Ce « vaste projet » de balkanisation de la
République Démocratique du Congo est vieux. C'est une idée
machiavélique qui tire son origine de la Conférence de Berlin de
1885 dont l'Acte Général consacrée le partage de l'Afrique
par les puissances d'alors, le considérant comme un grand marché.
Pendant cette même conférence, l'Afrique est
déclarée « res nulliu s », c'est-à-dire chose
n'appartenant à personne. Ce qui permit aux Européens de "se
servir officiellement et sans scrupules".
Néanmoins, il y a lieu de préciser que
l'idée de la balkanisation de ce temps-là était
différente de celle d'aujourd'hui. Elle visait l'appropriation de
certains territoires conformément aux intérêts des
puissances susdites, particulièrement les territoires riches en
potentialités.
Bien que la gestion de l'EIC par Léopold II ait
été considérée comme celle de
propriété privée voire personnelle, la
réalité des faits démontre que les grandes puissances de
l'époque à travers leurs multinationales s'y étaient
mêlées. A la fin de la colonisation on en a dénombré
63.
Malgré la cession du Congo à la Belgique par
Léopold II, les multinationales continuèrent de garder leurs
droits d'exploitation. Le pays connaitra des changements de statuts ou
appellations mais les problèmes antérieurs ne seront jamais
finis.
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En 1990, poussé par les événements
(contexte international bouleversé par la dissolution du bloc
communiste, et l'opposition interne grandissante contre son pouvoir), Mobutu
annonce le multipartisme et accepte la convocation d'une Conférence
nationale (1991) chargée d'adapter la Constitution. Jouant habilement
à travers de multiples événements (émeutes,
mutineries, crises politiques), Mobutu empêche toutefois le processus de
réformes d'aboutir. Ce n'est qu'en 1996 qu'un projet de Constitution est
adopté par le Haut conseil de la République - Parlement de
transition (HCR - PT).
Ce projet (qui prévoit un Etat fédéral
doté d'un régime parlementaire) devait ensuite être soumis
au référendum. En novembre 1996, la tension dans l'Est du
Zaïre monte ; aggravée par la présence d'un million de
réfugiés rwandais. Ce qui va évoluer vers l'exportation de
la guerre rwandaise
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au Congo. Ce va entrainer la guerre de l'Est dont on connait
les péripéties et surtout les effets déstabilisateurs de
la République congolaise.
Ce sont là d'autres tentatives des occidentaux
à balkaniser le Congo. Il sied de préciser que ces derniers
visent cet objectif en isolant les principales régions minières
du pays. C'est la raison pour laquelle toutes les tentatives de la division du
Congo passent souvent par sa partie orientale
A la frontière avec le Rwanda, des
réfugiés Hutu rwandais vivent dans des camps de
réfugiés. Le pouvoir tutsi rwandais s'inquiète de cette
présence à sa frontière. Il craint que ces
réfugiés ne reprennent les armes et le fassent chuter. Cela sera
un prétexte à la guerre dont l'objectif le plus visé est
le contrôle de toute la partie Nord-orientale du Congo et en profiter les
richesses. Pour piller toute la zone. Déjà, c'est ici que les
réfugiés Hutu seront accusés de persécuter les
Tutsis Congolais. Cette invasion des troupes rwandaises au Zaïre sera
effective, avec l'approbation de la même fameuse communauté
internationale. Les régions congolaise de 'Est et du Nord-est courent le
risque d'être cédées aux autorités rwando -
ougandaises au titre de butin de guerre.
A la suite du génocide rwandais de 1994 qui avait fait
plus de 800 000 victimes, majoritairement tutsi, des centaines de milliers de
réfugiés (la plupart hutus), sans parler des miliciens
Interahamwe et les Forces armées rwandaises qui vont fuir ; avec leurs
armes, en direction de la province congolaise du Nord - Kivu
L'opération Turquoise, française, va
gérer ce déplacement massif de populations, sans en opérer
le désarmement. Celle -ci vont se regrouper dans d'énormes camps
de réfugiés à l'Est du Congo, avec en leur sein tout le
dispositif génocidaire rwandais qui souhaite reconquérir le
Rwanda. Les flux migratoires du génocide rwandais de 1994
déstabilisent l'équilibre géopolitique de l'Est du
Congo.
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Après une longue période de règne et de
gouvernance sans partage, c'est-à-dire, dictatoriale, en 1996, le
Zaïre de Mobutu est très affaibli. Mais, Il va quand-même
garder le soutien de la France, après avoir accepté que les
réfugiés rwandais fuient la zone de l'opération turquoise
pour venir se réfugier en Ituri. Mais les autres puissances occidentales
n'ont plus confiance en lui, et lui retirent leur soutien. Physiquement, Mobutu
est malade : il souffre d'un cancer de la prostate. Son premier ministre Kengo
Wa Dondo exerce de plus en plus de pouvoir. L'Armée du Zaïre est
déliquescente. Seule la Division spéciale présidentielle
manifeste quelque efficacité.
Laurent-Désiré Kabila, qui a déjà
participé aux rébellions de l'année 1964 et a ensuite
vécu dans les pays voisins sans jamais se départir de son
opposition à Mobutu, s'impose comme chef des insurgés. En quatre
mois, ceux-ci s'emparent d'un tiers du territoire national et des
régions minières (or, diamants, cuivre, Etc.), les plus riches du
pays. Une étrange coalition entre le Rwanda de Paul Kagame, l' Ouganda
de Yoweri Museveni, l' Angola de Dos Santos et bien sûr des volontaires
zaïrois, va créer une rébellion armée, avec à
sa tête un ancien révolutionnaire congolais,
Laurent-Désiré Kabila, porte-parole de l'AFDL
Ce dernier, né à Moba au Katanga, a
milité pour l'indépendance du Congo dans la balubakat. Un des
dirigeant de la rébellion muleliste (CNL), il se réfugie en
Tanzanie âpres l'échec de celle-ci où li devenu trafiquant
(diamant, d'ivoire , coltan et d'or). Cette rébellion baptisé
AFDL (Alliance des Forces démocratiques pour la libération du
Congo) sera financée par le lobby minier Américain et Canadien.
Kabila signera cet effet des contrats léonins avec les
sociétés American Mineral Fields(le futur Adastra),
Barrick Gold, First American Diamond, Horsham Corporation, Anglo Gold ashanti
ou encore Métalor.
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