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Défis de la gratuité de l'enseignement primaire en RDC. Contributions à  la mise en place des politiques éducatives.


par Jures NDJETE IMBILE
Université Pédagogique Nationale (UPN) - Licence en Gestion et Administration des Institutions Scolaires et de Formation 2019
  

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1.10. Gratuité et l'afflux d'élèves

Comme nous venons de décrire, actuellement, les effectifs d'élèves dans les salles de classe posent de sérieux problèmes dans les écoles publiques. Cette situation peut avoir une conséquence directe sur le rendement scolaire comme le souligne le diagnostic général de l'éducation dans le premier plan quinquennal de développement économique et social de 1986-1990. Au terme dudit plan, la forte pression tendant à l'accroissement des effectifs des élèves a plusieurs

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causes, notamment le poids de la demande et de la poussée démographique, une infrastructure en continuelle dégradation et de moins en moins suffisante du point de vue de la capacité d'accueil, et une pénurie quasi permanente de moyens financiers et matériels pédagogiques.

C'est ainsi qu'en prônant la gratuité, dans l'enseignement primaire, les effectifs ont considérablement augmenté sous l'effet de la croissance démographique laquelle un important nombre d'enfants furent exclus du droit à l'école par précarité des moyens financiers. Le dépassement du taux d'encadrement est un problème réel sans s'imaginer de son incidence sur la qualité.

? Normes pour l'occupation des locaux (effectif d'une classe)

Les praticiens d'éducation soulignent toujours, pour qu'il y ait un encadrement optimal dans les salles de classe, il faut régler les effectifs scolaires. La circulaire ministérielle n°EDNAT/S.P/8533/S.U/2498/Q.030 du 22 Août 1961 communique les effectifs maxima qu'on ne peut dépasser dans les différentes classes de l'enseignement secondaire de la manière suivante:

Maximum :

- 1ère et 2ème secondaire :40 élèves par classe ; - 3emeet 4eme secondaire :35 élèves par classe ; - 5eme et 6eme secondaire :30 élèves par classe.

Ensuite, la circulaire N°DEPSP/AS/83/CCE/001/7984/82 du 27 septembre 1982 modifie le maximum des effectifs des élèves comme suit :

? Au primaire : 55 élèves par classe

? Au secondaire : 1ère en 4ème :55 élèves par classe ; 5ème et 6ème :50 élèves par classe

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Minimum :

- Au primaire : 26 élèves par classe ;

- Au secondaire : 1ère en 4ème :20 élèves par classe ; 5ème et 6ème :18 élèves par classe.

En 2010 l'UNESCO précise que la taille d'une classe ne devrait pas dépasser 25/30 élèves. Qu'en est-il des effectifs dans les écoles publiques de Matete ! Nous allons développer la notion dans notre deuxième chapitre. Mais, lors d'une interview lui accordée à la radio top Congo le 11/02/2020, le ministre d'Etat à l'enseignement primaire, secondaire et technique a indiqué que la gratuité a amené un flux de 4 millions d'élèves. Un accroissement sans synonyme depuis les époques.

A peu près 4 millions d'élèves sont à l'école grâce à la gratuité, se réjouit le ministre de l'Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST). Pour le patron de l'EPST seul problème se pose avec acuité, nous sommes obligés de désengorger les salles de classe parce que les élèves viennent en masse. Raison pour laquelle le Chef de l'État a ordonné la construction de 10 mille salles de classe. Au-delà de la gratuité, il y a la qualité de l'enseignement. Il ne faut pas la sacrifier au profit de la gratuité. Nous devons tout faire pour que les enfants étudient convenablement ; a renchérit le Ministre. Il faut s'interroger si cette intention a des traces matérielles à Matete puisque les conditions demeurent les mêmes.

Il faudrait nécessairement que les acteurs oeuvrant dans ces institutions repensent à leur conception sur l'école et à la façon dont ils exercent leur métier. L'explosion démographique et l'insuffisance des structures d'accueil constituent des casse-têtes pour les gestionnaires des systèmes éducatifs. Cette situation poserait un problème particulier dans les écoles où l'on retrouve des salles surpeuplées. Elle se traduit notamment par la révision des méthodes, des techniques et des procédés pédagogiques d'enseignement. Tous ces éléments ne

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permettent pas une bonne structuration des connaissances aux apprenants par le biais de l'enseignant et dans le processus enseignement-apprentissage. Pourtant, la relation entre enseignant et élève est importante en vue d'abord de l'éducation que l'enseignant propose à ce dernier, car la relation s'avère comme le canal à travers lequel passent les processus éducatifs si bien que sans elle, il est difficile pour l'éduqué d'accepter les orientations de l'enseignant.

Malgré tous ces efforts, nous avons constaté que les enseignants éprouvent des difficultés dans l'encadrement pédagogique des élèves ; ceci à cause des effectifs pléthoriques constatés à cet effet. C'est ce qui entraîne une absence de motivation particulière et réelle chez l'enseignant et dont l'implication directe est l'absence d'un bon encadrement pédagogique des élèves.

D'ailleurs l'approche par compétence poursuit selon Roegiers (2000) trois objectifs principaux :

1. Mettre l'accent sur ce que l'élève doit maîtriser à la fin de chaque année scolaire, plutôt que sur ce que l'enseignant doit enseigner. Le rôle de celui-ci est d'organiser les apprentissages de la meilleure manière pour amener ses élèves au niveau attendu. Nous retrouvons là une référence directe à la centration sur l'apprenant, et une quasi-reformulation de la définition d'un objectif.

2. Donner du sens aux apprentissages, montrer à l'élève à quoi sert tout ce qu'il apprend à l'école, à situer les apprentissages par rapport à des situations qui ont du sens pour lui, et à utiliser ses acquis dans ces situations. Cela signifie que l'APC, tout comme le Cadre, renvoie aux principes de l'éducation active, à l'enseignement expérientiel de Dewey (dans son célèbre principe du « Learning by doing »).

3. Certifier les acquis de l'élève en termes de résolution de situations concrètes, et non plus en termes d'une somme de savoirs et de savoir-faire que l'élève s'empresse d'oublier, et dont il ne sait pas comment les utiliser dans la vie

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active. En d'autres termes, il s'agit ici de l'évaluation en termes de savoir-agir dans la réalité et non plus de restitution de savoirs déconnectés du réel. Tout ceci exige un contact direct entre le maître et l'élève.

En principe, au cours d'une séquence didactique l'enseignant doit suivre à la lettre le développement cognitif de chaque apprenant. Mais il semble très difficile de suivre l'évolution de chaque apprenant devant un effectif pléthorique face aux contraintes du temps et des programmes de formation. Tenir compte des différences, c'est alors placer chacun dans des situations d'apprentissage optimale pour lui, c'est aller vers l'éducation sur mesure dont rêvait Claparède au début du 20e siècle.

Accroître l'efficacité du système éducatif, c'est optimiser les situations pour tous et en priorité pour ceux qui ont le plus de difficultés d'apprentissage. Il ne s'agit pas de différencier les objectifs de formation, ni les exigences à moyen terme, mais les tâches, les situations, les prises en charge au quotidien. La pédagogie différenciée consiste essentiellement à faire en sorte que chaque apprenant soit, aussi souvent que possible, placé dans une situation féconde pour lui (Perrenoud, 1997). Une situation dans laquelle il se sent en sécurité, face à une tâche qui ait suffisamment de sens pour le mobiliser et qui soit à sa portée, qui lui permette de progresser. On rejoint l'idée d'une éducation sur mesure développée au début du XXème siècle par Claparède.

L'un des plus grands défis de l'école congolaise est de construire une théorie d'apprentissages suffisamment solide pour guider l'élaboration de situations d'apprentissages fécondes. Il faut certainement mobiliser les élèves, ce qui suppose une certaine sécurité affective et des activités qui ont du sens. Ces deux conditions sont loin d'être constamment réalisées dans les écoles contemporaines. Pour apprendre, il faut se heurter à des obstacles cognitifs à la fois réels et surmontables. Sans obstacle, il n'y a pas d'apprentissage, mais il n'y en a pas davantage si la tâche est hors de portée.

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La rationalité didactique consiste donc d'abord à proportionner la tâche aux moyens de l'apprenant (Lumpungu Nsaka, F., Cours inédit, 2019). Il est en effet difficile d'accroître l'efficacité du système éducatif sans interroger ses finalités, ne serait-ce que parce qu'il est impossible de démocratiser la formation sans définir des objectifs prioritaires. Dans la perspective d'une culture générale pour tous, tout élève qui n'atteint pas les objectifs de l'éducation de base devrait être ressenti comme un échec du système.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille