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La part de l'humain dans les problemes ecologiques selon Michel Serres


par Faustin MBUYU
Université de Lubumbashi - Licence 2023
  

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I.1. LES PHENOMENES NATURELS DE LA TERRE

Tout au long de cette première section, nous discourons sur les phénomènes naturels de la terre pour analyser les enjeux et effets que ces derniers ont eus sur la terre. Signifions que les phénomènes naturels de la terre sont des événements qui ont une origine un peu plus lointaine, que la crise actuelle. Mais, leur rythme était moins accéléré. C'est pourquoi, pour les retracer il nous faut recourir dans le passé de la terre afin d'en examiner les conséquences.

Ce faisant, dans l'histoire de la terre il y a eu des évènements et phénomènes qui ont causé d'énormes dégâts, extinction des espèces, des crises, etc. Selon Michel Serres, nous devons remonter les décennies archivées ou des millénaires sans mémoire pour les découvrir.23(*) Néanmoins, ces évènements, semblent-ils se produire de manière naturelle sans qu'il y ait l'intervention de l'action humaine. De quoi s'agit-il ? D'un hasard produit dans la nature ? Ont-ils eu des effets sur les vivants ?

Eu égard à ce qui précède, Alain Pavé explique que « les systèmes vivants sur terre subissent des aléas environnementaux, qui peuvent les altérer et même qui risquent de le faire disparaitre24(*) ». Ces évènements surgissent sur la terre, mais de manière aléatoire. Autrement dit, il n'y a aucune réglementions et régularité qui les gèrent. Néanmoins, le grand danger est qu'ils peuvent provoquer de perte et disparition dans le vivant. Cette disparition contribue d'une certaine manière à la perte de certaines espèces vivantes sur terre. Ces dernières (espèces) sont une richesse pour la planète.

En effet, dans le fonctionnement de la nature, il arrive des fois qu'un évènement se produise sans qu'il y ait l'intervention de l'action humaine. Ces évènements sont qualifiés de naturel, parce qu'il s'agit de l'auto-organisation de la nature. Néanmoins, cette explication a été approuvée par le GIEC25(*) en date du mois d'août 2021 notant que l'humanité s'expose à de multiples aléas climatiques inévitables26(*). Ces aléas sont une organisation du système de la planète et de ses incidents.

Ajoutons à ce sujet l'idée du Pape François dans l'encyclique Laudato si'. Celui-ci souligne que le changement de la nature fait partie de la dynamique des systèmes complexes de la nature et dont la dynamique est un fait normal.27(*)Ce fait ou changement se réalise de manière lente. Le Saint-Père énumère dans les pages qui suivent les facteurs qui ne sont pas liés directement à l'action humaine, mais sont à la base de certaines perturbations. Ces facteurs sont tels que : le volcanisme, les variations de l'orbite et de l'axe de la terre, le cycle solaire.28(*) Ainsi, soulignons qu'avant les deux dernières décennies ces facteurs sont connus et sont causés par le phénomène dynamique de la terre.

De ce qui précède, nous avons affirmé, il sied maintenant de le démontrer. Pour ce qui est du changement climatique par exemple, les scientifiques discutent beaucoup sur ce sujet. Ils reconnaissent que le changement climatique a un double aspect : le premier est d'ordre naturel et le second de l'action humaine. Certes, le premier aspect nous intéresse pour l'instant. Cependant, Alain Grandjean atteste dans son article publié dans la revue Lumen Vitae que « dans l'histoire de la planète, le climat n'a cessé de changer sous l'influence de multiples déterminants29(*) ». Ces influences, ajoute-t-il, proviennent de l'organisation et du fonctionnement de la terre : l'irradiance solaire, la distance de la terre-soleil, variation de l'orbite terrestre, inclination de la terre sur son axe de rotation, dérive des continents, volcanisme, émissions de méthane et oxygène par le vivant, capacité d'absorption des océans, etc.30(*) Tous ceux-ci prouvent à suffisance que la nature dans son fonctionnement provoque des crises qu'on ne peut jusque-là mettre sous la responsabilité de l'humain.

