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La communication organisationnelle et le christianisme émergent dans le cas de "Mà¡s Vida Cdmx, Mexique"


par Toufik Chaibat
Université de Bordeaux-Montaigne - Master 2 Religions et Sociétés 2022
  

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1.1.3 ÉTUDES SUR LE PROTESTANTISME ET LA COMMUNICATION ORGANISATIONNELLE

L'un des travaux qui m'ont beaucoup intéressé et que j'ai trouvé très pertinent pour l'analyse de la situation actuelle de l'étude de la communication organisationnelle est le texte « La comunicación organizacional en México. Enfoques, diseños y problemas en su desarrollo», écrit par León Duarte (2006). Ce texte définit les tendances actuelles et les antécédents des contributions universitaires à ce domaine académique. L'auteur s'est concentré sur l'analyse de la situation actuelle des espaces de base de la communication organisationnelle dans ce pays latinoaméricain, en commençant par les types, les conceptions, les problèmes et les changements dans le domaine. León Duarte met en analyse une compilation d'approches des types, des conceptions, des problèmes et des changements de la communication organisationnelle en Amérique latine et plus précisément au Mexique.

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La vision du travail de León Duarte est centrée sur l'entreprise/pratique et non sur la recherche académique, quand bien même, dans sa compilation historique, il fait référence à divers aspects de nature théorique. Je me permets donc de présenter ici un bref compte-rendu de l'oeuvre de León Duarte.

En voulant compiler le contexte théorico-académique de la communication organisationnelle, León débute par citer Niklas Luhmann (1976 : 17-32) et sa définition de la structure des organisations qui, dans sa compréhension, se présente comme une composante du système social caractérisée par divers éléments dont il souligne les points suivants :

a) L'union de la motivation et la spécificité des comportements caractéristiques de l'époque contemporaine, qui se sont développés depuis la révolution industrielle ;

b) L'augmentation de la complexité de la société ;

c) La demande croissante de produits et la monétarisation de l'économie.

Selon Niklas Luhmann, étant donné que « le système organisationnel fonctionne avec l'offre d'un certain salaire en échange d'un travail spécialisé, il est effectivement possible de créer, de planifier et de recréer des organisations. » (Niklas Luhmann, 1997). La position de Niklas Luhmann est, il faut le souligner, un point de vue qui ne fait pas l'unanimité parmi les écoles de management et de communication organisationnelle.

À l'opposé du point de vue de Luhmann, dans son étude des organisations bureaucratiques, Max Weber (1947) met en relation ces organisations avec la rationalisation et la sécularisation de la société occidentale. Même dans ce type d'organisation, normalement désapprouvé puisque vu comme bureaucratique, Max Weber voit le contrôle hiérarchique, la formalisation écrite, la définition du travail et des responsabilités comme des points positifs. Ceux-ci, dénotés par Max Weber, sont les bases d'une compréhension plus profonde de l'organisation et de ce que Léon Duarte appelle « l'approche traditionaliste ». Du point de vue de cette approche traditionaliste, il s'agit de l'élaboration de règles, de processus écrits et de formalisation spécialisée des tâches et des fonctions.

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Revenant à Léon Duarte, nous comprenons que « dans les années 1990, l'efficacité organisationnelle était fonction de la cohérence interne entre les paramètres de conception et leur conjugaison avec des facteurs contingents » (León Duarte, 2006). L'auteur explique que par « paramètres de conception, il entend la formalisation, le système de planification, la spécialisation du travail, entre autres. Dans le cas des facteurs contingents, il fait référence à des questions telles que le système technique, le pouvoir, entre autres. » (León Duarte, 2006).

Il me semble que l'argument de León Duarte a du sens quand il est comparé aux institutions religieuses, puisque, certaines églises, disposant d'un meilleur paramètre de conception, sont plus préparées que celles qui réalisent des activités de type amateur ou sans chercher à avoir un travail spécialisé.

Sur la communication organisationnelle et son étude au Mexique, Léon Duarte observe un consensus académique et commercial qui repose sur une nouvelle valorisation au niveau social des entreprises publiques et privées et de leurs rôles dans la société mexicaine. En vue d'élaborer un diagnostic contextuel de la situation de la communication organisationnelle au Mexique, Léon tente de définir les espaces et les hypothèses de base dans lesquels se trouvent les organisations privées et sociales mexicaines. En même temps, il tente de définir aussi le modèle traditionnel qui prévaut dans les structures organisationnelles bureaucratiques du pays.

