10. 3.4 Relation
entre le rang de naissance et la survie infantile
Les résultats repris dans le Tableau
3 et illustrés par le graphique 3.4 suggèrent globalement
l'existence d'une relation entre le rang de naissance de l'enfant et ses
chances de survie infantile. Cette dernière est en forme de U
renversé. En effet, les chances de survie augmentent d'abord lorsqu'on
passe du premier groupe (les enfants de rang 1) au second groupe (rang
intermédiaire composé ici par les enfants de rang 2 au rang 6)
passant de 89,2% à 92,2% avant de régresser à 91,3% pour
le dernier groupe constitué des enfants de rang 7 et plus. Cette
différence des chances de survie infantile entre les enfants de rang
différent est significative au seuil de 1% comme indiqué dans le
Tableau 3. En termes de mortalité, les risques de décès
infantile passent de 108%o à 78%o lorsque l'enfant est de rang
intermédiaire et s'élève ensuite jusqu'à 87%o pour
un enfant de rang supérieur (7 et plus). Ainsi, un enfant de rang un
court 1,38 fois plus de risques de mourir avant son premier anniversaire que
celui de rang 2 à 6 alors que ce rapport est seulement de 1,12 pour un
enfant de rang 7 ou plus relativement à celui de rang 2 à 6. Cela
signifie que pour un même effectif de naissances, on enregistrerait en
moyenne respectivement 138 décès infantiles dans le premier
groupe et 112 dans le troisième pour 100 décès du second
groupe. Inversement, les chances de survie augmentent d'abord de 3% (soit 3,4%
en termes relatifs) lorsqu'on passe du premier groupe au second et diminuent
ensuite de 1%o lorsqu'on passe du second groupe au troisième.
Contrairement aux résultats observés au
paragraphe précédent concernant l'âge à
l'accouchement, la relation observée concorde avec les études
empiriques qui ont montrées l'existence d'une relation en forme de U
renversé. La surmortalité observée aux deux groupes
extrêmes s'expliquerait par la corrélation positive forte existant
entre le rang de naissance (ou parité atteinte pour la mère) et
l'âge de la mère au moment de la naissance de l'enfant. En effet,
les enfants de rang1 proviennent en moyenne des mères très jeunes
qui ne sont pas préparées pour assurer la survie de l'enfant. Par
ailleurs, en milieu africain, une mère qui a tardivement son premier
enfant a généralement un état de santé
précaire (Dackam, 1987). Par contre, ceux de rang supérieur
proviendraient en moyenne à des mères âgées, ayant
eu suffisamment de temps pour procréer (le rang de naissance pour la
mère est en moyenne corrélé à la durée
d'exposition aux risques de conception). L'autre explication sera sa
corrélation avec la taille de la famille qui peut provoquer la
promiscuité et la concurrence entre l'enfant et ses aînés
en réserves nutritionnelles dont dispose le ménage. Cela peut
être dû aussi aux effets cachés de l'IIP dans la double
relation entre le rang de naissance et l'âge de la mère à
l'accouchement du fait que par exemple une jeune mère qui a des enfants
de rang élevé a également des intervalles
intergénésique courts alors que chez les âgées,
l'avènement des naissances des premiers rangs (1 et 2) impliquerait en
milieu africain où on ne pratique que peu la contraception, des
intervalles plutôt longs pour raisons de santé (Dackam, 1987).
Graphique 3.4 : Relation entre le rang de
naissance et la survie infantile
Tableau 3 : Associations entre la pratique
contraceptive moderne et les variables intermédiaires et la survie
infantile.
Variables
|
Modalités
|
Survie infantile (%)
|
Khi2
|
Probabilité
|
Significativité
|
Oui
|
Non
|
Contraception
|
Oui
|
95,7
|
4,3
|
20,265
|
0,000
|
***
|
Non
|
91
|
9,0
|
Intervalle intergénésique
précédent
|
<18 mois
|
82,2
|
17,8
|
81,953
|
0,000
|
***
|
18-35 ans
|
92,5
|
7,5
|
36 et +
|
93,8
|
6,2
|
Age de la mère à
l'accouchement
|
< 20 ans
|
87,1
|
12,9
|
12,074
|
0,002
|
***
|
20-34ans
|
91,7
|
8,3
|
>35 ans
|
92,1
|
7,9
|
Rang de naissance
|
Rang 1
|
89,2
|
10,8
|
11,803
|
0,003
|
***
|
Rang 2_6
|
92,2
|
7,8
|
Rang 7& +
|
91,3
|
8,7
|
Les résultats obtenus à ce niveau d'analyse
suggèrent l'existence éventuelle de relations entre d'une part la
pratique contraceptive moderne et la survie infantile, et d'autre part, les
variables comportement procréateur (âge à l'accouchement,
l'intervalle intergénésique précédent et le rang de
naissance) et la survie infantile. Cette étape nous a permis de faire
une analyse des effets de chaque variables explicative de la survie infantile
sans tenir compte des effets éventuels des autres variables en
présence (variables de contrôle) et des effets d'interaction entre
les variables explicatives elles-mêmes.
Toutes les variables explicatives utilisées sont
significatives au seuil de 1% (rappelons ici que nous étions fixé
un seuil de signification de 10%). Cela nous conduit à postuler que ces
variables sont, au niveau bivarié, associées à la survie
infantile dans le cas du Rwanda (2005). Plus spécifiquement, les enfants
nés des mères utilisant les méthodes contraceptives
moderne ont plus de chances de fêter leur premier anniversaire que ceux
issus des mères n'en utilisant pas, pour ce qui concerne la
contraception. En d'autres termes, l'utilisation des méthodes
contraceptives modernes augmente les chances de survie des enfants. Quant aux
variables intermédiaires, cette analyse nous a permis de cibler les
groupes d'enfants à hauts risques. En effet, les enfants issus des
mères très jeunes au moment de l'accouchement, les enfants de
rang 1 ou de rang7 et plus, ainsi que les enfants nés peu de temps
après les naissances précédentes (moins de 18 mois)
courent plus de risques de décéder avant de fêter leur
premier anniversaire que les autres. Néanmoins, un résultat
inattendu a été observé au niveau de la variable âge
de la mère à l'accouchement où l'analyse a
révélé une probabilité de survie infantile
élevée chez les mères âgées dépassant
même celle du groupe intermédiaire ce qui infirmerait, si cette
relation persistait au niveau multivarié, la relation classique en forme
de U renversé.
Toutefois, cette analyse est faite toute chose n'étant
pas égale, c'est -à- sans tenir compte des effets des autres
variables en présence ainsi que de leurs interrelations. De ce fait, ces
postulats ne seraient en aucun cas être interprétés comme
des conclusions. En effet, les relations observées à ce niveau
peuvent être infirmées, amplifiées, confirmées ou
même changer complètement de sens dans une analyse tenant compte
des facteurs cachés, c'est -à- dire, une analyse des effets nets
de chacune de ces variables après avoir contrôlé les effets
de toutes les autres variables en présence. Cela nous amène faire
une analyse multivariée afin d'une part de faire ressortir, toute chose
égale par ailleurs, les effets nets de chaque variable explicative sur
la survie infantile et d'autre part, de déterminer leurs
mécanismes d'action sur la variable dépendante. C'est à
l'issu de cette dernière que pourront être
vérifiées ou infirmées nos hypothèses de travail et
formulées les recommandations qui s'imposent.
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