En liaison avec ce qui vient d'être dit, Trinh Xuan Thuan dans un livre publié aux éditions Fayard en 1998 « Le chaos et l'harmonie. La fabrication du réel » nous explique de manière scientifique la question de l'histoire de la terre et ses évènements parfois drastiques et hasardeux. Il dit : pour arriver à « expliquer les phénomènes naturels, il nous faut à la fois découvrir les lois qui régissent le nécessaire et reconstruire les évènements fortuits31(*) ».

À cet effet, si nous rentrons à la racine de ces évènements, nous trouvons, que ceux-là sont aléatoires, de la contingence. C'est par exemple, la problématique de l'inclination de la terre. Nous savons qu'avec les données de la physique et de l'astronomie, la terre ne se tient pas tout droit. Elle se pense d'un côté, tournant au plan zodiaque avec ces deux mouvements : la rotation et la translation. Ces deux mouvements sont responsables du changement des saisons et à la base du climat. Certes, l'axe de la terre par rapport au plan zodiaque s'incline de 23,5°.32(*) Cette inclination a pour conséquence le changement de climat sur la terre, le déplacement de certaines espèces. Comment cela est-il arrivé que l'axe de la planète soit incliné ?

A cette question Trinh Xuan Thuan montre qu'il y a eu des collisions violentes entre les planètes et les astéroïdes. Ceux-ci percutent une planète une fois sur son chemin. Conséquence ; reversement et inclination d'un côté.33(*) Ce renversement et inclination causent d'énormes dégâts sur la planète. C'est ce que d'ailleurs Alain Pavé note dans son livre au sujet de la disparition de certaines espèces et les grandes extinctions, en l'occurrence les dinosaures.34(*) Ces phénomènes sont des évènements très catastrophiques et leurs présences ont comme conséquence sur les variations brusques dans la biodiversité. Une des premières grandes extinctions enregistrées sur la terre est la disparition de dinosaures. Quant à la variation de l'orbite terrestre, celle-ci est un fait important sur notre planète. D'ailleurs, c'est Johannes Kepler en 1609 qui nous a éveillés à ce sujet. La distance qu'à la terre-soleil varie et influe sur les vivants. Cette variation est d'un peu de moins de 1%35(*). Elle facilite la variation de la température sur terre.

Qu'est-ce qui justifie tout ce mécanisme ? A cette question, Alain Pavé affirme : « les aléas naturels sont engendrés par les dynamiques et les circumplanétaires physico-chimiques [...] ou biologiques36(*) ». Il revient à l'humain d'en tirer conséquence à ce sujet. Si la terre dans son fonctionnement est capable de lui faire du mal, il doit certainement éviter de précipiter les événements naturels.

Que dit notre auteur à ce sujet ? Notons également qu'il ne rejette pas l'idée selon laquelle, il existe des phénomènes naturels sur la terre qui ont causé des dégâts sur les choses du monde (nature). Dans Le contrat naturel, celui-ci souligne que la nature (monde) est un « système physique âgé de millions d'années, fluctuant et cependant relativement stable par variations rapides, aléatoires et multiséculaires...37(*) ». Michel Serres reconnait les évènements naturels catastrophiques et ceux-ci ont pour origine l'achèvement d'un cycle ou l'organisation naturelle du monde. Sur ce point, le changement climatique, il pense que c'est un phénomène rare avant l'ère où l'humain a commencé la chasse à la nature. Ce changement ne doit pas nous inquiéter, parce que nous ne pouvons cependant rien faire à ces événements. « Le système climatique varie de façon forte, mais cependant assez peu relativement invariant par variations brèves ou lentes catastrophiques et douces, régulières, chaotiques. Donc les phénomènes rares y frappent, mais ne doivent pas nous étonner38(*) », parce que c'est un phénomène naturel.

Pourquoi ces évènements ne doivent pas nous étonner ? A ce sujet, Michel Serres affirme : « Rien dans cet exemple que de naturel et nous ne pouvons rien39(*) ». Ce sont les lois de la physique. La particularité avec ces évènements, ils sont rares. Mais ils créent des perturbations dans la nature. De ce point de vue, nous ne pouvons pas imputer la responsabilité à l'humain, car il ne s'agit pas de lui comme antécédent à ces évènements, mais comme un agent sur une scène de crime qui constate les dégâts causés. Voilà pourquoi, à un certain égard, renchérit l'auteur : « Il en est ainsi et cela dépend moins de nous que notre héritage d'histoire40(*) ». C'est à l'histoire de la terre que revient cette responsabilité. Et c'est toujours à elle de nous informer ce que nous devons éviter pour ne pas tomber dans les mêmes erreurs qui vont précipiter les vivants sur terre comme il y en a eu depuis le cambrien. Pour Michel Serres, nous vivons et habitons « dans un monde livré aux aléas des évènements-accidents, contingents et dangereux41(*) ».

