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Acteurs, stratégies et perspectives de développement du tourisme a Kye Ossi, ville aux trois frontières


par Jean Désiré NDONG
Université de Yaoundé 1 - Master 2 2021
  

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CONCLUSION

Considéré comme chapitre clé de notre travail, il était question de dire que la qualité de l'eau consommée détermine l'état de santé des populations. La mauvaise qualité de cette ressource est source des problèmes sanitaires auxquelles font face les populations. Les analyses effectuées sur les échantillons d'eau des diverses sources d'approvisionnement d'eau du bassin versant de Memi'i, nous avons relevé la forte présence des germes et des éléments physico-chimiques toxiques dans les eaux souterraines et superficielles. Cette présence des microorganismes et éléments chimiques ne provenant pas d'un simple hasard mais, des causes naturelles et surtout anthropiques présentes dans le bassin versant de Memi'i. Les activités d'élevage et agricoles sont les principales productrices des germes ; sans oublier la contamination fécale humaine et celle causée par les lexiviats d'ordures ménagères et des eaux usées. Cette contamination de l'eau consommée expose, les ménages à des risques sanitaires hydriques. La mise en relief de la relation entre l'eau consommée par les ménages et les pathologies d'origine hydrique présente dans cet espace géographique, sera l'objectif principal de notre prochain et dernier chapitre.

CHAPITRE IV : LES PATHOLOGIES PRESENTES DANS LE BASSIN VERSANT DE MEMI'I : LA RELATION ETROITE ENTRE PATHOLOGIES HYDRIQUES ET EAU CONSOMMEE

INTRODUCTION

Point de chute de notre analyse scientifique de cette problématique, il s'agit de montrer sans contour, la manifestation des risques sanitaires dont auraient souffert les ménages du bassin versant de Memi'i et de ses environs. Les résultats de laboratoire de la qualité organoleptique physico-chimique associée à celle bactériologique ont permis de constater avec certitude que l'eau consommée dans cette unité géographique était non potable et que cela relevé de plusieurs causes naturelles et anthropiques (Herbert et al. 2000). L'étude de la dynamique des risques environnementaux montre que, chaque risque à des origines et des effets, c'est-à-dire l'aboutissement ou la manifestation de ce risque. Cela nous pousse dire que, l'usage de l'eau comme boisson ou autre besoin par les ménages du dit milieu, a entrainé la manifestation de cette exposition au risque qui, n'est rien d'autre que, les pathologies d'origine hydrique. Cet ultime chapitre aura donc pour objectif, de montrer la corrélation existante entre l'eau consommée par les ménages et les maladies hydriques présentes dans le bassin versant de Memi'i. En dégageant donc cette relation, nous esquisserons aussi des perspectives de solutions qui, pourront être utiles dans les actions visant à améliorer la situation de l'approvisionnement en eau surtout potable dans ce milieu géographique afin de réduireles risques sanitaires hydriques ou maladies « des mains sales » (Freddy S.S. 2010)

I. IDENTIFICATION DES PATHOLOGIES HYDRIQUES DANS LE BASSIN VERSANT DE MEMI'I

Les risques sanitaires liés aux divers usages de l'eau se sont s'avérés au regard des analyses des échantillons d'eau consommée, mais principalement à cause des résultats des enquêtes menées auprès centres de santé du bassin versant du bassin versant, et aussi celles faites auprès des ménages et particuliers du milieu. Afin de d'arriver aux pathologies il était nécessaire en prélude, de faire une classification des microorganismes responsables de ces maladies hydriques. Ainsi à la suite de la présentation des microorganismes pathogènes, les résultats des enquêtes directives et entretiens avec les ménages permettront de ressortir les différentes maladies qui touchent les populations du bassin versant de Memi'i.

1.1 Les microorganismes présents dans l'eau responsables des maladies hydriques

Ce sont des organismes vivants biologiques d'origine fécale ; naturelle et anthropiques vivant dans l'eau, le sol et dans le corps humain comme le révèlent les analyses bactériologiques. Parmi les microorganismes pathogènes nous avons : les bactéries ; les protozoaires ; les helminthes et les agents vecteurs par inclusion.

1.1.1 Les bactéries

Ce sont des microorganismes qui vivent de façon grégaire, en suspension dans des zones à 10(*)gel muqueux. Les bactéries sont généralement présentes dans les eaux et dans les matières organiques. Ils sont de plusieurs types mais celles intéressantes notre étude sont celles pathogènes causant tout type d'infections bactériennes hydriques. Elles sont opportunistes et accidentelles vivant dans les eaux contaminées et entre au contact de l'homme par les germes tels que : les coliformes fécaux ; les salmonelles ; vibrions et les bacilles coliformes.

