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Les boulamat et les conflits fonciers en milieu urbain tchadien: cas du premier arrondissement de la ville de N'Djaména


par Lawane LOGAM
Université de Yaoundé 1 - Master en sociologie 2022
  

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2. Les conséquences culturelles

Les litiges fonciers n'ont seulement des conséquences sociales, mais aussi culturelles. Les individus victimes se méfient désormais les uns des autres et chacun se réfèrent désormais à un réseau relationnel dans lequel il estime tirer profit. La culture individualiste gagne peu à peu le terrain suite au manque des terres pour les pratiques des activités économiques et aussi pour un abri durable. Certains individus meurent sans laisser même une petite parcelle à leurs progénitures, à cause du temps difficile. Nous voyons ici la naissance des logiques égoïstes qui ne sont pas dans le passé propre aux habitants du Tchad en général et du premier arrondissement de la ville de N'Djaména en particulier. On perçoit désormais une sorte d'hypocrisie dans les relations quotidiennes. Les agents de renseignement mettent de plus en plus aussi la peur dans le coeur des victimes, car les litiges ayant opposé certains individus à la famille présidentielle sont restés sans suite.

152 Entretien avec un retraité de la société sucrière du Tchad à Madjorio en novembre 2020

91

Désormais, chaque individu se cherche et cherche à se positionner dans la société. Nous constatons l'existence de ce que le philosophe camerounais MONO DJANA Hubert qualifie du « mapartisme ». Dans le cas du premier arrondissement actuel, c'est du « mapartisme extrême ». C'est ainsi qu'un informateur affirme en ce terme :

Maintenant là, chacun pour soi f...] ; mes parents ne m'ont rien laissés comme terres ; or avant dans nos cultures, les parents doivent préparer tous à leurs enfants même le foyer. Mais depuis lors, on voit que chaque individu se contente de son ventre sans regarder le demain de ses enfants. Les familles qui se prêtaient les terres avant pour les travaux champêtres ne le font plus de nos jours. Les oncles qui ont assez des terres se méfient des autres de peur de perdre leurs terres. Les idées étrangères ont gagné le coeur de nos parents de maintenant. Tout c'est à cause des problèmes des terres. On a plus le choix dans ce pays f...] ; on ne sait jamais si les choses reviendront un jour à la normale. 153

Les litiges fonciers qu'ils soient dans le milieu rural qu'urbain impacte considérablement les us et coutumes locales. La confrontation de deux logiques différentes ne se fait pas sans heurte. C'est ainsi qu'il y a soit un emprunt d'autres manières de voir les choses n'ayant aucun rapport causal avec les valeurs locales et aussi, soit modifier totalement les valeurs existantes. On parlera ici de la « dominance culturelle » qu'on constate dans le premier arrondissement de la ville de N'Djaména à travers les manières de penser ; d'agir ; de sentir et même de vendre les terres urbaines. Désormais, les individus agissent en fonction du réseau relationnel et du gain. Tous les actes sont dès lors calculés par les individus qui ne font plus confiance aux autres.

Par ailleurs, avec la prépondérance des litiges fonciers dans le premier arrondissement de la ville de N'Djaména, les complications que les individus rencontrent au quotidien sur la gestion des terres, confier ses terres à quelqu'un devient très difficile. Les individus se méfient de plus en plus des autres et les rancunes naissent dans les quartiers du premier arrondissent. Plusieurs informateurs interrogés partagent largement l'idée selon laquelle les litiges fonciers ont engendré la distorsion du tissu social et le basculement des cultures locales vers des cultures étrangères qui nous rendent la vie très difficile à habiter. Habiter désormais dans cet arrondissement devient un luxe. Ce point de vue se rapproche de celui d'ELA qui estime aussi que : « habiter en ville en Afrique de nos jours est une promotion ».154 Ainsi, monsieur DOLENGAR affirme ceci :

153 Entretien avec un patriarche au quartier Milezi en septembre 2020

154 ELA J.M. (1982).La ville en Afrique noire, Paris, Karthala ;

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[...] ; les problèmes des terrains perpétués ont fait que chacun se méfie de l'autre. Depuis quelques années déjà, personne ne confie ses portions des terres à un ami ou à un frère, même de sang. L'affaire ci devient de plus en plus très compliquée. Avant, on pouvait exercer sur les terres d'autrui les activités économiques et agricoles, mais de nos jours c'est très difficile de travailler sur les terres des autres. L'individualisme gagne le terrain. 155

Les litiges fonciers selon monsieur GABDOU, « sous-estimés », « négligés », « banalisés » par les autorités compétentes qui gèrent les terres a des conséquences considérables sur les cultures locales. D'autres estiment aussi que, « avant vers les années 1975, on pourra très facilement donner aux étrangers les terres pour habitation gratuitement dans le premier arrondissement ; mais le fait que les terres données aux étrangers devenaient dans les long terme leurs propres propriétés ». C'est ce qui éclatait souvent des vifs conflits entres les autochtones et les allogènes dans le premier arrondissement de la ville de N'Djaména. Ainsi, les litiges fonciers ont eu autres conséquences sur la vie des acteurs dans le premier arrondissement de la ville de N'Djaména. Nous avons les conséquences économiques.

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