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Les boulamat et les conflits fonciers en milieu urbain tchadien: cas du premier arrondissement de la ville de N'Djaména


par Lawane LOGAM
Université de Yaoundé 1 - Master en sociologie 2022
  

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CONCLUSION PARTIELLE

Il était question dans ce chapitre des acteurs du foncier et les stratégies des sécurisations des terres dans le premier arrondissement de la ville de N'Djaména. Il a été démontré que les acteurs qui interviennent dans le foncier dans cette circonscription administrative sont de plusieurs catégories d'une part : les Boulamat, les habitants du premier arrondissement de la ville de N'Djaména(les éleveurs, les agriculteurs, les pêcheurs, les fabricants des briques, les ramasseurs des sables) et, d'autre part l'Etat à travers les différents organes en charge de la question foncière.

CHAPITRE II: LES ENJEUX FONCIERS DANS LE PREMIER
ARRONDISSEMENT DE LA VILLE DE N'DJAMENA

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INTRODUCTION PARTIELLE

Le présent chapitre met en exergue les jeux et les enjeux du foncier dans le premier arrondissement de la ville de N'Djaména. A cet effet, un accent a été mis sur les enjeux sociaux (représentation sociale de la terre comme un bien appartenant à la communauté et par lequel, la communauté investie l'individu sur les terres par son appartenance ethnique, clanique ;économiques( activités économiques qui se font autour des terres) ;politiques( les terres sont les lieux de lutte de classe et d'injonction des logiques contradictoires ;épistémologiques( le foncier nécessite un renouvellement des productions scientifiques ; et environnementaux(la croissance démographique constitue un pant néfaste pour la couverture végétale. Plus précisément, les différentes représentations et perceptions que les acteurs du premier arrondissement de la ville de N'Djaména se font des terres. De m

I.LES ENJEUX DU FONCIER DANS LE PREMIER ARRONDISSEMENT DE LA VILLE DE N'DJAMENA

Le foncier dans le premier arrondissement de la ville de N'Djaména regorge plusieurs enjeux au regard de la rareté des terres cultivables disponibles et aussi, de la densité démographique grimpante inquiétante. A cet effet, les individus sont tous à la recherche des terres bénéfiques nécessaires pour toute activité économique d'une part, et pour faire asseoir leur domination sur les autres d'autre part. La terre reflète ne couvre pas seulement les enjeux liés à l'habitation, mais elle renferme plusieurs enjeux. Ces enjeux sont en fonction de son usage par les acteurs.

1. Les enjeux politiques du foncier

Les enjeux politiques du foncier dans le premier arrondissement de la ville de N'Djaména se justifient par les luttes stratégiques et idéologiques qui se font autour des terres urbaines. Ainsi, les individus acquièrent les parcelles des terres en fonction de leur rapprochement des partis politiques influents, et/ou du parti politique au pouvoir. Durant nos entretiens dans le premier arrondissement de la ville de N'Djaména, plusieurs personnes interviewées estiment que la terre est devenue quelque chose de prestige, de réussite sociale. Ainsi, selon monsieur HASSANE,

les terres à Farcha deviennent de plus en plus un lieu d'injonction, d'imposition du pouvoir des élites politiques bénéficiant des calibres étatiques. Nous sommes souvent influencés par les politiciens du quartier et aussi par les acteurs qui possèdent plusieurs hectares des

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terres. Ces différents envies de la terre ont fait que, la terre devienne l'une des ressources la plus convoitée par les individus pour leur

positionnement social, et aussi politique.

Les individus interviewés affirment que les acteurs qui possèdent les grandes parcelles des terres sont socialement et politiquement respectés. De même, selon monsieur MINGABEY, « les politiciens usurpent de leur rang social pour s'accaparer les terres des autres sous le couvert de l'Etat. » L'analyse sociologique du « fait foncier » montre à quel point, le foncier constitue la toile de fond des crises observées dans le premier arrondissement de la ville de N'Djaména.

De plus, il ressort aussi une dimension conflictuelle qui oppose plusieurs acteurs au sujet des espaces convoités. La terre est donc ici un « champ » où un lieu de lutte permanente où chaque acteur veut se légitimer pour prouver sa domination sur les autres. Cette posture corrobore avec la vision bourdieusienne du champ.

Par ailleurs, au regard des luttes autour des terres, les résultats obtenus lors de notre recherche révèlent que, les Boulamat et les délégués départementaux auprès des différentes communautés urbaines influencent politiquement les autres individus de la couche sociale. Ainsi, la reconnaissance du prestige social se fait par la capacité d'un acteur à posséder plusieurs lots des terres, voir des hectares. Or, la constitution du Tchad ne donne pas la possibilité aux particuliers d'avoir au de-là d'un hectare des parcelles en zone urbaine. Paradoxalement, plusieurs informateurs affirment détenir plusieurs lots des terres, voire des hectares dans le premier arrondissement de la ville de N'Djaména.