1.1.2 Les protozoaires

Ils sont connus comme les agents pathogènes causant la majorité des maladies d'origine hydrique. Les protozoaires sont majoritairement aquatiques et vivent dans les eaux polluées et usées de là ils causent tout type d'infections. Ils sont très agressifs, s'attaquant jusqu'au aux bactéries qui épurent l'eau de façon biologique afin de permettre la contamination de celle-ci. Ils sont responsables de la dysenterie amibienne ou amibiase ; des gastro-11(*)entérite et de la Cryptosporidiose.

1.1.3 Les helminthes

Communément appelés vers parasites ou vers intestinaux, ce sont des microorganismes ayant une morphologie assimilée à des organismes multicellulaires très visibles à l'oeil nu. Ils rentrent au contact de l'homme à cause de la mauvaise ou absence d'hygiène entrainant la saleté, la consommation d'eau et d'aliments contaminés. Ils sont nombreux et de différents types : les nématodes ; ascarides et trématodes. Ceux qui font l'objet de notre étude, sont les ascarides dont l'hôte féconde, vit et se développe dans les voies intestinales.

1.1.4 Les agents vecteurs

Ce sont des agents pathogènes qui vivent dans l'eau mais ne sont pas directement les causes de maladies. L'anophèle femelle par exemple qui est responsable du paludisme, vit dans l'eau qui est pour elle le fil conducteur de sa contamination.

La majeure partie des agents pathogènes s'infiltrent dans le corps par la voie orale et fécale c'est-à-dire que ce sont les excrétas qui contaminent directement l'eau ou indirectement par un vecteur humain.

1.2 Les pathologies hydriques déclarées par les ménages

Au cours de nos investigations de terrain, les ménages et particuliers enquêtés dans le bassin versant de Memi'i déclarées avoir souffert de diverses maladies en lien avec la consommation de l'eau et d'autres usages (MOUGOUE. 2012). Ces pathologies hydriques signalées par la population dont-elle aurait souffert dans le passé et actuellement sont entre autres : le choléra ; la fièvre typhoïde ; les diarrhées ; le paludisme ; les parasitoses et la dysenterie amibienne. Sur les 100 ménages enquêtés et les 15 particuliers ; 65,10% auraient souffert de la fièvre typhoïde ; 35,20% malades de choléra ; 54,6% ont contractés la diarrhée infectieuse et de 5,10% ont été souffrants de l'helminthiase ou parasitose qui touchent plus les enfants et les adultes.

FIGURE 5.1 : LES PATHOLOGIES HYDRIQUES DÉCLARÉES PAR LES MÉNAGES DU BASSIN VERSANT DE MEMI'I

Source : Investigations de terrain 2021

La fièvre Typhoïde est la pathologie d'origine hydrique touchant le plus les ménages du bassin versant de Memi'i avec 65,1%, tel est le premier constat ressortant de l'analyse de cette représentation graphique. Elle est causée par la majeure partie germes présents dans l'eau (salmonelles, coliformes). Cette omniprésence est la conséquence d'une forte absence d'eau potable dans les quartiers les plus peuplés du bassin versant. Les diarrhées (54,6%) quant à elles, sont récurrentes chez les ménages généralement du fait de la faible pratique de l'hygiène.

Il en ressort aussi de l'analyse de ce graphique que, le choléra qui sévissait autrefois, trouvant ses origines dans la consommation d'eau polluée et surtout de l'exposition aux excréments humains des personnes malades et d'aliments souillés a fortement diminué (35,2%). Les parasitoses que sont l'amibiase (25,7%) et l'helminthiase (5,1%) sont, le résultat d'une consommation d'eau contaminée surtout celles des sources naturelles et puits traditionnels et ces parasitoses touchent les nourrissons et les enfants de 5 à 12 ans.

Il faut dire que le choléra c'est qui a attiré le plus notre attention et nous poussé à la proposition de cette étude, du fait des ravages qu'il avait fait auprès des ménages au cours de l'année de 2015 avec des cas décès. Mais au cours des dernières années, la fièvre typhoïde qui est devenue, la maladie la plus récurrente dans tout le bassin versant de Memi'i.

1.3 Les pathologies hydriques recensées auprès des formations sanitaires

Afin de dénombrer les cas de maladies dû aux infections hydriques, nous avons eu recours aux centres de santé du bassin versant de Memi'i. Ces données collectées dans 6 formations sanitaires réparties dans le bassin versant permettront d'avoir un aperçu plus net de la situation des maladies hydriques. Les formations sanitaires auxquelles nous ont eu recours sont : le Centre Médical d'arrondissement de Kyé-Ossi (CMA) au quartier Obang-Ntane ; la Clinique de Carrière (CC) au quartier Carrière ; le Centre de Santé la Grâce (CSG) ; le Dispensaire Catholique de Kyé-Ossi (DCK) et le Centre de Santé les Merveilles de Kyé-Ossi (CSMK). Selon les données fournies, les maladies d'origine hydrique les plus récurrentes sont : la fièvre typhoïde ; le choléra ; les diarrhées ; l'amibiase ; la dysenterie amibienne et les helminthiases qui varient d'un centre sanitaire à un autre mais certaines sont dominantes.

PLANCHE 6: NOMBRES DE CAS DE PATHOLOGIES HYDRIQUES ENREGISTRÉES DANS LES CENTRES SANITAIRES ENTRE 2013-2020

FIGURE 5.2 : CAS DE MALADIES HYDRIQUES RECENSÉES ENTRE 2013-2014

FIGURE 5.3: CAS DE MALADIES HYDRIQUES RECENSÉES ENTRE 2015-2016

FIGURE 5.4: CAS DE MALADIES HYDRIQUES RECENSÉES ENTRE 2017-2018

FIGURE 5.5: CAS DE MALADIES HYDRIQUES RECENSÉES ENTRE 2019-2020

Source : Enquête sanitaire 2021

Cette planche ressort un nombre très conséquent de personnes, ayant été touché par les pathologies d'origine hydrique et cela reflète à quel niveau le risque sanitaire hydrique est présent et se manifeste dans le bassin versant de Memi'i.

1.3.1 Le Choléra

Encore appelé la diarrhée aigüe liquide, le choléra est une infection bactérienne provoquant de graves diarrhées et une forte déshydratation causée par l'ingestion d'eau ou d'aliments contaminés. Elle est causée par la bactérie Vibrion Cholérique (vibrio cholerae) transmis par l'usage en boisson ou autre usage de l'eau contaminée par les coliformes fécaux en particulier Escherichia Coli principale cause, mais aussi les salmonelles qui provoquent la toxi-infection alimentaire. Le choléra s'est manifesté dans le bassin versant de Memi'i sous forme d'épidémie lors des années 2013 et 2015 avec forte prévalence du fait que, les selles des personnes infectées et sachant que nombreux ménages utilisent des latrines communes insalubres ; consomment des aliments et de l'eau contaminée. Cette pathologie cholérique a causé 597 cas entre 2013 et 2020 selon les données cliniques obtenues. Elle fait donc office de l'une des pathologies ayant sévi avec force dans le milieu surtout avec son pic de cas en 2015 soit près de 258 malades enregistrées et même des décès (5).

1.3.2 La Fièvre Typhoïde

Elle est devenue la pathologie hydrique ou non sévissant le plus dans tout l'espace géographique national, touchant les ménages de tout niveau de vie et le bassin versant de Mi ne fait pas exception. La fièvre typhoïde ou typhoïde est causée par la bactérie ou bacille d'Eberth dû à la contamination fécale de l'eau consommée par les salmonelles (salmonella typhi). Elle se développe par la consommation d'eau et d'aliments ayant subi une pollution fécale d'origine humaine ou par transmission directe (personne-personne). Elle se manifeste par des symptômes tels que : une fièvre continue ; les céphalées ; l'anorexie ; les douleurs abdominales et diarrhées associées à une constipation. Notons que dans ces cas graves surtout de paratyphoïde (A, B, C) elle conduit à la mort.

Selon les données cliniques analysées de 2013 à 2020, la fièvre typhoïde a fait 1403 cas de maladies dans le bassin versant. Il faut dire que la pathologie n'était pas aussi forte avant l'année 2016 mais la forte pression migratoire vers le bassin versant a entrainé une forte augmentation de la population mais sans augmentation parallèle des points d'eau et des latrines.

1.3.3 Les Diarrhées Infectieuses ou bactériennes

Les 12(*)diarrhées sont la conséquence de plusieurs causes mais celles qui nous intéressent dans le cadre de cette étude sont causées par les bactéries. Les diarrhées infectieuses sont le résultat d'une contamination de l'eau par les bactéries par le bais des germes pathogènes de tout bord à savoir : les coliformes fécaux, les parasites ; les salmonelles ou les shigelles. Ces bactéries envahissent la paroi intestinale causant ainsi l'infection (Alain Weber. 2021). Les informations cliniques rapportent une fréquence assez élevée et permanente des diarrhées infectieuses sans compter le fait que bon nombre de ménages et particuliers s'auto-traitent. Ainsi le nombre de cas affichés est 591 et rappelons que ces cas sont indépendants d'autres maladies car les diarrhées sont en général des symptômes de toutes les pathologies hydriques.

Il faut dire que les diarrhées infectieuses sont dû à une faible hygiène, consommation d'eau contaminée, se manifestant par de simples diarrhées ou aigües caractérisées par la fatigue ; nausées ; léthargie avec selles molles et liquides. Leur forte prévalence se justifie par le fait que, les diarrhées n'épargnent aucune classe d'âge et touche près de ¾ des nourrissons et 2/3 des adultes du bassin versant de Memi'i (District de Santé d'Ambam. 2020).

1.3.4 La Dysenterie Amibienne (Amibiase)

Tout comme les diarrhées, la 13(*)dysenterie amibienne provient de plusieurs origines, cependant celle qui concerne notre travail est celle amibienne ou amibiase car il y'a aussi celle bacillaire. L'amibiase est une infection du côlon (gros intestin) provoquant une diarrhée souvent associée à du sang et du mucus accompagné de crampes abdominales. Elle est la conséquence de l'exposition au parasite protozoaire appelé Entamoeba Histolytica qui rentre au contact de l'homme via l'ingestion d'eau contaminée par les fèques (Alain Weber. 2021). Elle trouve aussi sa cause dans, un mauvais accès à l'eau potable. La dysenterie amibienne se manifeste par des douleurs abdominales internes ; la sensation de froid ; vertiges ; fièvre et diarrhée aqueuse avec du sang. Le nombre de cas enregistrés est de 584.

1.3.5 L'helminthiase

C'est une maladie parasitaire provoquée les helminthes qui sont des vers parasites qui s'attaquent et se logent dans les intestins. L'helminthiase se transmet par voie orale, au contact des insectes vecteurs, l'eau étant la principale voie de transmission de cette pathologie. Elle sévi sous différentes formes : la schistosomiase ; l'ascaridiose ; l'ankylostomiase et la filariose. Mais les formes les plus répandues dans le bassin versant de l'oxyurose et la filariose avec près de 422 cas selon indices cliniques collectées.

TABLEAU 10: RÉCAPITULATIF DU NOMBRE DE CAS DE PATHOLOGIES HYDRIQUES RECENSÉES ENTRE 2013-2020

Pathologies/

Années

2013-2014

2015-2016

2017-2018

2019-2020

Total

Choléra

143

365

76

13

597

Typhoïde

195

219

511

478

1403

Diarrhées

168

198

102

123

591

Amibiase

128

179

163

114

584

Helminthiase

210

81

76

55

422

Total

844

1042

728

783

3597

Source: Enquête sanitaire 2021

A travers ce tableau, nous pouvons dire que risque sanitaire est croissant dans le bassin versant de Memi'i, ceci s'explique surtout par le fait que la population devient plus nombreuse au fur des années. Il faut dire que, la fièvre typhoïde qui est la maladie qui touche le plus les ménages était peu présente mais sa croissance est devenue exponentielle dû fait, de la dégradation du milieu avec plus de d'activités productrices de germes pathogènes comme le commerce agricole mais surtout par le manque d'infrastructures d'accès à l'eau. Le choléra qui est la pathologie qui a attiré notre attention, a connu son pic en 2015. Il faut dire que pathologies sont assez présentes dans le bassin versant.

FIGURE 5.6 : CARTE DE LA PRÉVALENCE DES PATHOLOGIES HYDRIQUES EN FONCTION DES QUARTIERS

Source : Enquête sanitaires, Investigations de terrain 2021

L'identification des pathologies et de leurs manifestations sur les ménages est très révélatrice de la qualité de l'eau dans le bassin versant de Memi'i, mais aussi du faible volume qualitatif de celle-ci. Les informations collectées auprès des formations sanitaires corrélées à celles obtenues par le biais des enquêtes ménagères et entretiens, montrent et démontrent sans l'ombre d'un doute une forte prévalence des maladies d'origine hydrique. En tête de ces maladies, la fièvre typhoïde suivie de loin par le choléra ; les diarrhées infectieuses ; la dysenterie amibienne et enfin l'helminthiase. On notera que, le choléra et la fièvre typhoïde touchent plus les personnes de plus de 25 ans alors que, les diarrhées ; l'amibiase et l'helminthiase s'attaquent au plus jeunes et nourrissons.

