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La part de l'humain dans les problemes ecologiques selon Michel Serres


par Faustin MBUYU
Université de Lubumbashi - Licence 2023
  

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IV.2. ASPECT NEGATIF DE L'ECOLOGIE SERRESIENNE

Dans la partie précédente, nous avons parlé de l'aspect positif sur la pensée écologique de notre auteur. Dans cette partie, nous avons dit que Michel Serres, dans l'ensemble de son travail, il a cherché à faire une médiation du point de vue scientifique, juridique, politique et éthique. Le premier nous a donné le principe de non-séparabilité, le second, c'est le principe de non-appropriablité, le troisième est la médiation sur la gouvernance et le dernier, c'est l'articulation entre la morale subjective et morale objective. De ce qui a été dit, il y a de quoi dire un mot, car il s'agit de la question de l'objectivité scientifique. Sur ce,nous allons présenter certaines failles qu'on retrouve dans la pensée serresienne en ce qui concerne la question de l'écologie. La première limite est la thèse du contrat naturel. Celui-ci se comprend en parallèle avec le contrat social de Jean-Jacques Rousseau. La thèse de notre auteur est une antithèse du contrat de Jean-Jacques Rousseau, c'est à partir de ces travaux que l'auteur établit ses théories.

En parlant de la passation du contrat, Michel Serres suppose que la nature est une personne humaine avec laquelle l'humain va s'entendre, dialoguer avec volonté et liberté. Cette manière de dire ainsi, à notre égard est une forme anthropomorphique oùil confère à la nature le caractère humain. Limites sont la personnification et personnalisation de la nature. Michel Serres confère le droit de l'humain à la nature, par le fait qu'il la considère la nature comme une personne humaine. A cet effet, si nous lisons Luc Ferry à ce sujet, celui-ci souligne, « qu'il s'agit là d'une fable métaphorique, [parce qu'il] semble bien difficile, en effet, de conférer un sens propre au contrat346(*) ». Luc Ferry imagine la scène où l'humain passera le contrat avec la nature : « bonjour dame nature, j'aimerais m'entendre avec vous347(*) ». Tout ceci veut uniquement montrer la difficulté à laquelle Michel Serres est face. Cette difficulté est d'ordre de la compréhension et la matérialisation du pacte avec la nature.

De ce qui précède, concrètement, l'idée du contrat naturel ne tient pas debout, si n'est qu'une représentation conceptuelle et métaphorique que Michel Serres soutient. La limite selon nous est d'ordre du droit posé, c'est-à-dire l'acte que le sujet pose en acte, être conscient. Michel Serres part de l'idée que, la nature a une valeur intrinsèque et en tant que telle, elle est un sujet ayant ses droits à part entière. Par conséquent, il nécessite un respect. Au fond, si nous analysons le propos du droit positif, la notion du contrat implique la conscience qu'à l'individu lorsqu'il pose un acte. Et cette dernière vient de l'individu. S'il n'est pas conscient, c'est difficile qu'il passe un contrat avec un partenaire qu'il ne voit pas. Ceci veut dire autrement, le contrat n'est possible que si l'humain est conscient du danger, de la situation qu'il traverse ; dans le cas contraire, il ne sera pas possible. Et donc le contrat relève de la volonté humaine, autrement dit, c'est de la simple spéculation. Certains considèrent cela comme de la fiction.

Par analogie à ce qui se vit, les humains ne conçoivent guère l'idée d'une nature en tant que sujet de droit. Tous les droits liés à la nature sont légiférés par eux. Ces derniers écrivent les lois partant de leur logique humaine. Il est difficile qu'ils légifèrent les lois équitables parce qu'ils ont l'esprit selon lequel la nature est une représentation figée. Le contrat naturel serait dans ce cas une sympathie humaine. La passation du contrat revient à la pratique de la sympathie et de l'entraide afin de lutter pour la vie.348(*) C'est à la bonne foi, volonté et la liberté humaine que revient le sort de la nature. Dans ce contexte, le contrat est toujours une affaire humaine malgré qu'il soit fondé sur la peur de la disparition des espèces vivantes. Ainsi, le droit de la nature est un droit que l'humain dans sa conscience confère à la nature du moment que cette dernière lui garantit la vie. Ceci veut dire, en d'autres mots, le contrat naturel est un accord des humains entre eux au sujet de la nature en danger.

Illustrons ce que vient d'être souligné par un exemple. Les différentes COP349(*) organisées dans le monde au sujet des enjeux environnementaux, climatiques, etc., sont organisées par les humains « pour but le respect de la nature, son entretien, le refus de l'appropriation, de la maîtrise et de la domination de la nature350(*) ». C'est là la difficulté de la thèse que Michel Serres propose en écologie. Le contrat naturel ne peut se faire que s'il y a d'abord un contrat social au sujet de la nature extrahumaine. De ce fait, la faille du contrat naturel vient de la législation. Ceci veut dire, en d'autres termes, l'interprétation du langage naturel ne peut venir que de l'humain. Bien sûr que la nature communique à l'humain, mais si celui-ci n'est pas capable de comprendre le message, rien ne peut être fait en termes de contrat. Et c'est la réciprocité qui posera un problème dans la passation du contrat. Car d'après Hans Jonas, « mon obligation est l'image à l'envers du droit d'autrui qui à son tour est vue à l'image de mon droit propre351(*) ». Ceci pour dire, la revendication du droit de la nature est toujours une expression humaine de la réciprocité. C'est l'humain lui-même qui se résigne devant ses actes destructifs.

Une autre limite vient du rapport entre le contrat naturel et celui dit social. En parlant du contrat naturel, Michel Serres exclut le contrat social. Il dit : « par contrat naturel d'abord la reconnaissance, exclusivement métaphysique, par chaque collectivité, qu'elle vit et travaille dans le même global que toutes les autres, non seulement chaque collectivité politique associée par un contrat social352(*) ». Il n'est pas question pour notre auteurde mettre en rapport équilibré des deux contrats. Le contrat naturel est une exclusivité pour le contrat social. Selon lui, le contrat social est anthropocentrique. Quant à nous, exclure le contrat social ne résout pas les problèmes écologiques. Il est essentiel d'inclure le contrat social dans le contrat naturel. Car si les humains ne sont pas d'abord capables de se gérés entre eux par un droit, comment peuvent-ils respecter la nature avec laquelle ils n'ont etne parlent pas la même langue ? Ici, nous voulons tout simplement dire que, Michel Serres, en écartant le contrat social du contrat naturel, n'intègre pas les valeurs humaines dans le rapport humain-nature. Luc Ferry appelle cette attitude de l'antihumanisme totalitaire. Cette attitude véhicule une certaine haine contre l'humain en le considérant comme le pire ennemi de la nature, alors qu'il faut voir aussi l'aspect positif humain dans la problématique écologique.

* 346 Luc FERRY, Le nouvel ordre écologique. L'arbre, l'animal et l'homme, Paris, Ed. Grasset, 1992,p. 123.

* 347Ibidem, pp. 123-124.

* 348François EUVÉ, « Pour un naturalisme modéré » in le naturalisme et ses critiques, Théophilyon (Revue des facultés catholiques de théologie et de philosophie de Lyon), Paris, Éd. Théophilyon, 2021, Tome XXVI-Vol. 1, p. 100.

* 349 Cette abréviation signifie : Conférence des parties à la convention cadre des nations Unies sur le changement. C'est une convention qui finance des dommages subis par les pays vulnérables durement touchés par les catastrophes climatiques. [Enligne] https://fr.wikipedia.org/wiki/Groupe_d%27experts_intergouvernemental_sur_l%27%C3%A9volution_du_climat. (Page consultée le 02/09/2023').

* 350 Raymond MATAND, Op. Cit., p. 88.

* 351Hans JONAS, Principe responsabilité. Une éthique pour la civilisation technologique, Paris, Éd. Cerf, 1990, p. 64.

* 352 Michel SERRES, Op. Cit, p. 78.

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