En outre, d'autres informateurs estiment aussi que, la situation politique des individus influence largement sur leur manière d'occuper le sol. Ainsi, cette situation est souvent fonction de la place qu'un acteur occupe dans la société, les acteurs politiques structurent leur position dans une logique de domination, et d'imposition de leur manière de voir les choses. Le pouvoir des Boulamat est dès lors relégué au second rang par ces politiciens. Les terres sont en quelque sorte un « champ » au sens bourdieusien du terme, où ne peut s'affirmer que, l'individu financièrement et politiquement reconnu par l'Etat.

De même, les informations recueillies révèlent que, « le foncier est le lieu par excellence de contradiction », et des résistances entre les acteurs ; un lieu d'imposition et des mesures de force par les autorités étatiques d'une part, et entre les différents acteurs impliqués dans les transactions foncières d'autres part.

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Par ailleurs, la sociogenèse de la question foncière montre davantage que, les luttes orchestrées autour des terres rurales et urbaines se rapportent à un héritage colonial de la domination, mais dans le cas pratique, il s'agit de la « domination des noirs par les noirs ». Cette situation se rapporte à un rapport permanent de force, de violence et d'antagonisme inspiré davantage de la période coloniale. Le gouvernement local (les dirigeants tchadiens) en général, et les Boulamat en particulier ont fait ce « copier-coller » des textes de leurs « maîtres » en imposant aux autres acteurs les lois foncières inspirées des idéaux étrangers. C'est ainsi qu'ils parleront des terres « vacantes et sans maîtres » ou encore « des terres libres de toute occupation effective » à partir de l'année 1967 par les textes en rapport au domaine national tchadien.

Ainsi, nous voyons là la volonté de vouloir toujours faire ce que les « maîtres » demandent au point de créer dans nos sociétés les classes comme fut le cas aux Etats Unis où les productions de Marx illustrent davantage. C'est dans ce sens qu'on assistera aux divisions de classes dans les sociétés africaines sous prétexte des promotions des « politiques de développements ». C'est un lieu par excellence de démonstration permanente du pouvoir où les acteurs qui détiennent légitime l'appliquent sur les autres. Il est ici question d'un jeu où les acteurs ont un pouvoir reconnu comme tel profite pour opprimer les autres afin de les faire savoir la place qu'ils occupent dans la société. C'est ici une quête de notoriété et d'affirmation de soi dans un contexte où, certains hommes semblent perdre leur crédibilité dans la société. Le champ foncier peut aussi être appréhendé comme un lieu de domination et d'application de force.

2. Enjeux juridique du foncier dans le premier arrondissement de la ville de N'Djaména

Les enjeux juridiques du foncier se trouvent ici dans le vide juridique d'une part, et la reconnaissance du droit traditionnel en ce qui concerne le dispositif d'occupation des terres d'autre part. Les individus interviewés affirment que les textes adoptés par l'Etat dans la gestion foncière ne siègent pas avec les expériences tchadiennes ou traditionnelles africaines des terres. Ils (informateurs) estiment aussi que, l'objectif premier du document issu de la colonisation ne tient pas compte de la « jurisprudence » dans les sociétés tchadiennes. En analysant les informations recueillies par ces informateurs, nous constatons que le problème se trouve non seulement dans le « vide juridique » en rapport à l'élaboration des « textes authentiques » sur le foncier au Tchad, qui permettre une mise sur pied d'une législation foncière autonome, mais aussi, de faire un « juste milieu » des lois foncières étrangères. C'est

89 Termes propres à Jean Marc ELA qui permet de comprendre la vie quotidienne des individus, leur devenir quotidien à partir des logiques qu'ils inventent.

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dans ce sens que LEY estime que, « les textes fonciers africains sont issus de la colonisation, notamment du code civil de la France ». Il ajoute aussi que,

« le code civil français imposé aux pays de l'Afrique Subsaharienne ne répond pas, plus concrètement ne cadre pas avec les réalités locales africaines en générale et ivoiriennes en particulier. Il ajoute que le fait que le gouvernement ait fait un « copier-coller » de ce code civil a mis les paysans ivoiriens dans une situation de vulnérabilité certaine ».

