WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La part de l'humain dans les problemes ecologiques selon Michel Serres


par Faustin MBUYU
Université de Lubumbashi - Licence 2023
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE TROISIEME : L'ECOLOGIE DU CONTRAT ET DU SUJET DE DROIT

III.O. INTRODUCTION

Le chapitre précédent nous a permis de saisir la problématique de l'écologie dans la pensée serresienne. Depuis la révolution industrielle, la nature ne cesse de crier des douleurs d'enfantement causées par le progrès technique qui ne tient pas compte parfois des choses de la nature. Polluer et infecter sont les deux verbes qui mettent en danger le monde, y compris l'humain. Nous héritière d'une culture a horreur du monde, nous avons inventé des techniques qui transforment le monde. Aujourd'hui, ces techniques associées aux sciences dures sont justement le mal écologique à la base d'une violence objective. Cette violence à de nos jours des conséquences fâcheuses qui mettent en péril l'ensemble du globe. Certes, ces conséquences sont par ailleurs une communication et interpellation adressées à l'humain pour stopper sa violence et recourir au vivre ensemble. Car les conséquences ou réactions sont dangereuses que les actions posées.

Ainsi, pour vivre ensemble et en harmonie, « nous devons décider la paix entre nous pour sauvegarder le monde et la paix avec le monde afin de nous sauvegarder » et cela par un contrat naturel. Le contrat naturel est la théorie de sauvetage que préconise Michel Serres en écologie. Car selon lui sans contrat naturel, les humains et les choses du monde continueront à se livrer la guerre jusqu'à l'extinction du plus faible. Alors, les humains ne doivent pas courir ce risque. D'entrée de jeu, définissons le concept « contrat naturel » tel que l'entend notre maître à penser. Selon lui, le contrat naturel est

D'abord la reconnaissance, exactement métaphysique, par chaque collectivité, qu'elle vit et travaille dans le même monde global que toutes les autres ; non seulement que chaque collectivité politique associée par un contrat social, mais aussi chaque collectif quelconque, militaire, commercial, religieux, industriel..., associé par un contrat de droit, mais encore le collectif expert associé par un contrat scientifique245(*)

Cependant, l'objet de ce chapitre est de présenter, d'analyser, mais aussi de réfléchir sur la question du contrat en droit. La thèse écologique serresienne prend source dans le droit naturel et défend l'idée d'une nature : sujet de droit. Raison pour laquelle le titre du chapitre cerne l'écologie du contrat, c'est-à-dire écologie prenant source dans le droit afin de voir pourquoi et comment passer le contrat avec la nature. C'est une écologie plaidant une nature objectivée.

III.1. DROIT DE L'ETRE HUMAIN ET NON DE LA NATURE

La crise écologique vient du fait que notre culture contemporaine, héritée de l'histoire, a horreur de la nature. Cet héritage historique nous a fait croire que nous ne dépendons pas de la nature, et ce, depuis les trois droits qui fondent notre relation à nos semblables. Ceux-ci (droits) ont exclu de manière délibérée la nature au rang du sujet de droit. Pourtant, l'être humain ne vit pas seul dans son milieu. Il est autour des bêtes, plantes, eau, air, tous les inertes, etc. Mais notre héritage juridique a fait abstraction aux autres êtres qui vivent avec l'humain. Et élève celui-ci au rang supérieur. Comme conséquence ; seul l'être humain est sujet. Cette déclaration anthropocentrique est à l'origine du malheur de la nature. C'est pourquoi, Michel Serres dans Le contrat naturel explique ce fait en analysant la question de trois droits fondamentaux qui nous gouvernent tous.

Le premier confère à l'humain le statut du sujet et écarte la nature du rang du sujet. D'après Michel Serres, par le contrat social, l'humain passe de l'état de nature vers l'état social, où il forme une société avec ses semblables. Ce contrat a fait de l'humain un être vivant dans la société avec des lois, droits et devoirs. L'objectif de ce contrat, comme le souligne Jean-Jacques Rousseau, est que : « Chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté générale ; et nous recevons en corps chaque membre comme partie indivisible du tout246(*) ». Les liens sont noués, la violence interdite, le droit de chacun est respecté. Cependant, le contrat, tacitement et virtuellement signé par les humains, ne parle que d'eux et exclut de manière délibérée les autres choses de la nature. Il relate en effet l'origine de la sociabilité qui mît les hommes ensemble dans un collectif de force.247(*)

De ce qui précède, pour l'académicien français, le contrat social fait entrer l'humain dans l'histoire du monde en lui conférant un droit auquel le pouvoir lui a été donné. De ce fait, l'être humain a oublié la nature à partir de ce contrat. Par conséquent, la nature devient antérieure à l'humain, muette devant ce droit, inerte et objet sans valeur, etc. Ainsi, la notion juridique qui octroie à l'être humain comme seul sujet de droit commence par le contrat social, et même le droit naturel moderne fera de la nature seulement ce qui est dans l'humain. Les autres êtres de la nature sont rejetés du droit. Vu qu'il n'y a sinon il n'y a aucun droit de la nature, celui-ci sera vu par l'humain comme un objet à service. Pourtant, la nature est un sujet ayant ses droits.

De plus, le second droit qui viendra renforcer la visée du contrat social, est le droit naturel. Selon Michel Serres, la définition qu'on donne au droit naturel signifie tout simplement : « un ensemble de règles qui existeraient en dehors de toute formulation ; parce que universelle, il découlerait de la nature humaine ; source des lois positives248(*) ». A ce qu'il parait, ce droit disqualifie la nature en général ; et prend en compte seulement la nature humaine. Autrement dit, il prend la nature comme l'humain et le reste ne fait pas partie de la nature. De ce fait, le droit naturel compris par le moderne confère à l'être humain le droit, et les autres choses de la nature n'ont aucun droit. Elles sont rangées aux oubliettes parce qu'elles sont sans aucun droit qui le protège. A ce propos,notre auteur souligne que « la nature se réduit à la nature humaine qui se réduit à l'histoire, sait à la raison249(*) ». Ainsi, les humains requièrent le statut de sujet de droit. Et donc, le monde disparait du droit.

Enfin, le droit que Michel Serres analyse en dernière position induisant le monde en erreur est la déclaration des droits de l'homme. Qui dit droits de l'homme voit uniquement l'être humain seulement dans ce qui lui est confié par ce droit : sa liberté, son droit, son devoir. Signifions en passant que la déclaration de droit de l'homme émane du droit naturel. Celle-ci atteste Michel Serres, « elle ignore et passe sous silence le monde250(*) ». Cette déclaration ne prend en compte que les valeurs de la nature humaine. Elle rejette cependant la nature dans sa totalité. Et donc la victime dans cette déclaration reste la nature en général. Pourtant, si on analyse bien l'affaire, l'essence du droit de cette déclaration, elle est celle de vouloir défendre le pauvre, le faible, le plus démunis, les misérables, etc. Alors ses propos ne voient que la nature humaine, oubliant les êtres du monde : l'eau, l'air, l'arbre, la terre, etc. Cette déclaration les exclut.

En outre, les trois droits ont une chose en commun. Ils réduisent les choses de la nature comme des objets qui ne peuvent pas concerner le contrat des humains, ces objets sont donc passifs et il n'y a que l'humain qui estconcerné par ce projet du droit. Et ce droit, l'humains'en approprie à leur insu. Par conséquent ; « le sujet de la connaissance et l'action jouit de tous les droits et ses objets aucun. Ils n'ont encore accédé à aucune dignité juridique251(*) », c'est la raison pour laquelle nous les détruisons. Le contrat social devient ainsi mortifère et dépassé conclu Michel Serres. Ainsi, reste de revoir le droit naturel pour accorder à la nature le statut d'être sujet de droit.

* 245Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd Flammarion, 1992, p. 78.

* 246 Jean-Jacques ROUSSEAU, Du contrat social. Ecrits politiques, oeuvres complètes, Paris, Éd. Gallimard, 1964, p. 360.

* 247Ibidem, p. 62.

* 248Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd Flammarion, 1992, p. 62.

* 249Ibidem, p. 62.

* 250Ibidem, p. 63.

* 251Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd Flammarion, 1992, p. 64.

précédent sommaire suivant






La Quadrature du Net

Ligue des droits de l'homme