Pour Léon Duarte, le grand défi pour les universitaires ainsi que pour les chercheurs et les praticiens de la communication organisationnelle au Mexique est de « ne pas se contenter de ces ambiguïtés s'ils veulent contribuer à améliorer le fonctionnement des organisations dans les différents secteurs productifs » (Léon Duarte, 2006). En parlant d'ambiguïtés, il fait référence à la compréhension du binôme organisation/communication qui est souvent simplifié dans les études techniques de la communication. L'autre extrême de cette simplification consiste à traiter la communication comme un phénomène psychologique/théorique sans contact avec l'organisation. L'organisation et la communication doivent faire l'objet d'une réflexion spécifique mais aussi d'un ensemble montrant leur lien et leur relation d'interdépendance. (Léon Duarte, 2006)

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Toujours selon León Duarte (2006), il existait historiquement trois types de communication organisationnelle au Mexique jusqu'au moment de sa recherche :

a) La communication interne (c'est là que le message circule dans les directions suivantes : verticale vers le bas, verticale vers le haut et horizontale) ;

b) La communication externe (c'est celle des entreprises privées/publiques) ;

c) La communication commerciale (dont le but est d'informer les utilisateurs ou les clients potentiels des caractéristiques de l'organisation, de ses produits ou des services qu'elle vend).

Ce constat fait rejaillir une question concernant cette recherche : comment cette division des types de communication organisationnelle fonctionnerait-elle dans le cas des organisations religieuses ?

La communication interne de l'église serait orientée vers la coexistence des membres, leurs activités, les ateliers, la formation et l'expérience de leur religiosité en communauté. Quant à la communication externe de l'église, elle serait orientée vers la recherche de nouveaux adeptes, le prosélytisme et l'établissement d'une image publique et d'une réputation dans la société.

Mais aujourd'hui, nous ne parlons plus d'une division nette, tout comme l'avance León Duarte (2006). La communication organisationnelle peut désormais être comprise à travers trois axes continus et interdépendants dont l'un ne vaut que par l'autre : la marque, l'identité et la productivité.

Par marque, j'entends, comme le précise Pete Laver, une réputation présente sur un marché donné qui possède une identité unique, cette identité étant à l'origine de la marque elle-même. La marque est exprimée dans une image de l'organisation à travers la perception des consommateurs et qui fournit une valeur compétitive au produit de l'organisation sur le marché (Laver, 2005 :17).

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Les trois axes sont intrinsèquement liés et contribuent à ce que des domaines spécifiques de l'organisation travaillent en même temps, en termes de communication organisationnelle, pour tous les domaines de l'organisation.

L'identité est fondamentale pour provoquer l'identification avec les publics. La productivité, quant à elle, fait référence au fait que cette organisation fournit un certain produit qui génère du profit ou de la rentabilité en fonction de ses objectifs.

Ce qui était autrefois divisé en communication interne, externe et commerciale peut maintenant être mieux compris à partir de cette vision d'une communication organisationnelle moins rigide, plus fluide et flexible, avec des axes qui se connectent et contribuent ensemble à ce qui était autrefois des secteurs séparés de communication interne, externe et commerciale.

Les travaux de Federico Martínez-Creixell « Les systèmes de signification comme facteurs de qualité du dialogue dans la communication interculturelle. Négociations entre entrepreneurs mexicains et américains dans le secteur du tourisme à Los Cabos B.C.S. » rassemble des informations sur l'état de l'art de la communication organisationnelle d'un point de vue plus lié aux questions commerciales et moins communicatif, à mon avis.

Néanmoins, un aspect intéressant et très précieux des travaux de Federico Martínez-Creixell est son analyse de la dimension communicative de la culture comme « un ensemble de systèmes partagés de symboles, de signes, d'emblèmes et de signaux » qui permettent un accord social au sein d'un groupe (Giménez, 2007). En utilisant cet argument, Federico Martínez-Creixell relie en fait le contexte dans lequel deux cultures ayant des significations différentes utilisent la communication pour reconnaître leurs différences d'intérêt. Dans cette étude, il s'agit du domaine des affaires pour la prise de décision.

Autrement dit, Federico Martínez-Creixell parle de la culture d'une église qui s'aligne à celle des personnes qui assistent à ses réunions, ce qui se produit par le biais de la communication organisationnelle, reliant ainsi la culture de l'église à celle des individus. En affirmant cette compréhension du phénomène, je m'aligne sur les points de vue de Miquel Rodrigo Alsina

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(Rodrigo, 1999) et de Néstor García Canclini (García Canclini, 2004) qui ont appelé ce type de relation culture-identité « la communication interculturelle ».

Ce qui doit se comprendre de la communication organisationnelle interculturelle, c'est que ce type de communication permet à l'église et aux individus d'atteindre l'interculturalité.

La pluralité et la multiréférentialité sont souvent écartées dans les discours - même de nature scientifique - quand il s'agit de religion et encore parfois de culture. L'interprétation des faits religieux par le réductionnisme conduit généralement à des dogmatismes et à des extrémismes qui peuvent s'avérer dangereux.

Pourtant, les conditions de production de la religion relèvent, entre autres, de la communication et donc de l'altérité dans un espace socioculturel. La logique d'appartenance ou de référence n'est pas le seul déterminant d'une religion, il y aussi une logique relationnelle qui serait à prendre en compte, puisqu'une religion n'existe pas en dehors des individus qui la portent et l'actualisent.

La démarche interculturelle est donc de plus en plus utilisée pour traiter des religions. Elle permet de reconnaître leur pluralité (comme pour les cultures), mais surtout leur dynamique et leurs interactions, en s'efforçant d'en rendre compte d'une manière objective.

En effet, il s'agit de montrer comment les interactions sont à même de concourir au respect et à l'enrichissement mutuel, afin de dépasser les rapports de domination et surtout de rejet. À cette fin, la démarche interculturelle, prise dans le contexte de la communication, surtout organisationnelle, permet une prise de distance, c'est-à-dire une décentration, mais aussi un questionnement réciproque de recherche de vérité dans la communication, afin de dépasser les visions ethnocentriques du monde.

Dans le cadre d'une communication interculturelle, ces deux dimensions correspondent à la nécessité d'une connaissance plurielle et l'expérience du « vivre ensemble » (Rey-von Allmen, 2004, p. 69). Il devient alors intéressant de questionner, non pas les dogmes ou les informations « objectives », mais les contextes d'émergence et les processus qui permettent

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de comprendre, non pas la religion, mais les conditions sociales, interculturelles et donc relationnelles qui les portent et les transforment (Abdallah-Pretceille, 2005).

La communication organisationnelle permet cette interculturalité à travers des processus de dialogue et de flux d'informations de l'institution vers les individus, partageant leur identité et leur réputation, reconnaissant l'utilisation et la place des dialogues dans les structures de socialisation. Ces structures sont considérées dans le travail de Federico Martínez-Creixell comme des structures de négociation.

Pour sa recherche, Federico Martínez-Creixell a considéré la proposition sur les cultures et les identités sociales de Gilberto Giménez (Giménez, 2007) et la compréhension de la culture dans les organisations d'Edgar Schein (Schein, 1999).

De son côté, Martinez aborde la communication ouverte/non ouverte en analysant la volonté d'un groupe d'entreprises d'exposer ses systèmes culturels dans les structures et opérations de négociation, ainsi que les stratégies qu'il utilise pour réussir.

La communication ouverte et non ouverte renvoie à une négociation identitaire dans laquelle, selon Melucci, « les membres d'un groupe se mettent en relation les uns avec les autres afin de construire les éléments constitutifs de leurs actions, ainsi que les fins, les moyens et le champ d'action dans lesquels ils déploient leur production de sens, en manifestant leurs systèmes de signification » (Giménez, 2007). Je relie cela au fait que les membres d'une institution religieuse sont en relation les uns avec les autres afin de construire à partir de leur église et de la culture de leur église une production de sens qui manifeste un système de signification. Celui-ci n'est en fait envisageable qu'à travers six composantes que j'ai pu identifier : information, convivialité, participation, fédération, implication, identification. Je sais que ces composantes sont difficiles de hiérarchiser dans leur relation de cause à effet tant et si bien qu'à ce stade, il faudrait donc considérer ces dimensions comme interactives. C'est-à-dire que chacune agit sur les autres et que la valeur ajoutée résultante est celle de toutes les dimensions dans leur globalité. Je prendrai le soin de revenir sur ces six dimensions dans les chapitres suivants.

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"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera