Rivalité sino-américaine et son impact sur le nucléaire iranienpar William Lulonga Welongo Université de Lubumbashi - Licence en Relations Internationales 2021 |
b. Les fondements et les manifestations de la puissanceLes fondements sont d'une grande diversité : le territoire, la population, l'économie, l'influence culturelle, la capacité diplomatique, la capacité militaire... Les manifestations aussi : alliances commerciales, politiques, militaires, diaspora, réseau d'ambassades, modèle culturel... On peut identifier les attributs, les leviers de la puissance puis évaluer la façon dont les États peuvent en disposer : Le territoire :peut procurer les ressources de diverses natures, profondeur stratégique mais il est des États de très grande superficie qui n'en retirent guère de puissance et l'inverse est également vrai : comparons la République démocratique du Congo et Singapour par exemple. La démographie :peut être un atout ou un fardeau : atout lorsque les dynamiques politiques, socio-économiques engagées sont favorables à la création des biens matériels ou immatériels, à l'innovation, à l'intégration de tous ; fardeau dans les situations inverses. L'économie :confère indéniablement de la puissance en se traduisant par des capacités d'innovation et d'investissement ; de pénétration voire de domination des autres marchés ; du contrôle des marchés de capitaux, de devises, de matières premières, etc. La culture (ou soft power) : rôle de la langue, diffusion des biens culturels à l'échelle régionale ou mondiale, influence sur les modes de diffusion de l'information, les réseaux, rôle d'impulsion de pratiques sociales. La culture est un levier essentiel d'influence internationale, à l'image de la culture américaine reposant sur 1,132 milliards d'anglophones et une culture de masse marchande et mondialisée (grandes firmes multinationales, médias, Internet). Les États-Unis produisent des normes et valeurs qui s'imposent dans le monde entier : démocratie et libéralisme, capitalisme et économie de marché, individualisme et communautarisme, normes économiques, financières, juridiques, droit et institutions internationaux54(*). La culture est aussi un instrument de la diplomatie internationale. L'Arabie saoudite en donne un bon exemple qui, selon le spécialiste Pierre Conesa, relève du « soft power américain dans la structure, soviétique dans la méthode ». Le rôle de l'État saoudien est capital, avec le Ministère des Affaires religieuses, le contrôle du pèlerinage à La Mecque, le rayonnement de l'Université islamique de Médine, la vigueur de la finance islamique55(*). Enfin, les capacités diplomatique et militaire : achèvent de constituer la puissance en superpuissance.Le poids, le rang et le rôle d'une puissance découlent aussi du poids qu'exercent dans certains centres d'impulsion (métropoles, centres régionaux de production). Jusqu'aux premières décennies du XXIe siècle, seuls les États-Unis étaient en position de disposer réellement de la totalité des attributs de la puissance, c'est pourquoi Hubert Védrine a avancé le concept de l'hyperpuissance américaine. Mais le poids grandissant de la Chine dans tous les domaines laisse plutôt entrevoir le retour d'un affrontement bipolaire, même si le contexte n'a plus rien de comparable avec celui de la guerre froide56(*). * 54 J.-B. Duroselle n'a-t-il pas publié en 1981,Tout empire périra? Dix ans plus tard, l'URSS implosait, p.65. * 55 Pierre Conesa, relève du soft power américain dans la structure, soviétique dans la méthode, 2020, p.34. * 56 Hubert Vedrine, L'Amerique n'est plus l'hyperpuissance d'il y a vingt ans, 2017, p.20. |
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