La libéralisation progressive du dirham marocain: quel impact sur l'économie marocaine?par Rime Kamel Université Moulay Ismail - Licence fondamentale en sciences économiques et de gestion 2022 |
Section 2: Les Objectifs principaux de la réforme du régime de changeUne analyse des performances macroéconomiques du régime de change marocain révèle que le régime traditionnel de parité fixe utilisé par les autorités monétaires marocaines a joué un rôle important dans la protection de l'économie contre les chocs extérieurs et dans la stabilité des prix et des taux de change. Dans le même temps, malgré la modernisation du secteur agricole et le lancement du programme Maroc Vert, le secteur agricole reste très dépendant des catastrophes climatiques, ce qui a des implications sur l'évolution de la croissance économique, ce qui a biaisé l'examen de l'impact sur immobilisations. Le régime de taux de change pour l'activité économique au Maroc, en particulier le régime de taux de change fixe, reste le plus vulnérable aux crises monétaires sur la base de l'expérience récente. En fait, la nécessité de modifier le régime de taux de change actuel pour accroître la flexibilité est motivée par d'autres facteurs. Particulièrement, l'indépendance de la politique monétaire baisse des réserves de change et ouverture progressive du compte de capital. A. L'indépendance de la politique monétaireEn pratique, l'indépendance des banques centrales recouvre deux dimensions : politique et économique. Le premier fait référence à l'influence que le gouvernement exerce dans la fixation des objectifs de la politique monétaire par l'intermédiaire de ses représentants au conseil d'administration de la banque centrale ou par la nomination de son directeur ou le vote de son budget. La seconde désigne l'autonomie de la banque centrale dans le choix de ses instruments pour atteindre ses objectifs. Ainsi, la BCE et la Banque centrale britannique sont-elles toutes deux libres du choix de leurs instruments de politique monétaire mais, alors que les objectifs de la première sont fixés par les traités européens, ceux de la seconde sont déterminés chaque année en concertation avec le gouvernement. Au cours des années 1970, la spirale de l'inflation dans un contexte de stagnation de la production et de l'emploi dans les pays développés à économie de marché a remis en cause le consensus keynésien en matière de politique économique conjoncturelle : non seulement le budget de la politique économique semblait inefficace pour assurer une sortie durable de la crise, mais même son financement par l'émission de monnaie par les banques centrales nationales a entretenu une inflation latente qui a dévoré le pouvoir d'achat des ménages et ruiné la compétitivité des entreprises. Les « nouveaux classiques13(*) » analysent la politiqueéconomique en termes d'interactions non coopératives entre gouvernement et société civile : les membres de cette dernière, anticipant les effets inflationnistes des politiques de relance, cherchent à minimiser leur perte de pouvoir d'achat en consommant au présent ou en négociant des salaires réels plus élevés, ce qui précipite même l'inflation avant la mise en place d'une politique économique expansionniste. Cette défiance généralisée à l'égard de l'autorité monétaire entretient un cercle vicieux inflationniste et contre-productif. De ce point de vue, l'indépendance de la banque centrale vis-à-vis du gouvernement constitue un engagement crédible de stabilité : tant qu'elle n'est pas affectée par les échéances électorales, la banque centrale est en mesure de ne pas déroger à une règle fixée à l'avance dans des conditions de stabilisation des prix. Le gouvernement ne peut plus financerles politiques de relance discrétionnaires par émission de monnaie. Elle a pour intérêt à limiter le maximumpossible l'inflation, qui est préjudiciable à l'ensemble de l'économie. Pour ce faire, elle délègue son autorité monétaire à un « banquier central conservateur14(*) » qui partage les mêmes objectifs de politique monétairepolitiques de relance discrétionnaires en imprimant de l'argent. * 13Ecole regroupant des économistes comme Robert Lucas, Robert Barro, Finn E. Kydland, Edward C. Prescott ou Thomas Sargent. * 14D'après l'expression de l'économiste américain Keneth Rogoff. |
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