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Rivalité sino-américaine et son impact sur le nucléaire iranien


par William Lulonga Welongo
Université de Lubumbashi - Licence en Relations Internationales 2021
  

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CHAPITRE II. PRESENTATION DE CADRES D'ETUDE

Dans ce deuxième chapitre, il sera question de présenter, l'Iran, la Chine et les États-Unis d'Amérique. Ces trois pays vont constituer notre étude dans ce chapitre.

Section 1. L'IRAN

§1. Situations historiques et socio-culturelles

L'Iranconnu autrefois sous le nom de Perse jusqu'en 1935, avec une longue histoire militaire73(*). Vieil empiremultiethnique, seul État shiite au monde, mais s'étant engagé dans une révolution religieuse, l'Iran présente, à l'arrière-plan de son évolution récente, une physionomie singulière ; il regroupe des populations d'origines et de langues diversesavec une population de 85 028 760 habitants, dans le cadre d'un État très anciennement centralisé. La doctrine du shiisme, le courant musulman dominant depuis le XVIème siècle pose en termes singuliers le problème de la légitimité du pouvoir politique ; cette originalité dogmatique a pesé sur l'inflexion des événements révolutionnaires et sur l'instauration de la République islamique, mais elle fait l'objet de débats récurrents, y compris parmi les clercs, certains réclamant aujourd'hui avec une vigueur accrue la séparation du politique et du religieux74(*).

En 1977, l'Iran doit faire face à une brusque dégradation de la situation économique. Le coût de la vie connaît une hausse considérable, suite à la mévente du pétrole. Les manifestations se multiplient dans les grandes villes. C'est le 16 janvier 1979 que le Shah d'Iran est contraint de quitter le pays avec sa famille pour l'Égypte. Son départ est accueilli avec enthousiasme par le peuple iranien. Dès le 1er février, l'ayatollah Khomeiny est accueilli triomphalement après un exil de 14 ans. L'instauration de la République islamique est proclamée le 1er avril75(*).

De 1980 à 1988 : la guerre Iran-Irak, liée au contrôle de la région pétrolifère du Chatt al-Arab, affaiblira considérablement le régime.Véritable traumatisme national, le conflit cause la mort de 1,2 million de personnes. Après la mort de Khomeyni le 3 juin 1989, l'Assemblée des experts, un corps élu de religieux expérimentés, choisit le président sortant, l'ayatollah Ali Khamenei, comme Guide Suprême76(*).

§2. Situations géographiques etéconomiques

La République islamique d'Iran est un État du Moyen-Orient (Asie). Ce pays, connu autrefois en Occident sous le nom de Perse, qui est un plateau de forme trapézoïdale. La surface de ce plateau peut être évaluée, en chiffres ronds, à 2.600.000 km², dont la plus grande moitié, de 1.648.000 km² qui forme le territoire de l'Iran ; le reste est partagé entre l'Afghanistan et le Pakistan.

État d' Asie Occidentale,l'Iran est limité au Nord par l' Arménie, l' Azerbaïdjan et le Turkménistan, au Sud par le golfe Persique et la mer d'ArabieSaoudite, à l'Est par l' Afghanistan et le Pakistan, à l'Ouest la Turquie et l' Iraq77(*).

Au sud de la région azerbaïdjanaise et à l'ouest de Téhéran se trouvent le Kurdistan iranien et le territoire lors, lesquels regroupent huit provinces. La Province iranienne du Kurdistan, près de la frontière irakienne et immédiatement au sud de l'Azerbaïdjan iranien, couvre un relief très accidenté où vivent plus de 1 500 000 habitants majoritairement kurdes parlant le dialecte sorani. L'économie s'appuie sur l'agriculture, l'élevage, l'industrie alimentaire, chimique et métallique.À la rencontre géographique des principales aires ethnolinguistiques, sa population se compose de Perses, d'Azéris, de Kurdes et de Loris. Le Kermanchah se trouve également en montagne avec un climat plutôt tempéré, à la frontière avec l' Irak. Sa population d'environ 2 000 000 habitants 3, est à majorité kurde. La province est renommée pour ses tapis. L' Ilam, province montagneuse du Zagros dans la zone la plus chaude d'Iran également à la frontière irakienne, peuplée de Kurdes et de Loris, est la moins populeuse du pays78(*).

La guerre Iran-Irak a entravé son développement mais la mise en valeur de son potentiel pétrolier et touristique s'est amorcée. Le Lorestan, également dans le Zagros avec des vallées bien arrosées, abrite une population de près de 1 800 000 habitants, majoritairement de langue et de culture lories. Le Khousistan, situé au sud-est sur les rives du golfe Persique, compte plus de 4 500 000 habitants dont une grande partie est arabophone. Son territoire renferme les plus importantes ressources pétrolières et gazières d'Iran et la province est ainsi la troisième plus importante selon le produit intérieur brut79(*).

L'annonce en Mai 2018 du retrait formel des États-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien et la réintroduction progressive des sanctions américaines suspendues dans le cadre de l'accord, ont eu de lourdes conséquences sur l'économie iranienne. Ces sanctions visent des secteurs clés de l'économie iranienne (énergie, transport, finances). Les principaux investisseurs étrangers se sont retirés du pays et le niveau des échanges commerciaux a chuté de manière spectaculaire. L'inflation a atteint des niveaux particulièrement élevés (+63% entre décembre 2017 et décembre 2018) et a eu des effets négatifs très forts sur le pouvoir d'achat des ménages80(*).

a. Les ressources minérales :

Le fer, le plomb et le cuivre sont abondants en Azerbaïdjan ; l'Albourzà des mines de fer et de houille, on trouve aussi ce dernier près de Tabriz. Nichâpour est célèbre par ses turquoises, Yazd par son marbre jaune et transparent, les îles du golfe Arabo-Persique, Ormuz (Hormoz) et Qeshm, par leur sel gemme et leur ocre. L'Iran possède également du gaz naturel et d'importantes réserves de pétrole. Ce dernier produit représente d'ailleurs 80% des exportations du pays, surtout en direction de la Chine et du Japon. L'Iran fait partie de l' Organisation des pays exportateurs de pétrole (O.P.E.P.)81(*).

Selon le FMI, l'économie iranienne est entrée dans une phase de dépression en 2018 avec une diminution du PIB de 3,6 %, cette tendance devrait encore s'amplifier pour l'année 2019 alors qu'une réduction de 6,3% de l'activité économique est anticipée. Ce contexte difficile génère des mouvements de contestation envers le gouvernement Rohani, des manifestations ont ainsi éclaté dans tout le pays à l'été 2018. Il entraîne également un renforcement de l'emprise des Gardiens de la Révolution sur les sphères du pouvoir et l'économie du pays. En juillet 2019, l'Iran, a décidé, en représailles aux difficultés économiques dues au rétablissement des sanctions, de ne plus respecter certaines des obligations nucléaires de l'accord de Vienne. Le pays a enrichi de l'uranium au-dessus des taux autorisés et a relancé la production d'eau lourde dans la centrale d'Arak82(*).

b. L'hydrographie de l'Iran :

Les cours d'eau de l'Iran forment deux systèmes entièrement différents, celui de la périphérie, comprenant les fleuves qui se jettent dans l'Océan Indien et le golfe Arabo-Persique, ou dans la dépression de la mer Caspienne et de l'Aral (dépression touranienne) ; et celui du centre, contenant les rivières n'ayant pas d'écoulement au dehors et se jetant dans des lacs, tels que le Mûriân et le lac d'Ourmia, ou dans le désert.Le Sefid ou Qezel-Owzan forme une remarquable exception à cette distribution ; né dans les montagnes du Kurdistan, il se dirige vers le Nord, perce l'AIbourz au moyen de vallées profondément creusées et se jette dans la mer Caspienne, non loin de Rasht. Il rentre donc dans le système de la périphérie et il faut lui adjoindre le Lâr, sorti du Damavând, l'Atrek et le Gorgân, qui ont leurs sources dans les montagnes du Khoraçan, tous se jettent dans la mer Caspienne83(*).

Le Silup, le ShûrKûl, le Mand sont de petits fleuves qui se jettent dans l'Océan Indien ou dans le Golfe Arabo-Persique. Le Kârûn, rivière de Shûshtar et d'Ahvâz, navigable jusqu'à 180 kilomètres au-dessus de son embouchure, unit ses eaux au Chatt-el-Arab, dans le delta que forme celui-ci avant de tomber dans le golfe Arabo-Persique; la Karkheh, rivière du Luristan, se perd dans des marais entre Ahvâz et le Tigre; enfin, la Sirvân et Petit Zab, tous deux nés en Iran, atteignent le Tigre et forment ses principaux affluents de gauche84(*).

c. Le climat :

Le climat de l'Iran est extraordinairement, on estime l'humidité contenue dans l'air à 11,2%, dans le désert central, ce qui en fait l'un des points les plus secs de la Terre. Il tombe peu d'eau, la hauteur annuelle de la pluie ne dépasse pas 254 mm sur le plateau central, la moitié à peine de ce chiffre dans la plus grande partie de l'intérieur et au Sud-Est. En revanche, le climat est très humide dans le Gilân et le Mazandéran, sur les bords de la mer Caspienne, ou les brises humides du Nord, arrêtées par l'Albourz, se résolvent en pluies chaudes. L'hiver est très froid, l'été très chaud, les nuits de la belle saison sont fraîches. Il pleut en novembre, mars et avril, il neige en décembre et en février. Dans le Nord-Ouest (Azerbaïdjan), l'hiver est très rude, tandis qu'il se manifeste à peine dans la dépression du Hâmoun85(*).

d. La flore et la faune :

La végétation est pauvre; le platane, le peuplier, le cyprès et le palmier nain sont à peu près les seuls arbres que l'on rencontre. Les bords de la mer Caspienne font naturellement exception, et sont couverts d'une riche végétation paludéenne, ou domine la vigne sauvage ; les flancs des montagnes sont couverts de belles forêts. Les fruits sont variés et abondants; on trouve la prune, la poire, le melon, l'orange, la pêche, la figue, la pistache, l'amande. L'Asa foetida se trouve dans le Khoraçan et le Baloutchistan, le tabac et l'indigo sont cultivés dans quelques localités, le riz et la canne à sucre sur les rives de la mer Caspienne, le cotonnier également, ainsi que dans certaines contrées du plateau central, telles que le Khoraçan et l'Azerbaïdjan. Le blé et l'orge sont cultivés partout86(*).

Une espèce particulière d'ours (Ursussyriacus) et de renards habitent le plateau central, où l'on rencontre encore les loups, les ocelots, les onagres, les chèvres sauvages, les sangliers, les gazelles; les vautours persiques planent dans les airs, ainsi que sur les hautes montagnes les aigles des Alpes; les nombreux rossignols, dont les poètes ont chanté les amours platoniques avec la rose, peuplent les buissons. On connaît des scorpions noirs très dangereux, dans différents endroits, on est exposé aux piqûres des punaises venimeuses. Les fourrés marécageux des bords de la mer Caspienne recèlent des lynx, des loups, une espèce particulière d'axis. On ne rencontre plus les lions, jadis fréquent, dans les forêts du Zagros. Les gazelles et les onagres se trouvent surtout dans le Sîstân. Trois races de chevaux, l'arabe, le turcoman, le persan, sont soumises à l'élevage. Chirâz, Ispahan et les montagnes au Nord de Shûstar produisent des mulets. Le Khoraçan élève des chameaux réputés, soit à une bosse, soit à deux87(*).

* 73Farnaz Broushaki et al., Early Neolithic genomes from the eastern Fertile Crescent , Science, 29 Juillet 2016, Vol. 353, Issue 6298, p. 499-503.

* 74D. T. Potts, The Archaeology of Elam: Formation and Transformation of an Ancient Iranian State, in Cambridge University Press, 2004, p. 41.

* 75Ibidem.

* 76Peter Jackson, Mongols, novembre 2002, EncyclopædiaIranica, p. 14.

* 77« Rashid al-Din fut un administrateur compétent qui réforma le système fiscal, commercial, légal et postal de l'Iran » Richard FoltzL'Iran, creuset de religions : de la préhistoire à la République islamique, Presses de l'université Laval, 2008, p.170.

* 78 Université Laval, « Les provinces d'Iran », Québec, coll., Aménagement linguistique dans le monde, 2016, p. 78

* 79 Ibidem.

* 80A. Dan, F. Grenet, & N. Sims-Williams, Homeric Scenes in Bactria and India: Two Silver Plates with Bactrian and Middle Persian Inscriptions, BAI 28 (2018), p. 195.

* 81 Iran after the victory of 1979's Revolution, in Iran Chamber, p. 40.

* 82Azarnouche S., « A Zoroastrian Cult Scene on Sasanian stucco reliefs at Bandiyân (Daregaz, Khorâsân-e Razavî) », in Sasanian Studies: Late Antique Iranian World / SasanidischeStudien: Spätantikeiranische Welt. Vol. 1, T. Daryaee et Sh. Farridnejad (ed.), Wiesbaden, Harrassowitz, 2022, p. 28.

* 83Iran's strategic intentions and capabilities, éd. Patrick Clawson, National Defense University, Mac Nair Paper 29, p. 196.

* 84 Jean-Paul Roux, Histoire de l'Iran et des Iraniens : Des origines à nos jours, Fayard, Paris, 2006, p. 21.

* 85Ibidem.

* 86Ibidem.

* 87John H. Lorentz, Historical Dictionary of Iran, Scarecrow Press, Lanham Md, 2006 (2èmeEd.), p.552.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci