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Vulnérabilité des ressources en eau et sociétés insulaires de Basse-Casamance dans un contexte de variabilité climatique: exemple de l'accès à  l'eau potable à  Carabane (commune de Diembéring), Diogué et Niomoune (commune de Kafountine)


par Pape Samba DIOP
Université Cheikh Anta Diop - Master 2020
  

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II. Les différents modes de traitement de l'eau avant usage

Selon les divers usages domestiques de l'eau, il est évident que les modes de traitement vont différer. Dans un environnement où les points d'eau demeurent le plus souvent non protégés, il devient impérieux de rendre salubre la ressource avant tout usage. Ainsi, le traitement de l'eau dépend de son origine, de sa qualité ou des matériaux en suspension contenus. Pour cela, plusieurs procédés sont utilisés par les consommateurs : la javellisation, le filtrage, la décantation, et l'usage d'Aquatab. 83% des concessions enquêtées affirment utiliser au moins une de ces méthodes de traitement pour purifier leur eau avant usage. Les 17% restants soulignent ne pas en avoir besoin. Cela concerne le plus souvent ceux qui s'approvisionnent par achat à la boutique ou ceux qui vont chercher l'eau hors de l'île.

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TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE DANS LES ILES DE NIOMOUNE,

DIOGUE ET CARABANE

? L'eau de boisson : Boire une eau saine sans danger est une préoccupation pour tout un chacun. C'est une question de survie. C'est sûrement ce qui fait que cette eau passe par plusieurs procédés avant d'être consommée. Par exemple, l'eau issue de la collecte pluviale est recueillie, parfois filtrée d'abord, puis javellisée avant d'être stocké dans des bidons ou fûts tout en étant hermétiquement fermée jusqu'à usage. De même, l'eau issue des puits est d'abord décantée, puis filtrée avant d'être javellisée ou d'être traitée par aquatab. Pour celle des cuves, elle est le plus souvent utilisée avec traitement par javellisation à la cuve ou parfois pas. La figure ci-dessous illustre les différentes fréquences d'utilisation des procédés de traitement. L'analyse de ce graphe permet de voir que la majeure partie des concessions (87%) javellisent leur eau avant consommation. Par ailleurs, le reste des procédés sont parfois utilisés avec une fréquence de 52% pour le filtrage, de 41% pour la décantation. 9% des concessions affirment ne pas en avoir besoin et 4% se servent de l'aquatab comme purifiant.

Concessions en %

100%

40%

20%

60%

80%

0%

1. Eau de javel 2. Filtrage 3. Décantation 4. Pas besoin 5. Aquatab

87%

52%

Procédés de traitement

41%

9% 4%

Figure 41: Fréquence d'utilisation des procédés de traitement pour l'eau de boisson

? L'eau de cuisine : tout comme la boisson, la cuisine mérite d'avoir une attention particulière en ce qui concerne la qualité de l'eau utilisée. Pour ce faire, les traitements précités seront également appliqués à cette tâche.

Concessions en %

100%

40%

20%

60%

80%

0%

1. Eau de javel 2. Filtrage 3. Décantation 4. Pas besoin 5. Aquatab

52%

43%

Procédés de traitement

32%

24%

1%

Figure 42: Fréquence des procédés de traitement pour l'eau de la cuisson

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DIOGUE ET CARABANE

? L'eau pour les autres tâches ménagères : le plus souvent, les usages relatifs aux autres tâches ménagères ne nécessitent pas de traitement des eaux. C'est l'opinion partagé par 46% des concessions enquêtées. Par contre selon certains, ces eaux peuvent nécessiter parfois une petite attention notamment de la javellisation (selon 32%), le filtrage (23%) et la décantation (22%). Cela peut se comprendre puisque selon elles, l'eau pour ces usages nécessite un traitement si et seulement si la source d'eau de provenance était dans un piteux état.

Pas besoin Eau de javel Filtrage Décantation Aquatab

Procédés de traitement

Concessions en %

100%

80%

60%

40%

20%

0%

46%

32%

23% 22%

0%

Figure 43: : Fréquence des procédés de traitement pour l'eau des autres tâches ménagères (linge,

lessive, bain)

III. DIFFICULTES LIEES A L'ACCES A L'EAU POTABLE III.1. Temps de parcours pour accéder à la ressource

La distance ou la durée nécessaire pour se rendre au point d'eau, attendre son tour si besoin, remplir les bidons, et effectuer le trajet retour est très important pour analyser l'accessibilité à l'eau potable des populations. Pour ce faire, plusieurs critères sont assignés soit en temps ou en distance. Selon le JMP, lorsque le ménage dispose de la ressource au besoin, il a un service optimal. Lorsque la ressource est disponible dans un rayon de 500m ou dans un intervalle de temps (aller/ retour plus attente) ne dépassant pas 30 minutes, le service d'accès est dit élémentaire. Cependant, si la distance de parcours pour chercher la ressource excède les 500m ou que le temps de parcours dépasse les 30 minutes, le service d'approvisionnement en eau potable devient limité voire inexistant selon qu'il s'agit d'un point d'eau amélioré ou non.

La plupart des concessions enquêtées (36%), parcouraient plus de 500m soit à pied ou par pirogue pour s'approvisionner en eau. Cela est beaucoup plus manifeste à Niomoune ou Carabane où les populations utilisaient la pirogue pour aller chercher de l'eau douce. Par exemple, à Carabane, il a été signalé que d'aucuns préféraient envoyer ou se rendre à Elinkine

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DIOGUE ET CARABANE

(environs 14km de pirogue) afin de disposer d'une eau de bonne qualité. De même, à Niomoune, certaines populations ramaient sur un à deux kilomètres de pirogue pour chercher de l'eau dans un quartier de Haêr (île voisine) appelé Kandé. Pour d'autres ils pouvaient marcher à plus d'un kilomètre avant d'atteindre les puits situés à Kaabùkùt.

En résumé, le parcours à une distance éloignée pour l'approvisionnement en eau introduit plusieurs notions notamment : la propreté du récipient utilisé, sa fermeture ou non et l'intrusion de pathogènes extérieurs ou non. Tous ces aspects méritent une attention particulière. De ce fait, en fonction des différents contextes ou milieux, la qualité de la ressource peut être altéré durant le transport.

13%

36%

18%

33%

>500m <100m 100-200m 200-500m

Figure 44: Perception de la population sur la distance émis pour s'approvisionner en eau

III.2. Contraintes liées à l'accès à l'eau potable

Les principales contraintes liées à l'accès à l'eau potable dans notre zone d'étude correspondent entre autres à :

? Absence d'ouvrages hydrauliques adaptés, la faible présence de points d'eau améliorée; ? La dégradation de la qualité de l'eau du fait de l'avancée du biseau salé dans la plupart des puits des îles et de la langue salée dans les mares de Niomoune;

? Le caractère saumâtre dans la majeure partie des points d'eau ;

? La baisse de niveau des nappes du fait de l'insuffisance des pluies au cours des dernières années de péjoration pluviométrique.

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CHAPITRES VI : ETAT DES LIEUX DE LA QUALITE DE L'EAU POTABLE ET DE LA QUESTION DE L'ASSAINISSEMENT

L'eau est source de vie mais elle peut également être source de problèmes notamment de maladies ; c'est une ressource précieuse et rare qui mérite d'avoir une attention particulière surtout en ce qui concerne sa qualité16. « Est-ce à un problème de quantité d'eau disponible auquel l'humanité sera confrontée dans les prochaines décennies ? Est-ce plutôt un problème de qualité d'eau qu'il faudra surmonter ? ». Au regard de ce questionnement de Rodier J. (2009), plusieurs hypothèses peuvent être reformulées au moins en ce qui concerne les îles de la Basse-Casamance.

Cette région naturelle qui bénéficie de conditions climatiques favorables avec un potentiel hydrique très important reste confrontée à un manque d'eau. Quelle aberration ou plutôt quelle contradiction ? Dans ces milieux, la ressource en eau est d'une grande quantité avec les ressources en eau souterraines, les bolons et le fleuve qui parcourent la zone. Malgré tout ce potentiel hydrique (détaillé dans le Chapitre I), l'accès à l'eau potable demeure problématique en raison de sa qualité qui fait parfois défaut. En effet cette qualité de l'eau potable qui constitue l'objet de ce chapitre est en générale influencé par l'invasion de la langue salée en provenance de l'océan comme indiqué aux chapitres précédents. Cette avancé de langue salée jusque dans les îles est responsable de la dégradation de la qualité de l'eau créant ainsi de l'eau saumâtre dans les sources d'approvisionnement. Ainsi, selon le PLD Kafountine (2010), un puits sur trois dans cette zone est salée ou saumâtre. Pour ce rapport la qualité de l'eau dans les îles demeure un véritable problème de santé publique.

Par conséquent, même si la question de la salinité demeure la principale source de pollution des eaux, il conviendrait d'analyser dans une moindre mesure l'état de l'assainissement de la région afin de mesurer son impact ou non dans l'appréciation de la qualité de l'eau potable.

I. CARACTERISTIQUES DES EAUX EN FONCTION DE LA SALINITE

I.1. Les eaux douces

Les eaux douces sont les eaux qui contiennent des faibles teneurs en sels, reparties sur les terres émergées. Ce sont des eaux non salées, par opposition aux eaux marines salées, qui se trouvent dans les rivières, lacs, nappes souterraines, etc. Elles sont aptes à la consommation humaine.

16 http://www.sde.sn/Pages/Qualite-de-l-eau.aspx

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Leur salinité est comprise entre 0 et 0,5g/l17. Cependant, toutes les eaux douces ne sont pas forcément potables puisque ces dernières se doivent de respecter un certain ensemble de directives (texte normatif ou réglementaire) qui garantisse leur potabilité c'est-à-dire leur caractère à être consommé sans risque d'effet nocif à court ou à long terme.

I.2. Les eaux salées

La particularité de ces eaux réside dans leur teneur en sels élevée supérieure à 10g/l18. Ce sont le plus souvent les eaux des mers et des océans. Avec un volume qui occupe presque les 2/3 de la terre, ces eaux ont une grande influence surtout sur les systèmes côtiers avec les phénomènes d'intrusion saline en partie responsable des eaux saumâtres.

I.3. Les eaux saumâtres

Le mélange entre l'eau douce et l'eau salée produit de l'eau saumâtre qui n'est pas propre à la consommation humaine Leur composition dépend de la nature des sols traversés et de la vitesse de circulation dans ces sols. Les eaux saumâtres le plus souvent fréquentes en milieu insulaire sont d'une teneur en sels sensiblement inférieure à celle de l'eau de mer en générale comprise entre 1000 et 10 000 mg/l19.

I.4. Les eaux d'approvisionnement dans les îles

La caractérisation de ces eaux a été faite sur la base des observations in-situ réalisées à l'aide du Multi paramètre Consort C6010. Ainsi, elle donne un aperçu sur la nature des eaux issues des points d'eau des trois différentes îles. En outre, la Figure 45 (tableau en ANNEXES) donne une lecture du niveau de salinité dans les stations de mesures (points d'eau).

La variation spatiale de la salinité dans les différentes stations de mesure n'est pas uniforme. En effet, le taux de salinité varie entre 0 et 5,3g/l au puits abandonné d'Essaghol (Niomoune). Sur l'ensemble des 25 stations de mesure, neuf présentent une salinité supérieure à 0,5g/l (limite de l'eau douce) dont six d'entre elles excèdent la barre des 1g/l sont saumâtres. Ces points d'eau sont pour la majeure partie des puits et des mares.

17 https://www.futura-sciences.com/sciences/definitions/chimie-salinite-4406/

18 https://hydrologie.org/glu/FRDIC/DICSALEE.HTM

19 https://hydrologie.org/glu/FR/GF0146FR.HTM

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DIOGUE ET CARABANE

Salinité en g/l

4

2

0

6

5

3

1

P1

P2

P3

NIOMOUNE

P4

Mare 1

mare 2

Impl 1

Impl 2

Coll pl Ba hou

Stations de mesure

P1

P2

P3

DIOGUE

Salinité g/l Limite eau douce

P4

P5

P6

P7

Impl 1

Coll pluv

P1

P1

Carabane

P3

P4

P5

Coll pluv

Figure 45: Evolution de la salinité dans les stations de mesures

L'analyse de cette figure laisse apparaitre plusieurs commentaires. En effet, l'île de Niomoune est celle qui notait les plus forts taux de salinité. Exceptés les impluviums, la collecte pluviale (eaux météorites, ce qui peut se comprendre) et les deux puits de Kaabùkùt (situés à plus d'un kilomètre des habitations les plus proches), tout le reste des points d'eau de l'île ont une eau saumâtre, ce qui justifie leur usage que pour quelques besoins domestiques. Cela est certainement dû à l'influence marine qui s'exerce à l'intérieur des terres par l'intermédiaire des bolons salés, ce qui est à l'origine de la perte de terres rizicoles. A Niomoune, le voisinage entre rizières et habitations est marquant. Le même scénario est observé dans l'ile de Carabane avec des taux de salinité qui varient entre 0 et 2,1g/l. Les seuls points d'eau possédant une eau non saumâtre ne se trouvent qu'à l'intérieur des terres (vers le CEM). Par conséquent, la salinité des sources d'approvisionnement à Diogué est beaucoup moins importante puisqu'elle varie entre 0 et 0,8g/l. En résumé, nous pouvons dire que l'évolution de la salinité dans ces îles est fonction de la superficie de terres fermes, de l'enclavement marine et de l'influence hydro marine. En effet, à Carabane et surtout à Niomoune, l'influence de l'eau des bolons salée qui colonise les deux îles et y exerce une influence manifeste jusqu'à l'intérieur des terres.

II. ANALYSE DE LA QUALITE DES EAUX ISSUES DES SOURCES D'APPROVISIONNEMENT

L'eau potable est de l'eau considérée comme étant saine car répondant à certaines normes microbiologiques et chimiques relatives à la qualité de l'eau de boisson (OMS, 2011). Elle est définie sur un certain nombre de critères ou directives internationales ou nationales.

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II.1. PERCEPTION DE LA POPULATION SUR LA QUALITE DE L'EAU POTABLE

D'après les enquêtes réalisées auprès des concessions sur la qualité de l'eau potable, un certain nombre d'appréciations a été formulé. En effets la majeure partie de la population enquêtée (68,4%) a jugé moyenne (36,8%) ou mauvaise (31,6%) la qualité de l'eau potable. Selon ces derniers, l'eau est en grande partie salée, parfois insalubre et ayant un goût non agréable et un caractère coloré. Cette salinité des eaux est beaucoup plus marquante dans l'île de Niomoune que dans les autres îles. Cela serait lié, d'après certains entretiens effectués, au manque de terre ferme puisque le village est cloisonné entre les rizières, les tannes, les mangroves et les bolons ; tous étant salés. De ce fait, l'île ne dispose que de deux puits fonctionnels localisés à environ plus d'un kilomètre des habitations à Kaabùkùt ; tous les autres puits ont été abandonnés en raison de leur forte salinisation. En outre, dans les autres îles notamment à Carabane, la présence d'une terre ferme permet aux populations d'abandonner les puits salés pour se ravitailler dans ceux situés à l'intérieur des terres disposant d'une eau non ou moins salé. En ce qui concerne Diogué, le problème diffère d'un quartier à un autre et parfois même au sein du même quartier. Par exemple à Nyéfoulène, l'eau est saumâtre, à Yamatogne, le même caractère est observé mais un puits reste très sollicité en raison de son eau « agréable ». Par contre, à Diogué Diola (Hou guemboune) situé à l'intérieur du village, la qualité de l'eau est plus acceptable. En résumé, dans l'ensemble des îles étudiées, les populations déclarent que la dégradation de la qualité de l'eau est due en grande partie à la salinité et à l'absence de protection des puits qui peut être source de prolifération directe de saleté ou de micro-organismes. Selon elles, cette salinité est due à l'avancée de la mer qui est très manifeste avec les phénomènes d'érosion.

Cependant, elles notent que cette qualité est nettement améliorée pendant l'hivernage où la pluie dessale le sel dans les puits et les marres (utilisées à Niomoune comme source d'approvisionnement). Pendant cette période, l'eau est moins salée.

4. Trés Bonne

3. Bonne

2. Mauvaise

1. Moyenne

0% 20% 40% 60% 80% 100%

6%

25%

32%

37%

Figure 46: Appréciation sur la qualité de l'eau potable dans les trois îles

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II.2. Analyse de la qualité organoleptique des eaux

Les caractères organoleptiques concernent : la couleur, l'odeur et le goût de l'eau. L'eau doit être agréable à boire, claire et sans odeur. Ces différents paramètres étant liés au confort de consommation, sont directement et constamment évalués par le consommateur et détermine l'acceptation ou le refus du produit. Autrement dit, ces caractères doivent être acceptables pour le consommateur.

Ces différents paramètres ont été évalués d'une part, par les questions relatives à l'appréciation de la qualité de l'eau potable par les concessions. D'autre part, par une observation sur place puisque selon Rodier J. (2009), les caractères organoleptiques doivent être appréciés au moment du prélèvement de peur que certains facteurs disparaissent.

