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Effets du changement climatique sur la dynamique des prix des produits agricoles en République du Congo


par Daniel BITEMO
Université Marien Ngouabi - Master 2 2022
  

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1- Revues théoriques

Dans le cadre théorique, l'emphase sera mise sur l'effet du changement climatique sur la production agricole, qui est l'un des éléments majeurs qui contribue, entre autre, à la définition du concept des prix des produits agricoles. Le spectre des théories sur la corrélation entre changements climatiques et production agricole d'une part et la dynamique des prix des produits agricoles d'autre part a ressurgi récemment après une décennie de léthargie. Les effets des changements climatiques apparaissent comme une menace réelle pour le développement économique et social. En effet, le phénomène de changement climatique semble être un fait avéré et validé par de nombreux scientifiques (Mendelson et al, 1994; Mendelsohn et Dinar, 2003; Parry et al, 1999). Sa modification peut induire une variabilité de sa production, et dans la même logique une variabilité des prix au niveau du marché.

Plusieurs approches ont été mobilisées afin d'analyser l'effet de la variation des paramètres climatiques sur la variabilité des prix desproduits agricoles via l'agriculture. Elles diffèrent l'une de l'autre par leur point de vue qui se focalise, d'un côté, vers l'agronomie et de l'autre, vers l'économie. A cet effet, on distingue généralement l'approche par fonction de production (Adams et al. 1995), l'approche ricardienne (Mendelsohn et al. 1994) etl'approche qualifiée de « structurelle ou agro-économique » (Darwin et al. 1994).

a- L'approche par fonction de production ou agronomique

L'approche par fonction de production ou agronomique est Fondée sur l'existence d'une fonction de production pour toute culture qui met directement en relation le rendement de la culture à son environnement biophysique.

Les études menées par Warrick (1984) sont parmi les premières à utiliser cette approche pour analyser l'effet du climat sur la production agricole. Warrick pense que l'effet du changement climatique sur l'agriculture repose sur des modèles de croissance des cultures. En effet, ces modèles analysent les effets du changement climatique sur les rendements des cultures, car ils incorporent des données quotidiennes sur la température, les précipitations, le rayonnement solaire et (souvent) le dioxyde de carbone atmosphérique, ainsi que des données sur les sols, ce qui entraine la variation des prix des principaux produits agricoles. Une pensée confirmée plus tard par Robertson et al. (1987). Seulement, ces derniers ont constaté que de nombreuses diminutions du rendement seraient en grande partie compensées par des effets positifs sur la croissance du dioxyde de carbone atmosphérique.

Ainsi, Adams et al. (1995) pensent que les modifications des rendements des cultures, de la demande en eau des cultures et de l'eau d'irrigation résultant du changement climatique entraînent des modifications du bien-être économique. En effet, les effets d'amélioration du rendement du dioxyde de carbonesont un déterminant important des conséquences économiques potentielles. L'inclusion des changements dans la production alimentaire mondiale et les changements d'exportation associés ont généralement un effet positif sur l'agriculture américaine et, par conséquent, l'amélioration des prix des produits agricoles. 

Dans cette même perspective, Carter et al. (1991) affirment que l'effet du changement climatique sur l'agriculture repose sur les changements potentiels dans les zones climatiques favorables à des cultures particulières (approche de région comparable). Il s'agit d'observer si les régions qui sont préalablement propices à des cultures ne le seront plus après un changement climatique ou si certaines qui n'étaient pas favorables le seront plus tard.

