WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les boulamat et les conflits fonciers en milieu urbain tchadien: cas du premier arrondissement de la ville de N'Djaména


par Lawane LOGAM
Université de Yaoundé 1 - Master en sociologie 2022
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

III. LES STRATEGIES DEVELOPPEES PAR LES ACTEURS DANS LE

PREMIER ARRONDISSEMENT DE LA VILLE DE N'DJAMENA

Les individus pour mieux sécuriser leurs terres développent des stratégies plus ou moins formelles. Ces stratégies dépendent des enjeux auxquels sont liées les terres disputées pour des diverses activités économiques et/ou pour l'habitation. Généralement, les stratégies non durable sont entreprises par ces acteurs, mais aussi l'influence politiques et symbolique bat son plein fouet dans le processus de domination et d'intimidation.

1. Les stratégies des chefs gérants (Boulamat)

Le gouvernement tchadien dans sa politique de la décentralisation de la gestion foncière reconnait les Boulamat comme ses auxiliaires dans les transactions foncières. Cette volonté de l'Etat s'appuie sur une reconnaissance du foncier coutumier d'une manière formelle par les institutions étatiques existantes. Néanmoins, les Boulamat entretiennent de transactions foncières très complexes et contradictoires dans la pratique. Cette reconnaissance

50

du droit coutumier sur la question foncière au Tchad investie les Boulamat de deux attributions mêlées l'une à l'autre : sur le plan administratif (Ils sont reconnus par la loi comme auxiliaire de l'Etat) et aussi sur le plan traditionnel (ils sont investis par les traditions et coutumes locales existantes). Ces deux aspects du pouvoir reconnus et détenues par les Boulamat se réfèrent aux types d'autorités décrites par WEBER.

2. Sur le plan traditionnel

Les Boulamat arbitrent les litiges qui surviennent dans leurs circonscriptions et le plus souvent débouchent sur les résolutions à la muable des litiges rencontrés qu'ils soient fonciers ou non. Ils appellent aussi souvent les différents autres chefs traditionnels pour davantage faire asseoir son autorité d'une manière durable. Les chefs des races l'aident dans la gestion de son pouvoir en assurant l'intermédiaire entre lui(Boulamat) et les communautés concernées par les litiges. Après son décès, le premier né de ses enfants le succède.

3. Sur le plan administratif

Les autorités tchadiennes des années 60 à nos jours se sont rythmées à une administration duale, le `'bicéphalisme» en le rendant formel par les textes juridiques et aussi, en montrant clairement le statut à l'attribution de ladite chefferie.85 Ainsi, le Boulamat reconnue comme auxiliaire de l'Etat auprès des autres individus est investi du pouvoir traditionnel qui le permet de gérer les biens en rapport au foncier. Toutefois, il se livre en « véritable contrebandier » de la terre en morcelant les terres des particuliers et aussi, en vendant une seule parcelle à plusieurs individus comme le cas du Congo avec la spéculation des chefs gérants. Par ailleurs, le Boulamat en tant qu'auxiliaire de l'Etat entretient des relations très étroites avec les démembrements de l'administration gérant le foncier.

4. Les colonisateurs

Les colonisateurs font partis des principaux acteurs intervenant dans la gestion des terres dans le premier arrondissement de la ville de N'Djaména. Ils occupent de très grandes parcelles de terre dans les milieux urbains tchadiens. Ils peuvent être considérer comme l'un des principaux acteurs dans la mesure où, ils ont le système traditionnel de gestion des terres en introduisant dans les socio-cultures existantes une nouvelle logique qui est celle de

85 NDJAFA O. (2001). Cité par MAHAMAT A.B. (2013). In « Extension urbaine et problèmes fonciers dans les quartiers périphériques de la ville de N'Djaména : le cas du quartier Toukra ; Mémoire du master en géographie, Université de Maroua, p.72

51

« propriété privée ». Cette manière de voir a entraîné une profonde dynamique dans les sociétés existantes.86 C'est ce qui fait dire M. COQUERY que :

les Européens usurpent les droits traditionnels d'attribution de l'usage du sol. Ils s'approprient au sens occidental du terme, des fractions d'espace qui, en milieu urbain peuvent être modestes au départ, mais ce faisant, ils enclenchent un processus irréversible et posent désormais comme fondamental le problème de la spéculation foncière. 87

A cet effet, le foncier dans le premier arrondissement de la ville de N'Djaména est en partage entre les différents acteurs. Aussi, après l'indépendance du Tchad le 11 août 1960, les grandes firmes occidentales à vocation capitalistes se sont mises à l'assaut pour l'acquisition des espaces des terres à des fins économiques.88 C'est ainsi que, le premier arrondissement est à la fois une industrielle du fait de l'existence de plusieurs industries lourdes, notamment les Brasseries du Tchad(BDT), les Compagnies Sucrières du Tchad(CST), le Grand Moulin du Tchad(GMT), les abattoirs frigorifiques de Farcha, etc. qui, créées au départ dans l'optique de satisfaire les besoins des occidentaux. De nos jours, les Brasseries du Tchad demeurent toujours leur propriété.

précédent sommaire suivant






La Quadrature du Net

Ligue des droits de l'homme