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Les boulamat et les conflits fonciers en milieu urbain tchadien: cas du premier arrondissement de la ville de N'Djaména


par Lawane LOGAM
Université de Yaoundé 1 - Master en sociologie 2022
  

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3. Sensibiliser les habitants du premier arrondissement de la ville de N'Djaména sur les enjeux lies a la sécurisation de leurs terres

L'idée de former, sensibiliser les individus impliqués dans la gestion foncière dans le premier arrondissement de la ville de N'Djaména semble être aussi une porte de sortie des crises foncières aiguës auxquelles les individus sont confrontés. Durant notre investigation, nous nous sommes appesantis sur la nécessité de sécuriser les terres par le titre foncier, mais la plupart des individus rencontrés dit de n'est pas connaître l'importance du titre foncier. Certains ajoutent en disant qu'on ne peut pas facilement avoir le titre foncier et aussi, le titre foncier est fait pour les hommes qui veulent construire des grosses villas. A ce niveau, l'appréhension du titre foncier comme une pièce maîtresse dans la sécurisation des terres rurales qu'urbaines semble échapper certaines catégories sociales. C'est ainsi qu'un informateur affirme :

que ferai-je avec le titre foncier ? [...] ; je ne peux pas chercher à avoir un titre foncier alors que mes maisons sont construites en terres noires [...]. Si je veux construire des villas, j'irai vor la procédure d'obtention du titre foncier. Sinon, peut-être un jour l'un de mes enfants aura l'audace de le faire. Je ne vois pas que le titre foncier ait une importance dans le terrain où il n'y a pas des grands investissements matériels. 181

Le propos de cet informateur montre à quel point le titre foncier est méconnu par certains individus dans le premier arrondissement de N'Djaména. Certains individus disent de n'avoir jamais parlé du titre foncier et pire encore que le titre foncier soit considéré comme une pièce maîtresse dans la gestion des terres. C'est ainsi que près de 80% des terres dans le premier arrondissement de N'Djaména ne sont pas sécurisées. Nous nous basons sur les informations fournies par près de 300 informateurs.

De plus, certains individus estiment que, le titre foncier c'est le maire qui doit l'offrir aux citoyens résidants dans sa circonscription administrative. Donc cette volonté de l'Etat tchadien de sécuriser de manière durable les terres par un titre foncier reconnu au guichet unique semble être mal perçue par la grande partie du premier arrondissement de la ville de N'Djaména. Selon certains informateurs, la vraie sécurisation des terres se fait par mise en valeur à travers les plantes et aussi, le témoignage des voisins, c'est dire que les voisins diront

181 Entretien avec un habitant de Zaraf en octobre 2021

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que les terres appartiennent à tel monsieur ; telle dame. Mais à ce niveau, est-ce que le risque n'est pas grand. Au cas où certains voisins ne reconnaissent pas réellement que les terres appartiennent à tel monsieur ou telle dame, n'y a-t-il pas là des sérieuses confusions. Le mieux sera d'arrimer pour dans la procédure formelle de sécurisation des terres par le titre foncier. C'est dans cette lancée qu'un informateur affirme :

je sais que les voisins sont les témoins oculaires. Lorsque j'ai acheté mes terres, ils étaient là présents. Ce n'est pas à cause d'un petit papier que je perdrai mes terres. Aussi, j'ai déjà durée sur mes terres. Je suis ici sur ces terres depuis les années 1977. Je n'ai jamais eu des problèmes des terrains. Pensez-vous que je perdrai mes terrains ? [...] je dirai non ! J'ai 10 enfants et c'est ici qu'ils sont nés.182

La volonté de sécuriser les terres par l'Etat devrait impliquer les individus concernés dans le processus pour l'atteinte des objectifs escomptés. Cependant, au Tchad en général et dans le premier arrondissement de N'Djaména en particulier, l'Etat a mis de côté les individus résidants sur son territoire. Sinon, comment peut-on explique le fait que la grande partie de la population, les lettrés et les illettrés ne connaissent pas l'importance du titre foncier. Nous avons interrogé de plus 100 ménages sur l'importance du titre foncier, seulement 20 ménages reconnaissent la valeur dudit document. Est-ce là une sécurité des terres. Les 80 ménages ne constituent-ils pas un risque pour la distorsion du tissu social dans le long terme. L'Etat doit organiser les compagnes de sensibilisation sur les enjeux liés à la sécurisation des terres par le titre foncier.