II.2.1. La couleur

Selon la plupart des concessions qui affirmaient que l'eau potable n'était pas de bonne qualité, la couleur de l'eau est souvent sombre, parfois de coloration rougeâtre et insalubre. Pour ces derniers, le changement de couleur de l'eau était très manifeste dans beaucoup de puits et dans la majeure partie des mares. Le même aspect évoqué par ces populations était visible au moment des mesures in-situ surtout au niveau des mares où l'eau était parfois de couleur verdâtre et apparente. La coloration d'une eau est dite vraie ou réelle lorsqu'elle est due aux seules substances en solution et elle est dite apparente quand les substances en suspension y ajoutent leur propre coloration (Rodier J., 2009).

II.2.2. L'odeur

L'eau potable doit être également inodore. En effet, toute odeur est un signe de pollution ou de la présence de matières organiques en décomposition. Ces substances sont en général en quantité si minime que seul le sens olfactif peut, parfois, les déceler (Rodier J., 2009). Les points d'eau analysés ayant la présence d'une odeur, étaient le plus souvent des puits abandonnés ou des mares un peu polluées par la présence du cheptel. En outre, les populations qui ont remarqué une odeur de l'eau affirmaient que celle-ci était dominée par la sensation du sel ou de celle d'eau de mer.

II.2.2. Le goût

Pour ce paramètre, il a une forte importance sur l'eau de boisson. Il reflète la saveur et est perçu par la population comme la condition d'être agréable ou non agréable. La salinité de l'eau est facilement perçue à travers ce caractère. Ainsi, pour certaines populations, l'eau est non agréable à boire en raison de l'influence du sel ou parfois de la nature du sol.

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II.3. Analyse de la qualité de quelques paramètres physico-chimique des eaux

Cette analyse est faite sur la base des mesures in-situ réalisées sur les différentes sources d'approvisionnement en eau potable. Il s'agit entre autres des points d'eau énumérés plus haut. La méthodologie a été définie dans la partie introductive, section méthodologie, travaux de terrain. Ces mesures sont faites sur place au moyen d'un multi-paramètre Consort C6010.

Dans cette analyse, quatre paramètres ont fait l'objet d'étude notamment la température, le pH, la conductivité, la salinité, les TDS. Leur interprétation a été faite sur la notion de potabilité de l'eau. Ainsi, cette notion implique des critères relatifs à la qualité de l'eau qui repose sur les normes ou directives établis par l'OMS ou par les pays. Pour ce travail, nous nous sommes limités essentiellement sur ces paramètres précités car accessibles à notre budget.

Tableau 10: Normes OMS et recommandations DGPRE applicables au Sénégal.

Paramètres

Valeurs (O.M.S)

Valeurs recommandées (D.G.P.R.E)

pH

Pas de ligne directrice

6,5 - 8,5

CE à 25°C

Pas de ligne directrice

2000 ìS/cm

TDS

Pas de ligne directrice

1000 mg/l

Résidus sec mg/l

1000mg/l

Pas de valeurs

? Interprétation des résultats

II.3.1. La température T°C

C'est un paramètre très important pour la qualité de l'eau potable parce qu'elle est à l'origine des réactions chimiques, biologiques et physiques (Couillard D. et al., 1992). La connaissance de ce paramètre est indispensable pour effectuer certaines mesures sur le terrain comme la conductivité électrique. Les valeurs mesurées sont comprises entre 23,8 et 29,5°C avec comme moyenne 26,2°C.

II.3.2. Le pH

Bien qu'il n'ait généralement pas d'impact direct sur les consommateurs, le pH est l'un des paramètres les plus importants (OMS, 2006). En dessous de 7, l'eau est considérée comme acide et alcaline au-dessus de 7. L'eau au pH de 7 est neutre. Les valeurs fixes recommandées par la DGPRE pour l'eau potable vont de 6,5-8,5. Au cours de la période d'étude, les valeurs du pH mesuré varient entre 6,94 (Bahouwen Niomoune) et 9,25 (P2 Diogué). Tous les impluviums ont un pH supérieur à 8,5 (optimum de référence). Cela a certainement une cause qui réside dans l'installation de collecte. Hormis ces stations, seuls deux puits (P4 Niomoune et P2 Diogué) marquaient un pH excédant 8,5.

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DIOGUE ET CARABANE

pH

10

4

2

9

7

6

5

3

0

8

1

P1

P2

P3

P4 Mare 1 mare 2 Impl 1 Impl 2 Coll pl Ba hou

NIOMOUNE

P1

P2

P3

P4

P5

P6

P7

Impl 1 Coll pluv

Stations de mesure

DIOGUE

P1
P1

P3

P4

P5

Coll pluv

Carabane

Figure 47: Evolution du pH dans les stations de mesure II.3.3. La Conductivité électrique d'une eau (CE) en pis/cm

C'est la conductance d'une colonne d'eau comprise entre deux électrodes métalliques de 1 cm2 de surface et séparées l'une de l'autre de 1 cm. Elle augmente lorsque la concentration en ion augmente. Elle est comprise entre 50 et 1500 pour les eaux naturelles. La conductivité électrique varie en fonction de la température et dépend largement de celle-ci. Pour Rodier, celle-ci devra être relevée très exactement au cours de la mesure. En dehors de 25 °C, il convient d'effectuer une correction d'après la formule suivante :

5 °C = CT × f

CT = Conductivité obtenue à la température lue sur l'appareil.

f est donné par des valeurs indicatifs consignés dans un tableau (Voir la partie annexe Tableau 16).

Tableau 11: Degré de minéralisation des eaux en fonction de la Conductivité

Conductivité (piS/cm)

Minéralisation

<100 piS/cm

minéralisation très faible

100 piS/cm - 200 piS/cm

minéralisation faible

200 piS/cm - 333 piS/cm

minéralisation moyenne

333 piS/cm - 666 piS/cm

minéralisation moyenne accentuée

666 piS/cm - 1 000 piS/cm

minéralisation importante

Conductivité>1 000 piS/cm

minéralisation élevée

Source : Rodier, 2009

Les directives du Conseil des communautés européennes relatives à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine indiquent pour la conductivité un niveau guide de 2 500 ìS/cm à 20 °C. Les recommandations de la DGPRE sont beaucoup plus contraignantes fixant un optimum de 2000 ìS/cm à 25°C. Quant à la réglementation française, elle fixe un intervalle de 180 à 1000 ìS/cm à 20°C (Rodier, 2009).

98

TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE DANS LES ILES DE NIOMOUNE,

DIOGUE ET CARABANE

Stations de mesure

Carabane

DIOGUE

NIOMOUNE

Coll pluv

Coll pluv

Mare 1

Coll pl

Impl 1

P4

P1

P7

P5

P3

P1

P3

P1

0,0 2000,0 4000,0 6000,0 8000,0 10000,0 12000,0

Limite recommandée par la DGPRE CE à 25°C

Figure 48: Evolution de la Conductivité à 25°C aux stations de mesure

La tendance générale marquée par une salinisation des eaux est à l'origine de ces fortes valeurs qui oscillent entre 14,8 et 9551 ìS/cm à la période de février avec une moyenne de 1838 ìS/cm, ce qui traduit une minéralisation élevée des eaux. En outre, cette minéralisation n'est pas uniforme. Elle est faible pour les eaux météorites (collecte pluviale et impluvium) en raison de leur faible charge en ions, et très élevée pour le reste des eaux (puits et mares) à l'exception de quelques-uns. Les forts taux de conductivité concernent les points d'eau saumâtres.

? La minéralisation globale en mg/l (résidu secs) : est la teneur en sels dissouts. Elle est calculée en fonction de la conductivité selon le Tableau 17 La mesure de la conductivité permet d'évaluer rapidement mais très approximativement la minéralisation globale de l'eau. On peut estimer cette minéralisation en se basant sur des tables de conversion qui indiquent les coefficients de transformation à appliquer selon différent niveau de conductivité (Rodier J., 2009). Ainsi, les valeurs de conductivité 25°C ont été converties à 20°C avec la formule suivante : CE à 25°C * 1,116 (Voire ANNEXES Tableau 17)

La minéralisation globale est très importante dans la caractérisation des eaux potables. Plus une eau est très fortement minéralisée, plus elle est désagréable (à plus de 1200 mg/L). Pour des raisons de saveur, l'OMS recommande une valeur limite de 1 000 mg/L dans l'eau destinée à la consommation humaine (Rodier J., 2009).

Tableau 12: Appréciation de la potabilité en fonction de la minéralisation par Schoeller

Potabilité

Bonne

Passable

Médiocre

Mauvaise

Momentanée

Extrait sec (mg/L)

0-500

500-1 000

1 000-2 000

2 000-4 000

4 000-8 000

Source : Rodier, 2009

99

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DIOGUE ET CARABANE

La minéralisation suit la même tendance que celle de la conductivité, ce qui est évident. Cette courbe révèle que la majeure partie des eaux de la zone n'est pas conformée aux normes OMS avec un intervalle médiocre (1000mg/l) à momentanée (9065,5mg/l). Seules les eaux météoriques et quelques puits (P2 et P3 (Niomoune-Kaabùkùt), P2, P6 (Diogué), P3, P4 (Carabane) ...) ont une teneur en sels inférieur à 1000mg/l. La majeure partie de ces puits sont localisées à Diogué et une partie à Carabane.

10000,0

4000,0

2000,0

9000,0

7000,0

6000,0

5000,0

3000,0

8000,0

1000,0

0,0

P1

P2

P3

NIOMOUNE

P4

Minéralisation en mg/l Limite recommandée par l'OMS en mg/l

Mare 1

mare 2

Impl 1

Impl 2

Coll pl

DIOGUE

Stations de mesure

Ba hou

P1

P2

P3

P4

P5

P6

P7

Impl 1

Coll pluv

P1

P1

Carabane

P3

P4

P5

Coll pluv

Figure 49: Evolution de la minéralisation aux stations de mesure II.3.4. TDS

Total Disolved Solids représentent la concentration totale des substances dissoutes dans l'eau c'est-à-dire tous les minéraux, sels, métaux, cations ou anions dissous dans l'eau. Ces substances peuvent aussi bien provenir de source naturelle que de sources anthropique (activités humaines notamment le déversement d'eaux usées, pollution humaine etc.).

P1

P2

P3

P4 Mare 1 mare 2 Impl 1 Impl 2 Coll pl Ba hou

P1

P2

P3

P4

P5

P6

P7

Impl 1 Coll pluv

TDS en mg/l Limite recommandée par la DGPRE en mg/l

Stations de mesure

DIOGUE

NIOMOUNE

5000 4000 3000 2000 1000

0

6000

P1 P1

P3

P4

P5

Coll pluv

Carabane

Figure 50: Evolution des TDS aux stations de mesure

100

TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE DANS LES ILES DE NIOMOUNE,

DIOGUE ET CARABANE

Les différents résultats montrent l'hypothèse d'une existence de pollution soit d'origine naturelle (le sel) soit anthropique ou animale (l'absence de protection des points d'eau peut générer une introduction de substances extérieures).

Tableau 13: Données de mesure in-situ

ILES

Stations

T°C

Ph

CE à 20°C

Salinité (g/l)

TDS (mg/l)

Résistivité Usages

(?.cm)

Niomoune

P1

23,8

7,37

8118

3,6

3820

140,8 Abandonné pendant

cette période

P2 (Kaabùkùt)

25

6,74

128

0,1

60,3

8740 Tout usage

P3 (Kaabùkùt)

27,1

7,46

235

0,1

117

4520 Tout usage

P4 (Essagnol)

27

8,97

10660

5,3

5400

100,3 Abandonné

Mare 1 (sacré)

23,8

8,13

2885

1,3

1370

392 Usages domestiques

en saison sèche

Mare 2 (Essagnol)

29,5

8,43

6565

3,3

3490

Abandonné pendant

154,5 la saison sèche

Impl 1 (Campem

24,7

9

97,3

0

46,3

11490 Boisson et autres

Impluvium 2

27

8,69

115

0,1

57,3

9250 Boisson et autres

Collecte pluviale

29,1

7,03

34,4

0

18

29200 Boisson et autres

Ba houwen

26,1

6,94

1126

0,5

549

970 Usages domestiques

Diogué

P1

25,7

7,4

1749

0,8

852

627 Usages domestiques

P2

26,7

9,25

532

0,2

262

2030 Tout usage

P3

26

7,98

1690

0,8

826

646 Usages domestiques

P4

24,3

7,54

752

0,3

352

1510 Tout usage

P5

24,4

8,27

606

0,3

285

1865 Tout usage

P6 (Ecole Elém

25,7

7,7

228

0,1

110

4830 Tout usage

P7

26,9

8

1461

0,7

730

731 Usages domestiques

Impluvium1

24,1

8,89

73,5

0

34,4

15470 Boisson et autres

Collecte pluviale

27

7,6

16,5

0

8,02

65100 Boisson et autres

Carabane

P1 (Ecole Elém

25,1

7,77

4655

2,1

2260

238 Usages domestiques

P2 (avant Jardin)

27,5

7,75

2555

1,2

1300

413 Tout usage

P3 (CEM)

27,5

7,61

453

0,2

230

2320 Usages domestiques

P4 (après CEM)

25,8

8,15

239

0,1

118

4540 Tout usage

P5 (Jardin femm)

28,4

7,97

821

0,4

424

1259 Tout usage

Collecte pluviale

27,8

7,69

23,9

0

12,1

44000 Boisson et autres

Source : Pape S Diop, 2020

101

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DIOGUE ET CARABANE

III. BREF APERCU DE LA QUESTION DE L'ASSAINISSEMENT La question de l'assainissement revêt d'une importance fondamentale dans le cadre de notre étude puisque la majeure partie des sources d'approvisionnement de la zone captent la nappe du CT (Malou R., 1992) située à une faible profondeur et très vulnérable aux diverses pollutions. Elle est un véritable problème surtout dans les pays en développement avec des inégalités très manifestes. Au Sénégal, l'assainissement en milieu rural demeure problématique en raison du taux d'accès relativement faible. Les milieux ruraux localisés dans les deux communes d'étude (Kafountine et Diembéring) n'en font pas exception.

Dans la commune de Diembéring, une étude de 2007 montrait que sur 100 concessions, 67% étaient dépourvues de latrines et seulement 33 % en sont équipés (PEPAM, 2007). De même dans la Commune de Kafountine, des enquêtes menées sur 156 ménages estimaient que 53,2% de ces derniers ne disposaient pas de latrines contre 46,8%. Sur ce dernier taux (46,8%), 41,7% des latrines étaient traditionnelles contre 4,5% à fosses septiques et 0,6 de latrine amélioré VIP (PEPAM, 2010). Même si ces résultats sont à réactualiser après plus de dix ans, il demeure que la question de l'assainissement dans ces deux communes est sujette à problèmes.

Par ailleurs, en milieu insulaire, le problème se pose avec acuité. Dans les trois îles étudiées, l'assainissement varie d'une localité à une autre avec des réalités et des modes de vie parfois différents. Par exemple, Carabane est une île touristique beaucoup plus accessible que Diogué (village de pêcheurs), à son tour plus ouverte que Niomoune (village traditionnel et conservateur) qui est très enclavé. Toutes ces disparités expliquent le caractère individuel et varié de l'assainissement d'une île à l'autre. L'assainissement individuel existe et diffère en fonction des îles mais également en fonction des endroits.

Même si une observation assez large de la question de l'assainissement n'a pas été abordée dans nos travaux de terrain, il s'en va que quelques questions de perception relatives au sujet ont été abordées lors des enquêtes. Elles concernent en premier lieu l'évacuation des eaux usées et déchets ménagers ainsi que la disposition d'une fosse septique dans la concession. Les résultats obtenus montrent que la quasi-totalité des concessions dans ces îles rejettent les eaux usées dans la nature par manque de canaux d'évacuation de ces dernières. Pour ce qui est des ordures ménagères, la plupart des concessions (63%) affirment qu'elles sont jetées à la nature. Néanmoins, certains utilisent soit un dépotoir d'ordures (même s'il est sauvage, il est plus encadré et le plus souvent à proximité des concessions), soit un trou creusé (à proximité) pour l'évacuation de ces dernières.

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DIOGUE ET CARABANE

Concessions en %

100%

40%

80%

60%

20%

0%

1. Dans la nature 2. Dans un dépotoir

d'ordures

63%

Méthodes d'évacuation des ordures ménagères

45%

3. Dans un trou 4. Autres

31%

9%

De même, les enquêtes estiment que 55% ne disposent pas d'une fosse dans la concession et 45% en disposent. Cependant, dans ces 45%, plusieurs inégalités sont relevées puisque la majeure partie de ces fosses sont soit traditionnelles ou soit dans un piteux état. Les quelques latrines améliorées se trouvant dans ces îles sont le plus souvent répertoriées à Carabane ou quelques fois à Diogué.

Photo 13: Dépôts sauvages d'ordures à Carabane (P. S. DIOP, 2020)

Dans un contexte de développement durable, l'assainissement dans ces îles est très faible par rapport aux recommandations de l'ODD6.2. Cet objectif stipule que l'accès de tous, dans des conditions équitables, à des services d'assainissement et d'hygiène adéquats et mettre fin à la défécation en plein air, en accordant une attention particulière aux besoins des femmes et des filles et des personnes en situation vulnérable, doit être assuré d'ici 2030. L'atteinte de cet objectif suppose que le service d'assainissement doit être équitable et géré en toute sécurité.

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DIOGUE ET CARABANE

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld