Rivalité sino-américaine et son impact sur le nucléaire iranienpar William Lulonga Welongo Université de Lubumbashi - Licence en Relations Internationales 2021 |
§3. Le dossier épineux du nucléaireEn 1970, l'Iran a ratifié le Traité de Non-Prolifération (TNP) dont l'article 4 lui donne le droit « de développer la recherche, la production et l'utilisation de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques »155(*). Si la nécessité pour l'Iran d'avoir une industrie nucléaire civile n'est pas mise en cause, une partie de la communauté internationale soupçonne l'Iran d'avoir des objectifs militaires. Le programme d'enrichissement et de retraitement a été révélé par des opposants au régime en 2002. L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a très vite demandé à l'Iran de suspendre ces activités. L'Iran s'est alors engagé dans l'accord de Paris à coopérer avec l'Agence Internationale de l'énergie atomique. Le nouveau président iranien Ahmadinejad en 2005 a remis cet accord en cause156(*). Dès 2006, le Conseil de sécurité de l'ONU a pris des sanctions économiques et commerciales contre l'Iran accusé de conduire clandestinement un programme de nucléarisation militaire et de ne pas respecter les règles de L'AIEA. L'Iran prétend se limiter au nucléaire civil pour la production d'énergie. Mais d'après un dernier rapport de l'AIEA diffusé en août 2012, il poursuit le développement de ses capacités d'enrichissement de l'uranium à l'encontre des résolutions de l'ONU et malgré les sanctions internationales qui se sont révélées inefficaces jusqu'à cette date. L'Iran s'étonne depuis le début que des sanctions n'aient jamais été prises contre des pays comme l'Inde ou le Pakistan qui ont la bombe atomique et n'ont pas signé le TNP ou comme Israël qui a un arsenal nucléaire et n'a pas signé le TNP157(*). Les conséquences régionales : Les déclarations hostiles du président iranien à l'égard d'Israël et la menace de frappes préventives d'Israël contre les installations iraniennes ont contribué à accentuer les tensions. Le premier ministre d'Israël, Benjamin Netanyahu ne se satisfait pas de l'attentisme des Américains et alerte régulièrement la communauté internationale sur le danger que représentera l'Iran en possession de la bombe nucléaire. Lors d'une Assemblée générale des Nations unies, il a fixé la ligne rouge à ne pas laisser dépasser par l'Iran158(*). Le Président Obama récuse pour l'instant l'idée d'une intervention militaire d'Israël contre l'Iran par le bombardement des sites nucléaires. Mais il reste hostile à un Iran nucléarisé militairement et prévient des menaces que cela représenterait envers Israël, les pays du Golfe et l'économie internationale. Le président américain étant en période pré-électorale, il va privilégier la diplomatie et renforcer les sanctions jusqu'aux élections en novembre 2012. Mais ce temps de la diplomatie est limité, a-t-il précisé dans son discours devant l'Assemblée de l'ONU le 25 septembre 2012159(*). L'Union Européenne adopte la même politique et s'associe au renforcement des sanctions internationales. Parallèlement, elle espère que les négociations vont avancer. Les Etats-Unis sont-ils prêts à s'engager dans un nouveau conflit après l'Irak et l'Afghanistan ? Les conséquences d'une attaque ne seront-elles pas plus graves que celles d'un Iran en possession de l'arme nucléaire ? Cette dernière situation est semble-t-il sur le point de se produire160(*). Pour certains analystes, la réelle ambition de l'Iran est de prouver au monde entier sa capacité à se doter d'un arsenal nucléaire, se faire reconnaître comme une puissance nucléaire et reprendre le leadership dans la région. Que l'Iran persiste dans sa volonté de se doter de la bombe atomique ne sera pas sans conséquence pour la stabilité régionale. Outre la menace d'une frappe israélienne pour détruire les installations, les pays du Golfe et l'Arabie Saoudite en tête, voudront se protéger, d'autres pays voudront aussi leur bombe et cela peut être la porte ouverte à une prolifération du nucléaire militaire161(*). * 155 Article 4 du Traité de Non-Prolifération du 1er juillet 1968 pdf, p. 14. * 156 Robert Einhorn, A Transatlantic strategy on Iran's nuclear program, The Washington Quarterly, vol. XXVII, n° 4, aut. 2004, p.21-32 * 157 Résolution 2231 (2015) sur le programme nucléaire de l'Iran, sur Organisation des nations unies, 20 juillet 2015, p.75. * 158 « Un monde plus sûr: notre affaire à tous», Rapport au Secrétaire général des Nations Unies du Groupe de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement, New York, 2 déc. 2004, p.90. * 159Ritimo, Iran énergie nucléaire sanction économique armement nucléaire, novembre 2012, p.134. * 160Mönchengladbach,Université d'été européenne des mouvements sociaux, Du 17 au 21 août 2012, p.65. * 161Iran : la fin de l'isolement ? Mai 2017, in Afpicl-Bu Hdl, p.17. |
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