II. LES RAISONS DE L'AGGRAVATION DU RISQUE SANITAIRE HYDRIQUE DANS LE BASSIN VERSANT DE MEMI'I

La forte prévalence des maladies hydriques dans le bassin versant de Memi'i est sans doute, le résultat d'une forte exposition au risque sanitaire, c'est-à-dire qu'il y'a une panoplie de facteurs contribuant à l'augmentation du risque d'origine hydrique qu'à sa diminution. Ces facteurs ou raisons qui contribuent à l'aggravation ou croissance du risque sanitaire sont d'ordre environnemental mais aussi d'ordre anthropique dans la majeure partie. Ceci découlant du fait que, même une eau potable à la base devient contaminée et impropre à cause des pratiques ou manipulations humaines. Il faut cependant qu'il ne faudrait pas faire le parallèle entre une cause de la contamination de l'eau avec celle aggravant la manifestation du risque sanitaire (pathologies hydriques).

2.1 Les précipitations : principal moteur de l'aggravation du risque sanitaire hydrique

L'étude des risques sanitaires associés à la contamination microbienne de l'eau collectée et consommée dans un espace géographique a statiquement pour origine les épisodes pluvieux. Il est sans doute de dire que, les pluies sont la cause de la survenue des cas sporadiques des maladies de nature hydrique (SERVAIS et al. 1992). Dans la mesure où, lorsque, les périodes pluvieuses sont prolongées et répétitives, cela augmente les écoulements d'eau polluées par les déchets, les excréments, les résidus chimiques agricoles et autres qui s'infiltrent de façon rapide et forte dans le sous-sol contaminant à la fois la nappe phréatique et les eaux surfaciques ABOUBACRINA et al. 1991).Au regard des énormes crues dans le bassin versant du fait de la variation climatique actuelle, les pluies empêchent non seulement l'accès à des sources d'approvisionnement en eau potable dû aux complications logistiques, polluent l'eau souterraine principal réservoir d'eau potable du bassin versant et poussent les ménages à consommer l'eau des pluies non potable. Tous ces liens créés par les précipitations ne font qu'aggraver l'exposition aux pathologies hydriques dans un milieu déjà en grande difficulté d'accès à l'eau potable.

2.2 La variation climatique

L'alternance saisonnière du climat dans le bassin versant joue aussi un rôle non négligeable dans la croissance des pathologies hydriques dans ce milieu. Le fait que le climat varie, rend l'approvisionnement en eau de qualité difficile du fait de sa non permanence. Les sources d'approvisionnement subissant le contre-courant de cette alternance de périodes pluvieuses et celles sèches, empêchent les ménages d'avoir de l'eau de bonne qualité en gros volumes et cela contribue à la réduction d'une bonne pratique d'hygiène premier déterminant de la contraction des maladies hydriques comme le choléra ; la typhoïde et l'helminthiase considérée par Freddy S.S (2010) comme étant les « Maladies des Mains Sales » c'est-à-dire des pathologies liées au manque d'hygiène de base. Cette même variation climatique dans le bassin versant de Memi'i est la cause du développement des germes responsables des maladies, pour la raison selon laquelle, ces germes pathogènes qui souvent en hibernation dans la majeure partie en saison sèche sont réveillés par la saison pluvieuse qui permet leur survie et leur mise en action de contamination (TAB. 11)

Tableau 11: Répartition cas de pathologies hydriques en fonction des périodes climatiques.

Quartiers

Maladies hydriques

Périodes ou saisons

Effectifs

Obang-Ntane

Diarrhées, typhoïde helminthiase 

Période sèche

457

Chaine frontalière

Typhoïde, diarrhées, amibiase, choléra

Périodes pluvieuse et sèche

763

Quartier Cemac

Typhoïde, diarrhées

Période pluvieuse

195

Quartier du Lycée

Typhoïde, choléra, diarrhées

Périodes pluvieuse

98

Essabin

Choléra, typhoïde, helminthiase

Période sèche

63

Quartier Administratif

Diarrhées, typhoïde

Période sèche

109

Assa'assi

Choléra typhoïde ; amibiase

Période pluvieuse et sèche

203

Marché Akombang (AK)

Choléra ; typhoïde ; amibiase ; diarrhées

Périodes pluvieuse et sèche

861

Ancien Congelcam (AK)

Typhoïde, amibiase et diarrhées

Période pluvieuse

72

Nouveau Congelcam (Ak)

Typhoïde ; diarrhées

Périodes pluvieuse et sèche

135

Quartier Bagdad (Ak)

Amibiase ; typhoïde ; choléra ; diarrhées

Périodes pluvieuse et sèche

305

Antenne orange (AK)

Diarrhées, typhoïde

Période pluvieuse et sèche

285

Foyer Bamoun (AK)

Diarrhées ; choléra ; typhoïde

Période sèche

51

Source : Enquêtes sanitaires, Investigations de terrain 2021

2.3 Le faible volume d'eau potable dans le bassin versant de Memi'i

L'absence d'un réseau d'adduction publique d'eau potable dans le bassin versant, est sans doute le noyau du problème d'approvisionnement en eau dans cet espace géographique où les dynamiques naturelles et anthropiques sont rapides. Le besoin en eau potable étant élevé du fait d'une population sans cesse grandissante, la présence d'un réseau public d'accès à l'eau aurait pu augmenter le stock d'eau potable afin d'éviter d'exposer les ménages aux risques sanitaires déjà assez présents. Le fait qu'un ménage n'est pas une eau potable en gros volume l'expose au risque sanitaire.

Car l'absence d'une eau potable en grande quantité ne permet pas à un ménage d'assurer à la fois l'hygiène ; l'eau de boisson et autres usages à tout le domicile sachant que certains ménages ont plus de 4 membres en moyenne. Cette forte densité de la population doit donc avoir en quantité l'eau de bonne qualité pour ne pas s'approvisionner dans des sources d'accès à risque qui les conduirait à l'exposition aux pathologies hydriques.

Le faible volume en eau potable contraint les ménages à réduire la qualité d'hygiène car l'eau n'est pas assez abondante et aussi pousse à s'alimenter en eau dans des sources polluées, tout cela contribue à la croissance du risque sanitaire hydrique au sein des ménages et ainsi entrainer une recrudescence des cas de maladies hydriques.

2.4 Le faible niveau d'instruction des ménages

C'est l'une des raisons anthropiques qui aggravent le taux de pathologies dans le bassin versant de Memi'i et comme dans tout l'espace national et continental. Le faible niveau de scolarisation ou d'instruction dans ce milieu auprès des ménages et particuliers, est un facteur de causalité de l'aggravation du risque sanitaire hydrique dans ce bassin versant. Le niveau d'instruction est un indicateur de la croissance des maladies, car, la connaissance de l'importance des mesures d'hygiène et de la consommation de l'eau potable ; des mesures d'assainissement par les ménages jouent un rôle dans la présence ou non des pathologies dans un habitat ou ménage.

Howard M.A cité par Kombassere. A (2007) pensait à cet effet que, les femmes qui constituent le maillon central du ménage doivent avoir un bon moyen d'instruction car, des femmes avec un faible niveau d'éducation ne garantissent pas la protection du ménage contre les maladies hydriques mais plutôt exposent le ménage. Cela venant du fait qu'elles influencent sur le système sanitaire familial. Nous comprenons par là qu'un niveau d'instruction faible aggrave parallèlement le risque sanitaire dans un ménage et dans tout le bassin versant.

2.5 Le niveau de vie des ménages

Le niveau de vie des ménages a une place importante dans leur état sanitaire, car un ménage avec un niveau de vie faible ou mauvais est plus exposé au risque de maladie hydrique. Cependant notons que, le niveau de revenu assez bon dans ce milieu n'est pas synonyme d'une bonne qualité de vie. Et aussi par le fait que les ménages préfèrent des sources d'accès de moindre qualité plus nombreuses et moins couteuses. Tout ceci contribue dans une certaine optique, à l'aggravation du risque sanitaire dans ce milieu. Car un niveau de vie faible implique un approvisionnement et une consommation d'eau moins sécurisée.

