Chapitre III : La Prostitution : un
état de contrainte
Généralement à Tiléne dans le bar
de « Dapokine », presque la totalité des personnes
qui se prostituent font ce travail non pas librement par choix mais
plutôt par contrainte. Les personnes se prostituent la plupart du temps
par contrainte. Ainsi, dans ce contexte la notion de
« contrainte » renvoie à une situation à
laquelle les prostituent sont financièrement confrontées.
Beaucoup de personnes se prostituent parce qu'elles n'ont pas les moyens pour
satisfaire leurs besoins matériels, alimentaires etc.Quand on se trouve
dans le besoin et les moyens nous font défaut, le choix va
également faire défaut. Nombreuses sont devenues des
prostituées parce que le fait qu'elles sont des soutiens de famille,
leur famille compte sur elles. Du coup ce poids de responsabilité
qu'elles endossent les obligent à vendre leurs corps pour venir en
appuie à leurs familles.Voici quelques témoignages
effectués au cours de mes entretiens :
« Mon père n'a jamais été
là quand on a besoin de lui, il vit actuellement avec sa deuxième
femme et depuis qu'il a divorcé avec ma mère, il ne
s'inquiète plus de nous, il nous a abandonné et
délaissé. Je suis l'ainée de ma famille et je ne pouvais
pas laisser cette situation continuer comme ça. C'est la principale
raison qui fait que je suis devenue prostituée » Naba
DIAWARAguinéenne.
« Ma mère était gravement malade, je
n'avais pas d'argent et je n'ai personne pour lui acheter ses
médicaments. Mon petit frère également ne pouvais pas
aller à l'école par manque de moyen financier et j'étais
totalement impuissante face à cette situation, J'avais du mal à
digérer cela et c'est ainsi que je suis devenu
prostituée » Salemata KOUYATÉ malienne.
La contrainte est généralement le facteur x qui
pousse les gens à se prostituer rien que pour subvenir à leurs
besoins et ceux de leurs familles. Ces personnes sont des soutiens de
familles, elles ne voient pas le mal qui entoure ce travail. Se trouvant dans
un état de contrainte, ceux qui leurs importent c'est seulement de
soutenir leur entourage familialet d'améliorer leurs conditions de vie.
Nous vivons actuellement dans un monde où le fait de manger, de
s'habiller, de se soigner n'est pas gratuit. Et si la personne n'est pas en
mesure de se procurer tout cela, la prostitution pourrait présentement
être à la fois une contrainte mais à la fois un moyen qui
va lui permettre également d'avoir la satisfaction de s'acquitter de ses
besoins et rendre meilleure sa situation financière et celle de sa
famille.
Chapitre IV : Le milieu
urbain comme l'emplacement idéal de la prostitution
Le milieu urbain symbolise la ville. Comparé au milieu
rural, la ville est un espace et un environnement social qui accueille le plus
de personnes. Dans le milieu urbain, les activités sont plus en vue. Il
est également un espace où les personnes qui y vivent sont plus
autonomes c'est-à-dire personne ne se soucie de personne chacun vaque
à ses occupations. Et en plus de cela,la ville incarne la
liberté, elle ne prime pas sur l'individu. Sur le plan
économique, la ville est le carrefour de plusieurs activités
notamment celle de la prostitution car il y'a beaucoup de bars, de dancing,
d'hôtels de restaurants pour accueillir des prostituées. Les
normes et les règles du milieu urbain sont moins coercitives que celles
appliquées dans la campagne, la pression sociale est moins imposante.
Donc la ville représente plus d'avantages que la campagne.
Photo : Centre ville de
Ziguinchor
Toutes ces raisons montrent que le milieu urbain est l'endroit
idéal pour se prostituer. Socialementelles sont moins scruter. Les gens
sont toujours occupés à travailler plutôt que de juger
telle ou telle personne. Les interactions entre les individus sont très
fréquentes. Économiquement, les prostituées gagnent
beaucoup plus d'argent en ville car il y'a un nombre de population très
importante mais la ville représente également le socle de
l'économie à Ziguinchor.
« J'ai choisi deme prostituer en ville parce que je
trouve que c'est plus favorable pour moi. Ici les gens ne me connaissent pas,
ils ne s'intéressent pas trop à moi et financièrement je
gagne beaucoup d'argent, je prends également soin de ma
famille » Delphine PERREIRA Bissau-guinéenne.
« Je faisais de la prostitution dans une campagne du
Nigéria mais je gagnais pas beaucoup d'argent mais depuis que je suis
venu au Sénégal précisément à Ziguinchor
dans le quartier de Tiléne, maintenant je satisfais mes besoins sans
problème » Monopia NGUNOU.
Dans le quartier de Tiléne, les prostituées
parviennent à gagner leur vie car dans cette quartier on note une
population très nombreuse mais également il y'a des dancings et
des maisons de plaisir comme le bar
de « Dapokine ».
