IV.4. La fréquence
La récursivité est l'un des caractères
fondamentaux de l'art narratif. L'auteur, maître de son récit, a
toujours le choix de mettre au premier plan tel ou tel événement
et ce selon le degré d'importance. Dans cette intention, il est
très fréquent dans les productions romanesques de constater la
redondance de certains événements ou segments narratifs
constituant ainsi l'un des aspects foncier et intrinsèque de la
temporalité narratives. Par ailleurs, « un énoncé
narratif, selon Genette (1972 : 145), n'est pas seulement
produit, il peut être reproduit, répété une ou
plusieurs fois dans le même texte. » Donc, de cette
faculté de répétition des événements
contés se découle quatre types de relations comme le souligne
Genette dans Figures III (1972 :146) :
« Très schématiquement, on peut
dire qu'un récit, quel qu'il soit, peut raconter une fois ce qui s'est
passé une fois, n fois ce qui s'est passé n fois, n fois ce qui
s'est passé une fois, une fois ce qui s'est passé n
fois. »
On distingue ainsi, troisrelations possibles respectivement
à la définition de Genette dans figures III :
- le mode singulatif : le narrateur raconte une fois
ce qui s'est passé une fois (ou n fois ce qui s'est passé n
fois). Typique du récit d'action. (tR=1; tH=1)
- le mode répétitif consiste à
raconter plusieurs fois ce qui s'est passé une fois.
Typique du roman épistolaire du XVIIIe (pour montrer
les différences psychologiques), ou de nombreux romans contemporains
(pour relativiser la vérité des choses). (tR=n; tH=1).
- le mode itératifconsiste à raconter
une fois ce qui s'est passé plusieurs fois. Il évoque l'habitude
et la monotonie. Le mode itératif en est exprimé en
général à l'imparfait. (tR=1; tH=n).
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