V -3 Je suis pensé :
« Je suis parlé laisse entendre que le sujet ne
sait pas lire le chapitre de son histoire, l'inconscient. C'est un chapitre
censuré ou marqué par un blanc, ou occupé par un mensonge,
dont la vérité se retrouvent ailleurs que dans le corps
(symptômes hystériques) archives des souvenirs d'enfance. La voix
reste lettre morte. La voix est l'objet chu de la parole marquant la faille du
sujet comblée par la voix de l'autre. Je suis parlé, et
j'obéis aveuglément à l'énoncé du surmoi. Je
suis parlé par l'intermédiaire de l'autre qui parle.
»81 « Comme le dit Denis Vasse l'image du corps dans la
psychose est référé au fantasme d'un ombilic béant.
Il n'y a pas de coupure symbolique le corps dans la psychose se présente
comme un ombilic ouvert. Ce n'est pas par hasard que le psychotique cherche son
lieu d'origine dans une sorte de continuité organique qui l'invite
à pénétrer le corps de l'autre. »82 Seul
le corps clos est interprétable en tant que corps d'un sujet soumis au
langage, dans les rets duquel il vient se laisser prendre en prenant la parole.
»83 La voix désormais s'épuise sans aucune
représentation qui puisse donner organiser une pensée en lien
avec son propre corps au langage et à l'autre, le signifiant de se
trouve pas en lui et encore moi dans son moi. La voix est alors
déconnectée du désir et s'opère comme
détachée du corps comme la chose mortifère, qu'on
contemple avec fascination.
Être pensé c'est n'avoir plus rien de secret et
c'est être livré en pâture à l'autre. Denis Vasse
parle d'un corps ouvert dans production imaginaire ne pouvant rien
s'approprier. C'est être offert à la jouissance de l'autre qui
jouit de vous penser. La voix n'est pas refoulée elle et pas
80 Solal Rabinovitch « Les voix » Ed. Eres
op.cit.
81 Ibid
82 Denis Vasse « L'ombilic et la voix
»Ed. Essais p. 97 op.cit.
83 Ibid p.99
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inscrite dans le corps. À l'origine le cri de l'enfant
force sa mère à interpréter ses besoins vitaux, à
défaut, cela peut le laisser dans une grande détresse, laissant
le corps pensé comme réel, sans consistance dépourvue de
sens, de telle sorte que comme le langage n'a pas pris. C'est par le langage et
l'Ouïe que l'homme reçoit son statut de sujet conférant du
passage du Je au Tu la parole le détache de la voix inorganisée
uniquement pulsionnelle, aliénant le sujet à
l'irreprésentable de telle sorte que la voix en réalité
n'est que déchets et brisure de son.
Dans son rapport à l'autre, la voix n'est pas seulement
mise en voix de la chaîne signifiante, elle est vocalisation du
désir. Le signifiant n'y est pas seulement articulé, il est
émis et vocalisé. En tant qu'objet « a », la voix est
à la fois le silence et ce qui le brise. Séparé du corps,
et détaché de la chaîne signifiante, l'objet ne
s'insère pas seulement entre l'intérieur et extérieur,
mais entre le sujet et l'autre confronté à l'énigme de
l'autre. C'est alors que les voix s'égarent loin des supports de la
chaîne signifiante. Elles sont comme les cris de mouettes pures voix sans
énoncé qui incarne le reproche absent injonction muette. Ces voix
deviennent persécutrices et profèrent des injonctions comme
« tu dois » L'impératif rejoint le pulsionnel marquant la
discordance entre le réel et la jouissance. En effet, dans la psychose
l'absence de l'interdit parental conduit à la jouissance.
Délocalisée à l'extérieur leur
réalité nous est dévoilée, rendue visible de la
structure du surmoi. Ce surmoi est le représentant du ça, d'un
ça qui ne peut rien dire et ne fait que jouir, et ouïr c'est
obéir.
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