Pourquoi les conséquences climatiques sont attribuées uniquement à l'humain alors que nous venons de montrer qu'il y a des évènements naturels de la terre qui sont aussi à la base de ces problèmes ? En effet, pour arriver à conclure que l'humain est le seul auteur principal des problèmes écologiques, il faudrait en premier lieu comprendre que les phénomènes naturels de la terre n'ont pas pour responsable les humains. Comme en témoigne Alain Pavé, « les événements qui conduisent à des risques sont d'origine naturelle [...]. On connait leur existence, mais ils sont imprévisibles42(*) ». Sur ce point de vue, la responsabilité de l'humain devient partagée. Il a une part qui lui ait réservée, puisque c'est difficile de les prédire. Nous sommes gérés par la loi de la contingence.

Retenons que, les phénomènes naturels de la terre sont des évènements du hasard, aléatoires causés par le fonctionnement et l'organisation de la nature(Terre). Néanmoins, ces évènements sont à l'origine de certains problèmes écologiques, voire la disparition de certaines espèces non encore connues par les spécialistes. Michel Serres ajoute à ce sujet que ces phénomènes fussent rares car, ils sont liés à un moment au cycle de la terre ou du système physique de la planète. Ils ne sont pas non à négliger, parce que leurs présences créent d'énormes dégâts et sont aussi à la base de la destruction de la nature. Ici, la part et la responsabilité reviennent à la nature elle-même, l'humain n'est qu'un agent qui constate le fait. Est-il innocent ? Difficile de répondre directement à cette question. Voyons d'abord ce que l'histoire de la philosophie et celle de la science racontent à ce sujet.

* 23 Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd. Flammarion, 1992,p. 10.

* 24 Alain PAVE, La nécessité du hasard. Vers une théorie synthétique de la biodiversité, Paris, Éd. EDP-Sciences, 2007, p. 19.

* 25 GIEC : groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat. Ce groupe est chargé d'évaluer l'ampleur, les causes et les conséquences du changement climatique. Crée en 1988 par Bert Bolin et son siège est à Genève. [Enligne] https://fr.wikipedia.org/wiki/Groupe_d%27experts_intergouvernemental_sur_l%27%C3%A9volution_du_climat. (Page consultée le 02/09/2023').

* 26[en ligne] : '- https://news.un.org/fr/story/2022/02/1115262 (page consultée le 30/04/ 2023 à 07h50').

* 27 PAPE FRANCOIS, Laudato si'. Sur la sauvegarde de la maison commune. Vatican, Éd. Liberia Vaticana, 2015, § 18, p. 17.

* 28Ibidem, § 23, p. 20-21.

* 29 Alain GRANDJEAN, « les enjeux écologiques et leurs représentations », in Revue Lumen, Vol. LXXIII, N°4, Bruxelles, Éd. UCL, 2018, p. 370.

* 30Alain GRANDJEAN, « les enjeux écologiques et leurs représentations », in Revue Lumen, Vol. LXXIII, N°4, Bruxelles, Éd. UCL, 2018,p. 370.

* 31 Trinh XUAN THUAN, Le chaos et l'harmonie. La fabrication du réel. Paris, Éd. Fayard, 1998, p. 45.

* 32Ibidem, pp. 44-45.

* 33Ibidem, p. 47.

* 34 Alain. PAVÉ, Op. Cit., p. 27.

* 35Trinh XUAN THUAN, Le chaos et l'harmonie. La fabrication du réel. Paris, Éd. Fayard, 1998,p. 53.

* 36Ibidem, p. 26.

* 37 Michel SERRES., Op. Cit., p. 55.

* 38Ibidem, p. 17.

* 39Ibidem, p. 7.

* 40Ibidem, p. 19.

* 41 Michel SERRES, Rameaux, Paris, Éd. Le Pommier, 2007, p. 33.

* 42 Alain PAVÉ, Op. Cit., p. 26.

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