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Dynamique urbaine et gestion foncière dans les villages intégrés à  la ville. Le cas de Sapia, Tagoura et Zakoua à  Daloa (Côte d’Ivoire).


par KOUADIO YAO GUERSCHOM N'Gotta
Université Jean Lorougnon Guede de Daloa - Master 2 2019
  

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3.4. La gestion foncière

ATTA K. (1984) soutient que la législation foncière de la Côte d'Ivoire fait de l'Etat le seul propriétaire de la terre. C'est lui qui par l'intermédiaire des procédures de lotissement change le sol rural en sol urbain.

Prenant l'exemple d'Abidjan, YAPI-DIAHOU (1981) fait remarquer que la gestion des terres Ebrié était assurée par trois échelons de pouvoir et d'autorité qui étaient les "Nana", le chef du village et le chef de famille. L'introduction de la notion « terre vacante et sans maître » par les colons va favoriser la confiscation des terres des populations autochtones au profit des gouvernants. Poursuivant, YAPI-DIAHOU (1990) explique que la création de la Société d'Equipement des Terrains Urbain (SETU) répondait au souci de lotir, de viabiliser, et d'aménager l'espace urbain afin de permettre à la SICOGI et à la SOGEFIHA d'assurer la construction de plusieurs logements à Abidjan.

Selon KOUAME G. et al. (2016, p. 25), « à Abidjan, on note la coexistence de deux organisations, traditionnelle et moderne, à savoir le/les autorité(s) coutumière(s) et l'administration, qui ont des procédures distinctes pour la gouvernance du foncier. Il en résulte un chevauchement des deux compétences et une gestion concurrente préjudiciables avec un risque réel de litiges ».

Quant à AKPINFA E. (2006, p. 48), il fait remarquer qu'au Bénin, le lotissement apparaît bien plus souvent comme une opération de régularisation de l'occupation anarchique par les populations des périphéries urbaines, une opération de remembrement et de restructuration du foncier en milieu urbain et périurbain. Poursuivant, il explique que les chefs de quartiers et les chefs traditionnels ou coutumiers sont des intermédiaires entre les autorités administratives et les ménages. En matière foncière, ils constituent des sources de renseignements importants pour la validité d'une propriété. En cas de vente de terrains entre particuliers, ils constituent le premier niveau d'officialisation de la procédure de vente.

ZIAVOULA R., (1987, p. 2) affirme qu'à Brazzaville, l'inexistence d'une publicité foncière permet aux propriétaires fonciers de choisir l'acquéreur, souvent en fonction du degré de relation qui existe entre lui et la personne qui lui présente l'acquéreur potentiel.

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La personne qui sert d'intermédiaire constitue pour le propriétaire foncier une caution morale.

ONU-HABIAT (2011) indique que « les gouvernements devraient renforcer leurs capacités pour réagir aux pressions exercées par une urbanisation rapide. Une attention particulière devrait être accordée à la gestion des terres afin de garantir leur utilisation économique, protéger les écosystèmes fragiles et faciliter aux pauvres l'accès à la terre dans les zones tant urbaines que rurales ».

Par ailleurs, le prix du sol urbain est un élément central de la gestion foncière. Au sujet de la valeur foncière, le modèle de WINGO (1962) met en relief l'importance des transports. « Le travailleur qui habite plus près de la ville bénéficie d'une rente de situation, sa localisation apparait plus favorable et la valeur foncière de l'endroit où il réside sera plus élevé que celle d'une localisation plus lointaine. A l'accroissement de la taille de la ville correspond une augmentation à la fois de la valeur foncière et des densités résidentielles. Une amélioration des transports réduit les inégalités et élimine plus ou moins les conséquences dénoncées ».

Pour ALONSO (1965), « l'amélioration des transports favorise l'étalement périphérique de l'agglomération et une montée des prix du sol dans cette zone, tandis que la pression foncière diminuerait au centre ».

Selon, MAYER R. (1965), « le prix du sol à la périphérie équivaut au prix du sol agricole majoré des coûts de viabilisation et d'équipement, d'une somme correspondant à une anticipation sur la valeur acquise par le sol urbanisable, d'une rente de rareté lorsque les terrains constructibles sont importants ». Ainsi, BEAUCIRE F. et al. (2007, p. 21) font remarquer que « l'ouverture à l'urbanisation de nouveaux espaces représente une aubaine financière pour les propriétaires de terrains agricoles, quand les exploitations se trouvent en difficultés ou ne disposent plus de repreneurs notamment ».

NGANA F. et al. (2010, p. 2) soutiennent que « la spéculation immobilière s'intensifie avec l'extension et la croissance de la population urbaine ».

En outre, des conflits fonciers surviennent dans la gestion foncière. ZIAVOULA (2007, p. 3) explique que la vente d'un terrain à plusieurs personnes est une cause majeure de litige foncier. Le propriétaire terrien espère toujours recevoir un autre acquéreur pour réaliser une meilleure transaction. Ainsi, s'établit la chaîne de conflits entre le propriétaire foncier et les différents acquéreurs. Même dans les situations où le propriétaire foncier parvient à rembourser ses clients antérieurs, le conflit demeure entre les divers acquéreurs.

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Prenant l'exemple de Korhogo, KOUAKOU B. et al. (2015, p. 8) expliquent que « les cas les plus fréquents de litiges fonciers concernent des membres de la même famille opposés par le système de succession, notamment les neveux et les fils du propriétaire terrien ». Ainsi, les conflits à l'intérieur des villages prennent leurs sources dans le partage des terres familiales (Atlas de la population et des équipements, 2007).

Les tensions foncières rendent difficiles la mise en valeur des portions de terres acquises. Jean-Philippe Plateau (1998) explique que « les tensions autour des terres, observées à la périphérie des villes, traduisent l'inquiétude des acteurs locaux de voir disparaître leur réserve foncière ».

Au terme de l'analyse des écrits consultés, nous notons l'insuffisance des données relatives à la gestion foncière dans les villages intégrés aux villes, particulièrement en Côte d'Ivoire après 2014. Or, du fait de son extension spatiale remarquable, la ville de Daloa a intégré les villages Sapia, Tagoura et Zakoua. Outre les propriétaires terriens coutumiers, des intermédiaires qui s'improvisent tantôt promoteurs, tantôt entrepreneurs interviennent dans la production foncière dans ces villages intégrés. La pression foncière qui est exercée sur les parcelles coutumières débouche, par endroits, sur des litiges fonciers. D'où l'intérêt de la présente étude.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault