SECTION 2. APPROCHES
THEORIQUES SUR L'ECONOMIE INFORMELLE
Dans cette section nous présenterons de façon
concise et brève les différents courants de pensées ayant
évolué autour de la question de l'informel. En outre, Il nous
parait très peu commode, dans le cadre du présent travail, de
virer vers un débat sémantique de cette question.
En effet, les termes d'économie parallèle,
souterraine, non enregistrée, d'économie populaire urbaine, de
petites activités marchandes ou de petite production marchande,
d'économies non officielles, d'économie d'entreprise et de bazar
sont des termes désignant un et un seul fait. Quant à nous, dans
le cadre du présent travail, nous nous concentrons donc à
étudier ce fait ; et ce, d'autant plus que ces nombreuses
controverses sémantiques résultent de la particularité des
études empiriques de chacun des auteurs dans leurs points de vue
respectifs.
Compte tenu des difficultés liées à
l'inexistence d'une théorie générale d'économie
informelle, Mabrouk Kraiem en 2015 donne une classification des théories
en deux catégories : d'une part les théories positives qui
expliquent les déterminants des activités informelles et d'autre
part les théories normatives qui examinent les conséquences de
ces activités avec la mise en évidence des effets positifs ou
négatifs sur le processus de développement.
2.1. Les théories positives de l'économie
informelle
Il s'agit des théories qui analysent l'économie
informelle telle qu'elle se présente, sans à priori, ni jugement
de valeurs en termes de bien ou de mal. Le but de ces théories est de
fournir des éclairages sur les déterminants des activités
informelles. Cependant, au-delà de l'objectif commun, l'argumentaire
proposé par M. Kraiem dans sa thèse permet de relever une grande
diversité des concepts, des hypothèses contradictoires et des
niveaux d'analyses distincts.
Il distingue ainsi trois grandes approches dans les
théories positives de l'économie informelle à savoir
: les approches macroéconomiques, les approches microéconomiques,
et l'approche unificatrice.
2.1.1. Les approches
macroéconomiques
2.1.1.1. L'approche macroéconomique
néoclassique
S'inspirant des théories dualistes classiques du
développement de Sir A. Lewis, Harris et Todaro en 1970 qui supposaient
que le développement économique se faisait grâce à
l'accumulation du capital dans l'économie formelle tandis que le secteur
traditionnel assurait l'offre de travail et que peu à peu, la main
d'oeuvre excédentaire du secteur traditionnel serait absorbée par
le secteur moderne. Cette approche de l'économie dite informelle
dominait et était hégémonique dans les années 1960
et 1970.
Selon cette théorie, l'économie dite informelle
urbaine est perçue comme une sorte de file d'attente temporaire. Cette
approche fait donc référence au chômage
déguisé où l'excédent de la main d'oeuvre dû
notamment aux flux migratoires des milieux ruraux vers les milieux urbains se
retrouve dans l'informel pourvoyeur des revenus leurs permettant de
survivre.
L'économie dite informelle est considérée
comme le segment inférieur du marché du travail dual et n'ayant
aucun lien direct avec l'économie formelle. Il s'agit d'une
économie résiduelle qui naît du processus de transformation
au sein des économies en développement et qui existe parce que
l'économie formelle n'est pas capable d'offrir des opportunités
d'emploi à une partie de la main d'oeuvre. Selon cette approche,
l'économie informelle finit par être absorbée par
l'économie formelle via la croissance et les transformations
économiques.
Cette approche fait l'objet de critiques puisqu'elle suppose
d'une part une juxtaposition entre l'économie formelle et
l'économie informelle au lieu de voir leurs imbrications et d'autre part
en assimilant le développement économique à la seule
économie formelle.
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