émergents ont acquis une importance croissante dans la scène internationale. Un élargissement de la composition du Conseil de Sécurité se révèle comme la voie idoine pour estomper la crise.

Souvent envisager, mais pas appliqué à cause du défaut de volonté des 5 grands qui se rangent sous le verrou de l'article 108278 et 109279 de la charte.

De nos jours, l'élargissement peut s'imaginer de plusieurs manières. Ça pourrait se faire de manière graduelle proportionnellement aux défis auxquels sont confrontés les États. La première serait d'augmenter le nombre des membres permanents avec l'attribution d'un siège permanent à l'Afrique qui fait souvent face à des défis d'insécurité. Pourquoi de manière graduelle ? parce qu'aujourd'hui la configuration des États puissants a changé. Une adhésion massive des puissances émergentes fragilisera les anciennes dans la mesure où ces dernières sont acculées sur le plan économique et militaire à causes des conflits récents et la seule chose qui leur reste pour avoir la main mise sur le monde actuel c'est le veto. Ainsi ouvert le droit veto à des puissances émergentes c'est se conduire à l'abattoir.

277 DANIEL (Jean), « Une bombe pour un fauteuil », op.cit., p. 59.

278 « Les amendements à la présente Charte entreront en vigueur pour tous les Membres des Nations Unies quand ils auront été adoptés à la majorité des deux tiers des membres de l'Assemblée générale et ratifiés, conformément à leurs règles constitutionnelles respectives, par les deux tiers des Membres de l'Organisation, y compris tous les membres permanents du Conseil de sécurité »

279 Ici nous faisons référence à l'alinéa 2 de l'article 109 qui dispose « Toute modification à la présente Charte recommandée par la conférence à la majorité des deux tiers prendra effet lorsqu'elle aura été ratifiée, conformément à leurs règles constitutionnelles respectives, par les deux tiers des Membres des Nations Unies, y compris tous les membres permanents du Conseil de sécurité ».

La deuxième solution envisageable serait d'augmenter également le nombre de sièges non permanents. Une composition plus représentative des différentes zones géographiques permettra une meilleure prise en compte de certains conflits "oubliés", par exemple en Afrique.

Ainsi, ça permettrait également un certain nombre de pays n'ayant aucune chance d'obtenir un siège permanent, mais qui redoutent l'attribution d'un tel siège à un "poids lourd" de la région (Pakistan et Indonésie par rapport à l'Inde ; Argentine par rapport au Brésil ; Italie par rapport à l'Allemagne). Selon eux, « l'augmentation du nombre des membres permanents ne peut que servir les intérêts de quelques pays, au détriment des petits et moyens pays, qui constituent l'immense majorité des membres de l'ONU »280.

Une troisième proposition à définir qui consisterait à créer des mandats non permanents mais de plus longue durée (par exemple cinq ans) qui seraient attribués aux États particulièrement représentatifs d'un groupe régional. Elle présenterait l'avantage de satisfaire les États qui ne souhaitent pas la création de nouveaux sièges permanents et ceux qui souhaitent se voir reconnaître un statut spécial au sein du Conseil de Sécurité.

Une quatrième solution envisageable serait une combinaison des deux précédentes, à savoir la création concomitante de sièges permanents et de sièges non permanents, selon des modalités à définir.

Il faut remarquer par ailleurs qu'il existera toujours une certaine réticence dans le chef des cinq membres permanents actuels du Conseil de Sécurité à accepter une réforme de celui- ci qui diminuerait leur influence. Si la plupart d'entre eux seraient d'accord d'augmenter le nombre de sièges non permanents, la composition totale du Conseil de Sécurité ne devrait guère dépasser 20 membres, sous peine de voir celui-ci perdre son efficacité281 . En ce qui concerne l'augmentation du nombre de sièges permanents, seuls les États-Unis se sont clairement prononcés en faveur de l'élargissement à l'Allemagne et au Japon. La candidature japonaise fait l'objet de fortes réserves de la part de la Chine et de la Russie ; celle de l'Allemagne de la part de la France et de la Grande-Bretagne, jalouses de leurs prérogatives actuelles282 .

