1.1.2. Les TIC au Togo
La prise en compte des technologies de l'information et de la
communication dans la politique nationale au Togo ne date pas d'aujourd'hui.
Comme le relève Dayo (2019),
Malgré le retard qu'a pris le Togo dans le
développement de l'accès aux services Internet, le Togo, en 1997,
était le tout premier pays d'Afrique noire francophone à
développer les TIC et occupait, avec ses 400 abonnés pour 10 000
habitants, le deuxième rang, après le Ghana, pays anglophones et
francophones confondus(p. 48).
Dans le souci de faire des TIC et du digital un
véritable levier pour le développement économique du Togo,
le gouvernement adopta une déclaration de politique sectorielle
2011-2015. Cette dernière visait à faciliter l'accès des
technologies de l'information et de la communication (TIC) aux citoyens et
à faire du Togo une vitrine dans la sous-région en matière
de TIC.Le digital est ainsi inscrit au coeur des stratégies de
développement du pays. Dans ce cadre, des réformes structurantes
ont été menées, d'importants projets
réalisés et des avancées considérables ont
été observées, positionnant ainsi le secteur dans une
dynamique de croissance sans précédent.
Arrivée à échéance fin 2015, le
bilan de cette politique sectorielle est plutôt positif, avec pour
résultats le doublement du taux de pénétration de la
téléphonie qui a atteint 77,5 % en 2016 (contre 36 % en
2010) et l'accroissement considérable du taux de
pénétration de l'Internet mobile qui est passé de 7 %
en 2014 à 21 % en 2016, consécutif à une baisse
notable du prix de l'Internet mobile qui a chuté d'environ 50 % en
2 ans (Ministère des postes et de l'économie numérique,
2018).
Cependant, hormis ces importantes avancées, le Togo
fait face à plusieurs défis. Raison pour laquelle, face aux
opportunités offertes par les TIC dans un monde où la croissance
économique ne peut se concevoir sans le numérique, le
ministère des postes et de l'économie numérique a
initié, avec le concours de la Banque Mondiale, un processus
participatif d'élaboration d'une nouvelle déclaration de
politique du secteur de l'économie numérique pour la
période 2018-2022. Tous les acteurs du secteur, ainsi que les
partenaires techniques et financiers du Togo, le secteur privé et les
autres secteurs d'activités de l'économie nationale qui
pourraient s'appuyer sur les TIC pour améliorer la productivité
ont été fortement impliqués dans le processus.
Il faut noter, par ailleurs que cette nouvelle politique
sectorielle s'inscrit dans la vision du Président de la
République togolaise déclinée dans le PND (2018-2022)
comme suit :« Le numérique s'affirme comme
véritable levier de la modernisation de l'économie et de la
société. À ce titre, il contribue à faire du Togo
un hub de services et un centre international d'innovation et de
compétence digitale »(République Togolaise, 2018, p.
15). La mise en oeuvre de cette vision s'appuiera sur la réalisation des
quatre (4) axes stratégiques ci-après, i) le développement
des infrastructures locales, nationales et internationales par la mise en
oeuvre de l'aménagement numérique du territoire et une plus forte
disponibilité de l'accès haut-débit pour la population,
ii) la diffusion des TIC dans l'économie et l'accroissement des usages
pour les couches les plus vulnérables avec la redéfinition du
service universel, l'intégration des TIC dans l'éducation et les
services de l'Etat, iii) le renforcement de la concurrence sur l'ensemble des
segments du marché, iv) la garantie de la souveraineté
numérique nationale, notamment la cybersécurité et la
protection des citoyens (Ministère des postes et de l'économie
numérique, 2018).
Le secteur des communications électroniques au Togo est
animé principalement par deux opérateurs en concurrence :
Togocom (issu de l'union de Togocel et de Togo Telecom) et Moov Africa Togo
(anciennement dénommé Atlantique Telecom ou Moov Togo), et trois
fournisseurs d'accès internet : Café Informatique
présent sur le marché depuis 1998, Teolis et le Groupe
VivendiAfrica Togo, titulaires d'une licence depuis juin 2017.
La stratégie adoptée afin de créer un
environnement favorable à l'expansion du numérique au Togo,
consistait notamment à moderniser le cadre règlementaire du
secteur, dynamiser le marché, aménager numériquement le
territoire en renforçant les infrastructures et démocratiser les
usages et outils numériques.
