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Les boulamat et les conflits fonciers en milieu urbain tchadien: cas du premier arrondissement de la ville de N'Djaména


par Lawane LOGAM
Université de Yaoundé 1 - Master en sociologie 2022
  

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3. Les Conséquences économiques

Les litiges fonciers comme le démontre les avis des enquêtés nous ont des énormes conséquences dans la vie des individus dans le premier arrondissement de la ville de N'Djaména ; notamment les conséquences économiques. Selon plusieurs informateurs interrogés au quartier Farcha, Zaraf, Madjorio, Djougoulié, Amsinéné, Guinebor, etc. « les activités économiques sont mises aux arrêts suite aux différends fonciers ». De plus, monsieur MAHAMAT NOUR affirme que, « ses boutiques ont été calcinées par ses adversaires pendant la nuit et a causé une perte considérable en termes d'argent ». D'autres informateurs disent « qu'ils ont investies leurs capitaux dans les procès en rapport aux différends fonciers qui, jusque-là n'ont pas aboutis à une véritable réparation sociale et économique ». L'un des victimes de l'incendie déclare en ce terme :

j'ai investis plus de cinq millions dans ma quincaillerie contenant les matériaux de construction au quartier Guinebor ; mais après une confrontation avec un groupe de personne sur mes terres ; j'ai été attaqué la nuit où j'ai perdu ma boutique. Vraiment les problèmes de terrain m'ont mis hors de moi. Maintenant je me retrouve sans argent et sans terres. 156

155 Entretien avec monsieur DOLENGAR en septembre 2020 à Farcha.

156 Entretien avec un monsieur à Guinebor en octobre 2020

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Il se dégage ici clairement que, les différentes crises causées par les litiges fonciers. Lesquelles ont affectées d'une manière ou d'une autre non seulement le vivre-ensemble dans le premier arrondissement de la ville de N'Djaména, mais aussi leurs activités économiques à travers le transfert des fonds destinés aux commerces pour la résolution des différends fonciers et aussi, lorsque les individus insatisfaits de l'arbitrage des litiges fonciers décident de faire eux-mêmes justices en brûlant les boutiques des autres.

De même, la recrudescence des conflits ne favorise pas le développement dans le premier arrondissement, car pour réussir à implémenter une entreprise ou un projet, les investisseurs ont besoin d'un environnement favorable à l'éclosion de leurs activités. Aussi, l'absence de la société tchadienne d'eau, d'électricité dans les quartiers tels que: Djougoulié, Madaga, Zaraf, Boutal-Wali, Abcoma, Gilmey s'explique par le manque des routes et aussi, le manque d'une politique urbaine concrète.

4. Les conséquences politiques

Les litiges fonciers qu'ils soient en milieu urbain ou rural a des énormes conséquences sur la vie des acteurs impliqués dans le processus de l'acquisition des terres ; de la vente, etc. Ainsi, tout rapport avec les autres individus impacte durablement la manière de penser ; d'agir ; de sentir des autres. Ainsi, les rapports entre les acteurs ont changé en fonction des relations que les uns les autres entretiennent avec les agents de l'Etat des « grandes calibres » en occurrence les ministres ; les gouverneurs ; les préfets ; les sous-préfets ; les maires ; les délégués ; les agents du cadastre ; les Boulamat. Désormais, tout se joue sur le capital politique et relationnel. Les individus victimes des litiges fonciers et qui n'ont pas une position stratégique importante sont lésés à leurs tristes sortes. Les problèmes des terres pour les résoudre, il faut forcément avoir une « grande main » derrière ses dossiers. C'est ainsi qu'un informateur affirme en ce terme :

maintenant que faut-il encore espérer dans ce contexte où ceux qui n'ont pas des relations solides n'ont jamais eu des gains de causes de leurs problèmes de terres. A mon avis, pourquoi l'Etat n'assure pas le suivi de toutes les activités foncières. Certaines victimes attendent la bonne foi de la justice peut être un jour où Dieu touchera leurs coeurs. Nous sommes pauvres ; c'est pourquoi nous perdons nos terres. 157

157 Entretien avec un informateur à Madjorio en septembre 2021

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S'il faut bien voir, l'aspect politique est lié à l'aspect financier selon le propos de cet informateur. En d'autres termes, les individus qui ont un statut social élevé, bénéficient de la faveur de la part des agents de l'Etat de la gestion des litiges fonciers observés.

Cependant, dans la constitution tchadienne, tous les individus sont égaux. Cette inadéquation entre ce qui est écrit et ce qui est fait cause des multiples confusions, sinon serait la cause des différents litiges fonciers dans le premier arrondissement de la ville de N'Djaména. Le mieux ne serait-il pas un arbitrage correct. Cette manière de trancher les litiges a fait l'objet d'un soulèvement au nord Cameroun dans les conflits opposant le SAIB aux migrants Toupouri, Moundang, Moussey. MFEWOU l'analysé et a montré comment les réseaux relationnels dans le circuit foncier peuvent être les causes de nombreux conflits fonciers dans le nord Cameroun.

De même, les Toupouri pour résoudre leurs problèmes, ne font appel qu'aux hauts cadres Toupouri ; les Moundang et les Moussey le font aussi. Sommes-nous dans une situation où, ceux qui ont des relations ont les « pouvoirs ». Sinon, pourquoi ces réseaux autour de la question foncière.158 Aussi, le pouvoir des chefs gérants (Boulamat) est réduit au néant, car suivant les degrés des conflits, la gendarmerie ; la police intervient pour embarquer les acteurs impliqués dans lesdits conflits. A ce niveau, les Boulamat sont simplement écartés du circuit des gestions des litiges. Les litiges meurtriers interfèrent l'arbitrage de la justice. Or, avant les années 70, les Boulamat étaient des chefs traditionnels et les chefs des terres. De nos jours avec leurs marchandages au tour des terres urbaines, ils tendent à perdre leur légitimité aux yeux des habitants des zones urbaines que rurales.159

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery