C. Revue générale sur les
conséquences du choix d'un régime de change :
Avant de comprendre les fondamentaux et les avantages de
chaque régime de change, il faut préciser que la
convertibilité d'une monnaie ne doit pas être confondue avec son
régime de change.
La convertibilité d'une monnaie est la
possibilité d'être librement convertible en une autre monnaie.
Cependant, la libre convertibilité n'est pas synonyme d'un
"système de taux de change flottant". Alors que la plupart des pays les
plus développés, les États-Unis, le Canada, le
Royaume-Uni, la zone euro, le Japon, etc., ont des devises librement
convertibles, certains autres pays continuent d'avoir des politiques
monétaires visant à contrôler la quantité de leurs
devises. C'est le cas de la roupie indienne et du réal brésilien,
dont les pays respectifs ont opté pour des régimes de taux de
change flottants tout en gardant le contrôle de la masse monétaire
en limitant la convertibilité de leurs monnaies en circulation par
l'intermédiaire de leurs banques centrales.
Cependant, le choix du régime de change dépend
de la politique monétaire décidée par l'État et de
sa capacité à l'exécuter, et la banque centrale est
responsable de sa mise en oeuvre et de sa gestion.
La théorie économique a permis d'éclairer
les esprits sur les éventuels avantages et inconvénients des
différents régimes de change,
Le tableau 3 résume les
principales prédictions de la théorie économique
concernant les performances macroéconomiques des différents
régimes de change.
Tableau 3: Régimes
de change et performances macroéconomiques d'après la
théorie économique
RÉGIME DE CHANGE
|
CROISSANCE
|
INFLATION
|
VOLATILITÉ
|
CRISES
|
Régimes fixes
|
- Peut améliorer le commerce et la croissance par une
réduction des coûts des transactions.
- Peut promouvoir l'investissement en réduisant et en
stabilisant les taux d'intérêt.
|
- Peut augmenter la crédibilité des
autorités et être adopté en tant que plan de
désinflation.
- Peut réduire ou éliminer le biais
inflationniste par une plus grande transparence dans la politique
monétaire.
|
- Peut augmenter la crédibilité des
autorités et être adopté en tant que plan de
désinflation.
- Peut réduire ou éliminer le biais
inflationniste par une plus grande transparence dans la politique
monétaire.
|
- Risques de crises auto réalisatrices très
élevés.
- Risques de crises bancaires élevés suite
à la perte de prêteur en dernier ressort.
- Stratégies de sorties de crises inexistantes.
|
Régimes
intermédiaires
|
- Peut améliorer et stabiliser la croissance et la
compétitivité de l'économie si le régime est
crédible.
- Peut jouer le rôle d'absorbeur de chocs et de
stabilisateur du cycle économique
|
- Peut, si crédible, jouer le rôle d'ancre
nominale et stabiliser les anticipations inflationnistes.
- Peut entraîner l'économie dans une spirale de
dévaluations compétitives.
|
- Pas de risque élevé de volatilité de
court terme mais un risque de désalignement.
|
- Risque de crise dépendant de la
crédibilité du régime.
- Peut amplifier les coûts des crises bancaires en
augmentant l'antisélection et l'aléa moral
|
Régimes flexibles
|
- Peut immuniser l'économie en absorbant les chocs
extérieurs, mais peut aussi réduire le commerce.
|
- Absence d'ancre nominale externe pouvant faire
ressusciter l'ombre des pressions inflationnistes.
- Fort degré de discrétion dans la politique
monétaire pouvant induire un biais inflationniste.
|
- Forte volatilité à court terme des taux de
change nominaux et réels et risques de désalignements à
moyen terme pas nécessairement reliés aux fondamentaux
économiques du pays.
|
- Très peu vulnérable aux crises.
|
ð Comportement de la croissance
La croissance est plus forte dans le cas d'un régime de
taux de change intermédiaire, c'est-à-dire que le taux de change
est relativement rigide et non formellement fixé par rapport à
une monnaie unique. C'est essentiellement parce que ces régimes
représentent un bon compromis entre ancrage fixe et flottement libre.
Dans des régimes rigides, l'inflation est plus faible,
l'instabilité des taux de change nominaux et réels est plus
faible, et l'ouverture commerciale est plus élevée, autant de
facteurs qui favorisent la croissance ; d'autre part, les taux de change sont
plus susceptibles d'être surévalués, ce qui peut conduire
à entraver compétitivité et nuire à la
croissance.
Les taux de change flottants sont moins susceptibles
d'être surévalués que les parités fixes, mais ils ne
freinent pas l'inflation, ne réduisent pas l'instabilité et ne
favorisent pas l'intégration commerciale.
Entre ces deux extrêmes, une fois les autres facteurs
affectant la croissance pris en compte, les institutions intermédiaires
offrent le meilleur compromis pour une croissance de la production par habitant
plus élevée (près d'un demi-point de pourcentage par an).
Les systèmes indexés sont plus favorables à la croissance
que les systèmes flottants, mais seulement s'ils évitent la
surévaluation du taux de change réel et la perte de
compétitivité.
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