Toujours dans la même veine, Rosenzweig et Parry (1994) pensent, à leur tour, qu'il faut prendre en compte des adaptations pour évaluer l'impact potentiel des changements climatiques sur la production céréalière mondiale et la répartition de ces impacts entre pays développés et en développement à l'horizon 2060. En effet, quatre types de scénario sont possibles. Le premier consiste à avoir les changements de température et de précipitations uniquement, c'est-à dire un scénario initial sans changement climatique qui suppose une croissance de la population, une croissance économique, des progrès techniques et une libéralisation du commerce international. Le second comprend un changement climatique (changement de la température et la pluie) en plus d'une croissance accrue des cultures, en raison des concentrations élevées de CO2. Le troisième inclut un premier niveau d'adaptation qui comprend la modification des dates de semis d'au plus un mois, l'utilisation des variétés de plantes facilement disponibles plus adaptées au climat espéré et l'irrigation. Le dernier inclut un second niveau d'adaptation qui implique plus de changements dans les systèmes agricoles, qui peuvent même requérir des ressources au-delà de celles du fermier, de l'investissement dans les infrastructures agricoles régionales ou nationales et les changements de politiques.

Par conséquent, Darwin et al. (1995) affirment que la méthode de prise en compte de l'adaptation par Rosenzweig et Parry (1994) n'est pas appropriée car elle utilise la variation des rendements pour capter l'éventuelle adaptation des fermiers. Or, il existe une large gamme de réactions d'adaptation potentielles avec les modèles de croissance des cultures par exemple. Il s'agit d'intégrer les ressources en terres et en eau, ce qui leur permet de simuler la façon dont le changement climatique affecte la disponibilité de terres agricoles appropriées, et, en conséquence, de permettre aux facteurs économiques de déterminer la nature et l'étendue des réponses adaptées aux changements climatiques par les agriculteurs. Le problème relevé par Darwin et al. (1995) sur ces études est qu'elles ne tiennent pas compte de l'adaptation au niveau des agriculteurs. Ainsi, d'autres études, au niveau régional ou d'un pays et au niveau mondial vont essayer d'en tenir compte, en se basant principalement sur les modèles de croissance des cultures qui vont devenir importants dans la modélisation économique.

A l'opposé de Darwin et al. (1995), Mendelsohn et al. (1994) vont faire une nouvelle proposition de l'évaluation de l'impact des changements climatiques sur l'agriculture qui tient aussi compte de l'adaptation mais en rompant totalement avec l'évaluation des rendements agricoles. Ces derniers, tout en reconnaissant l'originalité des modèles « fonction de production » leur reproche fondamentalement de ne pas prendre en compte de façon claire l'adaptation des fermiers et suggèrent donc leur nouvelle approche.

b- L'approche Ricardienne

L'approche ricardienne trouve son fondement dans la théorie de la rente, élaborée par David Ricardo (1772-1823) en se basant sur les principes de la raréfaction des biens et des rendements décroissants : d'où l'appellation « approche ricardienne ».

Plusieurs auteurs ont également utilisé cette approche afin de déterminer les effets du climat sur la variabilité des prix via la production agricole.

Mendelsohn et al. (1994) affirment que le climat est un déterminant important de la valeur des exploitations agricoles. L'utilisation de la valeur agricole totale fournit une description plus satisfaisante de la sensibilité au climat. En effet, l'agriculture tempérée a plus de valeur que l'agriculture tropicale et polaire, ce qui est cohérent avec les observations connues.

S'inscrivant dans la même optique, Mendelsohn et Dinar (2003), à leur tour, pensent que la rente foncière reflète la productivité nette des terres agricoles. En effet, la valeur des terres agricoles conduit à la valeur actualisée des productivités nettes futures. L'effet du climat sur la valeur des terres et le rendement agricole ainsi que les mesures d'adaptation des agriculteurs, face au climat, reflètent à la valeur actualisée des revenus futurs issus de l'exploitation la plus productive de la terre. En d'autres termes, ils arrivent à la conclusion telle que des modifications climatiques sur la rente foncière,laquelle est théoriquement un élément d'appréciation de la valeur ajoutée dégagée par l'activité agricole.

Aussi, Da Silva (2009) présente l'avantage d'intégrer implicitement les mesures d'adaptations aux conditions climatiques locales. Car, un producteur dit rationnel doit être proactif dans la gestion de sa terre, minimisant ses pertes en s'adaptant face aux impacts négatifs et maximisant ses profits en capitalisant sur les effets positifs des changements climatiques sur ses activités.

De même, Schlenker et al. (2006) affirment que le réchauffement climatique provoque des pertes de profit.En effet, La baisse de la production agricole liée à la variabilité climatique entraîne une diminution de la disponibilité alimentaire. Étant donné que la demande alimentaire est très inélastique, une diminution de l'offre commercialisée peut entraîner une augmentation importante des prix des produits agricoles, réduisant ainsi l'accessibilité des aliments. La proposition de Schlenker et al. (2006) se base aussi sur le rôle de l'irrigation et pensent que l'une des hypothèses de l'approche hédonique de Mendelsohn et al. (1994) selon laquelle les précipitations mesurent l'approvisionnement en eau des cultures n'est pas adaptée aux zones irriguées. Ainsi donc, pour des raisons tant hydrologiques qu'économiques, les effets économiques du changement climatique sur l'agriculture doivent être évalués différemment dans les zones arides et irriguées.

Ainsi, Ouédraogo (2012) pense que la pratique de l'irrigation et l'accès à la vulgarisation peuvent servir d'options viables pour l'adaptation au changement climatique en agriculture. En effet, les performances des économies, pour la plupart, sont étroitement liées à celles du secteur agricole, qui sont tributaires du climat caractérisé par un important déficit pluviométrique, une rigueur de la nature et un environnement naturel fragile à risque. C'est ainsi qu'il est évident que la pratique de l'irrigation soit une option viable pour les adaptations dans l'agriculture.

Le modèle ricardien permet également d'effectuer des comparaisons entre les effets potentiels sur les pays développées et en développement.

Mendelsohn et al. (2001) affirment que les pays en développement sont beaucoup plus sensibles aux effets de la variation des paramètres climatiquesque les pays développés. En effet, le secteur agricole des pays en développement sont susceptibles de souffrir des effets négatifs du réchauffement planétaire que les pays développés. Ce qui explique que le niveau de développement a un effet significatif sur la sensibilité au changement climatique. Ce qui fait que l'effet négatif de réchauffement climatique sur l'augmentation des prix des produits alimentaires soit plus important dans les pays en développement que dans les pays développés dans la mesure où les effets négatifs de réchauffement climatique sont plus élevés dans les pays en conflit et dans les pays vulnérables aux chocs de prix alimentaires.

c- La troisième approche qualifiée de « structurelle ou agro-économique » concilie les deux précédentes. Elle mesure les effets directs de la variabilité climatique sur diverses cultures et sur leurs besoins en intrants à travers des simulations agro-économiques. Dans cette approche, les pratiques telles que le choix des cultures, l'irrigation et le calendrier agricole sont incluses dans les modèles structurels. Deux modèles économiques sous-tendent cette approche à savoir:

Le modèle d'équilibre général calculable qui simule l'impact économique global, soutenue par:Yates et Strzepek, 1996 et 1998 ; Darwin et al. 1994 ; Rosenzweig and Parry, 1994 ; Parry et al. 1999.

Le modèle d'équilibre partiel proposé parChang (2002) ainsi que Kumar et Parikh (2001). La principale limite de cette approche est que dans l'ensemble des études les conclusions faites sur de vastes zones et sur les systèmes de production divers sont fondés sur les résultats des expérimentations. De plus, les modèles structurels sont généralement associés aux coûts extrêmement élevés. Ce qui rend difficile leur implémentation dans les pays pauvres et en développement.

En somme, le débat sur le changement climatique et la dynamique des prix des denrées alimentaires reste très controversé, mais il existe certaines zones d'accord. La section suivante contribue à enrichir le débat en l'évaluant empiriquement à partir d'une analyse économétrique.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery