2- Revues
empiriques
Nombreux sont les travaux empiriques qui ont abordé la
relation entre les changements climatiques et la variabilité des prix
des produits alimentaires. Cependant, ceux qui nous semblent les plus
pertinents, pour la conduite de ce travail, seront tour à tour
développés dans cette section.
Tout d'abord, Bisimwa et al. (2020)
étudient le Changement Climatique et Production Agricole au Sud-Kivu, en
République Démocratique du Congo dans la période de
2010-2015. En utilisant la méthode de la régression
linéaire multiple, ils démontrent que le changement climatique a
des impacts négatifs et significatifs sur la production agricole ainsi
que l'augmentation des prix des produits agricoles au Sud-Kivu. En effet, la
température, les précipitations et la lumière influencent
les rendements des cultures par leurs effets sur la croissance du plant et sur
le processus physiologique liés à la formation du grain. Il
existe un lien très étroit entre la température et les
précipitations, car l'augmentation de la température accroit
l'évaporation.
S'inscrivant dans la même optique, Da
Silva (2009) réalise une étude sur l'impact économique des
changements climatiques sur l'agriculture canadienne dans la période de
1971-2000. A partir du modèle à effets fixes
élaboré par Deschênes et Greenstone (2007), en adaptant une
formulation économétrique en données de panel, il parvient
à estimer l'impact des changements climatiques sur l'agriculture
canadienne. Les variables étudiées sont: Les
précipitations, la température et la production agricole. Les
résultats de l'estimation du modèle présentent un impact
fortement négatif pour l'agriculture canadienne entre 51,2% et 29,5%.
Pour sa part, Mimose (2015) se propose d'analyser l'impact du
changement climatique sur la sécurité alimentaire dans 43 pays
d'Afrique subsaharienne de la période de 1960-2012. En utilisant les
données issues des bases BADC, FAO stat et WDI pour l'estimation d'un
modèle VAR sur données de panels, l'échantillon est
reparti suivant 3 zones agro-climatiques, plus explicitement la zone
équatoriale, la zone sahélienne et la zone semi-aride. Les
variables utilisées sont : les précipitations, la
température, PIB par habitant ($ US) et la Production Alimentaire
Moyenne (tonnes). Les résultats montrent que les fortes variations du
volume des précipitations affectent négativement la production
agricole ainsi que les prix des produits agricoles et la sécurité
alimentaire des pays de la zone équatoriale, à fortes
précipitations mais aussi ceux de la zone sahélienne à
températures élevées.
Aussi, Gouataine (2017) étudie
l'influence des variabilités pluviométriques sur la variation des
prix des produits agricoles dans le mayo-kebbi, dans la période de 1997
à 2010. La méthodologie a essentiellement consisté d'une
part à analyser le comportement de la pluie par les anomalies
centrées-réduites interannuelles, les rendements et les prix, et
d'autre part, la corrélation entre la pluie et les prix de certaines
denrées. Il ressort de ces analyses que la pluie varie effectivement
dans le temps et que cette situation contribue pour beaucoup dans la variation
des prix. Les prix des produits agricoles ont augmenté de 1997 à
2010 de 20% et 16% essentiellement pour le maïs et le riz.
Ainsi queZouabi (2012) analyse, dans le cas de la Tunisie,
l'impact de la précipitation et de la température sur la
croissance économique via l'agriculture. Partant d'une
modélisation VAR appliquée à une fonction de production de
type Cobb-Douglas, cet auteur est parvenu aux résultats qui attestent
que, dans le court terme, les variables précipitation et
température sont statistiquement non significatives, contrairement
à long terme où ces variables sont statistiquement
significatives. Plus précisément, l'auteur montre qu'en Tunisie
et à long terme, la précipitation a un effet positif sur le PIB
via l'agriculture, ce qui signifie que la hausse de la précipitation est
de nature à favoriser la croissance économique. Au contraire, la
température a un effet direct négatif, car toute hausse de la
température est de nature à freiner la croissance agricole et la
croissance économique en Tunisie.
Adams et al. (1998) analysant les effets
économiques du changement climatique sur l'agriculture
américaine, à l'aide des modèles climatiques GISS et UKMO,
montrent qu'une augmentation des températures de 5°C,
jumelée à une invariation des précipitations et à
un niveau de CO2 égale à 530 ppm, entraine une hausse des prix
des produits agricoles de 15% aux USA. En revanche, pour un même niveau
de CO2, Ces auteurs trouvent qu'un accroissement des températures de
2,5°C, couplé à une élévation des
précipitations de 7% jumelée induit une contraction des prix de
19%.
Chang (2002) met en évidence l'impact
potentiel du changement climatique sur l'agriculture du Taiwan. Il analyse
l'effet du climat sur l'agriculture, en s'appuyant sur le modèle
climatique GISS, il montre que, dans le cas d'une étude portant sur 60
produits du règne végétal à Taiwan, les variations
des températures et des précipitations impactent
significativement les rendements agricoles.
Aussi, Sultan et al.
(2013) évaluent des impacts du changement climatique sur les
rendements de sorgho et de mil dans les savanes soudaniennes et
sahéliennes d'Afrique de l'Ouest.
Les auteurs réalisent un ensemble de simulations du
modèle SARRA-H pour plusieurs variétés de mil et de sorgho
sur un jeu de 35 stations météorologiques couvrant 9 pays en
Afrique de l'Ouest sur la période 1971-1990. Des résultats
auxquels ils sont parvenus montrent que les précipitations et les
températures ont un effet significatif sur les prix des produits
alimentaires ainsi qu'au rendement des cultures.
Bedoum et al. (2013), dans leur article,
étudient l'existence de variabilité climatique et ruptures dans
les séries des précipitations en république du Tchad, dans
la période de 1994-2008. En utilisant plusieurs méthodes (indices
centrés réduits SPI, test de Pettit, méthode
bayésienne de Lee et Heghinian), ils démontrent qu'il y a une
baisse très significative des précipitations annuelles comprises
entre 2 et 37%. Ce qui est relativement très élevé par
rapport aux études du même type menées en Afrique de
l'Ouest et en Afrique Centrale (environ 7%).
Badolo (2013) analyse les causes de la flambée des prix
agricoles, au cours de ces dernières années, et tente
d'évaluer l'influence en termes d'élasticités des facteurs
à l'origine de cette hausse à partir d'un modèle
économétrique sur séries temporelles dans les pays en
développement. Et en utilisant les données trimestrielles
couvrant la période 2006-2008, il montre que la variabilité
climatique réduit les disponibilités alimentaires pour la
consommation humaine et augmente la proportion des sous-alimentés dans
les pays en développement. L'effet négatif de la
variabilité climatique sur la sécurité alimentaire est
plus élevé dans les pays en conflit et les pays
vulnérables aux chocs de prix alimentaires. Il est aussi plus
élevé dans les pays africains.
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