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Les boulamat et les conflits fonciers en milieu urbain tchadien: cas du premier arrondissement de la ville de N'Djaména


par Lawane LOGAM
Université de Yaoundé 1 - Master en sociologie 2022
  

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4. Lutter contre la corruption

Le phénomène de la corruption constitue aussi un danger auquel les pays de l'Afrique subsaharienne e général et les habitants du premier arrondissement de la ville de N'Djaména. Ainsi, plusieurs acteurs sont impliqués dans le processus d'instrumentalisation des actes de corruption dans les milieux urbains tchadiens en occurrence les agents du service de cadastre, les mairies ; les délégués auprès des communautés urbaines ; les commandants de brigades ; la justice ; les chefs gérants (Boulamat). Plusieurs informateurs interrogés lors de notre investigation martèlent la « main cachée » de ces acteurs dans la corruption liée aux transactions foncières.

Notons aussi que, le continent africain perd près de 35 milliards de dollar annuellement dans l'importation des produits alimentaires. Selon le vice-président principal de la Banque Africain de Développement BOAMAH Charles, la corruption constitue une épine majeure dans l'évolution des sociétés africaines qui sont encore à un stade prématuré de leurs développements. Aussi, le dernier rapport du Centre Africain de Ressources Naturelles estime que près de 24 milliards de dollars en Afrique sont dilapidés malgré les atouts que renferment ce continent.

La corruption est donc un « danger chéri » par les autorités compétentes qui ont la charge de la gestion des terres dans les milieux urbains tchadiens. C'est ce qui explique la vente des terres d'autrui par les agents de l'Etat qui, sont sensé contribuer à l'éradication de ce fléau. Les sociétés africaines malgré les nombreuses richesses qu'elles possèdent croupissent dans les misères profondes à cause de la corruption, laquelle ne les permet pas d'atteindre l'autosuffisance alimentaire. Le véritable paradoxe se trouve dans cette inadéquation entre les ressources disponibles et les gestions non-efficientes par les autorités en charge des terres.

De même, selon ce rapport, 60 millions d'hectares vendus ou retirés aux individus par la complicité des chefs gérants qui usurpent de leur titre pour « compresser » les autres individus des couches sociales les plus vulnérables. L'incertitude liée à la sécurisation des terres des individus demeure ce « casse-tête » contemporain que rencontrent les sociétés en Afrique subsaharienne. L'expert de la Banque Africaine de Développement indexe aussi les promoteurs immobiliers, les spectateurs, mais aussi les personnes chargées d'administrer les terres, notamment les chefs traditionnels (Boulamat). Les chefs qui gèrent les terres sont

185 BOAMAH C. (2020). « 90% des terres restent sans titre foncier, le casse-tête Africain », in la presse hebdomadaire `'l'Essentiel», n°334, janvier-février 2020, p.8-9

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responsable de près de 60% de corruption en Afrique. Il met en lumière l'exemple de la corruption flagrant au République Démocratique du Congo (RDC) où près de la moitié des terres des acquéreurs locaux appartiennent aujourd'hui aux firmes internationales. Par ailleurs, selon les statistiques des Nations Unies, 60 millions d'hectares des terres des individus ont été retirées et/ou vendues entre les années 2009 et 2010. Ce rapport démontre à suffisance le danger omniprésent que rencontrent les sociétés africaines contemporaines, ce phénomène de la corruption.185

La lutte contre ce phénomène omniprésent dans près que tous les secteurs au Tchad doivent être une affaire de tous les acteurs. Surtout dans le domaine foncier où les individus vulnérables payent les « pots de vins » pour espérer avoir un petit espace de terres. L'Etat doit mettre sur pied un numéro vert pour traquer ces individus déviants sans exception. Mais le constat que nous faisons est que certaines catégories des personnes au vue de leurs statuts sociaux, professionnels, religieux, de leurs capitaux politiques bénéficient d'une « couverture lourde » des agents de l'Etat. Les couches sociales les plus vulnérables se trouvent lésées à leur propre sort et ont souvent une peur de ces catégories énumérées, car ils ne pourront jamais gagner un procès au tribunal contre ces individus qui ont des « lourds calibres » sociales et relationnelles diversifiés. L'Etat prend souvent des décisions que les citoyens tchadiens apprécient, mais concrètement sur les terrains, ces lois ne sont pas appliquées, elles sont gardées dans les tiroirs des ministères et ne servent plus à rien.

Pa ailleurs, dans le premier arrondissement de la ville de N'Djaména il existe un réseau des malfaiteurs entretenus par les agents de la gendarmerie à ciel ouvert. Les membres de ce réseau s'impliquent dans près que toutes les transactions urbaines y compris les transactions foncières. Connaissances les rouages de la justice, sur la base de leurs relations diversifiées avec les procureurs, les magistrats, les greffiers, les officiers des polices judiciaires (OPJ), etc. sabotent tout processus judiciaire entrepris par les « laissés pour compte ». A ce niveau, il existe une grande marge d'inégalité sociale entre les acteurs, laquelle « chérie », « entretenue » par les autorités sensées faire valoir la loi. Le Tchad sombre depuis lors dans les divers conflits observés à cause de la « mauvaise foi » des autres qui veulent remplir leurs poches et subvenir aux besoins de leurs familles. Nous avons vu le cas où les problèmes de terrains opposaient un général de l'armée de terre à un éleveur, lesdits problèmes ont tournés à la faveur du général de l'armée.

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Nous estimons à cet effet que, les « laissés pour compte » pourront constituer un danger sécuritaire dans le long terme dans la mesure où, ils constitueront entretemps un réseau solide et leurs actes pourront déboucher par des réclamations populaires. C'est ce qui explique depuis lors les diverses manifestations des uns au sud du pays contre l'injustice faite par les gouverneurs à l'égard des agriculteurs qui ont vu leurs champs dévastés par les troupeaux des boeufs, chèvres, moutons appartenant aux « personnes intouchables ». Les « intouchables » ici peuvent être les gouverneurs (les gouverneurs au Tchad sont des généraux de l'armée) ; les préfets et les sous-préfets ; les ministres et les plus courants sont les individus issus du même clan que le président de la république. Les lauréats de l'Ecole Nationale d'Administration on ne sait où ils travaillent.

La corruption fait qu'on espère plus un service rendu gratuitement au Tchad au point pour déposer les demandes d'attributions des terres au CATZU, il faut forcément débourser une somme d'argent afin d'espérer un minimum de service. De même, pour gagner le procès en justice, il faut simplement avoir d'argent.

De même, la corruption s'explique au niveau du service du cadastre et de CATZU par le phénomène de la « double attribution » des terres aux individus et aussi par l'existence des doubles, voire trois titres fonciers sur une seule et même parcelle des terres. Les gens s'achètent les places dans ces services étatiques pour se construire une vie sociale aisée. L'Etat en tant que garant de l'ordre cède à la spéculation de ces agents sans les traquer et envoyer au tribunal. C'est ce qui explique selon plusieurs informateurs, la prépondérance des conflits fonciers au Tchad en général et dans le premier arrondissement de la ville de N'Djaména en particulier. Déjà, MFEWOU a mentionné ces pratiques en 2010 dans son ouvrage à partir de l'expérience camerounaise autour de la Bénoué où le SAIB et les migrants ont eu des tensions graves. Nous pensons que la corruption doit être éradiquée par tous les moyens afin de permettre une stabilité sociale au Tchad et aussi permettre à ce « pays pauvre » de s'éveiller.

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