280 Déclaration du 27 mars 1996 de l'ambassadeur pakistanais Kamal devant le Groupe de travail, et de l'ambassadeur italien Futci à la 50 ème session de l'Assemblée générale des Nations Unies.

281 FASSBENDER (Bardo), « La réforme du Conseil de sécurité de l'ONU et le droit de veto », La Haye, Kluwer,

1998, pp. 236-237.

282 Ibid., p. 237-240.

Toutefois, la solution proposée par le Groupe UPC avec un élargissement à 20 membres, sans nouveau détenteur de droit de véto et une voie qui porte davantage l'accent sur la sauvegarde des « valeurs communes de démocratie, de responsabilité, de souplesse et d'équité

». Ce qui permet de contourner en présentant un projet moins « extrême » et plus souple qui évite d'engager le bras de fer avec le cercle des membres permanents qui garde toute sa pertinence et envisageable de par sa posture de souplesse.

B : Le réaménagement du droit de veto

Il existe de nombreux États selon lesquels le veto est anachronique et antidémocratique. La situation géopolitique actuelle ne justifie plus la reconnaissance d'un tel droit à certains États283. Un problème important se pose néanmoins. Le vote positif des cinq membres permanents du Conseil de sécurité est indispensable pour une révision du texte de la Charte. Il semble exclu que les cinq membres permanents actuels renoncent à cette prérogative284.

Par conséquent, la question du maintien et des modalités actuelles du droit de veto ne semble pas devoir se poser. Seule l'extension de celui-ci à d'éventuels nouveaux membres permanents est négociable.

Ceux-ci devraient-ils se voir reconnaître un droit de veto ? La question est délicate. Augmenter le nombre d'États disposant du droit de veto risque de rendre le Conseil de Sécurité encore plus inefficace. Ne pas le faire reviendrait à créer une sous-catégorie de membres permanents que rien ne justifierait. Il est cependant probable que bien des États seraient prêts à renoncer à ce droit en échange d'un siège permanent.

Une solution conciliatrice peut être envisagée. Il n'y aura pas d'extension du droit de veto à d'autre États mais plutôt un réaménagement de son utilisation par les États détenteurs actuels ce qui permettra du moins d'avoir une évolution même si c'est à minima sur la question.

 cet effet il faut instaurer le système de la « double majorité » pour toutes les décisions du conseil de sécurité. Selon ce règlement, les membres permanents peuvent toujours utiliser leur droit de veto pour bloquer une décision, mais ils doivent maintenant être accompagnés par au moins un autre membre permanent ou par un groupe de pays membres de l'ONU représentant

283 Ibid., pp. 263-266.

284 Idem., pp. 273-274.

au moins 60% des votes possibles. Si cela ne peut pas être fait, la décision peut être prise malgré l'opposition du membre permanent.

La double majorité va permettre d'asseoir une représentation plus large et diverse au sein du Conseil ce qui peut aider à garantir que les intérêts de tous les membres de l'ONU soient mieux représentés. En limitant le pouvoir de veto des membres permanents, la double majorité peut contribuer à réduire l'influence des grandes puissances et à donner plus de poids aux opinions des autres membres de l'ONU. Cela peut aider à créer un environnement plus égalitaire dans lequel les petits Etats ont une voix plus forte car il faudra une majorité qualifiée pour approuver une décision, plutôt que simplement un vote majoritaire. Cela peut aider à garantir que les décisions prises soient plus largement acceptées et soutenues par les membres de l'ONU.

Mais toutefois, l'introduction d'une double majorité pour toutes les décisions peut rendre le processus de prise de décisions plus complexe et plus difficile à comprendre pour les observateurs extérieurs. Cela peut conduire à une diminution de la transparence et de l'efficacité du Conseil de sécurité, à une possibilité de blocage accru des décisions car il peut être plus difficile de trouver une majorité qualifiée pour approuver une décision. Cela peut empêcher le Conseil de sécurité de prendre des mesures efficaces pour répondre à des situations de crise internationales. Et aussi, elle peut également entraîner un épuisement des ressources, car les négociations pour atteindre une majorité qualifiée peuvent être plus longues et plus difficiles.

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