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Vulnérabilité des ressources en eau et sociétés insulaires de Basse-Casamance dans un contexte de variabilité climatique: exemple de l'accès à l'eau potable à Carabane (commune de Diembéring), Diogué et Niomoune (commune de Kafountine)par Pape Samba DIOP Université Cheikh Anta Diop - Master 2020 |
CHAPITRE II : LE CADRE HUMAINLes Diola sont la principale ethnie majoritaire dans la zone d'étude. Ils sont conservateurs et très proches de leur culture, de leur organisation sociale et économique. Ainsi, l'histoire du peuplement Diola dans ce milieu serait étroitement liée à la présence du réseau hydrographique avec ses nombreux marigots qui modèlent le paysage de la Basse-Casamance. En s'établissant sur cet espace, les Diola ont su élaborer un système social, en partie, déterminé par les conditions biophysiques. La valorisation de ce milieu d'une grande complexité et les moyens d'existence du Diola, si originaux, révèlent les héritages de toute une histoire (Pélissier P., 1966). En réalité, la personnalité ethnique des Diola est éminemment géographique. La diversité des conditions naturelles a facilité le cloisonnement humain et l'originalité d'une civilisation rurale. Dans ce cadre, il s'agira juste de faire une brève caractérisation de la composition démographique de même que des activités économiques de la zone d'étude afin d'avoir un aperçu sur les composantes humaines existantes.
II.1. L'agriculture et la pêche« Nulle part ailleurs, on ne retrouve une association aussi étroite et ancienne entre la riziculture inondée et la pêche, à tel point que l'on peut véritablement parler à leur propos de villages de paysans-pêcheurs » (Cormier-Salem M. C., 1992). Cette symbiose se traduit dans l'aménagement du terroir, dans le calendrier des activités, dans l'alimentation et même dans toute la vie domestique. Le terroir est essentiellement constitué de terres basses inondables aux sols salés, bordées par les palétuviers que les Diola, à force de labeur et de patience ont, endiguées, défrichées et mis en valeur. Le plateau, domaine des cultures sèches, est très réduit, voire complètement absent. Le terroir est organisé en cercle (zones concentriques), depuis 40 PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D'ETUDE l'habitat jusqu'au bolon: les vastes concessions, appelées hank, sont entourées d'une tapade, à l'abri de laquelle sont cultivés quelques légumes et où sont gardés les porcs et la basse-cour (Pélissier P., 1958). La forme d'agriculture la plus développée de la zone demeure la riziculture inondée. Elle est pratiquée dans toutes les îles car étant le fondement de la civilisation agraire Diola. En ce qui concerne la pêche, toutes les formes sont présentes depuis le piégeage des poissons, la cueillette des huitres, la pêche à canne à pêche jusqu'à la pêche au filet dormant dans la mer. Le système de pêche est une caractéristique des villages de mangrove. Ces activités sont le plus souvent pratiquées à Niomoune et par les Diola autochtones de Diogué et Carabane. Ce type d'exploitation du milieu aquatique n'est que traditionnel ou artisanal et est en partie développé par les pêcheurs migrants allochtones. Diogué en illustre plus ce milieu. Ces pêcheurs migrants, composés de communautés sénégalaises (Lébous, les « Guet Ndariens ») et étrangères (notamment ghanéennes) font de cette activité, à Diogué, l'une des plus prospère de l'économie locale et l'une des principales sources de revenus directs ou indirects des populations. De nombreux autochtones ont appris la pêche sous la direction de ces pêcheurs migrants Lèbou, Sérères. On y note également une présence de plus en plus importante des Guet Ndarien, des pêcheurs de la petite côte ou du Saloum. Dans cette zone, on oppose volontiers le paysan - pêcheur autochtone au pêcheur professionnel originaire du nord. Une opposition qui réside sur des critères techniques, sociaux, économiques et culturels. Les autochtones sont d'abord des cultivateurs, la pêche est pour eux, une activité secondaire et ils la pratiquent dans les bolons au moyen d'éperviers, de barrages de palissages ou de nasses.... Les pêcheurs spécialisés quant à eux, sont des migrants, le plus souvent originaires des autres régions côtières du Sénégal. (DEEC, 2002). Photo 3: Diogué, un village de pêcheurs. Source : https://iles-casamance.org/erosion-epi-plage-2/ 41 PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D'ETUDE Toutes les ressources aquatiques du terroir sont exploitées : le riz, 1e sel, les huîtres, les coquillages, les poissons. Les mêmes espaces se prêtent tantôt à la riziculture, tantôt à la pêche. II.2. L'élevage La pratique de l'élevage dans ces îles à un caractère plus social qu'économique. Le bétail bovin n'est vendu qu'en cas de besoins sociaux urgents. L'élevage porcin constitue une zone de prédilection. L'aviculture n'est pas très développée, on y rencontre le plus souvent des élevages familiaux qui ciblent une période bien précise de grande consommation telles que les fêtes annuelles. Dans ces zones, les éleveurs ont du mal à assurer l'alimentation et l'abreuvage de leur bétail, surtout en saison sèche. II.3. Le tourisme Le tourisme constitue une activité importante dans les îles de la Basse-Casamance en raison de plusieurs facteurs. Détaillant, Sarr C. S. (2012) explique que : « Les îles constituent la seconde destination touristique de la Basse Casamance après Cap Skirring. Cette situation s'explique par les énormes potentialités que regorgent ces petits espaces insulaires. D'abord, la nature est dense avec une grande richesse faunique et floristique marqué par la prédominance de l'écosystème de mangrove. L'isolement même si elle constitue un facteur répulsif en termes d'accessibilité, fait l'affaire des touristes qui sont à la recherche de tranquillité et à la fuite du stress citadin et de la pollution sonore ». Pour lui, ce tourisme qu'il caractérise de « tourisme de valeurs » est orienté sur la mise en oeuvre des cultures traditionnelles à l'instar de celles Diola. Cette diversité culturale et ancestrale combinée à un paysage magnifique fait de la zone, un milieu de découverte. Ceci a été sans doute rendu possible par le « tourisme rural intégré » lancé par le Ministère du tourisme en 1974 avec la création des campements villageois. Cormier-Salem le confond avec un « tourisme d'authenticité de contact, de découverte » comme le présente la publicité. Ces îles sont en effet des lieux d'attractivité tant pour les explorateurs naturalistes que pour les touristes désireux de contempler de nouveaux horizons. Parmi elles, l'île de Carabane est sans doute la destination la plus convoitée en raison de son historique coloniale, de ses infrastructures touristiques mais également de sa nature généreuse. |
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