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La libéralisation progressive du dirham marocain: quel impact sur l'économie marocaine?


par Rime Kamel
Université Moulay Ismail - Licence fondamentale en sciences économiques et de gestion 2022
  

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B. Le passage à la deuxième phase de la libéralisation progressive du Dirham

Dans les mois précédent la mise en place de la première phase au 1er janvier 2018, les entreprises ont spéculé sur la dévaluation de la monnaie nationale, et depuis la mise en place de la première phase, leur complicité, le ton est prudent. Selon BAM, le passage à un régime de taux de change flexible prendra "jusqu'à 15 ans". Même sous la pression du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, le gouverneur de BAM, Abdellatif Jouahri, a insisté sur le fait qu'il fallait prendre du temps.

Le vendredi 6 mars 2020, un communiqué de presse publié par le ministère des Finances a déclaré qu'à partir du lundi 9 mars 2020, l'Arabie saoudite va augmenter la volatilité du dirham de #177; 2,5% à #177; 5%, par rapport à la baisse taux de change central de la banque centrale basé sur un panier de devises composé de l'euro (60 %) et du dollar (40 %).Ainsi, le ministère des Finances et Al-Maghrib Bank ont ??décidé sans préavis d'entrer dans la deuxième phase de libéralisation du dirham à la veille du week-end.

Cette augmentation s'inscrit dans la poursuite du processus de réforme du régime de change, qui a été lancé en janvier 2018 après la réalisation des objectifs de la première phase.

La deuxième phase commence par un environnement macroéconomique et financier interne favorable, notamment avec des niveaux appropriés de réserves de change, une inflation maîtrisable, une dette publique soutenable et un secteur financier sain.

« La deuxième phase est entamée dans un contexte macro-économique et financier interne favorable, marqué notamment par un niveau approprié des réserves de change, une inflation maîtrisée, une dette publique soutenable et un secteur financier solide »11(*)

La réforme du régime de change est un processus volontaire, graduel et ordonné en plusieurs étapes qui renforcera la capacité de l'économie marocaine à absorber les chocs extérieurs (citant la crise sanitaire de COVID 19), soutiendra sa compétitivité et stimulera ainsi sa croissance.

Selon ses statuts, Al-Maghrib Bank continuera d'assurer le fonctionnement normal du marché des changes et interviendra sur ce marché en tant que de besoin pour assurer sa liquidité.

Ce schéma suivant (figure 5), récapitule de manière adéquate l'évolution du régime de change marocain.

Figure 5 : Historique du régime de change au Maroc

Source : Bank Al-Maghrib

C. Le passage à unetroisième phase de flexibilisation du régime de change

Après avoir élargi à deux reprises la fourchette du dirham, le Maroc a été invité par le Fonds monétaire international (FMI) à passer à l'étape suivante : l'abandon d'un panier de parités monétaires.

Cette prochaine étape, déclarée le 21 décembre2021, consistera à libérer le dirham de son ancrage actuel, basé sur un même panier consisté de 60% euro et 40% dollar. Le changement technologique apparemment simple ouvrira un nouveau monde pour le marché des changes et donnera aux banques maghrébines un nouveau statut et de nouveaux outils pour guider la politique monétaire.

« Bank Al-Maghrib ne fait aujourd'hui que calculer tous les jours la valeur du dirham, en se basant sur la valeur de l'euro et celle du dollar. Elle n'a la main sur rien. Même la structure du panier est fixée par le gouvernement. En abandonnant l'ancrage à ce panier, la valeur du dirham sera désormais fixée par le marché, l'offre et la demande des opérateurs. On entrera dans une nouvelle ère, celle d'un vrai marché de changes, où ce sont les opérateurs, les banques essentiellement, qui vont fixer la valeur du dirham, selon leurs anticipations, leurs positions, leurs intérêts... Le marché des changes va devenir comme une Bourse où sont confrontés la demande et l'offre, avec un prix d'équilibre qui ressort à la fin »12(*)

Al-Maghrib Bank va donc lever la main sur les cotations quotidiennes du dirham et laisser le marché faire son travail. Mais pas tout à fait, comme le souligne Omar Baku. Cette réforme se fait progressivement. Rien n'empêche Bank Al-Maghrib d'intervenir sur le marché, soit par la demande, soit par l'offre, comme tout opérateur, afin de maintenir un certain équilibre correspondant à ces objectifs de politique monétaire.

Cependant, tout en augmentant la cotation de la monnaie nationale, la banque centrale contrôlera le taux de change, qui sera un outil pour sa politique monétaire et ce que Jouahri a appelé « le ciblage de l'inflation » dans sa déclaration.

La figure 6 ci-dessous présente brièvement les principaux points de chaque étape.

Figure 6 : la trajectoire de la libéralisation du Dirham marocain

Source : Auteurs

* 11 Comme l'indique le communiqué conjoint du ministère de l'Économie et des Finances et de Bank Al-Maghrib.

* 12Explique l'économiste et expert du marché des changes, Omar Bakou.

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