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Rivalité sino-américaine et son impact sur le nucléaire iranien


par William Lulonga Welongo
Université de Lubumbashi - Licence en Relations Internationales 2021
  

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Section 3. DE L'IMPACT DESRIVALITES SINO-AMERICAINSUR LE NUCLÉAIRE IRANIEN

Cette section démontrera comment la rivalité de deux superpuissances a impacté le dossier du nucléaire Iranien.

§1. L'Iran au coeur de la rivalité entre la Chine et les États-Unis

Alors que tous les iraniens tentaient d'oublier la covid-19, les sanctions américaines et la crise économique pendant les longues vacances du Nouvel An 1400 (Norouz, 20 mars 2021), la signature le 27 mars 2021 d'un pacte de coopération stratégique et commerciale de 25 ans par le ministre des affaires étrangères chinois Wang Yi et son homologue iranien Mohamed JavadZarif a fait grand bruit. Cette information a envahi les médias iraniens et provoqué sur les réseaux sociaux comme chez les analystes iraniens et étrangers des interrogations alarmistes, des déclarations radicales et des protestations sans appel. Une fois la tempête passée, on constate que ce pacte assez banal dans sa forme et dans ses conséquences immédiates a peut-être formalisé les nouveaux rapports de force durables, mais complexes entre la Chine et les pays riverains du golfe Persique, et surtout mis les États-Unis devant leurs responsabilités. De fait, Joe Biden vient d'accepter le 3 avril de participer même de manière indirecte avec l'Iran à une réunion des six États signataires de l'Accord de 2015 sur le nucléaire iranien dont Donald Trump s'était retiré162(*).

L'Iran arrive en effet bien tard, car des accords similaires avaient été signés par la Chine en 2013 avec l'Irak, en 2015 avec les Émirats arabes unis, en 2016 avec l'Arabie saoudite et auparavant, entre 2001 et 2006 avec l'Afghanistan le Pakistan, la Russie et les États d'Asie centrale. En fait, Téhéran rattrape aujourd'hui le retard pris face à ses voisins. Ce texte de 2021 est la formalisation de la déclaration commune publiée après la visite à Téhéran du président Xi Jinping en 2016, peu après le JCPOA qui ouvrait alors d'immenses espoirs économiques et la voie à une normalisation avec les États-Unis. La Chine ne voulait pas être écartée par ce retour des États-Unis et des entreprises européennes163(*).

Dans l'euphorie du JCPOA, l'Iran, toujours réticent, n'avait pas formalisé ses projets avec la Chine, mais la crise provoquée par la politique hostile de Donald Trump a changé les rapports de force et incité Téhéran à prendre l'initiative et à relancer les négociations en juillet 2020. Cet accord de mars 2021 pourrait donc marquer à la fois un changement de la politique de Téhéran pour sortir de l'isolement diplomatique, et une inflexion de Pékin jusqu'ici attentiste et opportuniste vers une politique proactive mais toujours prudente pour profiter du retrait américain relatif du Proche-Orient et faire face aux ambitions de la Russie et de l'Europe.

Une proximité ancienne et discrète : Les relations entre les deux pays sont longtemps restées prudentes après l'établissement des relations diplomatiques le 16 août 1971. La Chine a dû s'excuser auprès de la jeune République islamique pour le voyage officiel du premier ministre Hua Guo Feng en 1978 quelques mois avant la chute du chah. Malgré sa neutralité affichée dans la guerre Irak-Iran, la République populaire a ensuite vendu des armes à Téhéran, et plus tard des missiles. La Chine a été l'amie des temps difficiles : selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, la Chine est ainsi devenue, discrètement, le second fournisseur après la Russie de l'Iran en armes conventionnelles entre 1981 à 2019. La coopération nucléaire civile, un moment actif a été interrompue sous la pression de Washington, mais n'a jamais totalement cessé164(*).

La Chine a surtout été le seul pays à réaliser des investissements importants en reprenant les programmes pétrolier et gaziers abandonnés par les compagnies occidentales, notamment à Yadavaran (champ de pétrole situé dans le Khouzestan) et à South Pars, un gisement offshore de gaz naturel situé à cheval entre les eaux territoriales de l'Iran et du Qatar. Alors que les sanctions américaines bloquaient les entreprises internationales, la Chine a exporté vers l'Iran des machines et des équipements lourds (transports, énergie, chimie) et obtenu des contrats pour la construction de barrages ou de voies ferrées, et payé ainsi en yuans ses importations de pétrole toujours plus grandes. Les produits de consommation chinois, bon marché, ont envahi les bazars. Le résultat est sans appel : malgré une baisse récente due à l'embargo sur le pétrole imposé par les États-Unis, la Chine était et reste le principal fournisseur et client de l'Iran165(*).

Cette présence chinoise, qui a profité du vide imposé par les sanctions américaines, a cependant toujours évité de se transformer en rivalité directe avec les entreprises européennes ou de heurter frontalement la politique d'embargo américain sur les exportations iraniennes de pétrole. L'accord de 2021 ne fait donc que donner quelques lignes directrices à une réalité politique, diplomatique et économique jusqu'ici plus pragmatique et opportuniste que stratégique, au moment où la nouvelle administration de Joe Biden ouvrait de nouvelles perspectives. En affichant avec ostentation un rapprochement avec la Chine, le gouvernement iranien envoyait également un message clair au président Biden : montrer que l'Iran pourrait, si nécessaire, résister encore longtemps aux sanctions. En ouvrant ses portes aux multiples dimensions du programme des « nouvelles routes de la soie » (Belt and Road Initiative, BRI), toute la région du golfe pourrait rapidement devenir une place forte pour la République populaire de Chine. Pour Téhéran, la « menace » chinoise a incontestablement été un argument nouveau et peut-être décisif pour tenter d'obtenir plus de la part de Washington, à la fois à court terme, mais surtout à long terme dans les relations bilatérales166(*).

* 162 Didier Chaudet « Iran : comment la rivalité avec les États-Unis renforce les liens avec la Chine », 2020, p.46.

* 163 Laura Rozen, « Inside the secret US-Iran diplomacy that sealed nuke deal », in Al-Monitor, 11 août 2015, p.67.

* 164 « Azerbaijan Arrests 22 Suspects in Alleged Iran Spy Plot », in Bbc.co.uk, 2019, p.54.

* 165 A. Iqbal, « Tough US Warning on Iran Gas Pipeline », in Dawn.com, 2013, p.48.

* 166 Alain Barluet, « Iran : la décision de Trump dénoncée par les Français », in figaro, 2018, p.44.

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