4. Lutter contre la corruption
Le phénomène de la corruption constitue aussi un
danger auquel les pays de l'Afrique subsaharienne e général et
les habitants du premier arrondissement de la ville de N'Djaména. Ainsi,
plusieurs acteurs sont impliqués dans le processus d'instrumentalisation
des actes de corruption dans les milieux urbains tchadiens en occurrence les
agents du service de cadastre, les mairies ; les délégués
auprès des communautés urbaines ; les commandants de brigades ;
la justice ; les chefs gérants (Boulamat). Plusieurs informateurs
interrogés lors de notre investigation martèlent la « main
cachée » de ces acteurs dans la corruption liée aux
transactions foncières.
Notons aussi que, le continent africain perd près de 35
milliards de dollar annuellement dans l'importation des produits alimentaires.
Selon le vice-président principal de la Banque Africain de
Développement BOAMAH Charles, la corruption constitue une épine
majeure dans l'évolution des sociétés africaines qui sont
encore à un stade prématuré de leurs
développements. Aussi, le dernier rapport du Centre Africain de
Ressources Naturelles estime que près de 24 milliards de dollars en
Afrique sont dilapidés malgré les atouts que renferment ce
continent.
La corruption est donc un « danger chéri »
par les autorités compétentes qui ont la charge de la gestion des
terres dans les milieux urbains tchadiens. C'est ce qui explique la vente des
terres d'autrui par les agents de l'Etat qui, sont sensé contribuer
à l'éradication de ce fléau. Les sociétés
africaines malgré les nombreuses richesses qu'elles possèdent
croupissent dans les misères profondes à cause de la corruption,
laquelle ne les permet pas d'atteindre l'autosuffisance alimentaire. Le
véritable paradoxe se trouve dans cette inadéquation entre les
ressources disponibles et les gestions non-efficientes par les autorités
en charge des terres.
De même, selon ce rapport, 60 millions d'hectares vendus
ou retirés aux individus par la complicité des chefs
gérants qui usurpent de leur titre pour « compresser » les
autres individus des couches sociales les plus vulnérables.
L'incertitude liée à la sécurisation des terres des
individus demeure ce « casse-tête » contemporain que
rencontrent les sociétés en Afrique subsaharienne. L'expert de la
Banque Africaine de Développement indexe aussi les promoteurs
immobiliers, les spectateurs, mais aussi les personnes chargées
d'administrer les terres, notamment les chefs traditionnels (Boulamat). Les
chefs qui gèrent les terres sont
185 BOAMAH C. (2020). « 90% des terres restent sans titre
foncier, le casse-tête Africain », in la presse hebdomadaire
`'l'Essentiel», n°334, janvier-février 2020, p.8-9
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responsable de près de 60% de corruption en Afrique. Il
met en lumière l'exemple de la corruption flagrant au République
Démocratique du Congo (RDC) où près de la moitié
des terres des acquéreurs locaux appartiennent aujourd'hui aux firmes
internationales. Par ailleurs, selon les statistiques des Nations Unies, 60
millions d'hectares des terres des individus ont été
retirées et/ou vendues entre les années 2009 et 2010. Ce rapport
démontre à suffisance le danger omniprésent que
rencontrent les sociétés africaines contemporaines, ce
phénomène de la corruption.185
La lutte contre ce phénomène omniprésent
dans près que tous les secteurs au Tchad doivent être une affaire
de tous les acteurs. Surtout dans le domaine foncier où les individus
vulnérables payent les « pots de vins » pour espérer
avoir un petit espace de terres. L'Etat doit mettre sur pied un numéro
vert pour traquer ces individus déviants sans exception. Mais le constat
que nous faisons est que certaines catégories des personnes au vue de
leurs statuts sociaux, professionnels, religieux, de leurs capitaux politiques
bénéficient d'une « couverture lourde » des agents de
l'Etat. Les couches sociales les plus vulnérables se trouvent
lésées à leur propre sort et ont souvent une peur de ces
catégories énumérées, car ils ne pourront jamais
gagner un procès au tribunal contre ces individus qui ont des «
lourds calibres » sociales et relationnelles diversifiés. L'Etat
prend souvent des décisions que les citoyens tchadiens
apprécient, mais concrètement sur les terrains, ces lois ne sont
pas appliquées, elles sont gardées dans les tiroirs des
ministères et ne servent plus à rien.
Pa ailleurs, dans le premier arrondissement de la ville de
N'Djaména il existe un réseau des malfaiteurs entretenus par les
agents de la gendarmerie à ciel ouvert. Les membres de ce réseau
s'impliquent dans près que toutes les transactions urbaines y compris
les transactions foncières. Connaissances les rouages de la justice, sur
la base de leurs relations diversifiées avec les procureurs, les
magistrats, les greffiers, les officiers des polices judiciaires (OPJ), etc.
sabotent tout processus judiciaire entrepris par les « laissés pour
compte ». A ce niveau, il existe une grande marge
d'inégalité sociale entre les acteurs, laquelle «
chérie », « entretenue » par les autorités
sensées faire valoir la loi. Le Tchad sombre depuis lors dans les divers
conflits observés à cause de la « mauvaise foi »
des autres qui veulent remplir leurs poches et subvenir aux besoins de
leurs familles. Nous avons vu le cas où les problèmes de terrains
opposaient un général de l'armée de terre à un
éleveur, lesdits problèmes ont tournés à la faveur
du général de l'armée.
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Nous estimons à cet effet que, les «
laissés pour compte » pourront constituer un danger
sécuritaire dans le long terme dans la mesure où, ils
constitueront entretemps un réseau solide et leurs actes pourront
déboucher par des réclamations populaires. C'est ce qui explique
depuis lors les diverses manifestations des uns au sud du pays contre
l'injustice faite par les gouverneurs à l'égard des agriculteurs
qui ont vu leurs champs dévastés par les troupeaux des boeufs,
chèvres, moutons appartenant aux « personnes intouchables ».
Les « intouchables » ici peuvent être les gouverneurs
(les gouverneurs au Tchad sont des généraux de l'armée) ;
les préfets et les sous-préfets ; les ministres et les plus
courants sont les individus issus du même clan que le président de
la république. Les lauréats de l'Ecole Nationale d'Administration
on ne sait où ils travaillent.
La corruption fait qu'on espère plus un service rendu
gratuitement au Tchad au point pour déposer les demandes d'attributions
des terres au CATZU, il faut forcément débourser une somme
d'argent afin d'espérer un minimum de service. De même, pour
gagner le procès en justice, il faut simplement avoir d'argent.
De même, la corruption s'explique au niveau du service
du cadastre et de CATZU par le phénomène de la « double
attribution » des terres aux individus et aussi par l'existence des
doubles, voire trois titres fonciers sur une seule et même parcelle des
terres. Les gens s'achètent les places dans ces services
étatiques pour se construire une vie sociale aisée. L'Etat en
tant que garant de l'ordre cède à la spéculation de ces
agents sans les traquer et envoyer au tribunal. C'est ce qui explique selon
plusieurs informateurs, la prépondérance des conflits fonciers au
Tchad en général et dans le premier arrondissement de la ville de
N'Djaména en particulier. Déjà, MFEWOU a mentionné
ces pratiques en 2010 dans son ouvrage à partir de l'expérience
camerounaise autour de la Bénoué où le SAIB et les
migrants ont eu des tensions graves. Nous pensons que la corruption doit
être éradiquée par tous les moyens afin de permettre une
stabilité sociale au Tchad et aussi permettre à ce « pays
pauvre » de s'éveiller.
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