Il se dégage donc de ces tendances que, le titre foncier en tant que pièce maîtresse qui garantit une sécurisation foncière durable des terres, demeure un luxe pour les tchadiens en général et les habitants du premier arrondissement en particulier.

De même, il faut que les décideurs publics et privés accompagnent l'Etat dans ce processus très délicat dans notre contexte où la tradition semble prendre le déçu du moderne ; aussi, dans le contexte où le nombre de lettrés n'excelle pas 60% de la population totale tchadienne.183 Aussi, il faut que l'Etat mette sur pied des commissions de sensibilisation dans toutes les 23 régions du Tchad afin d'impacter toutes les couches sociales par la nécessité d'avoir un titre foncier.

Par ailleurs, il faut que l'Etat mette sur pieds dans chaque arrondissement une agence pour recenser ; orienter ; former sur le foncier urbain qui devient de plus en plus très complexe. C'est ainsi qu'un informateur affirme :

182 Entretien avec Monsieur Nouradine à Amsinéné, novembre 2021

183 Source rapport de la Banque Mondiale de 2020

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l'Etat doit nous aider à connaître l'importance de certaines choses dans ce pays. A l'école, l'Etat doit nous instruire déjà sur tout ce qu'il faut faire pour avoir les terres. Sinon, comment pourrions-nous connaître. On n'a jamais fait les longues études pour connaître certaines choses, mais la moindre des choses serait cette implication de toutes les souches sociales à une décision. C'est même aujourd'hui que j'apprends que mes terres seront peut-être un jour prises par l'Etat par manque d'un simple papier [...J ; le titre foncier.184

L'Etat ne doit pas seulement appuyer les acteurs avec les formations dans le domaine foncier, mais animé les émissions sur l'importance de sécuriser ces terres et/ ou de la mise en valeur effective de leurs terres. Cette phase cruciale doit au centre de ses préoccupations afin d'impacter durablement toutes les couches sociales par les informateurs. La communication joue un rôle très important dans la réduction des litiges fonciers dans le monde en général et en Afrique en particulier.

A cet effet, les acteurs impliqués dans les transactions foncières doivent être informés, formés de toutes les affaires qui sont en rapport aux terres afin de préparer les préparer psychologiquement à une réaction adéquate sans risque majeur. Car comme le mentionne Ulrich BECK, nous sommes permanemment dans des situations des crises et qui nous laissent savoir que nous vivons du jour aux jours dans « les sociétés à risque » ; ces sociétés affectées non seulement par les intempéries (inondations ; fortes pluviométries ; secousses violentes des terres ; l'avancée du désert ; le terrorisme extrémiste ; et même les problèmes omniprésents des litiges fonciers en Afrique). Selon plusieurs informateurs, le problème crucial en Afrique est lié aux espaces des terres pour les activités économiques. C'est ce qui démontre davantage les conflits récurrents entre agriculteurs-éleveurs en Afrique de l'Ouest notamment au Niger, Mali, Burkina Faso, en Afrique de l'Est en Ethiopie et en Afrique Centrale au Tchad et au nord Cameroun.

Aussi, l'implication des acteurs concernés par les litiges dans le processus de prise des décisions formations et/ou leurs informations contribuent à la maîtrise des problèmes « cachés » ; « ignorés » ; « banalisés » ; « négligés », mais qui constituent les nerfs de tous les restes problèmes. Certaines tensions sociales observées de nos jours dans le premier arrondissement de la ville de N'Djaména expliquent tout simplement les crises foncières « mal gérées » ; « négligées » par les acteurs qui ont la charge de trancher les éventuels différends liés aux terres et/ou à toute transaction concernant l'espace des terres dans les milieux urbains tchadiens. Les crises actuelles démontrent à suffisance que les acteurs chargés

184 Entretien avec un maître tailleur à Djougoulié, Novembre 2021

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de gérer les terres sont soit juste des « bureaucrates confirmés » ; soit ne sont pas assez pour mieux cerner l'ampleur desdits problèmes.

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