WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les boulamat et les conflits fonciers en milieu urbain tchadien: cas du premier arrondissement de la ville de N'Djaména


par Lawane LOGAM
Université de Yaoundé 1 - Master en sociologie 2022
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2. Mettre sur pied d'un comité de recensement des litiges fonciers urbains

Le comité de recensement des litiges fonciers urbains son rôle consistera à jouer l'intermédiaire entre les acteurs impliqués dans les litiges fonciers et les autorités administratives. Ce recensement permettra au gouvernement de définir des feuilles de routes bien claires en rapport à l'acquisition des terres rurales qu'urbaines et aussi, aux instances d'arbitrages des litiges fonciers et aussi les solutions qu'il faut face à ces dangers que courent nos sociétés contemporaines urbaines.

A cet effet, les membres de ce comité doivent être les délégués des quartiers et les chefs des ménages les plus anciens résidants dans les quartiers. Il doit avoir une coordination des agents du cadastre et de la justice afin de déboucher vers de pistes nouvelles en rapport aux mesures adéquates face aux dangers « négligés ».

Le comité qui devra être mis sur pied doit être constitué des acteurs issus des milieux concernés par les problèmes fonciers et/ou par les acteurs présents dans les zones convoitées. Ils ne doivent pas être les « bureaucrates confirmés » qui ne maîtrisent pas les zones où ils doivent intervenir pour trancher les différends fonciers. L'Etat doit également mettre une rigueur dans le critère de constitution des membres de ce comité afin de trouver une meilleure issue et aussi, mieux cerner les litiges fonciers dans le premier arrondissement de la ville de N'Djaména.

Par ailleurs, l'Etat doit effectuer une mission sérieuse d'audit et de suivi et évaluation de ce comité, laquelle le permettra d'effectuer une enquête de moralité sur la vie de tous les membres dudit comité afin de s'assurer que ces derniers ne soient des éventuels « metteurs d'essences » dans les problèmes auxquels les gens font face. Le critère de constitution des membres du comité doit être objectif et en fonction des attentes des habitants des localités choisies par cette équipe d'expert issus du « monde d'en bas » et/ou un jumelage d'expérience allant dans la même direction.

De même, l'Etat doit bien examiner les rapports que fournira ce comité afin de s'assurer de l'authenticité des faits et aussi d'un véritable travail de terrain dépourvu des biais. Car la plupart des litiges fonciers qu'on observe dans le premier arrondissement de la ville de N'Djaména sont occasionnés par le manque de la fiabilité, de confiance, de rigueur dans la prise des décisions par les autorités compétentes en charge de la gestion des questions foncières. Il est à notre avis, impératif d'analyser ces problèmes avec l'implication des acteurs concernés. Le plus souvent, relégués au second plan, ces acteurs négligés, méprisés

112

deviennent des « activeurs des feux » dans les litiges opposant les leurs. C'est dans cette lancée qu'un informateur affirme :

l'Etat doit mettre sur pied un comité de résolution des litiges dans chaque arrondissement ; ledit comité doit être constituer par les habitants des quartiers concernés. Ce n'est pas bon de résoudre toujours ses problèmes en justice. Il faut qu'on réfléchisse très murement afin de penser à notre vie de demain... Nos enfants feront comment sans ce comité [...] ?179

Ainsi, le comité une fois mis en place jouera le rôle des enquêteurs sur les origines des conflits qui pourront dans le long terme constituer un drame pour nos sociétés contemporaines. Le mieux sera ici de prévenir le problème afin d'éviter des chaos sociaux. Nos sociétés faut-il encore le rappeler font déjà face à plusieurs problèmes lointains en occurrence les conflits intercommunautaires ; les conflits inter religions (les musulmans se convertissent rarement dans le christianisme à cause de leurs sociétés) ; les conflits idéologiques (liés à la prise de positions politiques) ; les conflits liés à l'intégration sociale et professionnelle ; les conflits armés, etc. Les conflits fonciers qui deviennent de plus en plus inquiétants constituent un impératif pour toute prise de décision quelconque. Car selon plusieurs informateurs, 90% des problèmes rencontrés au Tchad sont liés aux terres.

Au lac Tchad par exemple, les conflits au polder opposant les Boudouma au Kanembou, les Kanouri Boulala, les conflits opposant les éleveurs Peuls aux agriculteurs Moundang dans la Région du Mayo Kebbi Ouest, les conflits violents éleveurs-agriculteurs dans la Tandjilé, les conflits très meurtriers dans le Mandoul, Moyen Chari, Logone Occidental, etc., démontrent à quel point la terre est au centre de tous ces différends ci-cités. C'est ce qui fait dire au sociologue français, MENDRAS Henri que : « la terre c'est à la fois les champs, le métier [...] ; un paysan de souche paysanne doit être au milieu de ses terres. »180 Aussi, les paysans de souche ont « toujours soif de la terre [...]. »

Les problèmes rencontrés ont trait à la terre dans la mesure où, presque toutes les activités économiques au Tchad sont liées fortement au travail de la terre. Aussi, les industries présentes au Tchad sont des industries agroalimentaires qui fonctionnent à base des produits du secteur primaire. La terre est ici, au centre de toutes les préoccupations rurales et urbaines. Pour mieux cerner les contours de ces différends fonciers, il est évident de définir une « sérieuse politique » de gestion foncière qui prendre en compte les avis des acteurs concernés et aussi, qui viendra avec des solutions pouvant calmer les litiges. Le constat que nous faisons

179 Entretien avec monsieur Nodjiouassem Japhet à Zaraf en Octobre 2021

180 MENDRAS H. La fin des paysans, Edition Acte Sud, 1963, p.219

113

c'est que les acteurs mécontents de l'arbitrage des problèmes les opposants aux autres partent se venger. Or, les instances étatiques mises sur pieds pour résoudre des éventuels litiges ne sont pas partial.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery