III.4. Les acteurs du braconnage
Selon Boosh (2019). Dans son rapport, pense que les chasseurs
n'ont généralement pas de permis de chasse ; ils utilisent des
armes interdites et s'attaquent à des espèces
protégées. Les rhinocéros et les éléphants
d'Afrique sont les principales victimes du braconnage. En 2011, l'Afrique du
Sud a perdu 448 rhinocéros et près de 600 en 2012. Une
augmentation record, qui met sérieusement en danger la survie de cette
espèce. En 2011, pas moins de 2 500 éléphants ont aussi
été tués. Des éléphants sont devenus des
produits très demandés en Chine et au Vietnam, et rapportent
surtout beaucoup d'argent à ceux qui les revendent. Par exemple, en
Asie, 1 kg de poudre de rhinocéros
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s'achète 70 000 €, la moitié du prix d'une
maison ! La poudre de cornes de rhinocéros est utilisée dans la
médecine chinoise, et l'ivoire des défenses des
éléphants sert de monnaie d'échange entre les mafias
armées en Afrique. Aujourd'hui, le braconnage des espèces
sauvages est le 4e marché illégal, après la drogue, la
contrefaçon et le trafic d'êtres humains dans le monde.
Selon la banque mondiale (2018). La première
distinction entre les braconniers concerne les ressortissants locaux et les
ressortissants étrangers : Une analyse des condamnations pour
activités de commerce illicite d'espèces sauvages (CIES), entre
2008 et 2016, dans la RC, a montré que parmi les individus dont la
nationalité avait été enregistrée, 58 %
étaient des ressortissants congolais, tandis que la plupart des autres
provenaient du Cameroun, de la RCA et de la RDC. Un moins grand nombre d'entre
eux étaient des ressortissants de la Chine, du Mali et de l'Angola.54
Dans le nord-ouest de la RC, entre 2015 et 2017, 80 % de la totalité des
arrestations pour CIES ont concerné des ressortissants congolais, tandis
que les Camerounais représentaient 80 % des arrestations restantes. Le
mélange de ressortissants nationaux et étrangers dans le CIES est
corroboré par les récits de braconniers recueillis à
Ouesso pour cette étude. Lorsque les braconniers ne résident pas
légalement dans le pays d'accueil, l'approche la plus répandue
pour traiter le problème des braconniers est celle de l'application de
la loi.
Emslie et al., 2013. Les unités de renseignement
sud-africaines ont pu, après plusieurs années de recherches,
conclure d'une part à l'implication de réseaux de crime
organisé dans le phénomène de braconnage touchant les
rhinocéros, et d'autre part déterminer la structure globale de
ces réseaux. Celle-ci a été exposée lors de la
62ème session du Comité Permanent de la CITES, à
Genève en juillet 2012. Il apparait donc une organisation des groupes
criminels sur cinq niveaux : dans la zone de chasse, les braconniers sont
suivis des « coursiers » à l'échelle locale puis des
acheteurs/passeurs à l'échelle nationale, qui sont
eux-mêmes relayés par les exportateurs du même pays puis par
les destinataires internationaux, acheteurs ou consommateurs directs. Chaque
niveau de la pyramide présente un enjeu différent en
matière d'enquêtes et de poursuites judiciaires. Les niveaux 1
à 3 sont souvent
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découverts et les poursuites judiciaires ainsi que les
condamnations sont fréquentes tandis que les acteurs des niveaux 4 et 5
sont quasiment inatteignables. En effet, les braconniers, qui récoltent
les cornes, et les coursiers, chargés de les acheminer jusqu'aux
exportateurs, agissent au niveau local ou national et sont donc
arrêtés par les autorités de conservation, les rangers, la
police ou les douanes de plus en plus régulièrement.
Malheureusement, lors de leurs interrogatoires, ces personnes disposent de
relativement peu d'informations sur le haut de l'organisation. De plus, lorsque
les arrestations sont réalisées par des instances locales ou des
acteurs du secteur privé, les informations récoltées ne
sont pas toujours relayées au niveau national. Contrairement aux agences
de conservation locales ou aux équipes anti-braconnage privées,
les groupes de crimes organisés n'agissent pas toujours au même
endroit et les responsables des réseaux coordonnent des
opérations de chasse sur plusieurs territoires, ce qui rend d'autant
plus difficile la tâche des enquêteurs. Par contre,
l'équipement dont sont pourvus les braconniers de ces groupes et leurs
méthodes de travail restent globalement les mêmes. De ce fait,
augmenter la collaboration et la communication d'informations entre les agents
de conservation, la police, les rangers de parcs nationaux ou de
réserves privées pourrait permettre l'identification d'acteurs de
la base du trafic et la collecte de plus amples informations (Rademeyer,
2016).
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