2.1. Elucidation des concepts de
base
2.1.1. La valeur
prédictive
Selon Wikipédia, la valeur prédictive d'une note
scolaire est la probabilité qu'une condition soit présente en
fonction du résultat de cette note. Cette dernière doit
être dichotomique, c'est-à-dire qu'elle ne peut donner que deux
résultats différents : le résultat positif et le
résultat négatif.
(fr.wikipedia.org/wiki/valeur-prédictive).
Dans cette étude, la valeur prédictive se
rapporte une appréciation chiffrée du rendement (positif ou
négatif) de l'étudiant en première année de graduat
à partir de la note obtenue à la fin des études
secondaires.
Quant au terme prédiction, le Petit Larousse
illustré (2010) définit la prédiction étant le fait
« d'annoncer ce qui doit se produire soit par intuition, soit par
divination, soit par des règles certaines, soit par conjecture ou par
raisonnement ».
La prédiction peut être comprise soit comme une
action (l'action de prédire) ou soit comme le résultat de cette
dernière. Prédire, c'est donner un avis sur le résultat
d'une action, d'un processus en cours ou envisagé.
La prédiction se fonde sur l'utilisation des facteurs
prédictifs définis comme une caractéristique du sujet en
corrélation significative avec sa réussite ou son échec
à l'apprentissage d'objectifs spécifiques compte tenu d'une
stratégie dans un milieu pédagogique. (Legendre, 1993, Pg
603).
Parmi les synonymes du concept
« prédiction », on peut trouver : anticipation,
calcul, conjecture, divination, prévision, prescience, pressentiment,
prévoyance, prophétie, pronostic.
Dans le cadre d'une approche scientifique de la
prédiction, on se limitera, bien entendu, aux approches fondées
sur des règles ou des raisonnements, et à quelques
synonymes : calcul, prévision, pronostic.
Cette définition montre clairement que la
prédiction s'intéresse au futur. En d'autres termes, la
prédiction consiste à estimer ce qui va se passer après
un instant, à partir de connaissances et d'observations
antérieures à cet instant. (Sarewitz et Pielke, 1999)
Pour prévoir la croissance d'un arbre, il faut
incorporer des variables de climat, d'ensoleillement, de sol, d'espèce
et de compétition.
Pour étudier l'effet d'une seule de ces variables sur
la croissance, il est difficile de faire abstraction de toutes les autres qui
interagissent. (Guillaume, 2008).
De même, pour étudier la valeur prédictive
de la note scolaire sur un rendement académique de première
année, il faut considérer tous les facteurs qui entrent en
interaction.
Pour affiner le choix de ces facteurs, De Landsheere (1979,
Pg. 123) parle des facteurs de réussite qu'il considère comme
« une des conditions qui causent un
événement ».
Dans ce travail, sont considérés comme facteurs
prédictifs, trois caractéristiques d'entrée à
l'ISTM Kikwit :statut sociodémographiques du candidat, la section
faite aux humanités et le pourcentage obtenu aux examens
d'État/jury central.
En accord avec Romainville (1997), nous dirons qu'un facteur
prédictif devrait, en plus d'être corrélé à
la variable à prédire, présenter aussi une certaine
logique avec la prédiction. L'absence de précision sur le
degré de corrélation minimale rend peu opérationnelle
cette définition qui, en plus, semble accorder un poids trop important
à la corrélation. L'existence d'une corrélation, fut-elle
forte, entre deux phénomènes n'a d'autre signification que de
dire que les deux phénomènes varient dans le même sens
(corrélation positive) ou en sens contraire (corrélation
négative). Elle ne saurait dire le(s) type(s) de liens qui existent
entre les deux phénomènes, encore moins dire qu'elle part de la
variance de l'une est expliquée par une variation de l'autre.
Il parait ici toute la complexité de la
prédiction et toutes les limites qu'il y a autour d'elle.
La diversité des facteurs probables impose de
procéder à un choix entre eux, choix qui va varier d'un chercheur
à un autre. Aussi, leurs pondérations, leurs pertinences, leurs
validités,... restent des sujets des désaccords entre
chercheurs.
C'est ce qui fait dire à Debry, Leclercq et Boxus
(1998, PP 56 et 60) que « une parfaite prédictive n'existe
pas » ; d'où la question qu'ils se posent « La
prédiction de réussite, une illusion » ? Et
à Albertini (1985 Pg 206), à travers une boutade de dire que
« les prédictions sont difficiles, surtout quand ça
concerne le futur ». Dans le même ordre d'idées, Van Der
Maren (1996, Pg 92-93) trouve que la prédiction, dans le domaine de
l'éducation est purement aléatoire.
Il avance qu'il lui « semble que la
prédiction ne soit possible que lorsqu'on s'adresse à des
systèmes simples, c'est-à-dire construits dans un environnement
vide ou quasi vide, c'est-à-dire dans lesquels on peut contrôler
les éléments en interaction avec le système. Or le sujet
humain, à la fois objet et agent de l'éducation, est un
système ouvert, complexe, plongé dans un environnement riche
à saturation. En effet, l'humain - quels que soient son âge et son
statut - est un sujet intentionnel dont les objectifs sont souvent
contradictoires et officiellement communicables sans les déformer et les
réduire ; il fonctionne selon des procédures et des
stratégies fluctuantes, non programmables par cheminement
linéaire ;ses décisions sont souvent le résultat de
négociation et ses comportements paraissent irrationnels et
imprévisibles parce que ses raisons sont complexes et reliées
à un environnement trop riche en simulations diverses pour qu'on puisse
sélectionner à priori les impacts réellement actifs dans
une situation donnée. Les sujets impliqués dans
l'éducation et leur environnement sont donc complexes et non
contrôlables et la pratique nous montre que le souhait d'y prédire
est excessif et décevant.
La prédiction est donc hasardeuse dans le domaine
de l'éducation. Ainsi, serait-on tenté de proscrire la
prédiction, et par la suite la note scolaire, dans les
systèmes éducatifs. Il semble que le problème n'est pas
d'interdire la prédiction et la note scolaire mais il se situe
au niveau de l'utilisation qui en est faite et à l'ignorance des
problèmes qui sont inhérents (Duru-Bellat, 1989).
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