IV.LA CREATION DES CONDITIONS
OPTIMALES
Les conflits fonciers au regard de leurs dimensions
belliqueuses nécessitent une prise en compte de quelques aspirations des
acteurs afin de mieux les cerner, les appréhender, et aboutir à
des issues fiables. De même, la création des nouvelles
foncières optimales contribuent sans cesse à l'instauration d'une
stabilité sociale et foncière dans le premier arrondissement de
la ville de N'Djaména. A cet effet, plusieurs paramètres entrent
en jeux. Néanmoins, les plus essentiels répertoriés dans
les lignes et paragraphes de cette partie.
1. Renforcer les niveaux des Boulamat et les former sur le
domaine foncier
Le grand danger qui survient souvent dans le premier
arrondissement de N'Djaména est lié à l'ignorance des
textes fonciers par les chefs gérants. Ces chefs pour la plupart ont
hérité leurs postes de leurs parents. Ils sont cette forme
d'autorité traditionnelle dont parle Max WEBER ; laquelle est propre aux
sociétés traditionnelles. Il faut dire que, nos
sociétés bien qu'urbain, gardent encore en elles les
clichés de la paysannerie. Comme l'a noté ELA, les « villes
» africaines sont des « gros villages ». C'est ainsi qu'en
étant les auxiliaires de
176 TCHAWA P, (2021), idem, p.26
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l'Etat, ces chefs gérants ont gardés en eux
leurs valeurs traditionnelles sur les terres. Même si un chef ne
possède aucun charisme pour manager les autres, il s'appuie sur sa
tradition pour restaurer sa puissance sans crainte. C'est ainsi qu'une
informatrice affirme en ce terme :
pourquoi laisser la gestion de la chose ci délicate
aux individus qui ne savent rien du droit, pire encore du droit foncier ?
L'Etat doit revoir ses décisions et prendre ses responsabilités.
Si les terres l'appartiennent, les Boulamat ne sont que des citoyens comme les
autres. Pourquoi l'Etat leur laisse cette latitude dans la gestion des terres ?
Aussi, près que 90% des Boulamat ne sait ni lire la langue arabe ; ni la
langue française ; pire encore écrire f...] ; il faut que l'Etat
restructure son domaine de compétence pour une gouvernance
foncière harmonieuse. 177
En analysant minutieusement ce propos, nous comprenons que
l'Etat dans sa politique de la décentralisation a plutôt
favorisé une catégorie d'individus illettrés. Cette
décentralisation étatique a empiré davantage les
problèmes auxquels les individus sont confrontés au quotidien. Au
lieu de trancher les litiges fonciers opposant certains individus, les
décisions de ces chefs gérants sont biaisées. Aussi, ces
mêmes chefs orchestrent la vente illégale des terres ;
morcèlent les terres des individus pour les revendre à d'autres
individus. Comment comprendre donc cette posture.
De même, les Boulamat pour la plupart des cas ne sont
pas instruit, mais veulent s'impliquer sur toutes les transactions
foncières dans les milieux ruraux qu'urbains.178 Le mieux
serai à cet effet, un renforcement des acquis de ces chefs
gérants sur les notions de base en droit en général et en
droit foncier en particulier. Aussi, les appuyer avec les notions du leadership
et du management des personnes. Car, la grande partie de ces chefs ne connait
pas trancher un problème d'une manière durable. Les
problèmes qu'ils essaient de trancher se retrouvent souvent au tribunal
ou finit par un soulèvement de la masse populaire mécontente de
l'arbitrage de ces différends fonciers.
Aussi, le gouvernement doit doter les Boulamat des
matériels nécessaires, lesquels le permettront de maîtriser
les thématiques en rapport au foncier dans leur circonscription. Il
(l'Etat) doit également les doter des outils nécessaires à
une résolution durable des litiges. Les appuyer par des séances
de formation sur le droit foncier ; l'aménagement du territoire ; la
résolution des conflits ; la médiation impartiale des conflits ;
mettre à leur disposition un plan réel d'occupation du sol en
s'appuyant sur les contextes dans lesquels il (l'Etat) se déploie.
177 Entretien avec madame Zaraf Sadam au quartier Ardeptiman en
octobre 2020
178 Enquête de terrain réalisée en septembre
2021
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