Les efforts du ministère des postes et de
l'économie numérique pour permettre à la population
togolaise de bénéficier de toutes les opportunités
offertes par les technologies numériques ont porté leurs fruits.
En effet, l'année 2017 est marquée par l'aboutissement de
nombreux projets d'envergure, entamés depuis plusieurs années.
Ainsi, la mobilisation des équipes de ce ministère et de ses
partenaires ont permis la concrétisation du site service-public.gouv.tg
issu de l' « écosystème digital », du
réseau « E-Gouv », du point d'échange
internet (IXP), de l'attribution de deux (2) nouvelles licences de fournisseurs
d'accès internet (FAI), de l'adoption de la loi d'orientation sur la
société de l'information (LOSITO) et de la loi sur les
transactions électroniques (LTE), de la suppression de la TVA sur les
terminaux de communications et enfin, de la suppression des frais de roaming
dans sept (7) pays de la sous-région.
Des projets structurants d'infrastructures ont
été réalisés ou en cours d'achèvement :
le projet E-Gouv qui connecte plus de 560 bâtiments administratifs de la
ville de Lomé avec 250 km de fibre optique, le projet WARCIP qui
renforce la connectivité du territoire par la construction de nouvelles
infrastructures permettant de réduire les coûts d'accès et
d'améliorer la qualité du réseau, le projet Wifi Campus
avec la mise en place d'un réseau Wifi très haut débit
gratuit dans toutes les universités publiques et Centres Hospitaliers
Universitaires (CHU) du Togo, etc.Le taux de pénétration de
l'internet (fixe et mobile) atteint 36,31 % en 2017, en hausse de +33,45
points comparé à 2011.
Cette forte croissance est essentiellement tirée par
l'internet mobile qui représente 98 % des abonnés, du fait
notamment du renforcement de la concurrence avec l'attribution d'une licence 3G
à l'opérateur privé MOOV Togo en 2016. Cette nouvelle
dynamique s'est aussi matérialisée par une baisse des prix
d'environ 50 % entre 2016 et 2017 ainsi qu'un accroissement des usages
avec un trafic global internet qui est passé de 3 Gbps en début
2016 à 8 Gbps en décembre 2017.
L'internet fixe, avec un taux de pénétration de
0,69 % en fin 2017 et des tarifs relativement élevés par
rapport à la sous-région, reste à développer.
Concernant le segment de la téléphonie mobile, la
télédensité est de 82,98 % en progression de +21
points comparé à 2014 (Ministère des Postes et de
l'économie numérique, 2017).Pour Apedjinou et Kouawo (2020),
« au Togo, l'accès à la connexion internet connait une
évolution. En janvier 2020, 1,71 million de Togolais étaient
connectés à internet. Soit une hausse de 7,8 % par rapport
à l'année précédente » (p. 27).
Aussi, avec un taux de couverture du territoire de 65 %
pour le mobile et 22 % seulement pour la 3G, la fracture numérique
demeure un défi à relever. Les statistiques
évoquées ci-dessus, appellent à la réorientation
des politiques digitales en vue de la libération de son plein potentiel
au Togo.En effet, pour accorder une plus grande importance à la
digitalisation, le ministère des postes et de l'économie
numérique fut transformé en ministère de l'économie
numérique et de transformation digitale. La transformation digitale du
Togo lui permettra de profiter davantage des dividendes du numérique,
notamment : une plus grande inclusion des entreprises dans
l'économie mondiale, des possibilités d'une création
massive d'emplois à haute valeur ajoutée, un développement
du capital humain, une facilitation de l'accès des citoyennes et
citoyens aux services publics, un renforcement des capacités des
pouvoirs publics.
L'analyse des performances du Togo dans le digital
révèle notamment que le plus grand défi est de
réduire les coûts de connexion, des TIC et d'améliorer la
qualité et la continuité du service interne (République
Togolaise, 2018).
En définitif, le Togo a connu au cours des
années précédentes une progression spectaculaire dans le
domaine de l'utilisation des TIC. Cette avancée technologique a
été soutenue et favorisée d'une part, par le dynamisme de
son ministère de l'économie numérique et de la
transformation digitale, d'autre part par une coopération dynamique avec
plusieurs partenaires au développement dont l'objectif est la
réduction de la fracture numérique en Afrique.
Qu'en est-il de la situation du numérique dans le
système éducatif togolais ?
|