La diversité des voies de prise en charge lors des cas de maladies hydrique vient conforter l'idée selon laquelle, le niveau de vie des ménages est facteur d'aggravation du risque sanitaire hydrique. Les ménages étant financièrement moyens préfèrent se soigner eux-mêmes. L'automédication est la prise en charge la plus répandue dans le bassin versant, 3/5 des ménages se soignent eux-mêmes. Les maladies telles que les diarrhées infectieuses, l'amibiase et l'helminthiase sont s'auto-soignent.

Les pathologies plus difficiles à dépister comme le choléra et la typhoïde sont soignés dans les centres de santé, cependant, la fièvre typhoïde est plus diagnostiquée dans les formations sanitaires mais majoritairement soignée par les naturopathes ou auprès des vendeurs de la rue.

FIGURE 5.7: LA PRISE EN CHARGE DES CAS DE MALADIES HYDRIQUES DANS LE BASSIN VERSANT DE MEMI'I

Source : Investigations de terrain 2021

Ce graphique, illustre les divers moyens de prises en charge lors des situations de maladies. On constate un départage dans leur prise en charge, les centres sanitaires sont sollicités en premier (46%) mais ce chiffre est provisoire et être moindre car les ménages sont très adeptes des soins personnels. L'automédication (29%) est très pratiquée par les ménages qui s'approvisionnent dans les médicaments de la rue (6%) et aussi dans les pharmacies afin de se prendre en charge de façon personnelle. La fièvre typhoïde est la pathologie qui pousse le plus les ménages chez les naturopathes (18%) car, elle se soigne plus rapidement et avec efficacité avec des traitements naturels.

2.6 L'assainissement délicat dans le bassin versant de Memi'i

L'évacuation des eaux usées, excrétas et des déchets ménagers sont l'un des problèmes les plus récurrents chez les ménages du pays et de tous les pays des tropiques. Le constat du mauvais assainissement dans les zones les plus densément peuplées dans le bassin versant de i à laisser entrevoir des conditions favorables au développement des germes pathogènes causant les maladies. La forte présence des jets d'ordures sauvages et de bassins d'eau usées entre et près des domiciles précipite la croissance des pathogènes car ces lexiviats d'ordures et bassin d'eau usées sont des habitats des agents pathogènes et les variables telles que, les précipitations accélèrent leur mobilité augmentant ainsi leur pouvoir de contamination.

2.7 L'absence du traitement de l'eau consommée

Une eau contaminée lorsqu'elle est traitée peut se consommer sans risque prépondérant d'infection microbienne. Le traitement de l'eau permet d'éliminer les microorganismes responsables des maladies hydriques et mêmes les agents physico-chimiques. La quasi-absence du traitement de l'eau consommée par les ménages et particuliers ne traitent pas leur eau avant consommation à l'exception de ceux alimentant les nourrissons. La méthode de la javellisation qui traite permet le traitement rapide de l'eau est utilisée par 5,3% des ménages soit 11 ménages sur 150. Cette javellisation de l'eau est généralement utilisée dans les tentatives d'épuration de l'eau. Seuls 2,2% utilisent l'ébullition pour traiter l'eau, c'est le cas des ménages avec nourrissons ; les établissements de restauration et quelques rares ménages ont un filtre à eau (0,2%).

L'absence de traitement de l'eau amplifie le risque sanitaire car, l'eau consommée étant déjà douteuse voir de mauvaise qualité, l'absence du traitement de celle-ci vient consolider cette situation déjà catastrophique.

Nous constatons une absence très claire du traitement de l'eau par les ménages. Sachant que, l'eau consommée dans le bassin versant de Memi'i est loin d'être potable, l'absence du traitement de celle-ci par les ménages ne ferait, qu'augmenter l'exposition aux maladies hydriques déjà assez présentes dans ce milieu.

FIGURE 5.8: TRAITEMENT DE L'EAU CONSOMMÉE PAR LES MÉNAGES

Source : Investigations de terrain 2021

2.8 La perception paradoxale de la manifestation du risque sanitaire hydrique par les ménages

Comme le dit souvent une un dicton propre à notre réalité africaine, je cite : « la saleté ne tue pas l'homme noir », c'est dans cette pensée non rationnelle des choses que, nombreux ménages vivent. Les ménages du bassin versant comme ceux d'ailleurs dans le territoire national et continental ont une vision très relativiste de l'importance, à s'approvisionner dans une source d'approvisionnement sécurisée ; à consommer et à faire usage de l'eau de bonne qualité à tout moment. Ils pensent que, le risque est peu présent voir absent en consommant de l'eau jugée dangereuse pour la santé par les organismes gouvernementaux (MINSANTE) ; des ONG de sensibilisation et par des élites locales actant dans le domaine sanitaire (la Clinique GERYL). La situation est telle que, malgré la sensibilisation faite auprès de ceux-ci, ils ne croient trop peu à la manifestation à l'exposition au risque sanitaire malgré une forte prévalence de la manifestation du risque sanitaire ces dernières années.