C'est à travers le texte de 1900 qu'il s'appuie pour mater les paysans. De plus, le concept des « terres vacantes et sans maîtres » a été typiquement repris, selon les acteurs interviewés, les terres sont mise en valeur au quotidien par leurs troupeaux, et par eux-mêmes via les activités de ramassage de « brindilles ». De même, selon monsieur BOURMA, leurs ancêtres pratiquent depuis plusieurs décennies sur les terres l'agriculture et quelque fois tendent des pièges sur les terres dans leur portion. Sous prétexte de présenter « une preuve valide », l'Etat s'approprie les terres des pauvres. L'appropriation des textes fonciers moderne par l'Etat a créa une mal compréhension desdits textes par la grande partie de la population tchadienne, ceci dans la mesure où, près de la moitié de la population tchadienne ne connait ni lire, ni écrire. Le gouvernement devrait prendre cet aspect en compte avant d'élaborer lesdits textes issus du droit positif français. C'est dans cette optique que monsieur Djimet Ateib déclare en ce terme :

[...], pourquoi nos présidents sont ainsi ? Où irons-nous après leurs accrochages sur les textes des « nassaras ? Mais (...), pourtant, on ne connaît même pas l'importance de ces textes chez nous. La loi islamique est la mieux adaptée chez nous, oui (...) ; quelque chose des Blancs il faut prendre avec des réserves. Le Blancs cache toujours une idée derrière ces choses.

En réalité, le propos de ce monsieur, vient attester à quel point les habitant du premier arrondissement de la ville de N'Djaména courent un gros risque par le « mimétisme » du gouvernement tchadien en se « focalisant » sur le texte issu du droit positif français. Or, dans le contexte tchadien, le foncier revêt une dimension traditionnelle non formelle, que formelle. Ainsi, son rôle consiste selon certains informateurs, à prendre en compte les réalités locales, autrement dit, des réalités du « peuple d'en bas » afin de s'arrimer à une « anthropologie de la quotidienneté »89

90 LE ROY Etienne cité par CHENE-SANOGO Alima. (2012). : « Enjeux Fonciers et Développement Durable au Mali », Thèse du doctorat Ph. D, Université de Bourgogne, UFR Droit-Science politique, p.75

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3. Les enjeux symboliques du foncier

Les enjeux symboliques du foncier se situent dans les pratiques sacrales autour des terres et/ou des eaux. Selon monsieur MOSSOUM, « la terre ne peut pas être perçue occidentalement, ici, nous effectuons des rituels au bord du fleuve pour remercier les dieux avant de pêcher ». Nous entretenons des relations particulières avec nos terres. Nous considérons nos terres au de-là d'un lieu d'habitation, mais aussi comme un lieu où, nous communiquons, communions avec nos ancêtres qui, autrefois décédés pour avoir un support spirituel solide. La plupart des informateurs affirment que, « la terre peut revêtir autre aspect que, l'aspect symbolique. Ceci dans la mesure où, elle est assimilée à « une mère qui porte en elle plusieurs enfants ».

Ainsi, les individus entrent en possession des terres de différente manière et selon les relations qu'ils entretiennent avec les chefs gérants. Aussi, nous constatons qu'elle s'obtient par un legs, un don de la part des autorités coutumières aux individus demandant. La terre dans ce contexte a une étroite relation avec les acteurs locaux dans ce sens qu'elle représente à leurs yeux une « dernière demeure » où ils enterrent leurs morts, la « demeure des aïeux » et des « ancêtres ». C'est ainsi que l'aspect sacré est à première vue dès qu'on aborde la question foncière dans les sociétés traditionnelles. Cette conception confère à la notion de terre une dimension plus ou moins religieuse. Dans ce sens, tout a trait aux esprits et aux dieux qui ont protégés les aïeux durant des longues expériences. Cette analyse est similaire à ce que MENDRAS a décrit dans son ouvrage, La fin des paysans, où les acteurs entretiennent des relations particulières avec la terre. En outre, la sacralité de la terre consiste à l'attribuer un aspect divin, humain qui est assimilé à cet effet comme un don des dieux et des esprits. Cette tendance il faut noter qu'elle exclut toute perception matérialiste de la terre. C'est dans cette optique que LE ROY E affirme en ces termes :

Pour les africains, la terre ne peut ni être évaluée monétairement, ni être identifiée à un bien marchand. En effet, l'homme et la terre sont unis par un lien de nature ontologique et, en outre, la terre constitue le support principal des ressources alimentaires. Pour ces deux raisons de survie et d'ontologie, la terre doit rester au sein du groupe qui en dépend. Elle s'intègre ainsi dans une dynamique patrimoniale et non économique. La terre n'est pas la chose d'une personne, mais une chose commune, une » richesse partagée selon un degré de maîtrise, temporaire, spécialisée ou exclusive. 90