Photo 2 : Bar de
« Dapokine » de Tiléne à Ziguinchor
Chapitre v : La
prostitution un travail désapprouvé par la
société« Tilénoise »
Visiblement comme dans toute société, la
prostitution n'est pas un travail noble comme les autres. Dans le quartier de
Tiléne, ce travail est perçu d'un mauvais oeil. Même si
dans le milieu urbain personne ne se soucie de personne cependant les
réalités du quartier de Tiléne sont un peu
différentes des autres espaces urbains. Majoritairement peuplés
par les mancagnes et les ndiagos, Tiléne protège
sévèrement ses valeurs. Pour les habitants de Tiléne, la
prostitution est un métier dangereux qui gangrène les traditions
et les valeurs humaines. Elle peut même influer sur le comportement de la
société.Pour eux, les prostituées doivent être mises
à l'écart de la société car elles salissent sa
réputation. Elles ne méritent pas de vivre avec la
société, elles ne connaissent pas le sens de l'honneur mais
plutôt le sens du déshonneur. Elles ne sont pas des personnes
normales, elles sont considérées comme des personnes
dépourvues d'humanité. Ils qualifient la prostitution comme le
métier de la honte et de la pitié.
D'après le témoignage d'un habitant de
Tiléne : « la prostitution est un travail vraiment
indigne à l'Homme. Même si la personne à des
problèmes financiers, elle ne doit pas entacher sa dignité car
elle est sacrée ». Théodore MENDY habitant de
Tiléne.
Toutefois, connaissons-nousréellement ces personnes
prostituées avant de les juger ?
La majeur partie des prostituées ne sont pas
originaires des terres sénégalaises. Sur les quatre personnes que
nous avons interviewé, les trois (03) sont des étrangères
et une (01) seule est sénégalaise. Cela signifie que la plupart
des prostituées ne veulent pas montrer leur vraie identitéchez
eux. Elles préfèrent aller ailleurs là où personne
ne leur connaisse pour se prostituer.
Par ailleurs, les prostituées sont conscientes des
représentations sociales que les habitants de Tiléneont sur
elles, mais selon ces prostituées, ces habitants n'ont aucune
idée de la situation dont elles vivent. Ils les jugent sans vraiment
comprendre leur but.Elles ne veulent qu'aider leurs familles le plus rapidement
possible. Avant de stigmatiser une personne, il faut essayer de la comprendre
ou essayer de se mettre à sa place. Les prostituées sont
marginalisées justement à cause de l'étiquette ou du
regard que la société porte sur elles. Or, elles sont des
personnes normales comme nous, elles sont issues d'une famille comme et elles
doivent être respectées comme nous. Le fait de se prostituer n'est
pas une crime donc pourquoi les rendre inférieures par rapport à
nous. En aucun cas nous ne devrons les sous-estimer ou les stigmatiser. Ces
attitudes pourraient être discriminatoires et inhumaines. La prostitution
est un travail comme les autres donc la société doit apprendre
à respecter le sien.
Ces propos sont justifiés à partir des
témoignages suivants : « Quand je me prostitue, j'ai du
mal à m'afficher publiquement car je me sens mal regardé par les
habitants. Lorsque voit que je me prostitue, ils vont certainement me
blâmer et me considérer comme une mauvaise personne et ça
me rend vraiment incommodé » Nathalie GOMIS,
sénégalaise.
« Je me sens vraiment écartée de la
société car souvent j'entends les gens disent que nous les
prostituées nous sommes des paresseuses, nous sommes des
détracteurs de la société ; or, ces gens ne
connaissent même pas que c'est moien personne qui subviens aux besoins de
ma famille » Elvire KALINDA nigérienne.
« Parfois j'ai envie de me retirer dans cette vie de
merde, je n'ai même pas de vie car on ne me respecte pas, je n'ai aucun
crédit envers la société. La seule chose qui me retient
est le fait que dans notre famille tout le monde compte sur moi ».
Woury DIALLO, guinéenne.
Recommandation
La prostitution demeure toujours un travail qui recouvre
d'innombrables dangers, de risques et de maladies. Nous ne conseillons à
personne d'exercer ce genre de travail car l'individu vend son corps mais elle
se fait également violence pour subvenir à ses besoins.
Cependant, je pense que ces TDS ( Travailleurs Du Sexe) ne méritent pas
d'être abandonné par la société. Elles ne doivent
être stigmatisées car une telle discrimination risque de les
rendre inférieures par rapport aux autres membres de la
société. Malgré que leur travail est
dévalorisé mais elles restent toujours des soutiens de famille.
Nous ne cherchons pas à les défendre ou à prendre leur
part mais avant de les juger, il faut essayer d'abord de comprendre leur
situation familiale ou financière.
Personnellement, je suggère que l'Etat et les
mouvements de luttes contre la stigmatisation mettent en avant une politique
anti-discriminatoire pour permettre aux personnes qui vivent sous l'emprise des
préjugés de la société, de ne pas se sentir
inférieures. Les gens qui disent du n'importe quoi sur les personnes
victimes de stigmatisation méritent d'être lourdement
sanctionnés..
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