Le fait est que, seuls 3/10 ménages pensent à la probabilité de s'exposer à une maladie en consommant une eau impropre à la santé. Au vue de cette conception du risque sanitaire lié un l'approvisionnement en eau et aussi à son usage, cela permet de dire à suffisance que, la perception qu'on les ménages, les exposent exponentiellement aux pathologies d'origine hydrique.

III. PERSPECTIVES D'AMELIORATION DE L'APPROVISIONNEMENT EN EAU DANS LE BASSIN VERSANT DE MEMI'I

Les effets néfastes entrainés par le faible et mauvais approvisionnement actuel en eau de qualité dans le bassin versant de Memi'i et plus loin dans ces environs ne sont guère négligeables. La présente étude s'est même donnée pour intérêt, de produire des solutions mélioratives pour l'accessibilité à l'eau potable en volume conséquent. Non comme une baguette magique, ce travail se veut comme outil pratique à la prise des décisions par les acteurs publics et privés de cet espace. La manifestation du risque sanitaire provenant de l'eau (pathologies) a des répercussions socio-économiques sur la population et il y'a donc nécessité à améliorer l'accès à l'eau potable dans ce milieu.

3.1 La mise sur pied d'un réseau public d'approvisionnement en eau potable dans le bassin versant de Memi'i

La mise en place d'une adduction d'eau, dans tout le bassin versant permettrait susceptible d'améliorer la situation actuelle en termes d'accès à l'eau potable. Ce réseau public d'eau potable permettrait non seulement d'augmenter la couverture spatiale du bassin versant en terme de points d'approvisionnement en eau potable au regard du taux de couverture actuelle très insuffisant en terme d'espace et de ménages. Ce réseau serait aussi la solution pour augmenter le volume d'eau de bonne qualité dans le bassin versant afin de limiter l'exposition des ménages à s'approvisionner dans des sources d'eau alternatives fortement polluées et zones de développement des germes.

La présence d'un réseau public d'approvisionnement en eau viendrait dans une certaine mesure sécuriser l'approvisionnement en eau en évitant aux ménages d'effectuaient des distances avoisinantes les 1 km pour s'en acquérir de l'eau. Il limiterait entre autre les fréquentations communes des points d'eau qui augmentent l'insalubrité de l'environnement physique des points d'eau. Le réseau public d'approvisionnement en eau n'est pas la panacée idéale car la contamination touche même une eau potable mais cela améliorerait la situation d'accès à l'eau et réduirait la forte exposition des ménages aux risques sanitaires de nature hydrique dans le bassin versant et apparait pour nous la solution la plus viable, fiable et durable pour les ménages de ce milieu géographique.

3.2 La sensibilisation sur la question de la d'approvisionnement en eau et des risques sanitaires associés

Il important de signifier sans cesse aux ménages, l'importance que revêt l'approvisionnement en eau pour leur santé. Car la méconnaissance ou la négligence de s'approvisionner dans des sources d'accès à l'eau potable ; la consommation d'une eau impropre, le non-respect des mesures d'hygiène lors de la collecte et de la conservation de celle-ci conduisent directement à l'exposition aux risques sanitaires hydriques. Il est donc important d'organiser des colloques et de sensibiliser via les pratiques de terrain les ménages et aussi tous les acteurs sociopolitiques agissant dans le domaine de l'eau dans le bassin versant de Kyé-Ossi afin d'améliorer non seulement la situation de l'accès à l'eau potable en volume conséquent mais aussi la situation sanitaire des ménages qui, est influencée par cet accès à l'eau.Il y'a d'insister sur la nécessité d'apprendre à la population à traiter l'eau à l'échelle familiale

* 10Gel muqueux : zone de développement des cellules microbiennes

* 11Entérite : tout ce qui a trait aux intestins

* 12Diarrhées : les diarrhées ont plusieurs origines : allergie alimentaire et microbienne

* 13Dysenterie : elle est causée par plusieurs germes : soit par les protozoaires (amibiase), soit par des bactéries on parle dysenterie bacillaire

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein