6.2. L'impact environnemental de la dynamique urbaine
sur la gestion foncière dans les villages intégrés SAPIA,
TAGOURA et ZAKOUA
6.2.1. Prolifération des lots non bâtis
A Sapia, Tagoura et Zakoua, nous constatons l'abondance de
lots non ou insuffisamment bâti qui se présente sous forme de
maisons inachevées, de terrains nus, ou d'espaces interstitiels servant
à l'agriculture intra urbaine. Ces lots sont généralement
des terrains litigieux dont on n'a pas encore trouvé d'issue, ou alors
des terrains qui appartiennent à des acquéreurs incapables de les
mettre en valeur. La prolifération des lots non bâti enlaidit le
paysage périurbain qui a l'aspect d'inachevé, de
désordonné. Cette situation qui est une conséquence de la
concurrence des acteurs de la production foncière, oblige les nouveaux
acquéreurs de terrain à s'établir sur des terrains
isolés, parfois en pleine forêt, dans l'espoir d'être
rattrapé par le construit urbain quelques années plus tard. Des
lotissements qui disposent d'un meilleur niveau d'équipements renferment
des parcelles désespérément vides depuis plusieurs
années. Et comme la nature a horreur du vide, ces parcelles sont
naturellement transformées en espace de culture (N'GUESSAN V. 2003, p.
5). Les terrains nus et les maisons inachevés sont parfois
utilisés à des fins agricoles traduisant ainsi la
compétition entre avancée urbaine et espace de production
agricole. La figure 32 présente la répartition des lots
bâtis par village.
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Source : Notre enquête, 2019
Figure 32 : Répartition des lots bâtis par
village
L'analyse de la figure 32 indique que le taux de mise en
valeur des lots est de 48% à Sapia, 41% à Tagoura et 32% à
Zakoua, soit une moyenne de 42% pour l'ensemble des trois villages
enquêtés. Ces taux montrent que l'habitat est densifié
à Sapia et à Tagoura. Le tableau 17 situe sur les motifs de
l'insuffisance de mise en valeur des lots par village.
Tableau 17 : Répartition des motifs de
l'insuffisance de mise en valeur des lots par village
Villages
|
Manque de moyen financier
|
Litige foncier
|
Pas de titre foncier
|
Sapia
|
15
|
38
|
3
|
Tagoura
|
42
|
12
|
4
|
Zakoua
|
10
|
23
|
3
|
Source : Notre enquête, 2019
L'analyse du tableau montre que les litiges fonciers (49%) et
le manque de moyen financier (45%) sont les principaux motifs de l'insuffisance
de mise en valeur des lots.
A Sapia, les litiges fonciers (68%) sont les causes majeures
de l'insuffisance de mise en valeur des lots. En effet, les constructions de
maisons d'habitation sont arrêtées lorsque des litiges surviennent
sur les terrains. Il existe aussi un conflit foncier entre Sapia et le village
voisin, Gogoguhé. Ces deux villages s'opposent sur les limites de leurs
patrimoines fonciers et sur la vente des lots dans certaines zones.
A Tagoura, le manque de moyen financier est le motif principal
de l'insuffisance de mise en valeur des lots.
90
A Zakoua, les litiges fonciers (63%) sont
évoqués pour justifier l'insuffisance de mise en valeur des lots.
En effet, de nombreuses parcelles loties sont sources de litige à
Zakoua. Les propriétaires terriens estiment que les quotas de lots de
compensation fixés lors des lotissements administratifs n'ont pas
été atteints pour certaines parcelles. De ce fait, ils exigent le
déguerpissement et la destruction de toutes les constructions sur ces
parcelles. Les acquéreurs ayants construits sur ces parcelles ont
reçu des lettres de sommation exigeant le déguerpissement. En
attendant la délibération de la justice et le dénouement
de ces litiges, de grandes surfaces bâties sont partiellement ou non
habitées. Les espaces vides entre les constructions sont utilisés
à des fins agricoles (photos 5 et 6).
Planche 2 : Des espaces vides utilisés à
des fins agricoles à Zakoua
Photos 5 : Cultures de maïs sur l'espace d'une
Photos 6 : Culture de banane sur un terrain
maison inachevée à Zakoua nu à
Zakoua.
(Cliché de l'auteur, Mai 2019) (Cliché
de l'auteur, Mai 2019)
Ces photographies présentent les cultures de maïs
(photo 5) et de banane (photo 6) pratiquées respectivement sur l'espace
d'une maison inachevée et d'un terrain nu à Zakoua. Pour leur
part, les propriétaires de ces lots affirment ne pas avoir les moyens
pour procéder à des constructions. En attendant d'avoir les
moyens nécessaires pour construire des maisons d'habitation, les
propriétaires préfèrent utiliser ces terrains pour des
cultures agricoles plutôt que de les laisser en friches.
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