4. les réseaux des corruptions qu'entretiennent les
agents de l'Etat et le manque de compétence
Les agents de l'Etat (les agents du service du cadastre ; les
fonctionnaires du ministère de l'urbanisme, de la
décentralisation du territoire et de l'urbanisme ; du ministère
de la justice ; les magistrats ; les avocats ; les gouverneurs ; les
délégués provinciaux ; les conseillers techniques ; les
chefs du quartier ; les OPJ ; les CB et les Boulamat constituent la vignette
dans la vente et ou trafique malsaine des terres dans le premier arrondissement
de la ville de N'Djaména. Ces hommes selon monsieur MOUCTAR, «
investis légalement par le pouvoir public dans l'optique d'assurer la
continuité de l'Etat, se servent de leurs calots pour «
écraser » les « laissés pour compte
».138 Généralement, les procès
opposant une grande personnalité à un « laissé pour
compte » n'ira pas vers de pistes sérieuses, étant
donné que le réseau constitué par les agents de l'Etat ne
favorise par une bonne gouvernance foncière. L'Etat au lieu d'assainir
le système en « arrêtant ces bourreaux », se jette juste
dans les séances de remerciement et de reconnaissance politique. Il faut
noter que les postes qu'occupent ces hommes influents est une « sorte de
remerciement » pour les campagnes politiques qu'ils font dans leurs
circonscriptions administratives respectives.
Or, la politique en tant que gestion de la cité selon
PLATON doit se dissocier des mauvaises pratiques qui s'inscrivent dans la
logique du « mapartisme » décrite par le philosophe
MONO DJANA Hubert qui consiste à la réclamation de ses
intérêts personnels au détriment des autres individus. Un
sérieux pays pour son éclosion doit bannir les pratiques injustes
; ignobles et néfastes pour la construction du vivre-ensemble et d'une
paix durable. Ces amalgames que les agents de l'Etat font et leurs usurpations
du titre nous amène à nous interroger sur le devenir du foncier
dans le 1er arrondissement de N'Djaména en ce terme : «
comment le 1er arrondissement de la ville de
N'Djaména est-il arrivé là ?».
De plus, les Boulamat et les agents de MATUH falsifient les
documents administratifs, et vendent les parcelles servant à la
servitude aux individus qui ne maîtrisent pas les rouages en rapport au
plan d'occupation du sol, et aux titres fonciers. En outre, la non
maîtrise des habitants du premier arrondissement de la ville de
N'Djaména des enjeux liés au titre foncier les mets dans une
situation complexe, dans la mesure où, ils perdent des sommes colossales
d'argents aux profits du « réseau mafieux » entretenu par
l'Etat.139 Les agents des cadastres affichent souvent leurs
volontés de s'enrichir avec les terres des « pauvres
vulnérables » sans
138 Entretien avec monsieur MOUCTAR à Farcha octobre
2021
139 Presse Hebdomadaire (2017),« Le
Progrès » n°5155, p3
81
être poursuivis par le service judiciaire parce qu'ils
font partie du « réseau mafieux » constitué.
L'Etat doit à cet effet, se décider en tant que garant de l'ordre
public en poursuivant, chassant ces agents impliqués de près ou
de loin dans les transactions floues des terres.
Ainsi, nous pourrons dire que le pays aspire aux idéaux
biens balisés, sinon le « réseau ruinera » la
légitimité de l'Etat.
Tableau 3: répartition des enquêtés
selon la nature des litiges
Causes des conflits fonciers
|
Effectif
|
Total
?
|
Morcèlement des terres par les Boulamat
|
10
|
100
|
Non-respect des textes fonciers
|
15
|
Flexibilités lors de règlements des conflits
|
5
|
Déplacement des bornes
|
5
|
Complaisance des Boulamat par les ventes des servitudes
|
60
|
Manque des compétences des autorités
administratives
|
5
|
Source : enquête de terrain, septembre
2021
Figure 1: répartition des enquêtés
selon la nature des litiges
Manque des compétences des autorités
administratives
5%
Complaisance des Boulamat par les ventes des servitudes
60%
Morcèlement des terres par les Boulamat 10%
Non-respect des textes fonciers 15%
Déplacement des bornes
5%
Flexibilités lors de règlements des
conflits 5%
Source : enquête de terrain, septembre 2021
5. Les causes politiques et sécuritaires des litiges
fonciers
Durant nos entretiens auprès des habitants du premier
arrondissement de la ville de N'Djaména, il ressort que, la famille du
président Idriss DEBY s'est mise dans une campagne d'accaparement des
terres des pauvres. Selon monsieur SABOUR, « les ZAGAWA du
quartier
82
Karkandjeri ont arraché les terres des gens par la
force et présentent souvent les faux titres de propriétés.
» De même, Madame ASSOUM ajoute que,
mes parents ont perdu leurs terres. Les ZAGAWA dans le
premier arrondissement de N'Djaména sont les élus de Dieu, les
intouchables qui peuvent tout faire. Ils arrachent tous les jours les terres
des gens, ils intimident les gens par les armes. Nous sommes frustrés
depuis lors. Mais on ne se laissera pas faire.140
De même, certains informateurs affirment d'avoir
procéder aux ventes de leur terre sous l'intimidation verbale et quelque
fois violente. Selon un informateur, « les colonels et les
généraux appartenant au régime d'Idriss DEBY ITNO ont
arraché leurs terres par la complicité des maires et des
délégués. Aussi, les agents du CATZU sont de connivence
avec les « intouchables » qui ont des grandes parcelles de terre.
» De plus, certains informateurs estiment que, « lorsqu'un
ZAGAWA achètent un lot de 450 mètres carrés de terrain,
deux années plus tard, il présente un document d'un terrain de 70
mètres carrés de terrain » .Ainsi, monsieur DJIMADOUM
affirme :
Les ZAGAWA déplacent toujours les bornes limitant
leurs parcelles aux autres. Ils nous forcent à vendre nos terres
à leur profil. Mon voisin m'a demandé de lui vendre mon terrain
de peur de leur perdre, car il viendra me trouver avec les ingénieurs,
les agents du service de cadastre pour me déguerpir de mon terrain. Je
suis contraint de le lui vendre moins cher.141
De ce fait, les politiques des différends fonciers sont
liées fortement aux positions stratégiques qu'occupe certains
acteurs, en occurrence les membres du parti au pouvoir et la famille du
président DEBY.
|