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Aux detours de la voix et ses "en je"


par Sylvie ROSI DETTO ROZZI
Université Paul Valéry Montpellier III - Master II 2021
  

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V-1 La forclusion vocale - Les hallucinations :

Pour Lacan : « Ce qui est forclos du champ symbolique revient sous forme hallucinatoire dans le réel ».Celui qui n'aura pas pu se structurer par l'intermédiaire du refoulement originaire, ce point sourd, se verra envahi par la voix de l'autre, il y restera suspendu et en souffrance. Lacan rapproche du râle de jouissance et de la mort du père de la horde primitive la voix inarticulée et la voix de la jouissance. La voix du père archaïque apparait comme obscène et féroce. La voix de l'autre s'impose de façon surmoïque par des injonctions « jouis ». L'autre s'adresse au sujet, mais le sujet est incapable de faire quoi que ce soit de cette adresse. La voix apparait comme fantomatique, comme réelle et menaçante. Freud parlera de voix folles et hurlantes de la conscience dans Totem et Tabou. Il y aurait donc forclusion primordiale à l'effet de la voix primordiale, qui fait retour comme une perception interne. La voix archaïque a été soustraite au pouvoir symbolisant et réapparait dans le réelle dénuée de signifiant.

Pour Lacan l'hallucination est une manière d'être au monde qui comme le délire n'est plus en adéquation en congruence avec un environnement composé de repères constants partagés par tous les représentants d'un groupe humain, un ensemble de signifiants. Les hallucinations sont

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dites vraies lorsqu'elles sont perçues de façon spatiale ou localisée et que le patient s'en défende en se fabriquant une armure (coton dans les oreilles, fabrication d'armure compliquée etc.) pour ne plus les percevoir.

La vocation psychotique venant tenter de suppléer ce qui manque à l'appel constitue l'oubli de l'Autre. Apparaît alors une voix hors-la-loi qui, telles les Erinyes poursuivant Oreste, ne le quitte pas parce qu'elles sont en lui et où qu'il fuie, sont toujours avec lui. C'est ce que nous montre dramatiquement la clinique de la psychose : des patients qui errent dans les hôpitaux l'oreille vissée à un transistor pour tenter de couvrir ses/ces voix. La loi permet donc à la voix de rester à sa place, c'est-à-dire inaudible.

Clérambault (1872-1934) s'est attaché à décrire les toutes premières étapes des processus psychotiques, notamment dans les délires chroniques hallucinatoires. Ces troubles inauguraux consistent en l'émergence au côté de pensées que je sujet reconnaît comme siennes, de productions mentales dépourvues de ce sentiment d'appartenance. Le sujet éprouvant une impression de facticité (qui n'a pas de contingences) les considère comme autonome par rapport à son propre psychisme. Cette activité mentale est dépourvue d'esthésie (sans sensation ni sensibilité) neutre au point de vue affectif et athématique (n'exprimant pas l'essence d'un individu) sur le plan idéique.

Pourtant bien que s'immiscent dans les cours de la pensée, les productions anormales bien qu'étant étrangères au sujet, n'en demeurent pas moins de l'ordre de la pensée, puisqu'elles sont dans la tête dans l'esprit du patient. Ces phénomènes parasites sont sans sensorialité ni spatialisation, ni totalité particulière, ni affectivité.

Par contre les voix venues de l'extérieur attribuées à un ou plusieurs personnages tenant des propos chargés de sens pour le patient déclencheront chez celui-ci une réaction émotive plus ou moins vive, d'autant que ces hallucination verbales, auditives peuvent être accompagnées d'hallucination psychosensorielles olfactives, tactiles, etc.. Les impressions d'étrangeté parce qu'extérieure conduiront le patient à dire qu'il est sous l'influence ou la possession des voix qu'il entend.

Jean Etienne Esquirol élabore la définition de l'hallucination comme une perception sans objet, définition retenue jusqu'à nos jour. «L'hallucination n'est pas seulement une perception privée du stimulus externe correspondant, mais la conviction intime d'une sensation actuellement

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perçue alors que nul objet extérieur approprié propre à exciter cette sensation n'est à la portée des sens «. 78

A la suite d'Esquirol, Falret, précisera que l'objet de l'hallucination doit paraître présent et tandis que le sens comme la, vue, ouïe, odorat et, goût, téguments, ne reçoit aucune impression. Par contre Bleuer fera de l'hallucination une représentation et non l'impression d'un objet, représentation à laquelle le sujet attribue une valeur de perception. Pour Freud, toute représentation inconsciente, doit pour devenir consciente, repasser par la perception pour être perçue comme objet externe. Dans l'hallucination, l'alternative dedans-dehors, représentation-perception, n'a plus de sens. Avec sa métapsychologie du système de perception-conscience, et avec sa théorie de la réalisation du désir dans le rêve et dans l'hallucination ; la dimension subjective sera définitivement instaurée, qu'on soit fou ou non fou.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore