III. LES STRATEGIES DEVELOPPEES PAR LES ACTEURS DANS LE
PREMIER ARRONDISSEMENT DE LA VILLE DE
N'DJAMENA
Les individus pour mieux sécuriser leurs terres
développent des stratégies plus ou moins formelles. Ces
stratégies dépendent des enjeux auxquels sont liées les
terres disputées pour des diverses activités économiques
et/ou pour l'habitation. Généralement, les stratégies non
durable sont entreprises par ces acteurs, mais aussi l'influence politiques et
symbolique bat son plein fouet dans le processus de domination et
d'intimidation.
1. Les stratégies des chefs gérants
(Boulamat)
Le gouvernement tchadien dans sa politique de la
décentralisation de la gestion foncière reconnait les Boulamat
comme ses auxiliaires dans les transactions foncières. Cette
volonté de l'Etat s'appuie sur une reconnaissance du foncier coutumier
d'une manière formelle par les institutions étatiques existantes.
Néanmoins, les Boulamat entretiennent de transactions foncières
très complexes et contradictoires dans la pratique. Cette
reconnaissance
50
du droit coutumier sur la question foncière au Tchad
investie les Boulamat de deux attributions mêlées l'une à
l'autre : sur le plan administratif (Ils sont reconnus par la loi comme
auxiliaire de l'Etat) et aussi sur le plan traditionnel (ils sont investis par
les traditions et coutumes locales existantes). Ces deux aspects du pouvoir
reconnus et détenues par les Boulamat se réfèrent aux
types d'autorités décrites par WEBER.
2. Sur le plan traditionnel
Les Boulamat arbitrent les litiges qui surviennent dans leurs
circonscriptions et le plus souvent débouchent sur les
résolutions à la muable des litiges rencontrés qu'ils
soient fonciers ou non. Ils appellent aussi souvent les différents
autres chefs traditionnels pour davantage faire asseoir son autorité
d'une manière durable. Les chefs des races l'aident dans la gestion de
son pouvoir en assurant l'intermédiaire entre lui(Boulamat) et les
communautés concernées par les litiges. Après son
décès, le premier né de ses enfants le succède.
3. Sur le plan administratif
Les autorités tchadiennes des années 60
à nos jours se sont rythmées à une administration duale,
le `'bicéphalisme» en le rendant formel par les textes juridiques
et aussi, en montrant clairement le statut à l'attribution de ladite
chefferie.85 Ainsi, le Boulamat reconnue comme auxiliaire de l'Etat
auprès des autres individus est investi du pouvoir traditionnel qui le
permet de gérer les biens en rapport au foncier. Toutefois, il se livre
en « véritable contrebandier » de la terre en
morcelant les terres des particuliers et aussi, en vendant une seule parcelle
à plusieurs individus comme le cas du Congo avec la spéculation
des chefs gérants. Par ailleurs, le Boulamat en tant qu'auxiliaire de
l'Etat entretient des relations très étroites avec les
démembrements de l'administration gérant le foncier.
4. Les colonisateurs
Les colonisateurs font partis des principaux acteurs
intervenant dans la gestion des terres dans le premier arrondissement de la
ville de N'Djaména. Ils occupent de très grandes parcelles de
terre dans les milieux urbains tchadiens. Ils peuvent être
considérer comme l'un des principaux acteurs dans la mesure où,
ils ont le système traditionnel de gestion des terres en introduisant
dans les socio-cultures existantes une nouvelle logique qui est celle de
85 NDJAFA O. (2001). Cité par MAHAMAT A.B.
(2013). In « Extension urbaine et problèmes fonciers dans
les quartiers périphériques de la ville de N'Djaména : le
cas du quartier Toukra ; Mémoire du master en géographie,
Université de Maroua, p.72
51
« propriété privée ».
Cette manière de voir a entraîné une profonde dynamique
dans les sociétés existantes.86 C'est ce qui fait dire
M. COQUERY que :
les Européens usurpent les droits traditionnels
d'attribution de l'usage du sol. Ils s'approprient au sens occidental du terme,
des fractions d'espace qui, en milieu urbain peuvent être modestes au
départ, mais ce faisant, ils enclenchent un processus
irréversible et posent désormais comme fondamental le
problème de la spéculation foncière. 87
A cet effet, le foncier dans le premier arrondissement de la
ville de N'Djaména est en partage entre les différents acteurs.
Aussi, après l'indépendance du Tchad le 11 août 1960, les
grandes firmes occidentales à vocation capitalistes se sont mises
à l'assaut pour l'acquisition des espaces des terres à des fins
économiques.88 C'est ainsi que, le premier arrondissement est
à la fois une industrielle du fait de l'existence de plusieurs
industries lourdes, notamment les Brasseries du Tchad(BDT), les Compagnies
Sucrières du Tchad(CST), le Grand Moulin du Tchad(GMT), les abattoirs
frigorifiques de Farcha, etc. qui, créées au départ dans
l'optique de satisfaire les besoins des occidentaux. De nos jours, les
Brasseries du Tchad demeurent toujours leur propriété.
|