L'économie informelle dans un contexte de satisfaction des besoins primaires.par Joel KAPOYA BAHATI Université de Lubumbashi - Licence en Economie de développement 2020 |
2.1.1.2. L'approche fonctionnalisteSuite aux critiques apportées à l'approche néoclassique, l'approche fonctionnaliste voit le jour et elle trouve ses bases intellectuelles dans les pensées marxistes. Ce courant soutient que la force motrice des migrations (rural-urbain) ne se résume pas aux différences salariales entre les régions rurales et urbaines comme affirmait l'approche macro-économique néo-classique, mais qu'elle est la réponse naturelle au développement déséquilibré induit par l'ingérence du capitalisme dans les pays en développement.65(*) L'approche fonctionnaliste reconnaît les relations ainsi que l'interdépendance entre économie formelle et informelle ; mais en termes de fonctionnalité par rapport à l'accumulation capitaliste, il y a surexploitation de l'économie informelle par l'économie formelle. L'économie informelle est appréhendée comme une explication logique de la baisse des profits des grandes entreprises capitalistes. Elle est alors comprise comme un remède aux baisses tendancielles des taux de profit des grandes entreprises du fait de l'existence d'une masse de travailleurs urbains à la recherche d'emploi, de la pauvreté accrue et de la flexibilité de l'emploi permettant aux grandes entreprises de recourir à des pratiques de sous-traitance dans leur production à l'aide des micro-entreprises ou à faire appel à un réseau de travailleurs à domicile sans garanties ni couvertures sociales ; et de recruter des travailleurs temporaires (journalier par exemple) dans les périodes d'accroissement de la demande et de les licencier en période de baisse d'activité sans payer de charges sociales.. Par- là même, l'économie dite informelle constitue une modalité de fonctionnement du système capitaliste dans les pays en développement comme l'affirme Odile Castel66(*). Les capitalistes privilégiés de l'économie formelle veulent affaiblir les relations d'emploi et tenir la main-d'oeuvre de l'économie dite informelle sous leur dépendance, et exercent pour cela une domination sur l'économie dite informelle dans leurs intérêts.67(*) 2.1.1.3. L'approche de l'économie socialeOn reconnait à cette approche le mérite d'aborder la question de la spécificité de l'économie dite informelle à partir des acteurs qui la composent. Selon l'approche de l'économie sociale, les micro-entrepreneurs du secteur informel portent une double casquette ; ils sont à la fois acteurs du développement économique et acteurs sociaux au sein de la population. La micro-entreprise sociale, avant de se situer dans une approche de type capitaliste, est avant tout développée pour répondre aux besoins de ses membres grâce à la génération de revenus ou des biens et de services répondant aux demandes de la population. En effet, l'économie sociale ne se caractérise pas par l'investissement en capital, mais par l'investissement dans la force de travail, qui constitue le principal facteur de production.68(*) Les tenants de cette approche appréhendent l'économie dite informelle comme une économie sociale axée sur des activités, paysannes, artisanales et marchandes de petite envergure69(*). Elle est par ailleurs perçue comme une économie qui a existé depuis des siècles, et qui ne doit plus être perçue comme le résultat d'une simple marginalisation. Pour cette approche, l'économie dite informelle n'abrite pas seulement des activités en rapport ou en concurrence avec l'économie formelle, mais aussi des activités dans des niches, là où l'économie formelle capitaliste n'arrive pas à répondre aux besoins non satisfaits des populations70(*). Les acteurs de ce secteur cherchent à garantir, par l'utilisation de leur propre force de travail et des ressources disponibles, la satisfaction des besoins de base, matériels autant qu'immatériels. Dans cette perspective, l'économe dite informelle est vue et reconnue comme sujet actif sur le plan économique du fait qu'elle consolide une économie sociale qui ne peut être réduite à un ensemble de stratégies de survie, mais devient un ensemble de véritables organisations économiques stables, génératrices d'emploi et de revenus.71(*) * 65 M. Karaiem, Op.cit., p.134. * 66 O. Castel, Op.cit, p.03. * 67O. Castel, Op.cit., p.03-04. * 68 M. Kraiem, Op.cit., p.138. * 69M. Kraiem, Op.cit., p.138. * 70 Ibidem. * 71O. Castel, Op.cit., p.04. |
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