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Par ailleurs, ces acteurs entretiennent une relation sentimentale avec leurs terres et ne cherchent pas forcément à tirer les gains, car les paysans ayant hérités les idéaux ancestraux de leurs parents n'ont pas une vision capitaliste de la terre. La terre représente à leurs yeux le « grenier », une « mamelle nourricière », « une mère », « un lieu du repos. »91 En plus, GIANOLA partage aussi l'idée selon laquelle le foncier en Afrique Subsaharienne ne se réduit pas à la dimension matérielle, mais inclut autres facteurs. C'est dans ce sens qu'elle pense que comme tout système social, la terre ne se réduit pas seulement à ses dimensions matérielles. Si tel était le cas, les hommes travaillaient la terre, extrairaient et transformeraient ses fruits en produits économiques simplement pour vivre et faire vivre leur famille et encourager un développement économique plus profond. Au contraire, ils consacrent une partie de leurs heures à des actes économiques improductifs. A partir de certains seuils, ils arrêtent de produire et commencent à s'occuper d'eux-mêmes investissant du temps, de l'énergie et de l'argent dans des activités qui servent à leur propre développement ainsi qu'à celui de leur communauté. Dans ce sens, « le foncier » est un phénomène à double dimension. Il a une dimension matérielle ou techno-économique ainsi qu'une dimension immatérielle ou sociale92.

Aussi, il est important de noter que la « terre » dans les sociétés traditionnelles africaines est loin de renfermer essentiellement une dimension matérielle en tant que bien marchand, mais elle constitue une source de vitalité, de survie et même de vie. Elle est dans la tradition africaine assimilée au même titre qu'une personne, car « elle donne sens à leur vie, les nourrit et est reproductrice. La terre est également en Afrique subsaharienne un lieu du visible et de l'invisible où se pratiquent les rites sacrés avec les aïeux. C'est un lieu dans lequel les ancêtres sont enterrés. La terre ne fait pas l'objet d'une matérialisation quelconque ; moins encore d'une vente. Les individus y attachent une relation particulière à la terre. » C'est dans ce sens que les acteurs entretiennent des relations mystiques avec la terre dans leur quotidienneté, car elle assure la communication sociale et sacrale entre les individus.93 José R. Martinez Cobo s'inscrit à cet effet dans cette mouvance selon laquelle la terre est un lieu de sacralité dans les sociétés africaines. C'est ce qui le fait dire en ces termes :

Il est essentiel de connaître et de comprendre la relation particulière,
profondément spirituelle, que les populations autochtones ont avec la

91 MENDRAS H. (1967).La fin des paysans, Paris, PUF, p.93

92 GIANOLA C. E. (2000). La sécurisation foncière, le développement socio-économique et la force du droit. Les cas des économies Ouest africaines de plantation (la Côte d'Ivoire, le Ghana et le Mali), Paris, l'Harmattan, p12.

93 GIANOLA, op.cit., p.237

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terre, élément fondamental de leur existence et substrat de toutes leurs croyances, leurs coutumes, leurs traditions et leur culture. Pour les autochtones, la terre n'est pas simplement un objet de possession et de production. La relation fusionnelle des populations autochtones avec la Terre-Mère, avec leurs terres, qui imprègne toute leur vie spirituelle, a beaucoup d'incidences profondes. La terre n'est pas une marchandise que l'on peut s'approprier, mais un élément naturel dont chacun doit pouvoir jouir librement.94

En outre, certains chercheurs dans leurs travaux ont épousé l'idée selon laquelle n'est pas que source matérielle, ils estiment qu'elle renferme l'immatériel également. Les travaux d'Etienne Le Roy sur la sacralisation et l'humanisation illustrent davantage cette perception peu matérielle de la terre. 95 Selon GIANOLA, considérée la terre à la dimension matérielle la classe dans la perspective essentiellement économique qui est le propre des sociétés occidentales qui estiment toujours tirer un profit de la terre. Or, les relations que les paysans africains entretiennent avec la terre n'ont pas forcément un calcul mathématique de gain. C'est ainsi que les parcelles de terre ne sont pas mesurées « géométriquement » par les acteurs pendant le partage. Ils estiment pour la plupart les dimensions de terre ; les legs aux autres. A cet effet, admettre que la terre est un bien matériel semble être une analyse partielle dans ce sens que l'analyse du foncier diffère d'un milieu social à un autre ; d'une société à une autre et est fonction des moeurs sociales données. La terre ne se réduit pas à un bien source de richesse même dans les sociétés qui se caractérisent par la prédominance du modèle économique.96 La terre est un bien commun dont l'appartenance à une communauté ou clan donne droit. C'est ce qui fait dire Otcha-Akpa B en ce terme :

(...) patrimoine parentalisé (terre de culture, résidence, brousse), le patrimoine communautaire (bijoux, pagnes...), les avoirs matérialisés (champs de café, cacao, argent) et les avoirs individualisés (bijoux, pagnes, chapeaux, machettes, etc.).

Quant au patrimoine des communautés villageoises, il est constitué par les `'dédéku-wus» (terres des cultures, forêts, zone de pêches) les espaces sacralisés (temples, églises, cimetières), les objets sacralisés symboles du pouvoir (la chaise royale chez les Agni).97

94José R. Martinez Cobo cité par CHENE-SANOGO Alima: « Enjeux Fonciers et Développement Durable au Mali », Thèse du doctorat Ph. D, soutenue le 20 décembre 2012, Université de Bourgogne, UFR Droit-Science politique p.47

95 LE ROY Etienne cité par GIANOLA. (2000). in La sécurisation foncière, le développement socio-économique et la force du droit. Les cas des économies Ouest africaines de plantation (la Côte d'Ivoire, le Ghana et le Mali), Paris, l'Harmattan, p39.

96 GIANOLA, Ibidem

97 OTCHA-AKPA B. cité par GIANOLA. (2000). in La sécurisation foncière, le développement socio-économique et la force du droit. Les cas des économies Ouest africaines de plantation (la Côte d'Ivoire, le Ghana et le Mali), Paris, l'Harmattan, p237.

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En effet, dans le contexte africain, si nous acceptons nos conceptions purement matérielles, le « foncier » n'est qu'un système qui se réfère aux techniques agricoles et à la production matérielle pour assurer la survie dans le cas des produits d'exportations pour gérer des revenus. Mais parmi les populations rurales il y a également une dimension immatérielle, car il est indissociable des réseaux sociaux. Pour avoir accès à une parcelle de terre dans le milieu rural africain en général et tchadien en particulier, il faut appartenir nécessairement à une famille, un groupe reconnu et apprécié par la communauté. C'est ce qui fait dire C'est ce qui dire KOUASSIGAN en ces termes : « La propriété elle-même de la terre appartient à la famille ou au groupe social, l'individu n'en a pas moins un droit à faire valoir. En d'autres termes, si la propriété est celle du groupe, l'individu jouit de la possession de la terre.»98

C'est ainsi dans le premier arrondissement de N'Djaména les terres appartenaient d'abord aux premiers occupants qui sont les arables et c'est ces derniers qui sont chargé pour la plupart à la gestion de toutes les parcelles des terres dans cet arrondissement. Ils accédaient ainsi aux parcelles des terres par leurs appartenances à la famille reconnue par tous les autres membres de la société.

Aussi, il faut noter que l'acquisition des parcelles se fait de nos jours par une monnaie, mais avec les « BOULAMAT »99 qui s'estiment propriétaires des terres. Ici, l'instruisions de la monnaie dans les transactions foncières a donc modifié l'aspect sacral de la terre. De nos jours, les femmes en possèdent leurs propres parcelles des terres qu'elles ont achetées par leurs propres argents. L'argent a donc durablement modifié les moeurs tchadiennes en ce qui concerne l'acquisition des terres. Or, avant l'instruisions de la monnaie, les individus entraient en possession de la terre soit par un legs, soit par un troc. Les acteurs pratiquent les activités qui leur donnent un moyen nécessaire de survie à l'instar dans la culture de « Béré-béré »100.

4. Les enjeux démographiques

La croissance démographique non maîtrisée constitue depuis plus de deux décennies un défi majeur que doivent relever les chefs d'Etats africains pour pouvoir asseoir d'une manière durable la sécurité dans leur terroir. Les individus dépeuplent de plus en plus les campagnes au profit des villes. C'est ce qui explique la forte concentration de la population dans le premier arrondissement de la ville de N'Djaména.

98 KOUASSIGAN ADJETE G. (1966). L'homme et la terre, Droits fonciers coutumiers et droit de propriété en Afrique Occidentale., édité par l'Office de la Recherche Scientifique et Technique d'Outre-Mer, Paris, Berger - Levraut, p. 125.

99 Chefs traditionnels assurant la gestion foncière dans le milieu rural qu'urbain tchadien. Ils sont les premiers Occupations

100 Sorgho de décru cultivé au Tchad à partir du mois de Septembre

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De plus, les espaces des terres deviennent de plus en plus les lieux de lutte, et où se nouent des relations sociales complexes. Les individus venus à la recherche d'un emploi se sédentarisent, créant une incertitude à la maîtrise de la ville, et aussi aux autres défis que les villes du sud font face. Au vue de l'insécurité alimentaire que traverse le Tchad, la course aux terres se fait pour la pratique des activités économiques diverses, et aussi pour la construction d'un bâti provisoire ou durable. C'est d'ailleurs pour cette raison que, les terres dans le premier arrondissement de la ville de N'Djaména deviennent très rares, très convoitées, et alimentent les conflits très violents entre les agriculteurs du part, et les éleveurs d'autre part. En outre, s'ensuit la croissance numérique des cheptels limite les espaces des pâturages et quelques fois mêmes envahissent les champs des agriculteurs. C'est aussi là, l'une des causes des conflits fonciers.

