Tingem
et al. (2003) étudient les effets du changement climatique sur la
production agricole au Cameroun, ils évaluent les effets potentiels du
changement climatique des gaz à effet de serre, ainsi que de l'effet
direct de fertilisation du CO2 sur les rendements des cultures au
Cameroun. A l'aide de modèle climatique GISS, Hadley Centre's
HadCM3, au modèle de culture CropSyst pour simuler les rendements
actuels et futurs (2020, 2080) des cultures (noix de bambara, arachide,
maïs, sorgho et soja) dans 8 régions agricoles du Cameroun, ils
trouvent qu'en 2080, les rendements du maïs et du sorgho, du fait du
changement climatique, diminueront de 14,6% et 39,9% respectivement dans 8
régions du Cameroun. En revanche, ils montrent que cet effet n'est pas
uniforme, dans la mesure où l'arachide, bambara et le soja augmenteront
respectivement de 17,9%, 12,9% et 54,6%.
Mendelsohn et al. (1994) réalisent une
étude sur L'impact du réchauffement climatique sur l'agriculture
aux États-Unis, les données comprennent les précipitations
et les températures moyennes pour les mois de janvier, avril, juillet et
octobre de 1951 à 1980, ainsi que les variations interannuelles.
En appliquant la technique ricardienne et un modèle de
régression quadratique, ontinterpolé les données
climatiques du comté à partir des données observées
de la station, ils constatent que des températures plus
élevées au cours de l'année (sauf dans la saison
d'automne) ont un effet négatif sur les valeurs moyennes des terres. Le
fait que le terrain soit ou non une zone humide.
Acacha et Vissin (2015) analysent l'effet du changement
climatique sur les fluctuations des prix des cultures vivrières dont le
maïs dans la ville de Cotonou au Bénin. La méthodologie
adoptée s'appuie sur les données climatologiques extraites de la
base des fichiers de la Direction de la Météorologie Nationale
(DMN) sur la période 1971-2010. Les outils d'analyse utilisés
sont, d'une part le coefficient de corrélation pour analyser la
dynamique climatique et son influence sur l'inflation des prix et d'autre part,
le calcul des moyennes arithmétiques et des indices ont permis de
calculer les variabilités. Il ressort des résultats obtenus une
très forte variabilité des hauteurs de pluie marquée par
une séquence sèche de 1971-1990 et une séquence humide de
1990-2010.
D'une part, cette dynamique climatique influence le rendement
et le prix des produits agricoles et, d'autre part, son influence sur la
variation des prix des denrées vivrières est significative
à 5 %.
Maddison (2007) étudient lessociétés
humaines et le changement climatique à la fin du troisième
millénaire. Ils construisent le modèle ricardien en utilisant des
données provenant de 11 pays africains, ils ont constaté que
d'ici 2050, avec l'effet du changement climatique qui agit à travers les
précipitations et la température, certains pays africains vont
connaître des pertes considérables dans la production agricole
ainsi que l'augmentation des prix des produits agricoles.
Cette évaluation empirique s'est enrichie par les
travaux de Ouédraogo (2012)qui évalue l'impact des changements
climatiques sur les revenus agricoles des agriculteurs au Burkina Faso, dans la
période de la campagne agricole 2002-2003, en utilisant l'approche
ricardienne, les paramètres des modèles ont été
estimés par la méthode des moindres carrées ordinaires
(MCO). Les résultats de l'étude ont montré que la relation
entre le revenu et le climat est non linéaire. L'impact marginal de la
température sur le revenu agricole est de -19,9 dollars US par hectare
tandis que celui de la précipitation est de +2,7 dollars US par hectare.
L'analyse des élasticités montre que l'agriculture est
très sensible à la précipitation au Burkina.
L'augmentation des précipitations de 1% entraine une hausse des revenus
agricoles de 14,7%. Cependant, une augmentation des températures de 1%
entraine une baisse des revenus agricoles de 3,6%.
Ainsi queKurukulasuriya et Mendelsonh (2008)
fondent une étude portant sur 11 pays africains où 9064
agriculteurs étaient choisis aléatoirement, suivant les
régions, et s'appuyant sur l'approche ricardienne des rendements de
culture, sont parvenus aux résultats ci-après : il y a une
influence négative de la température sur le revenu net des terres
tributaires des précipitations, tandis que cette influence est positive
pour le revenu net issu des terres irriguées.
Dans la même veine,Mariara et Karanja (2006) analysent
l'impact du changement climatique sur le revenu net agricole au Kenya, par
superficie des 816 ménages en s'appuyant également sur l'approche
ricardienne de rendements des cultures. Les résultats de leurs analyses
attestent que le changement climatique, capté à travers la
variabilité de la température et des précipitations, a des
effets négatifs sur la production et les revenus agricoles.
Ainsi,Dandonougbo (2014) analyse les effets de la variation
des températures et précipitations sur la production
céréalière au Togo sur la période de 2012 et 2013,
en suivant une méthodologie économétrique s'appuyant sur
l'approche ricardienne. Les résultats montrent l'existence d'une
relation non linéaire entre le rendement de la culture du maïs et
du riz et les variables climatiques. En outre, le changement climatique aura
des effets significatifs sur la production agricole et ses effets amplifieront
la vulnérabilité de la population rurale vers la fin du
siècle.
Konte et Soumaoro (2021) analysent l'impact du changement
climatique sur la production du maïs au Mali. Ils ont choisi l'approche
ricardienne pour évaluer l'impact du changement climatique sur
l'agriculture malienne. En utilisant les données de panel sur une
période de 20 ans (1990-2019) et sur cinq régions administratives
du Mali. Les paramètres des modèles ont été
estimés par la méthode des moindres carrées ordinaires
(MCO). Les résultats montrent que la température et les
précipitations ont des effets directs, indirects et totaux sur le
rendement du maïs. En outre, les résultats de l'étude
suggèrent que les événements climatiques extrêmes
pourraient également avoir un impact sur la productivité agricole
causant ainsi une variabilité des prix des produits agricoles au Mali.
Enseignements tirés de la revue dela
littérature
A l'issue de ces débats portant sur les effets du
changement climatique sur la dynamique des prix des produits agricoles, nous
constatons de nombreuses controverses théoriques et empiriques. A cet
effet, sur le plan théorique, plusieurs travaux ont été
développés, mais, dans le cadre de ce travail, nous nous appuyons
sur l'approche ricardienne comme soubassement théorique. Deux raisons
motivent ce choix. La première raison est que cette approche
présente l'avantage d'intégrer implicitement les mesures
d'adaptation aux conditions climatiques locales. La seconde raison est que
celle-ci repose sur l'hypothèse d'efficience des marchés puisque
la valeur des terres agricoles reflète la valeur actualisée des
revenus futurs issus de l'exploitation la plus productive de la terre. Ainsi,
elle permet d'évaluer l'ampleur du changement climatique sur
l'agriculture par la prise en compte des adaptations des agriculteurs
individuellement avec le changement climatique.
D'un point de vue empirique, bon nombre d'études ont
été menées, avec des méthodes très
variées pour vérifier l'impact du changement climatique sur la
variabilité des prix des produits agricoles, et les résultats
sont d'une très grande portée et varient selon les études.
Ainsi, dans le cadre de notre travail, nous allons nous appuyer sur l'approche
empirique deDandonougbo (2014) et estimons que cette approche soutient
l'objectif de ce travail.
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