2.3.1. L'origine de l'aménagement du territoire
en Côte d'Ivoire
Bien que l'action d'aménagement est très
ancienne, elle est liée à la présence de l'homme sur la
terre qui a cherché toujours à s'adapter à son milieu, de
transformer l'espace qu'il occupe, l'aménagement du territoire est
très récent dans son acceptation récente, il remonte aux
années 1930 avec les travaux de la Compagnie Nationale du Rhône
(CNR) (1932) et la Tennesse Valley Authority (TVA) de 1933 ; tandis que
les grands travaux d'irrigation remontent à l'Antiquité (A.
BELHDI, 2010, p.4).Mais ce sont surtout les années 1960 qui donnent
naissance à l'aménagement avec la mise en place des grands
travaux, de vastes programmes et la création d'institutions
appropriées. Les collectivités ont été menés
souvent à agir sur les espaces qu'elles occupent ; conquête
de terres, bonification, aménagements hydro-agricoles, construction de
routes, de ponts et de viaducs. On peut citer les Pharaons, l'empire romain,
les bastides du Moyen âge, les cilles de l'Andalousie musulmane, les
travaux hydro-agricoles dans les oasis.Cependant, on en trouve les traces de
l'aménagement dans la plupart des civilisations du monde
méditerranéen, africain, indo-chinois, idou ou
latino-américain.
On a affaire ici à des aménagements
spontanés menés par les différentes collectivités
pour s'adapter à leurs espaces et le maîtriser. Dans le sens
moderne, l'aménagement est l'action programmée de grande
envergure menée souvent par le pouvoir.
Selon MEMPD (2006, p.6), dès les premières
années de l'indépendance de la Côte d'Ivoire, les
autorités politiques ont marqué un simple intérêt
particulier pour l'aménagement du territoire en définissant
clairement leurs options à l'occasion des différents Plans
Quinquennaux de Développement Économique, Social et Culturel
ainsi que des études prospectives
PourA.J.P. KOUTOUA (2019, p.4), le progrès
économique de la Côte d'Ivoire au lendemain de son
indépendance en 1960 a incité les autorités à
continuer à s'investir davantage dans la modernisation du pays. Pour
atteindre cet objectif, l'Etat met en oeuvre des politiques urbaines
basées essentiellement sur l'aménagement du territoire.
Le développement spatial de la ville d'Abidjan et de
ses villes environnantes (Anyama, Bingerville et Grand-Bassam) a
été donc guidé depuis l'origine par plusieurs
schémas directeurs qui leur ont permis de bénéficier
d'importants programmes de développement. Malgré cette
volonté manifeste de l'Etat de faire des villes environnantes d'Abidjan
des pôles de développement sous régionaux, elles restent
toujours en proie à divers problèmes : pauvreté
grandissante, déficit en infrastructures, précarité de
l'habitat, conflits fonciers, etc.
Ainsi, cette politique menée durant trois
décennies, dont les résultats sont jugés, dans l'ensemble,
satisfaisants a connu un arrêt brutal avec l'avènement des
Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) liés à la crise
économique des années 1980 (MEMPD, 2006, p.6). Depuis, la
Côte d'Ivoire ne s'est dotée d'une politique d'aménagement
du territoire qu'en 1997.
Cette politique n'a pas connu d'application. Entre les deux
périodes, parallèlement aux Programmes d'Ajustement
Structurel(PAS), la politique de décentralisation s'est progressivement
affirmée avec unemultiplication rapide des acteurs et des visions du
développement du territoire. Cette politique suscite donc aussi bien des
espoirs que des inquiétudes. La présente recherche vise à
étudier le processus de création de ces villes, à
expliquer les facteurs qui font obstacles à l'exécution des plans
d'urbanisme directeurs, et à analyser le mode de gouvernance mis en
place.
|