Début avril 1997, Kabila somme Mobutu de quitter le
pouvoir et prévoit de rejoindre la capitale, Kinshasa, avec ses troupes
avant le mois de Juin. L'opposition politique à Mobutu, toujours
symbolisée par Etienne Tshisekedi et son parti, l'UDPS, est
appelée à se rallier à Kabila, renforcé par ses
succès militaires et sa popularité grandissante. Une part de
cette opposition politique craint toutefois un nouveau pouvoir fort que
voudrait imposer Kabila. Les forces de l'AFDL entre dans la capitale Kinshasa
le 17 mai 1997, et Laurent-Désiré Kabila s'autoproclame
président et rebaptise le pays « la République
Démocratique du Congo avec l'aide du Rwanda, du Burundi et de l'Ouganda
et toute la communauté internationale derrière.
Ses anciens alliés se soulèvent contre lui et
forment deux camps : le MLC de J-P Bemba soutenu par l'Ouganda et le RCD
soutenu par le Rwanda. Ne pouvant pas faire face à ces armées,
Kabila appelle les armées angolaise, zimbabwéenne et namibienne
à l'aide. La première guerre « Panafricaine »
va commencer et va donner lieu à de nombreux massacres et crimes
contre l'humanité envers les populations civiles durant la
première guerre du Congo, la deuxième guerre du Congo et le
gouvernement de transition à travers tout le pays, principalement
à l'Est du pays. Les trois guerres ayant en tête le seigneur de
guerres rwandais NKUNDA BATWARE.
Depuis plusieurs années, la partie orientale de la RDC
est en proie à l'insécurité récurrente. Plusieurs
groupes armés soutenus indirectement par les Etats parias et leurs
sociétés multinationales, et directement par des pays voisins du
Congo ont plus d'une fois, attaqué les deux Kivu ainsi que la province
Orientale. Pas plus tard qu'il y a quelques mois, d'intenses combats entre le
Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) et les troupes
loyalistes, ont causé beaucoup de dégâts au Nord-Kivu.
45 MAMBUANA G. « La crise d'hommes au Congo :
« les larmes de la honte », éd. S.C Dadep, Paris 2004, p.
109
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Venus en RDC pour soutenir le régime de
Laurent-Désiré Kabila, les militaires du Zimbabwe saisissent
également l'occasion : ils vont piller le cobalt et le cuivre de la
province du Katanga ainsi que le diamant des provinces du Kasaï-Oriental
et du Kasaï Occidental; ceux du Tchad pilleront le café et le bois
de la province de l'Equateur et ceux de l'Angola ne manqueront pas leur part
dans le « self-service. »
Il y a quelques temps, pour le contrôle des gisements
diamantifères de la Province Orientale, la ville de Kisangani a
été détruite, à plus de 40 %, par les affrontements
opposant les armées d'occupation rwandaise et ougandaise. Le territoire
congolais deviendra le théâtre des affrontements ouverts entre ces
deux dernières armées venues piller et détruire et l'homme
et la nature. Ces pillages sont le plus grand partage du gâteau national
jamais réalisé au monde et correspondent à une
vulgarisation des pratiques malhonnêtes considérées
jusqu'alors comme une « chasse-gardée » pour
l'élite45.
En 1998, le 02 Août, les rebelles rwandais
s'hasarderont à prendre le contrôle de la capitale, Kinshasa. Mais
la mobilisation et la colère de la population kinoise vont faire
obstacle à cette attaque. Les congolais vont montrer au monde entier
qu'ils sont un peuple uni et solidaire, qu'ils aiment leur pays et ne
permettront à personne, à aucun pays de leur voler même un
centimètre de leur sol.
Joseph Kasa-Vubu (le président de la première
République), Le maréchal Mobutu, (celui de la deuxième la
République), Patrice Emery Lumumba, Etienne Tshisekedi (militant de
l'opposition) et l'actuel président de
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la troisième République, Joseph Kabila,
l'avaient tous reconnu, à travers leurs différents discours, que
le pays courrait et continu à courir un réel danger d'être
balkanisé par les occidentaux.
Sous la bénédiction des chancelleries
occidentales et leurs oligarchies, avec rhétorique simple : »Mobutu
doit partir du pouvoir parce qu'il a détruit le Congo », Kabila
père accéda aux commandes de cette république de
malédiction. Semant la mort et la désolation parmi les hutus
congolais et les réfugiés Hutus rwandais et burundais tout au
long de son échappée, il a passé presque toute sa vie dans
le rythme d'un néo-mobutisme intégral et faille.
Kabila le père avait compris que le pays courrait un
énorme risque d'être scindé pour des intérêts
économiques étrangers. Raison pour laquelle, pendant ses cinq (5)
années de gouvernance, il refusera toute aide ou intervention
occidentale pour se tourner que vers ses amis africains.
Il avait réalisé que ceux qui avaient fait de
lui président, n'étaient que ses véritables ou encore ses
pires ennemis. Le principe d'auto-prise en charge était son bouclier.
« Prenez-vous en charge, car la guerre sera longue et populaire »,
déclarait-il au peuple congolais pour le conscientiser.
Malheureusement, suite à un autre complot de
très haut niveau, cette fois-là visant sa mort et impliquant les
mêmes pays occidentaux et certains proches africains, (qui constituaient
son propre entourage), il sera lâchement assassiné le 16 Janvier
2001. Voilà une opportunité pour ses anciens amis de la coalition
Rwando-Ougando Burundaise de récupérer le pouvoir du
contrôle de la partie orientale du Congo.
Les richesses rapportées du Congo, qui financent le
budget rwandais de la défense, ont aussi favorisé
l'émergence à Kigali d'une nouvelle classe politico-militaire
Tutsi marquée par la corruption, précise Colette
46 BRAECKMAN Colette, Guerre sans vainqueurs en
République Démocratique du Congo, in le Monde Diplomatique, Avril
2001, p6
49
BRAECKMAN. Le Rwanda et l'Ouganda espèrent assurer
leur développement en exploitant les fabuleuses richesses de leur voisin
et profitent de l'argument sécuritaire pour réclamer le droit
d'intervention de leurs armées en territoire congolais46.
Malgré les différents crimes de masse
perpétrés par Kagamé au Congo, les éloges ne
cessent de couler de la part de ses commanditaires. D'après Robin
PHILPOT, la description que GOUREVITCH donne à KAGAME relève de
l'hagiographie. Selon cet auteur, Kagamé est un homme « toujours si
raisonnable », si réconfortant,... « C'est l'un de plus fins
stratèges de notre époque». Paradoxalement, les troupes de
résistance autochtones faiblement armés, « Mayi-mayi »
sont cités parmi les des forces négatives sur la table de
négociations. Ils sont considérés comme des
trouble-fêtes dans le partage du gâteau.