1.10. Gratuité et l'afflux
d'élèves
Comme nous venons de décrire, actuellement, les
effectifs d'élèves dans les salles de classe posent de
sérieux problèmes dans les écoles publiques. Cette
situation peut avoir une conséquence directe sur le rendement scolaire
comme le souligne le diagnostic général de l'éducation
dans le premier plan quinquennal de développement économique et
social de 1986-1990. Au terme dudit plan, la forte pression tendant à
l'accroissement des effectifs des élèves a plusieurs
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causes, notamment le poids de la demande et de la
poussée démographique, une infrastructure en continuelle
dégradation et de moins en moins suffisante du point de vue de la
capacité d'accueil, et une pénurie quasi permanente de moyens
financiers et matériels pédagogiques.
C'est ainsi qu'en prônant la gratuité, dans
l'enseignement primaire, les effectifs ont considérablement
augmenté sous l'effet de la croissance démographique laquelle un
important nombre d'enfants furent exclus du droit à l'école par
précarité des moyens financiers. Le dépassement du taux
d'encadrement est un problème réel sans s'imaginer de son
incidence sur la qualité.
? Normes pour l'occupation des locaux (effectif d'une
classe)
Les praticiens d'éducation soulignent toujours, pour
qu'il y ait un encadrement optimal dans les salles de classe, il faut
régler les effectifs scolaires. La circulaire ministérielle
n°EDNAT/S.P/8533/S.U/2498/Q.030 du 22 Août 1961 communique les
effectifs maxima qu'on ne peut dépasser dans les différentes
classes de l'enseignement secondaire de la manière suivante:
Maximum :
- 1ère et 2ème secondaire
:40 élèves par classe ; - 3emeet 4eme
secondaire :35 élèves par classe ; -
5eme et 6eme secondaire :30
élèves par classe.
Ensuite, la circulaire N°DEPSP/AS/83/CCE/001/7984/82 du
27 septembre 1982 modifie le maximum des effectifs des élèves
comme suit :
? Au primaire : 55 élèves par
classe
? Au secondaire : 1ère en 4ème
:55 élèves par classe ; 5ème
et 6ème :50 élèves par classe
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Minimum :
- Au primaire : 26 élèves par
classe ;
- Au secondaire : 1ère en 4ème
:20 élèves par classe ; 5ème
et 6ème :18 élèves par classe.
En 2010 l'UNESCO précise que la taille d'une classe ne
devrait pas dépasser 25/30 élèves. Qu'en
est-il des effectifs dans les écoles publiques de Matete ! Nous allons
développer la notion dans notre deuxième chapitre. Mais, lors
d'une interview lui accordée à la radio top Congo le 11/02/2020,
le ministre d'Etat à l'enseignement primaire, secondaire et technique a
indiqué que la gratuité a amené un flux de 4 millions
d'élèves. Un accroissement sans synonyme depuis les
époques.
A peu près 4 millions d'élèves sont
à l'école grâce à la gratuité, se
réjouit le ministre de l'Enseignement primaire, secondaire et technique
(EPST). Pour le patron de l'EPST seul problème se pose avec
acuité, nous sommes obligés de désengorger les salles de
classe parce que les élèves viennent en masse. Raison pour
laquelle le Chef de l'État a ordonné la construction de 10 mille
salles de classe. Au-delà de la gratuité, il y a la
qualité de l'enseignement. Il ne faut pas la sacrifier au profit de la
gratuité. Nous devons tout faire pour que les enfants étudient
convenablement ; a renchérit le Ministre. Il faut s'interroger si cette
intention a des traces matérielles à Matete puisque les
conditions demeurent les mêmes.
Il faudrait nécessairement que les acteurs oeuvrant
dans ces institutions repensent à leur conception sur l'école et
à la façon dont ils exercent leur métier. L'explosion
démographique et l'insuffisance des structures d'accueil constituent des
casse-têtes pour les gestionnaires des systèmes éducatifs.
Cette situation poserait un problème particulier dans les écoles
où l'on retrouve des salles surpeuplées. Elle se traduit
notamment par la révision des méthodes, des techniques et des
procédés pédagogiques d'enseignement. Tous ces
éléments ne
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permettent pas une bonne structuration des connaissances aux
apprenants par le biais de l'enseignant et dans le processus
enseignement-apprentissage. Pourtant, la relation entre enseignant et
élève est importante en vue d'abord de l'éducation que
l'enseignant propose à ce dernier, car la relation s'avère comme
le canal à travers lequel passent les processus éducatifs si bien
que sans elle, il est difficile pour l'éduqué d'accepter les
orientations de l'enseignant.
Malgré tous ces efforts, nous avons constaté que
les enseignants éprouvent des difficultés dans l'encadrement
pédagogique des élèves ; ceci à cause des effectifs
pléthoriques constatés à cet effet. C'est ce qui
entraîne une absence de motivation particulière et réelle
chez l'enseignant et dont l'implication directe est l'absence d'un bon
encadrement pédagogique des élèves.
D'ailleurs l'approche par compétence poursuit selon
Roegiers (2000) trois objectifs principaux :
1. Mettre l'accent sur ce que l'élève doit
maîtriser à la fin de chaque année scolaire, plutôt
que sur ce que l'enseignant doit enseigner. Le rôle de celui-ci est
d'organiser les apprentissages de la meilleure manière pour amener ses
élèves au niveau attendu. Nous retrouvons là une
référence directe à la centration sur l'apprenant, et une
quasi-reformulation de la définition d'un objectif.
2. Donner du sens aux apprentissages, montrer à
l'élève à quoi sert tout ce qu'il apprend à
l'école, à situer les apprentissages par rapport à des
situations qui ont du sens pour lui, et à utiliser ses acquis dans ces
situations. Cela signifie que l'APC, tout comme le Cadre, renvoie aux principes
de l'éducation active, à l'enseignement expérientiel de
Dewey (dans son célèbre principe du « Learning by doing
»).
3. Certifier les acquis de l'élève en termes de
résolution de situations concrètes, et non plus en termes d'une
somme de savoirs et de savoir-faire que l'élève s'empresse
d'oublier, et dont il ne sait pas comment les utiliser dans la vie
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active. En d'autres termes, il s'agit ici de
l'évaluation en termes de savoir-agir dans la réalité et
non plus de restitution de savoirs déconnectés du réel.
Tout ceci exige un contact direct entre le maître et
l'élève.
En principe, au cours d'une séquence didactique
l'enseignant doit suivre à la lettre le développement cognitif de
chaque apprenant. Mais il semble très difficile de suivre
l'évolution de chaque apprenant devant un effectif pléthorique
face aux contraintes du temps et des programmes de formation. Tenir compte des
différences, c'est alors placer chacun dans des situations
d'apprentissage optimale pour lui, c'est aller vers l'éducation sur
mesure dont rêvait Claparède au début du 20e
siècle.
Accroître l'efficacité du système
éducatif, c'est optimiser les situations pour tous et en priorité
pour ceux qui ont le plus de difficultés d'apprentissage. Il ne s'agit
pas de différencier les objectifs de formation, ni les exigences
à moyen terme, mais les tâches, les situations, les prises en
charge au quotidien. La pédagogie différenciée consiste
essentiellement à faire en sorte que chaque apprenant soit, aussi
souvent que possible, placé dans une situation féconde pour lui
(Perrenoud, 1997). Une situation dans laquelle il se sent en
sécurité, face à une tâche qui ait suffisamment de
sens pour le mobiliser et qui soit à sa portée, qui lui permette
de progresser. On rejoint l'idée d'une éducation sur mesure
développée au début du XXème
siècle par Claparède.
L'un des plus grands défis de l'école congolaise
est de construire une théorie d'apprentissages suffisamment solide pour
guider l'élaboration de situations d'apprentissages fécondes. Il
faut certainement mobiliser les élèves, ce qui suppose une
certaine sécurité affective et des activités qui ont du
sens. Ces deux conditions sont loin d'être constamment
réalisées dans les écoles contemporaines. Pour apprendre,
il faut se heurter à des obstacles cognitifs à la fois
réels et surmontables. Sans obstacle, il n'y a pas d'apprentissage, mais
il n'y en a pas davantage si la tâche est hors de portée.
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La rationalité didactique consiste donc d'abord
à proportionner la tâche aux moyens de l'apprenant (Lumpungu
Nsaka, F., Cours inédit, 2019). Il est en effet difficile
d'accroître l'efficacité du système éducatif sans
interroger ses finalités, ne serait-ce que parce qu'il est impossible de
démocratiser la formation sans définir des objectifs
prioritaires. Dans la perspective d'une culture générale pour
tous, tout élève qui n'atteint pas les objectifs de
l'éducation de base devrait être ressenti comme un échec du
système.
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