Paragraphe 2. Un bilan mitigé du processus de
brassage
Ce qui nous importe de comprendre, c'est que le bilan du
processus d'intégration de l'armée congolaise était
mitigé. D'une part des progrès significatifs ont
été accomplis sur le plan de la sécurité et de la
stabilité. D'autre part, les actions réalisées restent
fragiles et le plan stratégique de la réforme de l'armée
connaît beaucoup de retard dans sa mise en oeuvre.
Incontestablement, des acquis importants pour les structures
chargées de la mise en oeuvre de la réforme étaient en
place et fonctionnaient. La loi sur la défense et les forces
armées a été promulguée le 12 novembre 2004. Un
état-major unifié des Forces armées de la RDC était
en place avec la participation des officiers de différentes composantes
signataires de l'Accord global et inclusif sur la Transition. Les commandants
des dix régions militaires du pays ont été nommés
selon l'accord sur le partage du pouvoir et sont chargés de superviser
le processus d'intégration sur le terrain. Toutefois, ces structures
souffrent de faiblesses structurelles liées à la situation
post-conflit. Ces progrès ont été obtenus grâce
à l'appui important de la Communauté Internationale à
travers la MONUC.
La première phase du plan stratégique de
réforme de l'armée a été réalisée
avec succès. Elle a permis la formation de six brigades dans les centres
de brassage suivants : Kisangani avec l'appui de la Belgique ; Kitona avec
l'appui de l'Angola ; Kamina avec l'appui de la Belgique et de l'Afrique du Sud
; Nyaleke et Mushake avec l'appui des Pays-Bas et de l'Afrique du Sud ;
Luberizi avec l'appui de l'Union européenne.
Les donateurs financent l'aménagement et
l'équipement des centres de brassage ainsi que l'organisation des
formations. Les six brigades intégrées ont été
déployées à Kinshasa et dans les zones où les
tensions et la violence étaient les plus importantes, à savoir
l'Ituri, le Nord Kivu et le Sud Kivu. Seules
62 KIBASOMBA R., «Post-War Defense Integration in
the Democratic Republic of the Congo», Occasional Paper, 119, ISS,
Pretoria, December 2005, p. 2.
81
trois brigades sur les six étaient suffisamment
équipées et avaient participé aux opérations
menées contre les groupes armés qui attaquent les populations en
Ituri et dans les deux Kivu.
Paragraphe 3. La formation d'une police nationale
intégrée
Le Mémorandum sur l'armée et les forces de
sécurité signé le 29 juin 2003 par les signataires de
l'Accord global et inclusif sur la transition prévoit la création
de deux unités de police. La première est un Corps de Protection
Rapproché (CPR) responsable de la sécurité des leaders
politiques et des sites des institutions de la transition.
La seconde est l'Unité de Police Intégrée
(UPI) chargée d'assurer la sécurité dans le pays. La
restructuration de la police est donc aussi une des priorités du
Gouvernement. Dans la police comme dans l'armée, plusieurs défis
sont à relever. Aujourd'hui, la police congolaise est constituée
à 95% d'anciens membres des forces de l'ordre (gendarmerie, garde civile
et police de circulation) du régime de MOBUTU62.
Son effectif se situe entre 90.000 et 114.000 policiers. Dans
le cadre de sa réforme, l'accent est mis sur le renforcement des
capacités des policiers à assurer la sécurité
nationale.
La mission des Nations Unies au Congo, avec plus de 700
policiers, appuie significativement le Gouvernement dans la réforme de
la police. Les deux partenaires ont élaboré, en 2005, un Plan
national de formation
82
de la police. Ce Plan décrit les activités de
formation qui été menées avec l'appui de la MONUC mais
aussi des partenaires bilatéraux, notamment l'Angola, l'Afrique du Sud,
la France et l'Union européenne, jusqu'en mars 2006. En outre, des
policiers de la MONUC sont également déployés sur le
terrain auprès de l'inspecteur général de la police et de
tous les inspecteurs provinciaux à qui ils donnent des conseils de
planification et de gestion des opérations stratégiques.
À l'instar de la réforme de l'armée, des
efforts restent à fournir en matière de lutte contre la
corruption, qui s'intensifie à cause notamment de la
précarité des conditions de travail et des salaires minimes.
|