En plus, le changement climatique que traverse le Tchad a donc poussé les individus de zones moins fertiles vers les zones estimées fertiles à la recherche d'une meilleure condition de vie. C'est ainsi que certains groupes ethniques s'installeront progressivement, et définitivement dans le premier arrondissement de la ville de N'Djaména pour la pratique de la culture irriguée. ZOUGOULOU note d'ailleurs que, le phénomène drastique du changement climatique qu'a connu le pays a obligé certains acteurs à une « migration sans merci vers les zones estimées fertiles et favorables pour les diverses activités ».

5. Les enjeux environnementaux

Les enjeux environnementaux trouvent pour la plupart leur fondement dans la dégradation sans cesse de l'écosystème par les acteurs dans le cadre de leurs activités économiques diverses et pour l'habitation. Ces acteurs en pratiquant d'une manière exagérée leurs activités économiques causent la destruction de l'environnement et d'autre part limitent les espaces de terres utiles pour tous travaux nécessaires. C'est dans ce sens qu'il semble que la gestion non efficiente des ressources naturelles peut entraîner des énormes conséquences liées à l'accès à la terre dans le milieu urbain Tchadien. De même, le premier arrondissement de la ville de N'Djaména a perdu la grande partie de sa couverture végétale dans le cadre des grandes réalisations des entreprises par l'Etat, et aussi par les particuliers pour des raisons diverses.

A cet effet, L'Etat gagnerait donc en mettant sur pied une commission de contrôle, et des surveillances des activités qui sont en rapport à la destruction de la flore, et aussi des espaces des terres pour les usages publics, à l'instar des carrières. C'est dans cette lancée que plusieurs ONG ont menées de recherche dans ce domaine afin de mettre en surface le

101 ELLA ELLA B.S. (2016). Quand le capitalisme cynégétique envahi la boucle de Dja : essaie à l'enracinement de l'écosociologie, Yaoundé, PUY, p.8

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problème lié à la gestion non efficiente des terres et les conséquences qu'elles engendra dans le long terme sur la vie des acteurs. C'est le cas par exemple de LANDCAM qui estime que la question du développement durable doit être la moelle épinière de toutes les réflexions scientifiques sur les thématiques foncières. Aussi, ce comité ajoute que pour une gestion sérieuse des terres, il faut intégrer les réalités environnementales existantes et déboucher sur une gestion participative des terres. L'exemple de l'Est Cameroun a été mis en surface à cet effet.

De même, ELLA estime que, « les acteurs braconniers au tour de la boucle de Dja entretiennent des stratégies spéculatives qui contribuent à la dégradation sans cesse de l'écosystème ». Ces stratégies selon ELLA « n'affectent pas seulement la faune, mais aussi la flore qui semble être détruite par les braconniers ».101

6. Les enjeux épistémologiques

Dans le premier arrondissement de la ville de N'Djaména, les acteurs interviewés estiment qu'ils n'existent pas concrètement des mesures d'accompagnement entreprises par le gouvernement tchadien. Ils notent aussi que, le document qu'élabore le gouvernement tchadien sur le domaine foncier sont juste des textes vides de sens. 62 après les indépendances du Tchad, les lois adoptées par le gouvernement n'ont pas été révisées dans le contexte tchadien.

Aussi, Selon certains habitant, « les différents dirigeants » quelques fois pour des raisons de conservation de leurs intérêts particuliers « modèlent » les textes sur le foncier à leurs faveurs laissant ainsi de côté les travaux aidant à la construction d'une paix durable. Les chercheurs n'ayant aucun pouvoir décisionnaires apportent un aperçu lumineux par leurs travaux aux différents problèmes auxquelles les acteurs sont confrontés. Or, il existe plusieurs documents sur la gestion foncière. Malheureusement, les avis ou contributions des chercheurs ne sont pas pris en compte par les décideurs publics.

En outre, les chefs d'Etats africains en épousant les « idéaux » de leurs « maîtres » semblent mettre de côté les productions existant sur le foncier et aussi les réalités locales qui ne cadrent pas avec les manières d'occupation et/ou de la maîtrise des écrits sur le foncier. A cet effet, les connaissances scientifiques sur les litiges fonciers dans ce contexte ne serviront pas à grande chose dans la mesure où, les chefs d'Etats ont épousés les propositions qui leurs

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ont été faites par soit les bailleurs de fond, soit les grandes puissantes colonisatrices. C'est ainsi que plusieurs individus, voire les chefs traditionnels dit de n'avoir pas une grande connaissance des textes ou les écrits sur le foncier. Ces productions n'auront pas une grande incidence sur les décisions entreprises par les chefs locaux en ce sens que le choix et décision découlent du choix politique et économique.102

En plus, les difficultés pour les chercheurs africains et les chefs d'Etats d'avoir des textes unanimes sur la politique foncière semblent poser un sérieux problème en ce sens que chacun cherche à appliquer les textes qu'il considère comme bonne et aussi, veut prouver aux autres de quoi il est capable. Dans cette situation, il sera très difficile d'envisager des perspectives durables pour la gestion ou la résolution efficiente des litiges fonciers. Ces faits énumérés sont ce que certains chercheurs qualifient du « référence précolonial » où le poids de la colonisation pèse durablement sur la manière de penser des individus dans les sociétés africaines contemporaines.103

7. Les enjeux économiques

Le foncier dans les sociétés paysannes africaines est considéré comme une mamelle nourricière. C'est ainsi que toutes les activités économiques reposaient sur lui. Les acteurs locaux pratiquent l'agriculture, l'élevage, le commerce, la pêche, la chasse. La terre dans ces sociétés ne fait pas objet d'une monétarisation. Elle se prête, se legs et s'obtient par gage. Cependant, après l'avènement du capitalisme marchand dans les sociétés paysannes africaines, ces valeurs anciennes disparaîtront peu à peu cédant ainsi la place à la vente plus ou moins formelle des terres. Les terres autrefois léguées par les acteurs aux autres feront désormais l'objet des conflits. Au vu de la raréfaction, les terres deviennent très convoitées pour diverses raisons. 104Les dirigeants africains d'autrefois ont donc procédés à une phase intensive de vente des terres aux investisseurs internationaux pour les cultures de rente. Cette situation est plus illustrée par ELA.105La terre ici n'est pas seulement dans sa conception ancienne comme un « grenier », « mamelle nourricière », mais prend une autre dimension qui est économique. Désormais, chacun cherche à tirer le profit de la terre. C'est dans cette lancée que, les élites locales (gouverneurs ; préfets ; sous-préfets ; enseignants, etc.) se mettrons dans une vaste campagne d'achats des terres pour les grandes plantations. L'exemple du Sud

102 CHAUVEAU J.-P. et al. Idem, p.21

103 CHAUVEAU J.-P. et al. Ibidem, p.21

104 CHAUVEAU J.-P. et al. Idem, p.26

105 ELA J-M.

-(1982).Afrique des villages, Paris, Karthala ;

-(1980).Quand l'Etat pénètre en brousse...les ripostes paysannes à la crise, Paris, Karthala ;

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Cameroun démontre à suffisance. En effet, la visée économique de la terre est le propre des sociétés occidentales qui font le calcul « géométrique » de l'espace de terre pour espérer en tirer un gain.

8. Les enjeux sociaux

La terre dans le passé au Tchad était la chose de la communauté tout entière, car on l'acquiert en appartenant forcément à un clan, une tribu, une famille. Ainsi, au lieu que l'individu s'individualise sur les terres, c'est la communauté tout entière qui s'affirme. C'est ainsi que c'est la communauté qui attribue la « personhood » et c'est par l'appartenance à un groupe ou une communauté qu'elle attribue à son tour cette « personhood » à l'individu qui tirera profit. Par contre, certaines personnes estiment que l'individu peut s'affirmer en tant qu'acteur sans la société, or l'individu est le produit de la société. La visée individualisme fait partis du projet du philosophe JOHN LOCKE selon laquelle l'homme s'investie dans la terre, mais ici c'est plutôt la communauté qui s'investie.106Néanmoins, il faut noter que les enfants exerçaient les métiers de leurs parents parce qu'ils ont durant un long processus de la socialisation appris les métiers de leurs parents pendant une dure expérience. La terre est ici, à leurs yeux « considérée comme une mamelle nourricière » dans la mesure où les individus tirent le fruit de leurs travaux grâce à elle et aussi les relations sociales autour d'elle sont régies par le respect de la tradition, des valeurs ancestrales qui, donnent le plein droit à un individu membre de cette communauté.107

Ainsi, cette même vision est partagée dans les sociétés traditionnelles africaines dans ce sens que, la terre appartient aux premiers occupants, c'est-à-dire, ceux-là qui l'ont mise en valeur soit par leurs activités champêtres, soit par les bâtis. Ils sont aussi les gardiens de la tradition et transmettent ces idéaux reçus de leurs ancêtres à leur progéniture pour la pérennisation de leur tradition. C'est dans cette optique que, au Tchad plus précisément dans le premier arrondissement de N'Djaména, la gestion de terre est familiale. Les individus pour la plupart passent leur temps en famille, et quelques années après, ils s'estiment prêt et cherchent une parcelle pour leurs enfants. C'est ainsi que, la famille dans les sociétés africaines jouent un rôle très capital dans le devenir d'un individu. Son économie et sa vie se fondent sur la famille. Dans la plupart des sociétés tchadiennes, après les parcelles de terres offertes aux enfants, leurs parents se dotent leurs femmes pour enfin les préparer à intégrer la vie active. La conversion de ces enfants dans d'autres secteurs d'activités s'est faite par le

106 GIANOLA, Op.cit; p.180

107 MENDRAS H. Op.cit, p.98

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biais de l'intuition du moderne dans ces sociétés qui, autrefois étaient des sociétés rurales, mais prise en plein fouet par l'urbanisation non contrôlée, deviennent de plus en plus des sociétés mixtes.

La monnaie a détruit en grande partie les liens parentaux entre les acteurs.108 L'individu est lié ici à sa société ou groupe par un lien de parenté, de sang, par une généalogie parentale laquelle le situe dans sa société. Son statut social dépend aussi fortement de l'étroit respect de la tradition. C'est à partir de ce moment que l'individu peut prétendre à une parcelle de terre. La terre se transmet d'une génération à une autre selon les sociétés dans lesquelles se trouvent les acteurs. L'argent n'a pas une grande influence dans ces sociétés en ce sens que les terres ne sont pas vues comme une entreprise pouvant générer de revenues matérielles, mais en tant que « grenier »109

En d'autres termes, la terre dans les sociétés traditionnelles africaines est indissociable de l'individu qui la détient. L'individu est fortement lié par un lien de sacralité, car il assure un continuum qui varie entre le rapport d'inséparabilité (la personne, individu ou groupe étant indissociable de la terre avec laquelle il est lié) et un rapport de séparabilité (à savoir la terre est complétement séparable de la personne en raison de sa valeur purement économique. C'est ainsi qu'au départ dans les sociétés africaines la terre été considérée comme communautarisée, parentalisée, voire même personnalisée, c'est-à-dire qu'elle est inséparable du groupe ou de l'individu auquel elle est associée. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'on pense que l'homme n'est pas dissociable de la terre.110 C'est dans ce sens que GIANOLA estime que, « dans les sociétés africaines la terre ne doit pas être aliénée dans ce sens qu'elle est la propriété de la communauté et c'est cette communauté qui investit les acteurs dans cette dernière ». La « personhood » dépend à cet effet fortement de la communauté qui constitue la base de toute société traditionnelle africaine.

L'individu n'est pas pris ici dans la singularité comme le cas dans les sociétés occidentales, mais il est pris ici comme un élément de la société qui l'a investie dans la « personhood ». Cette logique s'éloigne de celle faite par LOCKE qui estime que, c'est plutôt l'individu qui s'investie sur la terre en fonction de ces intérêts. Or, dans ces sociétés, les individus acquièrent la terre par héritage et ne font que « jouir » du « fruit de la terre ». Ils tirent juste les produits de la terre en ce sens qu'elle est inaliénable. Les ancêtres défendent

108 GIANOLA, Ídem, p.46 109GIANOLA ibídem, p.46 110 GIANOLA, ibidem, p.47

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donc à tout acteur la transgression de ces idéaux et valeurs autour de la terre. C'est dans cette lancée que Le Roy pense que « la terre n'est pas seulement une chose anonyme interchangeable. C'est non seulement une richesse, mais parfois une personne (au sens traditionnel) que l'on fait parler (à la manière d'un mort ».111

A cet effet, la communauté ne se réfère pas seulement aux êtres humains en tant que membres de leurs sociétés, mais aussi à la terre qui est un élément incontournable dans le processus de la transmission des valeurs culturelles d'une communauté ou d'un clan. Donc, la communauté interdit les acteurs d'aliéner la terre car la terre et la personne dans ces sociétés ne se dissocient pas clairement. Ainsi, à travers les diverses relations que les individus entretiennent avec la terre, elle leur assure une sécurité fondamentale de la vie et de l'existence perpétuelle de ses détenteurs (à savoir le clan, le village, l'ethnie et même l'individu). Aussi, la terre constitue selon les africains un patrimoine culturel qui les aide à définir l'image partagée qui favorise la formation d'un clan ou d'une communauté.112 Néanmoins, la marchandisation de la terre dans certaines sociétés africaines marque une nouvelle ère où les enjeux sont perçus sous leur seul angle économique. La vision traditionnelle africaine n'intègre pas la terre comme un « bien » commercialisable.113

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